Texte intégral
H. Lauret-. Merci d'être là, parce que vous n'avez pas beaucoup dormi...
- "Non, j'ai passé la nuit à l'Assemblée nationale. J'ai pris le temps d'une petite douche et me voilà."
Vous menacez le Gouvernement à l'Assemblée nationale, on se demande - surtout quand on lit ce matin F. Bayrou dans Libération -, si vous faites toujours partie de la majorité ou si vous n'êtes pas tenté, comme certains de vos amis de l'UMP le pressentent, tenter de prendre vos distances avec le Gouvernement et J.-P. Raffarin, au moment où le Premier ministre chute dans les sondages ?
- "C'est une vision assez inexacte des choses. Je rappellerai simplement ce que disait le président de la République - vous voyez, j'ai de bonnes références ! - lorsqu'il évoquait ses relations avec G. Bush et les Etats-Unis, au moment de la question irakienne. Il disait que lorsque l'on a des amis, si on ne peut pas se dire la vérité entre amis et dire aux amis qu'ils font des bêtises... Eh bien, nous, c'est ça : nous disons au Gouvernement, sur un certain nombre de sujets, notamment pour le budget, qu'il fait erreur. Et que nous en tirerons les conséquences s'il ne corrige pas les choses."
C'est du chantage ?
- "Non, ce n'est pas du tout du chantage..."
Parce qu'il y a des choses très importantes, - pardonnez-moi de vous coupez - des choses majeures...
- "Attendez, je vais prendre un exemple. On a refusé la logique du parti unique, en estimant que la France avait besoin de démocratie. La démocratie, ce sont des pouvoirs et des contre-pouvoirs, c'est le dialogue, la discussion, l'interrogation. Le parti unique, c'est le système monolithique où il y a un type à la tête de l'Etat, et pouf, tout tombe... Ce n'est pas notre logique, parce que ce n'est pas une logique de démocratie et de débat. Est-ce que ce sont des bricoles ? Je vais prendre un seul exemple : cette nuit, le Gouvernement n'a pas voulu nous entendre sur la question des débits de tabac et de la hausse du tabac. Vous savez que l'UMP va voter une hausse de 50 % du prix du tabac. La conséquence de cette décision, c'est, un, l'augmentation considérable du trafic, dont on sait qu'il va à peu près doubler et qu'au cours de l'année 2004, il va y avoir à peu près 15 % de la consommation du tabac qui sera du marché noir. Deux, la hausse de la taxe va provoquer une baisse des recettes, parce que le tabac vendu légalement va diminuer. Troisièmement, le Gouvernement est obligé d'injecter 140 millions d'euros pour aider les débitants de tabac. Pensez-vous que c'est une mesure cohérente ? Je ne le crois pas."
Pour lutter contre le cancer...
- "Mais vous ne luttez en rien contre le cancer. En plus de cela, vous allez avoir une partie de la population, comme en Angleterre où ils sont grosso modo à 25 % de consommation de tabac issus du trafic. Je prends un deuxième exemple..."
Oui, prenez un deuxième exemple, parce que j'allais vous dire, est-ce que l'on rompt pour cela ?
- "Non, on ne rompt pas pour cela, mais c'est pour vous donner des exemple concrets sur ce que nous voudrions que le Gouvernement entende. Sur l'Allocation spécifique de solidarité, le Gouvernement a décidé de la transférer au RMI. Grosso modo, on va transférer 300.000 personnes, ce qui va permettre de réduire les chiffres du chômage indirectement, sans que réellement la situation s'améliore..."
Donc, il manipule les statistiques, c'est cela que vous dites ?
- "Deuxième élément : on transfère une charge qui appartient à l'Etat aux départements. Où est le gain pour la collectivité ? Je n'en vois aucun. Pire encore..."
Cela fait combien ? 170 millions d'euros à peu près ?
- "Il n'y a aucun gain pour la collectivité, puisqu'en fait, le département va payer ce que payait l'Etat. Pire encore, c'est que sur ces personnes qui touchaient l'ASS, qui avaient donc plus de deux ans de chômage, si elles avaient leur conjoint qui travaillait, il avait au moins cette allocation quotidienne. Dès lors que vous êtes au RMI, ces personnes vont être soumises au règle de plafonnement des ressources par ménage. Donc, on va sortir 150.000 à 200.000 personnes qui, demain, ne vont plus rien toucher. Est-ce que ce sujet est secondaire ? Je ne le crois pas. Nous disons donc au Gouvernement, sur des sujets comme celui-ci, comme sur le fait de baisser l'impôt sur le revenu d'un côté et d'augmenter la taxe sur le gazole, tout cela, ça ne va pas."
Vous savez bien que ce n'est pas tout à fait pareil : la taxe sur le gazole est faite pour financer le Réseau ferré de France...
- "Vous croyez à cela, vous ?!"
Je vous pose la question, ce que je crois n'a pas d'importance !
- "On a créé comme cela beaucoup d'impôts dont on disait qu'ils allaient être affectés à quelqu'un. On a créé, par exemple, à une époque, la vignette, en disant que cela irait aux personnes âgées ; on a vu où cela a terminé..."
Vous confirmez donc que la politique du Gouvernement Raffarin est illisible ?
- "Elle manque de lisibilité et de cohérence. On ne peut pas prendre une décision une semaine et une décision contraire la semaine d'après. Quand on dit "on va baisser les impôts" et que la semaine d'après on entend "on augmente la taxe sur le gazole", en disant que c'est pour lutter contre l'effet de serre, mais on ne taxe pas ceux qui polluent le plus, c'est-à-dire, les transporteurs routiers, parce qu'on a peur - ils sont capables de bloquer les routes, tandis que le Smicard qui va prendre sa voiture tous les jours, lui, ne risque pas de bloquer les routes. Donc, quand on dit "on va baisser les impôts" et de l'autre on augmente à nouveau les prélèvements, les Français se disent "où est la cohérence ?". S'il n'y a pas de cohérence, il n'y a plus de confiance, et s'il n'y a plus de confiance, le retour à une économie de croissance est beaucoup plus difficile."
Si vous souhaitez saisir cette occasion pour jauger votre poids spécifique à l'intérieur de la majorité, vous êtes servis, parce qu'on a l'impression quand on écoute, quand on regarde ce qui se dit du côté des bancs de l'UMP, que c'est "cause toujours l'UDF !"...
- "C'est la logique de l'UMP. La logique du parti unique, c'est la logique qui dit que tout le monde doit avoir les doigts sur la couture du pantalon ; ce n'est pas la nôtre."
Ce n'est quand même pas les godillots de [inaud]...
- "Ce n'est pas la nôtre. On avait annoncé des courants, des débats ; maintenant, on ne parle plus de courants."
C'est la faute à Juppé ?
- "Non, c'est consubstantiel au parti unique, le fait qu'il n'y ait pas de débats. Dès lors que vous décidez de faire un parti unique, c'est que vous n'avez pas envie d'avoir de débats"
Est-ce que ce n'est pas le fait que vous êtes quand même sérieusement tentés - on le voit bien, pour F. Bayrou en Aquitaine et A. Santini en Ile-de-France - par une stratégie "d'autonomisation" - c'est comme cela que l'on dit -, c'est-à-dire que vous avez envie de présenter vos listes propres en Aquitaine et en Ile-de-France ? Excusez du peu, en Aquitaine et en Ile-de-France !
- "Pour tout vous dire, la question n'est pas de présenter des listes uniquement en Ile-de-France et en Aquitaine, la question est de savoir si on présente dans l'ensemble des régions françaises ou non."
On en est là ?
- "Oui, c'est plutôt cela."
Là, vous avez une bonne chance de l'emporter à Paris, il semblerait que quelques sondages sont plutôt intéressants pour A. Santini, le maire d'Issy-les-Moulineaux...
- "Oui, mais c'est une photographie. Il est clair qu'A. Santini, avec le bilan qu'il a à Issy-les-Moulineaux, son expérience et cette espèce de sagesse, c'est un homme qui est capable d'attirer."
Et Bayrou en Aquitaine, c'est tentant mais c'est risqué !
- "Bien sûr. Mais la politique qui n'est qu'une carrière, une espèce d'endroit confortable où on se met à l'abri, cela n'a pas beaucoup d'intérêt."
Mais si vous faites cela à l'UDF, cela veut dire que vous avez franchi le Rubicon ?
- "Non. Si on fait de la politique, c'est pour, un jour, être capables d'incarner une alternative."
Alternative à qui ? A la gauche ou à la droite ?
- "Une alternative à un système qui, depuis 25 ans, se renvoie la balle sans rien régler ; une fois "je te passe le pouvoir, le coup d'après, je te le redonne". Je vous fais remarquer, vous, qui connaissez bien la vie politique, que depuis 1978, un parti qui est arrivé au pouvoir a toujours été battu à l'élection d'après. C'est donc qu'a priori, les Français n'ont pas le sentiment que les choses sont forcément réglées..."
Donc, vous jouez la droite perdante ?
- "Non. Nous disons que nous devons être une alternative aux Français, à ce combat stérile qui n'a pas amené jusqu'alors la France dans le chemin du succès, entre le PS et le RPR requalifié UMP."
Donc, c'est le Centre ?
- "Ce n'est pas le Centre..."
Le mirage du Centre ?
- "Ce n'est pas le mirage du Centre. C'est une force politique qui doit pouvoir incarner, comme l'a incarné en sont temps V. Giscard d'Estaing, une alternative entre ce qu'était à l'époque le gaullisme, d'un côté, et le socialisme de l'autre."
Oui... Il parlait "de deux Français sur trois" et on vu ce que ça donnait !
- "Nous verrons bien."
Une question qui est aussi dans l'actualité et qui est lourde, c'est celle du voile. On a encore vu, ce matin, précisément, il est fait mention un peu partout de cette affaire du Lycée de Tourcoing, où il semble qu'il y ait, non pas une généralisation mais beaucoup de jeunes filles, de femmes, y compris un professeur qui portent le voile. Faut-il, oui ou non, légiférer, faut-il faire quelque chose de net, de précis, ou faut-il accommoder ou s'accommoder de la situation ?
- "Ce qui me choque le plus dans tout cela, c'est, bien sûr, la question de la laïcité, etc. Mais ce qui me choque le plus dans tout cela, et qui montre à quel point la France est en panne, c'est que c'est la preuve d'un pays qui n'est plus capable d'intégrer. Parce que ces jeunes femmes ce sont des Françaises, elles ont un passeport français pour la plupart, elles sont issues de familles qui sont en général françaises ou vivant en France depuis très longtemps. Et c'est donc la preuve qu'aujourd'hui, la France n'est plus capable d'être ce creuset, qui permettait à des personnes issues d'un peu partout dans le monde, de se reconnaître dans un modèle et dans un système. Et en quelque sorte, c'est la preuve que le repli communautaire est l'image d'un pays qui n'est plus capable de tracer un destin et de tracer un avenir. C'est la première chose."
Qui a perdu confiance en lui ? En ses valeurs ?
- "Deuxième élément : c'est que, là où ça me choque terriblement... Je ne sais pas s'il faut légiférer parce que c'est compliqué, mais ce que je sais, c'est que, pour moi, c'est une atteinte absolument totale à la dignité de la femme. Et c'est cela qui me choque le plus dans le voile que la question de la laïcité. C'est celle de savoir que des jeunes filles, françaises, ou vivant sur le territoire national, acceptent une telle dégradation, une telle indignité, un tel refus de soi-même !"
Il faut faire quelque chose ? Il faut légiférer ?
- "Ce qu'il est clair, c'est que la situation actuelle n'est pas acceptable. Légiférer ? Je n'en sais rien. Mais ce qu'il faut, c'est qu'au moins, on fixe des règles claires."
(source http://www.udf.org, le 21 novembre 2003)
- "Non, j'ai passé la nuit à l'Assemblée nationale. J'ai pris le temps d'une petite douche et me voilà."
Vous menacez le Gouvernement à l'Assemblée nationale, on se demande - surtout quand on lit ce matin F. Bayrou dans Libération -, si vous faites toujours partie de la majorité ou si vous n'êtes pas tenté, comme certains de vos amis de l'UMP le pressentent, tenter de prendre vos distances avec le Gouvernement et J.-P. Raffarin, au moment où le Premier ministre chute dans les sondages ?
- "C'est une vision assez inexacte des choses. Je rappellerai simplement ce que disait le président de la République - vous voyez, j'ai de bonnes références ! - lorsqu'il évoquait ses relations avec G. Bush et les Etats-Unis, au moment de la question irakienne. Il disait que lorsque l'on a des amis, si on ne peut pas se dire la vérité entre amis et dire aux amis qu'ils font des bêtises... Eh bien, nous, c'est ça : nous disons au Gouvernement, sur un certain nombre de sujets, notamment pour le budget, qu'il fait erreur. Et que nous en tirerons les conséquences s'il ne corrige pas les choses."
C'est du chantage ?
- "Non, ce n'est pas du tout du chantage..."
Parce qu'il y a des choses très importantes, - pardonnez-moi de vous coupez - des choses majeures...
- "Attendez, je vais prendre un exemple. On a refusé la logique du parti unique, en estimant que la France avait besoin de démocratie. La démocratie, ce sont des pouvoirs et des contre-pouvoirs, c'est le dialogue, la discussion, l'interrogation. Le parti unique, c'est le système monolithique où il y a un type à la tête de l'Etat, et pouf, tout tombe... Ce n'est pas notre logique, parce que ce n'est pas une logique de démocratie et de débat. Est-ce que ce sont des bricoles ? Je vais prendre un seul exemple : cette nuit, le Gouvernement n'a pas voulu nous entendre sur la question des débits de tabac et de la hausse du tabac. Vous savez que l'UMP va voter une hausse de 50 % du prix du tabac. La conséquence de cette décision, c'est, un, l'augmentation considérable du trafic, dont on sait qu'il va à peu près doubler et qu'au cours de l'année 2004, il va y avoir à peu près 15 % de la consommation du tabac qui sera du marché noir. Deux, la hausse de la taxe va provoquer une baisse des recettes, parce que le tabac vendu légalement va diminuer. Troisièmement, le Gouvernement est obligé d'injecter 140 millions d'euros pour aider les débitants de tabac. Pensez-vous que c'est une mesure cohérente ? Je ne le crois pas."
Pour lutter contre le cancer...
- "Mais vous ne luttez en rien contre le cancer. En plus de cela, vous allez avoir une partie de la population, comme en Angleterre où ils sont grosso modo à 25 % de consommation de tabac issus du trafic. Je prends un deuxième exemple..."
Oui, prenez un deuxième exemple, parce que j'allais vous dire, est-ce que l'on rompt pour cela ?
- "Non, on ne rompt pas pour cela, mais c'est pour vous donner des exemple concrets sur ce que nous voudrions que le Gouvernement entende. Sur l'Allocation spécifique de solidarité, le Gouvernement a décidé de la transférer au RMI. Grosso modo, on va transférer 300.000 personnes, ce qui va permettre de réduire les chiffres du chômage indirectement, sans que réellement la situation s'améliore..."
Donc, il manipule les statistiques, c'est cela que vous dites ?
- "Deuxième élément : on transfère une charge qui appartient à l'Etat aux départements. Où est le gain pour la collectivité ? Je n'en vois aucun. Pire encore..."
Cela fait combien ? 170 millions d'euros à peu près ?
- "Il n'y a aucun gain pour la collectivité, puisqu'en fait, le département va payer ce que payait l'Etat. Pire encore, c'est que sur ces personnes qui touchaient l'ASS, qui avaient donc plus de deux ans de chômage, si elles avaient leur conjoint qui travaillait, il avait au moins cette allocation quotidienne. Dès lors que vous êtes au RMI, ces personnes vont être soumises au règle de plafonnement des ressources par ménage. Donc, on va sortir 150.000 à 200.000 personnes qui, demain, ne vont plus rien toucher. Est-ce que ce sujet est secondaire ? Je ne le crois pas. Nous disons donc au Gouvernement, sur des sujets comme celui-ci, comme sur le fait de baisser l'impôt sur le revenu d'un côté et d'augmenter la taxe sur le gazole, tout cela, ça ne va pas."
Vous savez bien que ce n'est pas tout à fait pareil : la taxe sur le gazole est faite pour financer le Réseau ferré de France...
- "Vous croyez à cela, vous ?!"
Je vous pose la question, ce que je crois n'a pas d'importance !
- "On a créé comme cela beaucoup d'impôts dont on disait qu'ils allaient être affectés à quelqu'un. On a créé, par exemple, à une époque, la vignette, en disant que cela irait aux personnes âgées ; on a vu où cela a terminé..."
Vous confirmez donc que la politique du Gouvernement Raffarin est illisible ?
- "Elle manque de lisibilité et de cohérence. On ne peut pas prendre une décision une semaine et une décision contraire la semaine d'après. Quand on dit "on va baisser les impôts" et que la semaine d'après on entend "on augmente la taxe sur le gazole", en disant que c'est pour lutter contre l'effet de serre, mais on ne taxe pas ceux qui polluent le plus, c'est-à-dire, les transporteurs routiers, parce qu'on a peur - ils sont capables de bloquer les routes, tandis que le Smicard qui va prendre sa voiture tous les jours, lui, ne risque pas de bloquer les routes. Donc, quand on dit "on va baisser les impôts" et de l'autre on augmente à nouveau les prélèvements, les Français se disent "où est la cohérence ?". S'il n'y a pas de cohérence, il n'y a plus de confiance, et s'il n'y a plus de confiance, le retour à une économie de croissance est beaucoup plus difficile."
Si vous souhaitez saisir cette occasion pour jauger votre poids spécifique à l'intérieur de la majorité, vous êtes servis, parce qu'on a l'impression quand on écoute, quand on regarde ce qui se dit du côté des bancs de l'UMP, que c'est "cause toujours l'UDF !"...
- "C'est la logique de l'UMP. La logique du parti unique, c'est la logique qui dit que tout le monde doit avoir les doigts sur la couture du pantalon ; ce n'est pas la nôtre."
Ce n'est quand même pas les godillots de [inaud]...
- "Ce n'est pas la nôtre. On avait annoncé des courants, des débats ; maintenant, on ne parle plus de courants."
C'est la faute à Juppé ?
- "Non, c'est consubstantiel au parti unique, le fait qu'il n'y ait pas de débats. Dès lors que vous décidez de faire un parti unique, c'est que vous n'avez pas envie d'avoir de débats"
Est-ce que ce n'est pas le fait que vous êtes quand même sérieusement tentés - on le voit bien, pour F. Bayrou en Aquitaine et A. Santini en Ile-de-France - par une stratégie "d'autonomisation" - c'est comme cela que l'on dit -, c'est-à-dire que vous avez envie de présenter vos listes propres en Aquitaine et en Ile-de-France ? Excusez du peu, en Aquitaine et en Ile-de-France !
- "Pour tout vous dire, la question n'est pas de présenter des listes uniquement en Ile-de-France et en Aquitaine, la question est de savoir si on présente dans l'ensemble des régions françaises ou non."
On en est là ?
- "Oui, c'est plutôt cela."
Là, vous avez une bonne chance de l'emporter à Paris, il semblerait que quelques sondages sont plutôt intéressants pour A. Santini, le maire d'Issy-les-Moulineaux...
- "Oui, mais c'est une photographie. Il est clair qu'A. Santini, avec le bilan qu'il a à Issy-les-Moulineaux, son expérience et cette espèce de sagesse, c'est un homme qui est capable d'attirer."
Et Bayrou en Aquitaine, c'est tentant mais c'est risqué !
- "Bien sûr. Mais la politique qui n'est qu'une carrière, une espèce d'endroit confortable où on se met à l'abri, cela n'a pas beaucoup d'intérêt."
Mais si vous faites cela à l'UDF, cela veut dire que vous avez franchi le Rubicon ?
- "Non. Si on fait de la politique, c'est pour, un jour, être capables d'incarner une alternative."
Alternative à qui ? A la gauche ou à la droite ?
- "Une alternative à un système qui, depuis 25 ans, se renvoie la balle sans rien régler ; une fois "je te passe le pouvoir, le coup d'après, je te le redonne". Je vous fais remarquer, vous, qui connaissez bien la vie politique, que depuis 1978, un parti qui est arrivé au pouvoir a toujours été battu à l'élection d'après. C'est donc qu'a priori, les Français n'ont pas le sentiment que les choses sont forcément réglées..."
Donc, vous jouez la droite perdante ?
- "Non. Nous disons que nous devons être une alternative aux Français, à ce combat stérile qui n'a pas amené jusqu'alors la France dans le chemin du succès, entre le PS et le RPR requalifié UMP."
Donc, c'est le Centre ?
- "Ce n'est pas le Centre..."
Le mirage du Centre ?
- "Ce n'est pas le mirage du Centre. C'est une force politique qui doit pouvoir incarner, comme l'a incarné en sont temps V. Giscard d'Estaing, une alternative entre ce qu'était à l'époque le gaullisme, d'un côté, et le socialisme de l'autre."
Oui... Il parlait "de deux Français sur trois" et on vu ce que ça donnait !
- "Nous verrons bien."
Une question qui est aussi dans l'actualité et qui est lourde, c'est celle du voile. On a encore vu, ce matin, précisément, il est fait mention un peu partout de cette affaire du Lycée de Tourcoing, où il semble qu'il y ait, non pas une généralisation mais beaucoup de jeunes filles, de femmes, y compris un professeur qui portent le voile. Faut-il, oui ou non, légiférer, faut-il faire quelque chose de net, de précis, ou faut-il accommoder ou s'accommoder de la situation ?
- "Ce qui me choque le plus dans tout cela, c'est, bien sûr, la question de la laïcité, etc. Mais ce qui me choque le plus dans tout cela, et qui montre à quel point la France est en panne, c'est que c'est la preuve d'un pays qui n'est plus capable d'intégrer. Parce que ces jeunes femmes ce sont des Françaises, elles ont un passeport français pour la plupart, elles sont issues de familles qui sont en général françaises ou vivant en France depuis très longtemps. Et c'est donc la preuve qu'aujourd'hui, la France n'est plus capable d'être ce creuset, qui permettait à des personnes issues d'un peu partout dans le monde, de se reconnaître dans un modèle et dans un système. Et en quelque sorte, c'est la preuve que le repli communautaire est l'image d'un pays qui n'est plus capable de tracer un destin et de tracer un avenir. C'est la première chose."
Qui a perdu confiance en lui ? En ses valeurs ?
- "Deuxième élément : c'est que, là où ça me choque terriblement... Je ne sais pas s'il faut légiférer parce que c'est compliqué, mais ce que je sais, c'est que, pour moi, c'est une atteinte absolument totale à la dignité de la femme. Et c'est cela qui me choque le plus dans le voile que la question de la laïcité. C'est celle de savoir que des jeunes filles, françaises, ou vivant sur le territoire national, acceptent une telle dégradation, une telle indignité, un tel refus de soi-même !"
Il faut faire quelque chose ? Il faut légiférer ?
- "Ce qu'il est clair, c'est que la situation actuelle n'est pas acceptable. Légiférer ? Je n'en sais rien. Mais ce qu'il faut, c'est qu'au moins, on fixe des règles claires."
(source http://www.udf.org, le 21 novembre 2003)