Déclaration de M. Jean-François Lamour, ministre de la jeunesse, des sports et de la vie associative, sur l'éducation à l'environnement et au développement durable et les projets mis en oeuvre par les fédérations sportives sur ce thème, Paris le 14 avril 2004.

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Circonstance : Colloque international de l'éducation à l'environnement pour un développemen durable à Paris le 14 avril 2004

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
L'éducation à l'environnement et au développement durable est au coeur des préoccupations du ministère de la jeunesse, des sports et de la vie associative.
Les jeunes générations, sont légitimement et pleinement sensibles aux questions touchant à l'équilibre de la planète dans les années à venir. C'est pourquoi la politique du Gouvernement en direction de la jeunesse fait une large place à cette thématique.
Le mouvement sportif a aujourd'hui également pleinement pris en compte la dimension du développement durable : que ce soit par l'attention aux conséquences environnementales de la pratique sportive ou, plus fondamentalement, par l'intégration du développement durable parmi les valeurs et les attitudes dont le sport est porteur.
Enfin, de plus en plus nombreuses sont les associations qui font de l'éducation à l'environnement un des axes forts de leur projet ; elles apportent un enthousiasme, une proximité, une capacité à mobiliser par le volontariat et le bénévolat, qui font d'elles un levier essentiel pour faire évoluer les mentalités.
2004 est l'année européenne de l'éducation par le sport. Il ne peut y avoir de période plus appropriée pour élargir et étendre la mission éducative et sociale de mon ministère dans le domaine de l'éducation à l'environnement.
Dans le cadre de leurs conventions d'objectifs avec mon ministère, les associations nationales de jeunesse et d'éducation populaire développent largement le thème de l'éducation à l'environnement. Parmi les associations subventionnées, certaines sont des spécialistes de l'éducation à l'environnement, d'autres sont des généralistes et intègrent cette dimension dans une palette plus large. Je souhaite que cette démarche devienne systématique.
Ainsi, les centres de vacances et de loisirs seront davantage aidés à inclure la sensibilisation au développement durable dans leur offre éducative, grâce à la formation des animateurs, à l'organisation de rencontres sur ce thème et par la mise à disposition de guides et d'outils pédagogiques.
Le contrat éducatif local, quant à lui, permet d'agir dans le domaine de l'éducation à l'environnement en partenariat avec les collectivités territoriales. Dès aujourd'hui, un tiers des contrats font une place importante à ce sujet avec 1.400 activités organisées sur le territoire national telles que le débroussaillage, le recyclage des déchets, mais aussi la botanique, l'environnement urbain
Je souhaite également soutenir et amplifier la mobilisation, déjà très forte, des jeunes en faveur de l'environnement et du développement durable : les bilans des différents dispositifs tels que Défi-jeunes, Junior associations, Envie d'agir, Jeunes Reporters pour l'Environnement soulignent l'intérêt que les jeunes portent à ce thème. Par exemple, en 2003, le quart des projets " Envie d'agir " ont porté sur l'environnement. En 2004, les fonds d'aide aux jeunes relaieront cette action.
Saluons particulièrement les chantiers de jeunes bénévoles, qui s'avèrent être de véritables instruments de développement local et de valorisation du petit patrimoine. Leur organisation fait appel à de nombreux partenaires et notamment des spécialistes de l'environnement, tels que les conservatoires du patrimoine, les services des eaux et forêts et les directions régionales de l'environnement.
Je souligne enfin que le conseil national de la jeunesse a marqué son intérêt pour cette question en créant en 2003 une commission " éduquer au développement durable ", dont plusieurs représentants sont présents dans cette salle.
Venons-en au sport. Je voudrais vous rappeler que le comité international olympique, lors de la " 3ème conférence mondiale sur le sport et l'environnement " qui s'est tenue en juin 1999 à Rio, a fait de l'environnement la 3ème dimension de l'Olympisme aux côtés du sport et de la culture, et a décidé de réaliser son Agenda 21.
Dès lors, décliner l'Agenda 21 du CIO par un programme d'actions national devenait naturellement une nécessité pour favoriser sur nos territoires et par les sports, la protection de l'espace naturel, le renforcement du lien social et le développement économique.
C'est désormais chose faite. Avec un Agenda 21 du Sports Français qui m'a été remis le 18 décembre dernier par son président Henri SERANDOUR, le CNOSF devient le premier comité national olympique à adopter un programme en faveur du développement durable. Je suis fier que la France devienne premier de cordée dans ce domaine.
Ce document de référence contribuera sans aucun doute à mobiliser davantage encore le mouvement sportif et à susciter des initiatives de l'ensemble de ses acteurs et de ses composantes dans toute leur diversité.
C'est pourquoi, mon ministère procèdera à un appel à projet pour des " agenda 21 locaux " auprès de toutes les collectivités locales qui intègrent le sport dans leurs plans d'action à l'éducation au développement durable.
Cette coopération entre mon ministère et les collectivités territoriales est déjà engagée. Je voudrais citer le travail conduit par le sénateur MARTIN pour favoriser l'adéquation de la carte des équipements sportifs avec les besoins de la population dans les bassins de vie. Ainsi se constituent les bases d'un aménagement durable et cohérent du territoire en matière d'équipements sportifs.
Il est, dans ce domaine, une autre démarche qui me tient à coeur, comme je l'ai rappelé lors des états généraux du sport, et qui consiste à généraliser à tout le territoire les commissions départementales des espaces, sites et itinéraires (les CDESI), qui sont un outil de concertation pour gérer harmonieusement la coexistence des différents usages sur les espaces naturels. Les CDESI sont une application concrète du principe de promotion du développement durable et en particulier de la sauvegarde de l'environnement, qui figure à l'article 6 du projet de charte de l'environnement.
Cette année 2004, de nombreux pratiquants, associations et fédérations de sports et de loisirs, avec la participation de jeunes, mettront leurs compétences au service de diverses actions visibles d'assainissement et de réhabilitation des sites emblématiques en France dans le but de communiquer et de sensibiliser sur la nécessité de préserver nos espaces naturels. Je pense en particulier à l'action exemplaire initiée par Bixente LIZARAZU pour la sensibilisation et l'éducation à l'environnement dans les clubs sportifs d'Aquitaine.
Malgré cela, des sites et des activités commencent à être menacés. Je tiens d'ailleurs a saluer la prise de conscience de collectivités et d'associations qui s'en inquiètent et réagissent. Quel avenir pour le ski avec le réchauffement climatique ? Les pratiques nautiques et aquatiques dépendent de la qualité sanitaire des eaux douces ou salées qui est parfois mise à mal. Même le Mont Blanc est victime de son succès ; avec 26 000 ascensionnistes par saison, l'itinéraire classique frôle la saturation, avec les conséquences que l'on imagine.
C'est pourquoi, depuis 2003, mon ministère soutient particulièrement plusieurs projets de fédérations sportives souhaitant mettre l'accent sur la sensibilisation à l'environnement et au développement durable. Je voudrais rapidement citer quatre actions qui me paraissent exemplaires :
Le projet " les écoles françaises de voile, la nouvelle vague " de la Fédération française de voile, qui vise notamment à collecter et recycler sur l'ensemble des écoles, en partenariat avec les industriels et les élus, le matériel usagé : bateaux, planches à voiles etc. pour un volume estimé à 525 tonnes. Cette action permet également de mobiliser et d'informer les pratiquants sur les enjeux du développement durable.
Le projet " Libellule - bateau à propulsion électrique " de la fédération française des sociétés d'aviron, en partenariat avec l'Institut Catholique d'Arts et Métiers de Nantes. Cette action de recherche-développement concerne la mise au point d'un bateau à propulsion électrique, en matériaux éco-durables, qui sera un grand progrès pour le développement durable des activités nautiques.
Le projet " d'une pagaie à l'autre " de la fédération française de canoë-kayak vise à assurer en parallèle la formation sportive et la formation à l'environnement du pratiquant.
Le projet " sentiers propres - réseau d'alerte pour la nature " de la fédération française de la randonnée pédestre consiste à organiser au sein de plusieurs territoires pilotes une intervention coordonnée en matière d'entretien, d'observation et de réouverture de chemins, l'objectif étant d'en élargir la mise en oeuvre à toute la France. Je tiens particulièrement à saluer l'action de cette fédération, qui agit de longue date en faveur de l'environnement.
Pour mettre en oeuvre l'ensemble de ces actions, il est nécessaire que tous les intervenants soient formés et sensibilisés à la question du développement durable. C4est pourquoi j'ai créé en 2003 au sein de mon ministère une cellule permanente inter-directions, sous l'autorité d'un inspecteur général.
La formation continue est bien sûr une priorité, avec la participation des personnels de mon ministère à de nombreux stages, regroupements et colloques sur ce thème.
Enfin, il me semble que la Fondation du Sport, présidée par Pierre DAUZIER, s'inscrit parfaitement dans cette ligne. Ce projet développé sous l'impulsion du Président de la République et soutenu par le Ministère des Sports s'est concrétisé en 2003. La fondation du sport a pour objet de valoriser et d'aider à la réalisation de projets destinés à promouvoir les valeurs éducatives et sociales inhérentes au sport. Elle a naturellement vocation, dans ce cadre, à aider, aux côtés de l'Etat, les initiatives dont l'objectif est de contribuer au développement durable du territoire.
Pour conclure, je dirais que ce qu'il faut au monde aujourd'hui, c'est une élévation du niveau de conscience collective, et une mobilisation de tout un chacun, afin de prévenir une interférence humaine qui pourrait être irréversible sur l'environnement. Mon ministère y contribuera fortement, soyez en assurés
Je vous remercie.
(source http://www.jeunesse-sports.gouv.fr, le 11 mai 2004)