Déclaration de M. Jean-François Mattei, ministre de la santé, de la famille et des personnes handicapées, sur les pistes de réflexion ouvertes par les travaux préparatoires à la Conférence de la famille 2004, Paris le 17 mars 2004.

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Circonstance : Remise des propositions des groupes de travail préparatoires à la Conférence de la famille 2004

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
Les travaux des groupes installés pour la préparation de la Conférence de la famille 2004 sont arrivés à leur terme.
Christian Jacob a témoigné de la grande cohérence qui se dégage des travaux des différents groupes.
Pour ma part, j'ai apprécié la qualité de votre travail, la pertinence de vos analyses et aussi la très forte convergence de vos réflexions avec celles qui ont inspiré la loi de santé publique.
L'adolescence constitue un âge de transition. Entre 11 et 18 ans, les jeunes vivent une période rythmée par des changements tant sur le plan physique que sur le plan psychique. Certains s'y adaptent, d'autres, en revanche, sont fragilisés. D'autant plus que du fait des bouleversements familiaux, de la précarisation et de la fragilisation des repères, ils peuvent se laisser glisser vers la délinquance et se retrouver prisonnier d'un engrenage dont ils auront du mal à sortir. L'adolescence est une période où l'on a envie de s'affranchir de la pression parentale, de devenir autonome, de vivre sa vie et de l'éprouver. Or, cette envie naturelle passe bien souvent par une prise de risques dont certains représentent de véritables dangers.
Certes, vous avez eu raison de porter un regard résolument positif sur eux, en rappelant que la grande majorité des adolescents, 8 adolescents sur 10, ne pose pas de problème.
Mais, un certain nombre d'entre eux doit malheureusement faire face à des difficultés, qui pour certaines nous interpellent alors que d'autres restent trop longtemps ignorées.
Consommation de tabac, d'alcool ou de drogue, violence, absentéisme scolaire: c'est ainsi que les garçons extériorisent leurs difficultés.
Douleurs, troubles des conduites alimentaires, dépression, tentative de suicide : plus insidieuse, la souffrance s'exprime chez les filles, au niveau du corps. Cette intériorisation des difficultés les rend difficiles à identifier et retarde le moment de la prise en charge.
Mais comment agir ?
De vos travaux, je retiendrai quatre pistes particulièrement fécondes qui traversent aussi la loi de santé publique.
- Corriger le déséquilibre entre les soins et la prévention : nous devons intervenir en amont, à tous les stades du développement, depuis la toute petite enfance jusqu'à l'adolescence. Mais la réussite passe aussi par l'accompagnement des parents. Accueillir, écouter, conseiller, soutenir, les enfants comme leurs parents, voilà qui est primordial à l'heure où la peur, l'angoisse et les interrogations sont souvent plus fortes que la confiance en soi, le bien-être, les certitudes.
- Définir, une politique de santé des enfants et des adolescents cohérente tant au niveau national (pour ce qui concerne, par exemple, la formation des médecins, les examens de prévention..) qu'au niveau local (conditions d'hospitalisation, maisons des adolescents, prolongation des actions de PMI en fonction des spécificités locales, information et accompagnement des parents).
- Substituer à la dispersion et à l'éclatement des structures et des acteurs, une synergie des différents partenaires de la santé des adolescents dans le cadre de réseaux de santé de proximité.
- Donner plus de lisibilité aux actions mises en oeuvre par des supports d'informations, mais aussi grâce à des structures facilement identifiables telle que les maisons des adolescents, lesquelles constituent, en outre, une porte d'entrée facilement accessible dans le réseau.
Mesdames et Messieurs,
La réforme en cours de la santé publique porte en germe les outils nécessaires pour mener à bien des politiques de prévention ambitieuses.
Je suis convaincu que les propositions concrètes que vous avez formulées nous permettront de gagner un temps précieux dans l'élaboration de programmes de santé capables de respecter l'identité et les contradictions de nos adolescents.
Je tiens à vous remercier chaleureusement pour le travail accompli.

(source http://www.santé.gouv.fr, le 19 mars 2004)