Texte intégral
Développement durable et Méditerranée
Chacun sait l'attachement que, pour des raisons différentes mais toutes aussi profondes, nous portons à l'espace méditerranéen, aux régions qui le constituent, aux peuples qui le façonnent. C'est donc, tout naturellement, que nous avons, personnellement, souhaité porter au plus haut le "rendez-vous méditerranéen" annoncé par le président de la République en marge du Sommet de la Terre de Johannesburg en 2002. De quoi s'agit-il ?
Nous devons dégager de nouvelles approches politiques pour gérer la Méditerranée, cet espace intégré traversé par de profonds clivages. Le Sommet de la Terre a mis devant les projecteurs la notion de développement durable. Dépassant les querelles d'experts, les luttes de chapelle, cette notion a d'abord pour nous l'immense mérite de réhabiliter le "temps long" dans la réflexion stratégique. Car le développement durable c'est bien raisonner au-delà de l'année budgétaire, c'est penser en terme de solidarité intergénérationnelle.
Le parti pris de cet événement est de (re-)donner à la société civile toute sa place dans un processus de long terme. Et c'est pour nourrir la réflexion collective sur l'avenir de cette région que se sont donné rendez-vous à Marseille hier et aujourd'hui des personnalités issus des différents pays de la région.
Les cadres d'intervention sont déjà nombreux : le Partenariat euro-méditerranéen, le Plan d'action pour la Méditerranée, les collectivités territoriales, les villes - au premier plan Marseille - les entreprises, les associations sont autant de cadres d'intervention pour cet espace. Reste à susciter les synergies entre les acteurs, les réseaux et les institutions en place.
Au lendemain de la conférence sur le partenariat euro-méditerranéen de Dublin, le "rendez-vous méditerranéen" ne peut qu'accentuer l'engagement de notre pays et de l'Europe pour accompagner la région sur la voie de la stabilité et de la prospérité. Nous savons que les défis sont nombreux : renforcement du dialogue politique entre l'Union européenne et les pays de la région, approfondissement des liens Sud-Sud ou encore mise en place de la Fondation euro-méditerranéenne pour le dialogue des cultures (à laquelle la France contribue à hauteur de 500 000 euros).
Si l'espace méditerranéen est intégré, il est aussi fragmenté. La diversité continue d'être porteuse de richesses mais provoque des clivages qui s'expriment avec une acuité grandissante ces dernières années. Les différences sont devenues divisions, conduisant parfois au repli identitaire et à la stagnation.
Fractures culturelles et religieuses, écarts persistants de développement, tensions sociales. Les événements au Proche et au Moyen-Orient avivent les fractures dans la région. Certains n'hésitent pas à importer dans le débat interne à la France ces conflits présentés comme ayant un fondement religieux. C'est méconnaître la tolérance religieuse qui a prévalu des siècles dans cette partie du monde.
Sans ignorer les difficultés, nous souhaitons mettre l'accent sur ce qui rapproche et non sur ce qui divise. Et les invités au "rendez-vous méditerranéen", femmes et hommes de conviction mais aussi de dialogue et d'ouverture en débattant de culture, de développement économique, de la mer commune ou de la solidarité entre territoires vont nous en donner l'occasion.
La création culturelle, d'abord, pont par excellence entre les rives de la Méditerranée. Révélatrice de la diversité des sociétés méditerranéennes, elle transcende les différences religieuses et politiques. La solidarité économique, ensuite. Oui, dans l'espace méditerranéen, des zones de richesse côtoient l'extrême pauvreté et cette situation n'est pas tolérable car c'est aussi une menace à la paix et au développement durable. Européen, africain et moyen-oriental, l'espace méditerranéen est un espace de complémentarité.
La mer commune, également. La Méditerranée est d'abord un trait d'union avant d'être une frontière naturelle. Et il est de la responsabilité collective des pays qui la bordent d'assurer la protection de ce bien commun et de gérer durablement les ressources qu'il nous offre. La persistance de pollutions pour cause de "déballastage" et "dégazage" pourtant interdits (équivalant à 50 Erika et 15 Prestige par an) témoignent de l'urgence à agir.
La gestion des territoires enfin. L'urbanisation accélérée du littoral change les rapports ville-campagne, modifie les systèmes de production, affecte les circuits d'échanges. Elle inquiète l'écologiste, interroge l'économiste, prend souvent de court le sociologue.
Le "rendez-vous" de Marseille ne répondra pas à toutes les questions que pose le développement durable de l'espace méditerranéen. Mais nous avons la conviction que les femmes et les hommes qui s'y retrouveront sauront éclairer le chemin vers cet objectif. Nous avons, en tout cas, l'ambition d'y contribuer.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 mai 2004)
Chacun sait l'attachement que, pour des raisons différentes mais toutes aussi profondes, nous portons à l'espace méditerranéen, aux régions qui le constituent, aux peuples qui le façonnent. C'est donc, tout naturellement, que nous avons, personnellement, souhaité porter au plus haut le "rendez-vous méditerranéen" annoncé par le président de la République en marge du Sommet de la Terre de Johannesburg en 2002. De quoi s'agit-il ?
Nous devons dégager de nouvelles approches politiques pour gérer la Méditerranée, cet espace intégré traversé par de profonds clivages. Le Sommet de la Terre a mis devant les projecteurs la notion de développement durable. Dépassant les querelles d'experts, les luttes de chapelle, cette notion a d'abord pour nous l'immense mérite de réhabiliter le "temps long" dans la réflexion stratégique. Car le développement durable c'est bien raisonner au-delà de l'année budgétaire, c'est penser en terme de solidarité intergénérationnelle.
Le parti pris de cet événement est de (re-)donner à la société civile toute sa place dans un processus de long terme. Et c'est pour nourrir la réflexion collective sur l'avenir de cette région que se sont donné rendez-vous à Marseille hier et aujourd'hui des personnalités issus des différents pays de la région.
Les cadres d'intervention sont déjà nombreux : le Partenariat euro-méditerranéen, le Plan d'action pour la Méditerranée, les collectivités territoriales, les villes - au premier plan Marseille - les entreprises, les associations sont autant de cadres d'intervention pour cet espace. Reste à susciter les synergies entre les acteurs, les réseaux et les institutions en place.
Au lendemain de la conférence sur le partenariat euro-méditerranéen de Dublin, le "rendez-vous méditerranéen" ne peut qu'accentuer l'engagement de notre pays et de l'Europe pour accompagner la région sur la voie de la stabilité et de la prospérité. Nous savons que les défis sont nombreux : renforcement du dialogue politique entre l'Union européenne et les pays de la région, approfondissement des liens Sud-Sud ou encore mise en place de la Fondation euro-méditerranéenne pour le dialogue des cultures (à laquelle la France contribue à hauteur de 500 000 euros).
Si l'espace méditerranéen est intégré, il est aussi fragmenté. La diversité continue d'être porteuse de richesses mais provoque des clivages qui s'expriment avec une acuité grandissante ces dernières années. Les différences sont devenues divisions, conduisant parfois au repli identitaire et à la stagnation.
Fractures culturelles et religieuses, écarts persistants de développement, tensions sociales. Les événements au Proche et au Moyen-Orient avivent les fractures dans la région. Certains n'hésitent pas à importer dans le débat interne à la France ces conflits présentés comme ayant un fondement religieux. C'est méconnaître la tolérance religieuse qui a prévalu des siècles dans cette partie du monde.
Sans ignorer les difficultés, nous souhaitons mettre l'accent sur ce qui rapproche et non sur ce qui divise. Et les invités au "rendez-vous méditerranéen", femmes et hommes de conviction mais aussi de dialogue et d'ouverture en débattant de culture, de développement économique, de la mer commune ou de la solidarité entre territoires vont nous en donner l'occasion.
La création culturelle, d'abord, pont par excellence entre les rives de la Méditerranée. Révélatrice de la diversité des sociétés méditerranéennes, elle transcende les différences religieuses et politiques. La solidarité économique, ensuite. Oui, dans l'espace méditerranéen, des zones de richesse côtoient l'extrême pauvreté et cette situation n'est pas tolérable car c'est aussi une menace à la paix et au développement durable. Européen, africain et moyen-oriental, l'espace méditerranéen est un espace de complémentarité.
La mer commune, également. La Méditerranée est d'abord un trait d'union avant d'être une frontière naturelle. Et il est de la responsabilité collective des pays qui la bordent d'assurer la protection de ce bien commun et de gérer durablement les ressources qu'il nous offre. La persistance de pollutions pour cause de "déballastage" et "dégazage" pourtant interdits (équivalant à 50 Erika et 15 Prestige par an) témoignent de l'urgence à agir.
La gestion des territoires enfin. L'urbanisation accélérée du littoral change les rapports ville-campagne, modifie les systèmes de production, affecte les circuits d'échanges. Elle inquiète l'écologiste, interroge l'économiste, prend souvent de court le sociologue.
Le "rendez-vous" de Marseille ne répondra pas à toutes les questions que pose le développement durable de l'espace méditerranéen. Mais nous avons la conviction que les femmes et les hommes qui s'y retrouveront sauront éclairer le chemin vers cet objectif. Nous avons, en tout cas, l'ambition d'y contribuer.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 mai 2004)