Texte intégral
Monsieur le Président,
Mesdames et messieurs les députés,
Au terme de ce débat, j'adresse à la majorité mes remerciements chaleureux. Elle a patiemment et courageusement porté cette réforme. Face aux pressions et aux doutes, elle n'a jamais perdu le fil de son engagement vis à vis des Français. Merci à ceux qui se sont investis dans la préparation et la discussion de ce texte. L'UMP - avec Jacques Barrot, Xavier Bertrand, Denis Jacquat, Claude Greff et bien d'autres - y a pris une très large part.
L'UMP peut être fière d'elle-même !
Elle peut être fière d'avoir défendu et rénové l'un des socles de notre solidarité !
Elle peut être fière d'avoir résisté à la pression des conservatismes, au nom de l'équité, de l'effort partagé, en somme, de l'intérêt général !
Elle peut être fière d'avoir redonné à la politique du sens et de l'autorité ! Elle a placé son volontarisme et sa fermeté au service de la meilleure des causes : celle de la solidarité et de la justice sociale.
L'UDF, avec ses différences, fut également au rendez-vous de l'unité de la majorité. L'engagement de Jean Michel Dubernard, Président de la commission des affaires sociales, aura été précieux. Quant au rapporteur de ce texte, Bernard Accoyer, il aura été - avec sa force de persuasion et son sens de l'intérêt général - l'un des acteurs écoutés de cette réforme.
Ce débat aura été utile.
Il aura permis de démontrer la fragilité des projets alternatifs, largement fondés sur le choix d'une forte augmentation de la fiscalité plutôt que sur celui de l'effort collectif.
Notre débat aura également permis d'éclairer certaines de nos différences intellectuelles et politiques :
- pour nous, secteur public et secteur privé doivent être régis par des règles équitables. Pour la gauche, les 40 ans pour tous est apparu comme un sujet tabou. L'adaptation de l'Etat aux enjeux de notre temps n'est semble-t-il pas perçu, sur ces bancs, avec la même acuité et détermination ;
- pour nous contrat social et essor économique ont partie liée, la solidarité et la productivité devant évoluer d'un même pas. Pour l'opposition, ces pôles demeurent conflictuels, l'économie et le capital "devant et pouvant" assumer, sans limite, le prix du statu quo social.
Voilà quelques-uns des éléments qui, grâce à ce débat, distinguent deux visions de la France face aux défis du XXIème siècle.
Mais au-delà des postures et des polémiques, il y eut aussi des points de convergences entre l'opposition et le gouvernement : la défense de la solidarité et de la répartition nous rapproche ; nous nous retrouvons aussi sur l'importance des négociations à venir sur la question de la pénibilité ; nous partageons enfin et surtout la conviction que le taux d'activité de la France reste trop faible et qu'il convient, tout au long des prochaines années, de faire évoluer les pratiques professionnelles, les comportements culturels et les relations sociales au sein de l'entreprise.
Voilà ce que notre débat aura utilement révélé.
Chacun a pris ses responsabilités.
Avec l'adoption de ce projet de loi, nous avons, avec la majorité, fait notre devoir : nous avons sécurisé l'avenir des retraites.
C'était un engagement du Président de la République. Nous l'avons respecté en surmontant les craintes politiques et les conservatismes puissants qui entouraient ce dossier. Le gouvernement a fait preuve de dialogue, puis de fermeté, car il est des sujets sur lesquels l'intérêt national l'exige.
Cette réforme, nous l'avons faite ensemble, mais aussi avec le concours de personnalités syndicales, politiques ou civiles qui ne sont pas toutes issues de nos rangs. C'est l'un des mérites de ce projet que de transcender les clivages habituels.
Avec le temps, cette réforme apparaîtra telle qu'elle est : ni partisane, ni dogmatique, mais inspirée par l'intérêt général. Progressive et évolutive, elle engage un processus de sécurisation de nos retraites sur les 20 prochaines années ; un processus qu'il va falloir accompagner, enrichir et sans doute ajuster au fur et à mesure de l'évolution des données.
Mesdames et messieurs les députés,
Le cap que nous franchissons aujourd'hui, doit contribuer au sursaut que nous devons entreprendre pour assurer la permanence de notre modèle social.
Une prise de conscience collective est nécessaire.
On ne peut avoir le meilleur système de retraite d'Europe, la meilleure santé du monde, l'école et l'université gratuite pour tous, sans que chacun d'entre nous donne le meilleur de lui-même. Nous avons, avec Jean Paul Delevoye, insisté sur la nécessité de travailler plus longtemps et mieux. Ce discours de l'effort, nous l'avons tenu car nous sommes convaincus que la prospérité française n'est pas une donnée intangible. Dans le monde ouvert et compétitif qui est le nôtre, elle est un combat dont l'issue relève du courage, de la formation et de l'imagination de chacun.
Je le dis avec gravité :
- soit nous continuons de vivre dans l'illusion du statu quo, dans le songe d'une providence sociale sans limite, dans le mythe des trésors cachés que recèleraient notre économie, et alors notre modèle social se lézardera puis déclinera ;
- soit nous nous battons, nous nous réorganisons, nous réformons et alors la France demeurera un exemple de solidarité.
Responsabilité individuelle, effort partagé au service de la justice, réformisme social conduit avec des organisations syndicales fortes et constructives : c'est autour de ces principes que nous rénoverons notre contrat social.
Cette réforme, mesdames et messieurs les députés, était à la fois attendue et redoutée depuis des années.
Avec le Premier Ministre, avec Jean Paul Delevoye et grâce à votre appui, je puis aujourd'hui dire aux Français : la réforme des retraites est votée.
Ce vote nous rapproche d'une adoption définitive du projet dans les tout prochains jours.
L'objectif sera alors atteint.
(Source http://www.social.gouv.fr, le08 juillet 2003)