Déclaration de M. Alain Juppé, président de l'UMP, sur la participation de l'UMP aux débats sur les retraites, l'éducation, le voile islamique, sur l'Europe et notamment sur la préparation des élections européennes, ses enjeux et la proposition d'un referendum sur la constitution, Aubervilliers le 9 mai 2004.

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Circonstance : Conseil national de l'UMP à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) le 9 mai 2004

Texte intégral

Mes chers amis,
Une fois encore, l'UMP vient de donner l'exemple du débat, du libre débat, du débat d'idées. Une fois encore parce que, depuis deux ans, nous n'avons pas cessé de le faire.
Nous l'avons fait à l'occasion de la réforme des retraites, où vous avez été appelés à vous exprimer et où d'ailleurs les propositions venues de nos fédérations ont été largement prises en compte dans le débat parlementaire et par le gouvernement.
Nous l'avons fait dans le grand débat sur l'éducation, qui nous a permis de déposer une contribution de l'UMP auprès de la fameuse Commission Thélot, chargée par le gouvernement de faire des propositions dans ce domaine.
Nous l'avons fait, au mois de novembre dernier, à propos d'un débat très sensible dans l'opinion publique et dans notre propre mouvement, le débat sur le voile, puisque que c'est un Conseil national qui là aussi a voté et a finalement fixé la ligne, que notre majorité parlementaire a transformé ensuite en un texte de loi.
Aujourd'hui, nous le faisons sur l'Europe, au terme d'un processus qui remonte à plusieurs mois.
Il a commencé à Moliets, avec les Jeunes populaires, ce sont eux qui ont engagé le débat sur l'Europe, en invitant plusieurs personnalités, venues de divers pays européens.
Le débat s'est ensuite poursuivi dans le cadre du Forum animé par Alain Madelin, plusieurs bureaux politiques y ont été consacrés, nous vous avons adressé, il y a quelques semaines, les quatre contributions qui ressortaient des délibérations de ces bureaux politiques, et vous avez eu l'occasion d'en discuter au sein de vos comités départementaux avant de venir ici, vous, le parlement de l'UMP, afin de conclure cette discussion et voter.
Je crois que ce processus est tout à fait exemplaire et je vous remercie d'y avoir participé avec beaucoup de cur.
Nous allons donc désigner nos candidats, dans les huit grandes inter régions, constituant désormais les circonscriptions électorales. Une fois les listes approuvées, nos candidats se mettront en campagne pour soutenir la ligne majoritaire que vous avez adoptée.
Permettez-moi de vous remercier d'avoir, par une très large majorité, fait confiance à la synthèse de la Présidence.
Dès demain, il va falloir entrer en campagne et je voudrais vous faire partager ma conviction que cette campagne est importante et que cela mérite que nous nous y engagions. En balayant peut-être cette opinion du politiquement correct, selon laquelle les élections européennes n'intéressent personne et ne représentent pas un enjeu en France, cela est faux.
Cette élection sera tout d'abord importante pour notre propre UMP, pour notre union pour un mouvement populaire.
Après le débat, le combat.
Je suis très favorable au débat et ce n'est pas de gaieté de cur que j'avais retardé la libre expression des sensibilités, à laquelle nous allons revenir grâce au travail de Renaud Dutreil et à votre décision de la matinée.
Le débat est une bonne chose, notre diversité est notre richesse, mais notre raison d'être est tout de même notre unité. Car, si nous n'avions que des différences, je me demande bien ce que nous ferions ensemble.
Si nous sommes ensemble c'est aussi parce que nous avons des valeurs et des convictions communes, et ce sont elles qu'il va falloir défendre le 13 juin, devant les Françaises et les Français.
Cette campagne sera aussi importante pour la France.
Nous allons essayer de tout faire pour entraîner les Françaises et les Français dans ce grand mouvement de modernisation, vital pour notre pays.
Il faut sortir de l'immobilisme dans lequel nous a plongé la gauche plurielle et dans lequel l'opposition voudrait aujourd'hui encore nous maintenir. Sur les retraites, sur l'assurance maladie, quel est le début de proposition ou de perspective que propose aujourd'hui le Parti socialiste si ce n'est de continuer à augmenter les dépenses ? Ce qui naturellement ne constitue pas une politique.
Pour tirer profit de la naissance de cette nouvelle Europe, que nous avons vu émerger le 1er mai dernier sur nos écrans de télévision, il faut que ces réformes avancent, il faut retrouver notre attractivité, reprendre notre place en tête du peloton européen.
Oui, le 13 juin, il y aura bien un enjeu national et ne commettons pas la même erreur que lors des dernières élections, cantonales et régionales, en négligeant cet enjeu national, car cet enjeu est vital.
Il s'agit de convaincre que la France a le choix entre un avenir de frilosité et de conservatisme et la modernisation et le mouvement que nous lui proposons, en soutenant l'action du président de la République et du gouvernement, sans complexe et sans timidité.
Cette campagne sera enfin importante pour l'Europe.
Cette Europe nouvelle est une chance pour la France.
Il n'y a pas d'avenir pour une France repliée sur elle-même qui bouderait la construction européenne. Et si un non s'exprimait en France à l'occasion d'un referendum sur l'Europe, ce serait évidemment une sorte de séisme sur le continent européen.
Il n'y aurait pas d'avenir en se retirant de ce que nous avons bâti avec tant de difficulté depuis un demi-siècle.
Il n'y a pas d'avenir non plus, et nous en sommes tous intimement convaincus, pour un super Etat fédéral, étouffant notre identité et l'identité des autres Etats membres de l'Union européenne, qui n'en veulent pas plus que nous.
Il n'y a pas d'avenir également pour l'Europe, et je reprendrais ici une citation gentiment imagée de Jacques Delors, des " cabris socialistes ". Si chacun de nous est invité à lire le projet de constitution européenne, nous devrions également inviter les Français à lire le programme socialiste pour l'Europe
On nous propose de créer un SMIC européen, mais quel SMIC ? Quand on sait qu'aujourd'hui le salaire minimum en Pologne est dix à vingt fois inférieur au nôtre, il va falloir expliquer aux smicards français qu'ils vont devoir se rapprocher du SMIC polonais, l'harmonisation européenne tendant vers une moyenne entre les 25 Etats membres ; cela n'a pas de sens.
De même, qui aujourd'hui en Europe est prêt à suivre les socialistes français pour instiller la culture des 35 heures sur l'ensemble du continent européen ? Cela suscite l'hilarité générale, y compris au sein des partis socialistes européens
Souvenez-vous de cette phrase très significative du Chancelier Schröder, socialiste, qui à l'annonce du vote de la loi sur les 35 heures en France avait dit : " les 35 heures en France, une bonne nouvelle pour l'Allemagne !".
Cela détruit la compétitivité et l'attractivité de la France.
Il faut donc nous battre simultanément sur tous ces fronts, pour dire non au refus de l'Europe, non au fédéralisme super étatique, et non à cette Europe des cabris socialistes.
Pour notre part, il faut nous engager résolument pour faire aimer aux Français l'Europe nouvelle, capable de porter dans le monde nos idéaux et nos intérêts.
C'est ce sens-là que je souhaiterais que nous donnions à notre campagne : Faire aimer l'Europe, dissiper les peurs qu'elle suscite, les incompréhensions, les ignorances, la faire connaître et la faire aimer.
Montrer que ce n'est pas une construction bureaucratique ou en tout cas que nous allons nous battre pour qu'elle ne le devienne pas et qu'elle cesse de l'être si elle a pu ici ou là connaître quelques dérives.
Pour cela, essayons tous ensemble de lui donner un supplément d'âme.
L'Europe n'est pas un traité constitutionnel, ce sont des hommes et des femmes qui décident de lier ensemble leur destin pour exister dans le monde et porter les valeurs qui leur sont communes.
Ce supplément d'âme, il va d'abord falloir le puiser dans la réunification de la famille européenne. On nous parle beaucoup d'élargissement, je préfère parler de réunification parce que c'est bien de cela qu'il s'agit. Notre continent européen a été blessé, partagé par ce rideau de fer, ce mur de la honte, qui d'un côté laissait vivre la liberté et de l'autre l'opprimait.
A l'occasion du lancement de la campagne européenne par la CDU, notre parti frère au sein du PPE, Helmut Kohl déclarant que sur une route entre Saar et Verdun, sont signalés 18 cimetières liés à la terrible Bataille de Verdun, s'est alors écrié : " nous ne voulons plus jamais en France et en Allemagne de cimetières de soldats !".
La réunification de l'Europe, c'est d'abord cela, une promesse de paix durable, voire perpétuelle, sur le continent européen.
Ne sous-estimons pas l'importance de ces enjeux. Rappelons-nous, il y a moins de dix ans, qu'il y avait la guerre en Europe, à deux heures de Paris. Voilà aussi et d'abord la signification de la réunification.
Cette réunification, il ne faut pas la craindre sur un plan économique. On nous dit que cela va nuire à l'emploi, détruire notre protection sociale, je n'en crois rien. Ces dix nouveaux Etats membres qui nous rejoignent vont être la vitamine de la croissance économique européenne.
75 millions de producteurs et de consommateurs qui vont acheter des produits et des services, qui ne seront pas tous issus d'entreprises délocalisées, loin de là. Ils vont vouloir rejoindre le niveau de vie de l'Union européenne, ils vont donc travailler, s'investir et faire bouger les choses.
Regardez ce qui s'est passé dans la péninsule ibérique, à l'époque, en 1986, le RPR était contre l'entrée de l'Espagne, du Portugal et de l'Irlande, là encore, nous avions peur, peur de la concurrence. On nous disait, cela va balayer l'agriculture du sud-ouest de la France.
Or, notre agriculture n'en a pas souffert nous leur avons beaucoup plus vendu de maïs qu'ils nous ont vendu de tomates Et si aujourd'hui la ville de Bordeaux n'est plus dans un fond de cul-de-sac mais est devenue le bouchon ferroviaire et autoroutier sur l'un des plus grands axes et corridors de développement économique de l'Europe, c'est grâce à cet élargissement.
Je suis persuadé que les mêmes causes produiront les mêmes effets avec l'élargissement aux pays d'Europe centrale et orientale.
Ce supplément d'âme de l'Europe nous devons ensuite le puiser dans l'affirmation du projet politique d'une Europe européenne.
La constitution n'est pas simplement un ensemble de règles juridiques avec articles et procédures C'est un acte éminemment politique.
Pour la première fois, nous mettons noir sur blanc, les valeurs qui nous sont communes, la Charte des valeurs fondamentales de l'Union européenne. Ce sont les droits politiques, économiques et sociaux de la personne humaine, c'est-à-dire la démocratie, l'état de droit, des valeurs qui sont au coeur du message politique de la France elle-même.
Cette constitution est aussi un acte politique car j'en suis convaincu même si ce sujet fait débat entre nous, qu'elle fait progresser la démocratie contre la technocratie européenne.
Pour la première fois, elle met en place un dispositif permettant de contrôler que l'Union européenne n'empiète plus sur les compétences des Etats membres.
On nous a beaucoup bassiné avec le principe de subsidiarité, mot un peu barbare, c'était un concept en réalité. Avec la Constitution européenne, il cesse d'être un concept pour devenir une procédure. Ainsi, nos Parlements nationaux, nos délégations européennes, pourront dire : " stop ! l'union européenne sort de son champ de compétence, elle empiète sur les compétences des Etats nations ". Ce sera donc un grand progrès démocratique.
Enfin, cette Constitution affirme ce qui est notre objectif, à savoir, construire une Europe acteur politique sur la scène mondiale. De Gaulle l'avait déjà dit en son temps : " Il faut à l'Europe des institutions qui l'amènent à former un ensemble politique comme elle en est déjà un dans l'ordre économique ". Un acteur politique capable d'exprimer sa vision du monde sur la scène internationale comme nous l'avons fait récemment dans la crise irakienne.
C'est en même temps un beau contre-exemple puisque l'Europe n'a pas été capable d'exprimer de vision commune sur ce sujet. C'est vrai, sous quelques réserves malgré tout.
D'abord, cela m'a frappé à la lecture d'un ouvrage intitulé " La fracture occidentale ", il est en train de se produire quelque chose dont nous n'avons pas forcément conscience, il existe désormais une opinion publique européenne.
Il y a certes des peuples européens, notre Union est celle de peuples au pluriel, mais ils ont de plus en plus une conscience commune et une vision commune des choses. En particulier sur la crise irakienne, où l'opinion publique européenne était parfaitement en phase avec la position de la France.
Il va falloir que les gouvernements rattrapent l'opinion publique et que grâce à la Constitution, grâce au progrès de la politique extérieure et de sécurité communes, grâce à l'arrivée d'un ministre européen des affaires étrangères, nous soyons capables d'exprimer sur la scène mondiale une vision qui ne soit pas systématiquement alignée sur telle ou telle super puissance.
Voilà pourquoi cette Constitution est acte politique et voilà pourquoi je vous ai proposé de compléter la motion de synthèse de la Présidence en y inscrivant que le moment venu, quand nous connaîtrons cette constitution et dans le respect des prérogatives constitutionnelles du président de la République, nous UMP, nous souhaitons que le peuple français puisse s'exprimer sur ce projet de constitution européenne.
Permettez-moi personnellement d'aller un coup plus loin, si cette constitution est conforme à ce que nous en connaissons aujourd'hui, si elle est conforme au projet élaboré par la convention sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, alors, je ferai campagne pour le oui à la constitution européenne et je souhaite que l'UMP se mobilise dans ce sens.
L'Union européenne doit être plus proche des attentes quotidiennes de ses concitoyens et là, il y a beaucoup de chemin à faire.
Nos concitoyens attendent d'abord de l'Europe plus de sécurité.
Premièrement, plus de sécurité extérieure. Les progrès accomplis en matière de défense sont spectaculaires depuis quelques mois, nous allons résolument vers la constitution d'une force d'intervention européenne qui nous permettra de jouer notre rôle sans avoir à demander la permission à qui que ce soit lorsque nous penserons que nos propres intérêts sont en cause.
Sécurité intérieure également. Après le 11 septembre et l'attentat de Madrid, on s'est beaucoup bougé en Europe, on a activé Europol, poussé Eurojust, parlé d'un mandat d'arrêt européen et d'un parquet européen. C'est bien, mais rien de tout cela ne fonctionne vraiment. Il va falloir passer à l'opérationnel pour donner véritablement un contenu à notre coopération contre le terrorisme, contre la grande criminalité, contre aussi les mouvements de population non maîtrisés.
Dans notre texte de synthèse, nous prenons position très clairement pour un contrôle effectif des frontières extérieures de l'Union.
Dans un an ou deux, avec la réunification, il n'y aura plus de frontières entre la Pologne et l'Allemagne, donc, entre la Pologne et la France. Il faut des frontières entre la Pologne et l'Ukraine et nous proposons par exemple la constitution d'un corps européen de garde-frontières qui puisse faire respecter les frontières de l'Europe et contrôler en particulier l'immigration clandestine.
Ensuite, il faut plus de croissance pour plus d'emplois. Je voudrais que vous insistiez bien sur cela dans notre campagne. Notre Europe c'est celle de l'emploi, c'est la priorité des priorités pour la France et la quasi-totalité de nos partenaires. Il nous faut un nouveau volontarisme européen.
Il faut pour cela un véritable gouvernement économique de l'Union européenne, pour dialoguer avec la Banque centrale européenne, qui ne doit pas être la seule à fixer le cap de la politique de stabilité et de croissance.
Il faut adapter le Pacte de stabilité et de croissance parce que la situation n'est pas la même quand on a 3 ou 0 % de croissance. A 3 % il faut aller vers des déficits zéro et c'est bien triste qu'on ne l'ait pas fait dans les années 1998-2000. En revanche, quand on est à 0,5 ou 1 % de croissance, on ne va pas en plus s'auto flageller en voulant réduire à toute force et très rapidement les déficits. Il faudra un peu plus de souplesse sur ce point.
Ce nouveau volontarisme, c'est aussi une politique de la Commission qui ne soit pas exclusivement une politique de recherche d'une concurrence pure et parfaite, au risque de barrer la route à des champions européens, qui eux sont en concurrence avec d'autres champions américains, japonais ou chinois. Ce qui a été fait par le gouvernement français avec Sanofi et Aventis, de ce point de vue, trace bien la voie.
Il faut également des grands projets industriels européens : Airbus à Toulouse, c'est 10 000 emplois dans les années qui viennent.
Il nous faut dans le domaine des grandes infrastructures, avec le TGV, dans le domaine des technologies de l'information et de la communication, avec Galiléo, dans le domaine de l'énergie, avec le projet ITER, il nous faut de grands projets européens, capables de tirer la croissance européenne et de créer des emplois.
Le volontarisme européen c'est aussi la concrétisation rapide de l'objectif de Lisbonne, avec les 3 % du PIB dans la croissance publique et privée.
Les Japonais sont confrontés comme nous aux délocalisations, alors ils ont tout misé sur la recherche et l'innovation et aujourd'hui ils sortent de la stagnation, exportent massivement vers les nouveaux marchés et retrouvent le chemin de la croissance.
Il n'y a pas de salut pour la France ailleurs que dans l'innovation, la recherche, le goût du travail, du risque et de la performance.cela aussi c'est un enjeu national autant qu'européen.
Enfin, ce supplément d'âme, il faut le puiser aussi dans plus de fraternité européenne.
C'est faire de la cohésion sociale et de la préservation du modèle social européen une de nos ambitions, au même titre que le pacte de stabilité et de croissance.
C'est aussi donner à nos jeunes qui aiment l'Europe, s'y intéressent et savent que l'Europe est leur avenir, davantage de perspectives européennes. Aujourd'hui le nombre d'étudiants français ou européens qui bénéficient des programmes Erasmus ou Leonardo est relativement marginal : 5 ou 10 % à peine. Il faudrait que tout étudiant soit tenu d'aller passer un semestre de son cursus universitaire dans une autre université européenne. C'est de cette manière que les Européens se comprendront, se connaîtront et s'aimeront.
C'est également plus d'engagement de l'Europe pour sauver notre planète et même notre espèce, aujourd'hui menacées. Nicolas Hulot pousse à nouveau un cri d'alarme, expliquant que nous sommes peut-être en train de franchir un point de non-retour. Dans ce domaine, tout se joue au niveau européen, les boulettes du Prestige ne se sont pas arrêtées à la frontière franco-espagnole
Il faut donc aller plus avant dans cette voie comme il faut que l'Europe fasse de la lutte contre la pauvreté sa nouvelle frontière. Lutte contre la pauvreté chez nous, 1 million d'enfants pauvres en France en 1999-2000, scandale des scandales. Elle existe en Europe et dans le monde, et nous faites pas d'illusions, nous ne vaincrons durablement le terrorisme, nous ne contrôlerons efficacement les mouvements désordonnés d'immigration clandestine, que le jour où nous ferons réellement reculer la pauvreté, la misère et l'injustice, notamment en Afrique subsaharienne, et c'est aussi un combat pour l'Europe et pour la jeunesse de Europe.
Il m'est arrivé de parler d'un rêve européen, l'Europe me fait toujours rêver. Je rêve parfois d'une Europe à trois dimensions.
Un premier cercle, celui des 25, des 27 et peut-être des 30 parce que nous ne pourrons pas dénier aux Balkans, le jour où ils auront réappris à vivre ensemble, le statut de pays européen. C'est l'Union avec sa constitution.
Au-delà, il y a le cercle du voisinage rapproché, des pays partenaires, avec qui nous devons avoir des rapports privilégiés et entretenir des relations étroites mais qui n'ont pas vocation à devenir membres à part entière de l'Union européenne.
Je voudrais de grâce vous demander de ne pas vous laisser piéger dans le débat qui va s'ouvrir, en ramenant la totalité des enjeux du scrutin du 13 juin sur le problème de la Turquie. Ce problème ne se pose pas.
Nous avons dit à l'UMP très clairement que nous n'en voulions pas et en toutes hypothèses la question ne se posera pas avant de longues années. Le président de la République l'a bien dit, s'il devait un jour, lui, le soulever à nouveau, c'est dans un futur qui se chiffre en lustres.
Nous pensons que ces pays, la Turquie mais aussi le Maghreb, le Biélorusse, l'Ukraine ces pays ont vocation à être des partenaires privilégiés, pas des membres à part entière.
Au cur de l'Union, il y a place peut-être pour un cercle plus resserré, plus rapproché, le cur de l'Union, l'avant-garde de l'Union, qui existe déjà : qui a existé pour Schengen, pour l'Euro, en matière de défense. Et au cur de ce cur, la France et l'Allemagne dans une relation intime, non exclusive d'une ouverture sur les autres mais qui doit rester intime.
De Gaulle disait : " la base sur laquelle peut et doit se construire l'union de l'Europe, le plus solide atout de la liberté du monde, c'est l'estime, la confiance, l'amitié mutuelle du peuple français et du peuple allemand ".
Ce rêve d'une France fidèle à elle-même, dans une Europe puissance de paix dans le monde, c'est le rêve de ses pères fondateurs : de Schumann à Giscard, en passant par Monnet, De Gaulle et Pompidou.
C'est le rêve également que l'UMP doit proposer à la jeunesse de France, afin de secouer la morosité ambiante qui mine notre pays et redonner à notre France le goût du mouvement et l'ardeur de l'espérance.
Vive la France, vive l'Union européenne !
(source http://www.u-m-p.org, le 11 mai 2004)