Texte intégral
Françoise Laborde.- Nous allons revenir sur le discours de politique générale que prononçait hier J.-P. Raffarin à l'Assemblée nationale. C'est un discours qui, c'est le moins que l'on puisse dire, n'a pas enthousiasmé les foules, puisque, y compris dans sa majorité, certains ont exprimé leur déception ; à gauche, les critiques ont été vives et, côté syndicalistes, on va le savoir avec vous. Est-ce qu'il y a quelque chose à sauver dans le discours du soldat Raffarin ?
Jean-Claude Mailly.- "D'abord, c'est un discours sur le ton très libéral, ce qui peut un peu surprendre après ce qu'avait dit le président de la République. Mais en même temps, il n'a pas annoncé grand-chose de concret."
Par exemple, la hausse du Smic, c'est une vieille annonce ?
"La hausse du Smic était prévue, c'est dans le cadre de l'harmonisation des Smics liée aux 35 heures, ce n'est donc pas une nouveauté en tant que telle. Et il y a une inquiétude de fond : c'est qu'apparemment, ils veulent garder le même cap en matière de politique économique, notamment le fameux respect des 3 % de déficit budgétaire, même s'ils sont au-dessus. Mais il y a l'objectif qui est fixé et la boîte à outils pour y parvenir. Et dans la boîte à outils - cela a été confirmé hier par le Premier ministre -, il y a par exemple les privatisations, notamment EDF-GDF. Et cela pose un problème de fond : est-ce que demain, on sera encore dans une République si on n'a plus de services publics ? Mais après, sur le reste, sur les dossiers sociaux en tant que tels, rien de neuf."
Sur la privatisation, est-ce un choix purement idéologique ou n'est-ce pas dicté par la nécessité, parce que cela permet de faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'Etat et qu'il faut bien trouver l'argent pour financer certaines baisses d'impôts qu'il faut maintenir ou d'autres programmes, l'ASS qui est maintenue ou des choses comme celles-là ?
"Si ce n'est pas une dimension idéologique, c'est une vision de court terme, on râcle les fonds de tiroirs d'une certaine manière. Mais en même temps, il y a une dimension idéologique. Apparemment, quand je disais tout à l'heure qu'il y a un discours qui est libéral sur le fond, les libéraux, cela ne les gêne pas de privatiser, cela fait partie de leur logique. Là, il y a un problème de fond. D'ailleurs, il y a une manifestation jeudi, concernant EDF-GDF. Je pense qu'il y aura du monde. Cela signifie qu'il y a un problème de fond quant à l'avenir du service public."
Deuxième grand dossier : la réforme de la Sécu. Le calendrier ne change pas. Pensez-vous qu'il est raisonnable effectivement de maintenir la négociation pendant l'été et d'arriver à quelque chose à la fin de l'année ?
"Nous pensions que le Gouvernement se serait donné un peu plus de temps pour discuter et consulter, même si les consultations..."
Parce que J. Chirac avait appelé...
"Oui, on avait cru comprendre qu'il n'y avait pas de délai de fixé. Apparemment, ils maintiennent le même calendrier, ce qui fait donc un calendrier assez serré. Et dans le même temps, que vont-ils faire exactement sur la réforme de l'assurance maladie, qu'est-ce qu'ils vont proposer ? Nous avons fait des propositions dans le cadre d'une réforme. Ceci étant, parce que nous voulons jouer clairement en quelque sorte, nous avons dit ce que nous souhaitions et nous avons parallèlement dit ce que nous refusions. Et pour le moment, on a encore des inquiétudes, parce qu'on ne voit pas très bien comment le Gouvernement va s'orienter. S'il maintient le cap libéral, il y a des risques, par exemple de privatisation."
FO a longtemps géré la Sécurité sociale, c'est donc quelque chose que vous connaissez bien. De quoi avez-vous peur ? Qu'est-ce que vous avez signifié que vous ne vouliez pas ? Et sur quelle type de réforme êtes-vous d'accord ?
"Ce que l'on craint, c'est que l'on diminue la part des dépenses prises en charge par la Sécurité sociale en tant que telle. D'une manière ou d'une autre, par un panier de soins, par une diminution de certains remboursements ou en disant que telle chose ne sera pas prise en charge par la Sécu..."
Par exemple, si on est un grand fumeur et qu'on a des ennuis de santé, qu'il ne faudrait pas venir se plaindre ?
"Que l'on fasse de la prévention, ce ne serait pas stupide ; on en fait déjà, il faudrait l'accroître. Mais à un moment, on s'était demandé, par exemple, si les gens qui se cassent la jambe en faisant du ski, cela devait être pris par la Sécu, le petit risque et le gros risque d'une certaine manière. Donc on diminue la part prise en charge par la Sécurité sociale et on dit que si on veut encore être bien couvert, il faut aller voir les complémentaires, dont les compagnies d'assurance. Mais cela signifie qu'on rentre dans un système qui serait différent. Progressivement, on amorcerait une privatisation de la Sécurité sociale. Et là, il y a un danger, tel qu'on l'a vu dans d'autres pays. La Reine d'Angleterre est en ce moment en France ; eh bien, l'Angleterre, il y a vingt ans, c'était un très bon système de sécurité sociale et aujourd'hui, on voit où le niveau du système anglais est. Les Anglais viennent même se faire opérer en France. Donc si on rentre dans une mécanique de privatisation, là il y a danger et là on ne sera pas d'accord."
FSur quoi êtes-vous d'accord ?
"Il y a une formule qu'a utilisée le Premier ministre, hier, sur laquelle on est d'accord - maintenant, on va voir ce qu'il y met, lui, comme contenu -, c'est la clarification des comptes et responsabilités. Aujourd'hui, on ne sait plus qui paie quoi, qui fait quoi et qui est responsable de quoi dans le domaine de la Sécurité sociale. L'Etat met à la charge de la Sécurité sociale et des salariés des dépenses qui ne devraient pas être à la charge de la Sécu. Par exemple, il y a 20 milliards d'euros d'exonération de cotisations patronales tous les ans, et il y en a trois milliards qui ne sont pas remboursés à la Sécurité sociale. Ce n'est pas normal, l'Etat devrait compenser. A partir de là, il y a donc toute une série de problèmes à évoquer, mais cela demande un certain délai pour les évoquer. C'est un peu comme les retraites. D'ailleurs, quand le Premier ministre fait référence aux retraites, cela nous agace un peu, parce que la contre-réforme des retraites nous reste un peu en travers de la gorge. Il y a donc toute une série de choses à mettre en place. C'est lié, que l'on veuille ou non, à un moment donné, à la politique économique qui est menée et au problème de répartition des richesses. Quand on entend parler qu'il y a aura des "efforts" ou, comme le dit le président de la République, des "mesures de redressement difficiles", si c'est encore une fois peser sur les salariés, les chômeurs ou les retraités, il y a un problème. Dans le cadre du libéralisme économique, ce sont toujours eux qui paient."
Sur la Sécu, faut-il que le patronat revienne siéger dans les instances de cogestion de la Sécurité sociale ? Le président de la République l'a évoqué. Et si oui, pour quoi faire ?
"Nous avons toujours dit que l'on pensait que le régime de Sécurité sociale, pour la part régime général, devait être assuré de manière paritaire entre les syndicats et le patronat. Donc, oui sur le principe. Maintenant, c'est pour quoi faire. Et d'une certaine manière, il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs. C'est quel contenu, avec quelle réforme ? Et après, on voit qui gère. Ce n'est pas : qui va gérer, et puis pour faire quoi ? C'est d'abord quel contenu à la réforme."
Pensez-vous que le Gouvernement ou le ministre de l'Economie, N. Sarkozy, pourraient mettre en place un "plan d'austérité bis", c'est ce que vous redoutez ?
"On ne le souhaite pas. Si c'était un plan d'austérité, cela veut dire que l'on va serrer la vis. Mais il y a un problème de fond : M. Sarkozy a réaffirmé, ce week-end à la réunion des ministres des Finances, que l'objectif du Gouvernement était de revenir en dessous de 3 % des déficits publics en 2005. Cela veut dire : comment fait-on pour se dégager des marges de manoeuvre pour répondre à l'ampleur des problèmes sociaux ? S'il faut serrer la vis en privatisant, s'il faut ne pas augmenter les salaires - nous considérons, et tout le monde le dit aujourd'hui, que l'un des problèmes de la croissance en France, c'est que la consommation est trop faible. Le meilleur moyen pour relancer la consommation, c'est d'accorder du pouvoir d'achat."
Et il faut relancer les salaires ?
"Oui, bien sûr."
De combien faut-il les augmenter ?
"Cela se discute, cela se négocie, on ne va pas fixer un objectif, mais il faut une augmentation des salaires. Ils n'ont quasiment pas augmenté en pouvoir d'achat depuis pas mal de temps. Le Gouvernement a une occasion aujourd'hui. Le ministre de la Fonction publique reçoit par exemple les fédérations de fonctionnaires. La question va lui être posée."
Mais faut-il commencer par les fonctionnaires, pour les augmentations de salaire ? Ne faut-il pas commencer par le privé ?
"Aujourd'hui, le Gouvernement reçoit les fédérations de fonctionnaires. Ce n'est pas uniquement les fonctionnaires, mais là, le Gouvernement est en situation de patron, quand il reçoit les fonctionnaires. Dans le privé, c'est pareil..."
Donc il peut montrer l'exemple ?
"A lui de montrer l'exemple."
Pour la suite, qu'est-ce qui peut se passer ? Vous pensez que vous allez appeler à des mouvements sociaux, à des manifestations, à une grogne dans la rue ?
"La grogne est déjà là, dans ce sens où on n'est pas satisfait à la fois de l'orientation qui semble donnée mais, en même temps, on n'a pas de décisions concrètes qui sont annoncées. On a une expérience, celle des retraites, en terme de mouvement. Et on ne souhaite pas faire une réunion avec tous les syndicats, pour trouver un texte qui convienne à tout le monde, qui est donc ambigu, qui ne convient in fine à personne - on a vu ce que cela a donné sur les retraites en terme d'efficacité syndicale. Maintenant, à partir du moment où le Gouvernement annoncerait des décisions - ce qui n'est pas encore le cas précisément, les syndicats travaillent sur du concret, pas dans les rêves -, si des décisions sont prises et ne nous conviennent pas, alors, effectivement, cela s'appelle "l'unité dans l'action". Avec ceux qui ne seront pas d'accord avec ces dispositions et qui seraient prêts à se battre, on envisagera de sa battre également, bien sûr."
Cela veut dire qu'il pourrait y avoir des rencontres assez rapidement entre CFDT, CGT et FO ?
"Des rencontres, il y en a déjà eu ces derniers temps, et le téléphone, ça existe... Il n'y a rien de secret là-dedans."
(source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 6 avril 2004)
Jean-Claude Mailly.- "D'abord, c'est un discours sur le ton très libéral, ce qui peut un peu surprendre après ce qu'avait dit le président de la République. Mais en même temps, il n'a pas annoncé grand-chose de concret."
Par exemple, la hausse du Smic, c'est une vieille annonce ?
"La hausse du Smic était prévue, c'est dans le cadre de l'harmonisation des Smics liée aux 35 heures, ce n'est donc pas une nouveauté en tant que telle. Et il y a une inquiétude de fond : c'est qu'apparemment, ils veulent garder le même cap en matière de politique économique, notamment le fameux respect des 3 % de déficit budgétaire, même s'ils sont au-dessus. Mais il y a l'objectif qui est fixé et la boîte à outils pour y parvenir. Et dans la boîte à outils - cela a été confirmé hier par le Premier ministre -, il y a par exemple les privatisations, notamment EDF-GDF. Et cela pose un problème de fond : est-ce que demain, on sera encore dans une République si on n'a plus de services publics ? Mais après, sur le reste, sur les dossiers sociaux en tant que tels, rien de neuf."
Sur la privatisation, est-ce un choix purement idéologique ou n'est-ce pas dicté par la nécessité, parce que cela permet de faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'Etat et qu'il faut bien trouver l'argent pour financer certaines baisses d'impôts qu'il faut maintenir ou d'autres programmes, l'ASS qui est maintenue ou des choses comme celles-là ?
"Si ce n'est pas une dimension idéologique, c'est une vision de court terme, on râcle les fonds de tiroirs d'une certaine manière. Mais en même temps, il y a une dimension idéologique. Apparemment, quand je disais tout à l'heure qu'il y a un discours qui est libéral sur le fond, les libéraux, cela ne les gêne pas de privatiser, cela fait partie de leur logique. Là, il y a un problème de fond. D'ailleurs, il y a une manifestation jeudi, concernant EDF-GDF. Je pense qu'il y aura du monde. Cela signifie qu'il y a un problème de fond quant à l'avenir du service public."
Deuxième grand dossier : la réforme de la Sécu. Le calendrier ne change pas. Pensez-vous qu'il est raisonnable effectivement de maintenir la négociation pendant l'été et d'arriver à quelque chose à la fin de l'année ?
"Nous pensions que le Gouvernement se serait donné un peu plus de temps pour discuter et consulter, même si les consultations..."
Parce que J. Chirac avait appelé...
"Oui, on avait cru comprendre qu'il n'y avait pas de délai de fixé. Apparemment, ils maintiennent le même calendrier, ce qui fait donc un calendrier assez serré. Et dans le même temps, que vont-ils faire exactement sur la réforme de l'assurance maladie, qu'est-ce qu'ils vont proposer ? Nous avons fait des propositions dans le cadre d'une réforme. Ceci étant, parce que nous voulons jouer clairement en quelque sorte, nous avons dit ce que nous souhaitions et nous avons parallèlement dit ce que nous refusions. Et pour le moment, on a encore des inquiétudes, parce qu'on ne voit pas très bien comment le Gouvernement va s'orienter. S'il maintient le cap libéral, il y a des risques, par exemple de privatisation."
FO a longtemps géré la Sécurité sociale, c'est donc quelque chose que vous connaissez bien. De quoi avez-vous peur ? Qu'est-ce que vous avez signifié que vous ne vouliez pas ? Et sur quelle type de réforme êtes-vous d'accord ?
"Ce que l'on craint, c'est que l'on diminue la part des dépenses prises en charge par la Sécurité sociale en tant que telle. D'une manière ou d'une autre, par un panier de soins, par une diminution de certains remboursements ou en disant que telle chose ne sera pas prise en charge par la Sécu..."
Par exemple, si on est un grand fumeur et qu'on a des ennuis de santé, qu'il ne faudrait pas venir se plaindre ?
"Que l'on fasse de la prévention, ce ne serait pas stupide ; on en fait déjà, il faudrait l'accroître. Mais à un moment, on s'était demandé, par exemple, si les gens qui se cassent la jambe en faisant du ski, cela devait être pris par la Sécu, le petit risque et le gros risque d'une certaine manière. Donc on diminue la part prise en charge par la Sécurité sociale et on dit que si on veut encore être bien couvert, il faut aller voir les complémentaires, dont les compagnies d'assurance. Mais cela signifie qu'on rentre dans un système qui serait différent. Progressivement, on amorcerait une privatisation de la Sécurité sociale. Et là, il y a un danger, tel qu'on l'a vu dans d'autres pays. La Reine d'Angleterre est en ce moment en France ; eh bien, l'Angleterre, il y a vingt ans, c'était un très bon système de sécurité sociale et aujourd'hui, on voit où le niveau du système anglais est. Les Anglais viennent même se faire opérer en France. Donc si on rentre dans une mécanique de privatisation, là il y a danger et là on ne sera pas d'accord."
FSur quoi êtes-vous d'accord ?
"Il y a une formule qu'a utilisée le Premier ministre, hier, sur laquelle on est d'accord - maintenant, on va voir ce qu'il y met, lui, comme contenu -, c'est la clarification des comptes et responsabilités. Aujourd'hui, on ne sait plus qui paie quoi, qui fait quoi et qui est responsable de quoi dans le domaine de la Sécurité sociale. L'Etat met à la charge de la Sécurité sociale et des salariés des dépenses qui ne devraient pas être à la charge de la Sécu. Par exemple, il y a 20 milliards d'euros d'exonération de cotisations patronales tous les ans, et il y en a trois milliards qui ne sont pas remboursés à la Sécurité sociale. Ce n'est pas normal, l'Etat devrait compenser. A partir de là, il y a donc toute une série de problèmes à évoquer, mais cela demande un certain délai pour les évoquer. C'est un peu comme les retraites. D'ailleurs, quand le Premier ministre fait référence aux retraites, cela nous agace un peu, parce que la contre-réforme des retraites nous reste un peu en travers de la gorge. Il y a donc toute une série de choses à mettre en place. C'est lié, que l'on veuille ou non, à un moment donné, à la politique économique qui est menée et au problème de répartition des richesses. Quand on entend parler qu'il y a aura des "efforts" ou, comme le dit le président de la République, des "mesures de redressement difficiles", si c'est encore une fois peser sur les salariés, les chômeurs ou les retraités, il y a un problème. Dans le cadre du libéralisme économique, ce sont toujours eux qui paient."
Sur la Sécu, faut-il que le patronat revienne siéger dans les instances de cogestion de la Sécurité sociale ? Le président de la République l'a évoqué. Et si oui, pour quoi faire ?
"Nous avons toujours dit que l'on pensait que le régime de Sécurité sociale, pour la part régime général, devait être assuré de manière paritaire entre les syndicats et le patronat. Donc, oui sur le principe. Maintenant, c'est pour quoi faire. Et d'une certaine manière, il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs. C'est quel contenu, avec quelle réforme ? Et après, on voit qui gère. Ce n'est pas : qui va gérer, et puis pour faire quoi ? C'est d'abord quel contenu à la réforme."
Pensez-vous que le Gouvernement ou le ministre de l'Economie, N. Sarkozy, pourraient mettre en place un "plan d'austérité bis", c'est ce que vous redoutez ?
"On ne le souhaite pas. Si c'était un plan d'austérité, cela veut dire que l'on va serrer la vis. Mais il y a un problème de fond : M. Sarkozy a réaffirmé, ce week-end à la réunion des ministres des Finances, que l'objectif du Gouvernement était de revenir en dessous de 3 % des déficits publics en 2005. Cela veut dire : comment fait-on pour se dégager des marges de manoeuvre pour répondre à l'ampleur des problèmes sociaux ? S'il faut serrer la vis en privatisant, s'il faut ne pas augmenter les salaires - nous considérons, et tout le monde le dit aujourd'hui, que l'un des problèmes de la croissance en France, c'est que la consommation est trop faible. Le meilleur moyen pour relancer la consommation, c'est d'accorder du pouvoir d'achat."
Et il faut relancer les salaires ?
"Oui, bien sûr."
De combien faut-il les augmenter ?
"Cela se discute, cela se négocie, on ne va pas fixer un objectif, mais il faut une augmentation des salaires. Ils n'ont quasiment pas augmenté en pouvoir d'achat depuis pas mal de temps. Le Gouvernement a une occasion aujourd'hui. Le ministre de la Fonction publique reçoit par exemple les fédérations de fonctionnaires. La question va lui être posée."
Mais faut-il commencer par les fonctionnaires, pour les augmentations de salaire ? Ne faut-il pas commencer par le privé ?
"Aujourd'hui, le Gouvernement reçoit les fédérations de fonctionnaires. Ce n'est pas uniquement les fonctionnaires, mais là, le Gouvernement est en situation de patron, quand il reçoit les fonctionnaires. Dans le privé, c'est pareil..."
Donc il peut montrer l'exemple ?
"A lui de montrer l'exemple."
Pour la suite, qu'est-ce qui peut se passer ? Vous pensez que vous allez appeler à des mouvements sociaux, à des manifestations, à une grogne dans la rue ?
"La grogne est déjà là, dans ce sens où on n'est pas satisfait à la fois de l'orientation qui semble donnée mais, en même temps, on n'a pas de décisions concrètes qui sont annoncées. On a une expérience, celle des retraites, en terme de mouvement. Et on ne souhaite pas faire une réunion avec tous les syndicats, pour trouver un texte qui convienne à tout le monde, qui est donc ambigu, qui ne convient in fine à personne - on a vu ce que cela a donné sur les retraites en terme d'efficacité syndicale. Maintenant, à partir du moment où le Gouvernement annoncerait des décisions - ce qui n'est pas encore le cas précisément, les syndicats travaillent sur du concret, pas dans les rêves -, si des décisions sont prises et ne nous conviennent pas, alors, effectivement, cela s'appelle "l'unité dans l'action". Avec ceux qui ne seront pas d'accord avec ces dispositions et qui seraient prêts à se battre, on envisagera de sa battre également, bien sûr."
Cela veut dire qu'il pourrait y avoir des rencontres assez rapidement entre CFDT, CGT et FO ?
"Des rencontres, il y en a déjà eu ces derniers temps, et le téléphone, ça existe... Il n'y a rien de secret là-dedans."
(source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 6 avril 2004)