Déclaration de Mme Brigitte Girardin, ministre de l'outre-mer, sur la commémoration du 85ème anniversaire de l'Armistice de 1918 et notamment l'hommage aux soldats originaires des DOM-TOM morts au combat durant les deux guerres mondiales, Paris le 6 novembre 2003.

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Circonstance : Commémoration du 85ème anniversaire de l'Armistice de 1918, à Paris le 6 novembre 2003

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
Cette année encore, je suis à la fois fière et honorée de commémorer avec vous l'anniversaire de l'Armistice de 1918. Cette cérémonie du 85ème anniversaire nous réunit aujourd'hui afin de célébrer la mémoire des agents de ce ministère et de tous les originaires d'outre-mer " Morts pour la France ".

Souvenons-nous de ces événements désormais lointains mais qui se doivent de demeurer gravés dans nos mémoires.

De 1914 à 1918, les ultramarins quittent leurs foyers pour sauver la Patrie, souvent sans connaître au préalable la métropole, mais dans un élan spontané, confiants dans une victoire rapide. En fait, la France et ses fils traversent quatre années de souffrance d'une intensité que nous avons peine aujourd'hui à concevoir.

Il y a quelques semaines, j'ai éprouvé une réelle émotion lors d'un déplacement officiel à Verdun, ma ville natale, dont la manifestation annuelle avait pour invitée la Réunion.

J'avais souhaité à cette occasion me rendre à la nécropole de Douaumont honorer la mémoire de tous ceux qui ont donné leur vie pour la France et plus particulièrement de nos compatriotes d'outre-mer tombés en 1916. Quatorze tombes d'originaires d'outre-mer y sont identifiées : Martiniquais, Guadeloupéens, Réunionnais, Saint-Pierrais et Calédoniens. Mais l'ossuaire renferme également les restes de ceux qui n'ont pu être identifiés. D'autres de nos compatriotes d'outre-mer reposent aussi en terre meusienne, dans la Somme, sur la Marne ou en Argonne.

Renouveler à Verdun, entourée des élus réunionnais, le geste d'hommage que j'accomplis lors de mes visites aux monuments aux morts dressés dans chacune de nos collectivités d'outre-mer, était pour moi un devoir.

Forgé sur les bancs de l'école, dans les valeurs de la République et par le sang versé, l'attachement qui unit les terres d'outre-mer à la Nation française est ancien, solide, confiant, loyal et constructeur.
Ces sentiments de gratitude et de fraternité, nous les avons aussi partagés lors du voyage de Monsieur le Président de la République, en juillet dernier, en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française.
Aucun Français ne peut oublier l'attachement des populations du Pacifique à la communauté nationale, dont les enfants sont venus par deux fois défendre la République avec héroïsme. Le Chef de l'Etat a aussi rappelé que la République " n'oublie pas que l'appel du 18 juin a trouvé son premier écho sous le ciel du Pacifique ", célébrant ce choix sans hésitation pour le général de Gaulle et la France libre.
Le Président de la République ajoutait : " Tous se souviennent des volontaires du bataillon du Pacifique, venus défendre la liberté à des milliers de kilomètres de chez eux, comme ils l'avaient déjà fait au cours du premier conflit mondial ".
Ce lien charnel qui unit l'outre-mer à la Nation française, nous l'avons aussi célébré en 2003 lors du 60ème anniversaire du ralliement des Antilles et de la Guyane à la France combattante.
L'année 2004 marquera le 60ème anniversaire de la disparition de Félix Eboué, haut-fonctionnaire natif de la Guyane, Français libre de la première heure, condamné à mort par le régime de Vichy et décédé le 17 mai 1944 des suites de son engagement total dans la lutte pour la liberté. Je souhaite donner un retentissement tout particulier à cet événement de nature à nous rassembler tous dans un sentiment de fierté de notre histoire autour d'un personnage éminent de la République dont les cendres reposent au Panthéon.
Aujourd'hui, dans la paix, il nous appartient de maintenir le souvenir de ceux qui se sont sacrifiés pour la France. Il nous unit pour mieux surmonter les défis de notre temps.
(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 7 novembre 2003)