Texte intégral
Chers amis,
Je voudrais vous dire avec sincérité, que j'ai beaucoup pensé à vous ces dernières semaines, au lendemain de ces élections régionales. Je sais que vous avez aussi pensé à moi, beaucoup m'ont écrit, merci de votre soutien, de votre engagement.
Dans mon parcours politique, à côtés de vous, j'ai connu les déceptions et les douleurs, les humeurs des élections perdues. Je connais ces traces, je vois ces retours le lundi matin au bureau, à l'usine, avec ces regards moqueurs.
J'ai toujours au fond du cur ces blessures, je sais ce que sont les épreuves, mais comme vous, je sais aussi que nous ne devons pas céder ni au découragement, ni au renoncement et c'est pour cela que j'ai accepté la mission que m'a confiée à nouveau le président de la République et la confiance que m'ont votée les deux chambres de notre Parlement.
Dans cette campagne, disons-le franchement, notre action a été dénaturée, caricaturée, et je tiens à vous dire que nous n'avons pas l'intention de voir à nouveau nos réformes caillassées par ceux qui n'ont pas eu le courage de les mener.
La réforme des retraites, la création du droit individuel à la formation, l'augmentation du SMIC ou la création du RMA qui privilégient, ce qui est au coeur même de nos convictions, les revenus du travail par rapport aux revenus de l'assistance, ce n'est pas de la régression mais de la progression sociale.
L'exemple flagrant de la caricature, nous l'avons vécu vendredi, au lendemain de mon intervention télévisée. Alors que j'ai indiqué que le gouvernement allait étudier l'exemple allemand de relocalisation de capitaux, car nous le savons bien, les délocalisations d'emplois commencent souvent par des délocalisations de capitaux, le cortège des présidentiables socialistes a crié à la faute morale.
Je leur demande un peu de modération dans l'attaque et un peu d'objectivité dans la critique. Je suis habitué mais quand même, mettre à l'étude une décision des socialistes allemands, ce n'est pas une faute morale !
Jean-Claude Guillebaud dit : " la brutalité du propos vient de la faiblesse de la pensée "
En vous quittant, j'irai avec le président de la République célébrer la Fête de l'Europe avec Tony Blair, j'espère que personne n'y verra de mal puisqu'il est à la fois et travailliste et libéral.
Mais toutefois, on a beau être bon garçon, la caricature, ça suffit. C'est pour cela que j'ai demandé à l'ensemble de mes ministres d'aller sur les plateaux de télévision expliquer notre politique, visiblement cela ne fait pas plaisir à tout le monde, dommage.
J'ai entendu le message d'attente de lisibilité de l'action gouvernementale, j'ai entendu ce besoin de clarification de notre action, ce besoin de pédagogie. Nous allons nous engager, chacun à notre place dans cet effort, d'explication, de pédagogie, cet effort de conviction.
Alors, allons-y, expliquons et rappelons les bonnes vérités, de base, au peuple français.
D'abord, nous avons trouvé la France, ne l'oublions pas, en plein désarroi au printemps 2002. Souvenons-nous de l'origine de notre action.
Un Premier ministre, cinq ans durant à l'Hôtel Matignon, qui se prépare tous les jours pour la qualification de la finale et qui n'est pas même pas qualifié puisque éliminé par le Front national.
Que de troubles en profondeur, tout ceci a provoqué dans son électorat. Troubles que nous avons retrouvés d'ailleurs au cours des dernières élections.
Un pays qui a payé les trois premières années des socialistes par les deux années suivantes d'effondrement économique, notamment d'effondrement de la croissance. N'oublions jamais que les socialistes avaient 4 % de croissance en 2000, 2 % en 2001, puis 1 % en 2002, une croissance divisée par quatre en deux ans. Voilà le vrai bilan de l'action des socialistes.
Un point de croissance, c'est 150 000 emplois. 150 000 détruits par manque de croissance en raison d'une politique non adaptée à la croissance du monde et c'est comme ça que nous avons trouvé un pays réfugié dans l'immobilisme alors que les mouvements du monde s'accéléraient. Dans ce contexte, quelle fut notre action ?
D'abord, la première des urgences, l'insécurité.
C'est la première exigence de justice puisqu'elle touche les plus faibles. La sécurité c'est aussi le préalable à la confiance.
Nous avons engagé ce travail brillamment avec Nicolas Sarkozy, nous le poursuivons, non moins brillamment aujourd'hui, avec Dominique de Villepin et nous continuerons à nous battre tous les jours pour une société plus sûre parce que c'est une question de justice. Je suis fier qu'au cours de l'année 2003, grâce à cette action, notre pays a connu 140 000 victimes en moins, par rapport à l'année précédente.
Cet effort se porte également sur la sécurité extérieure, contre le terrorisme, pour une défense nationale, à la hauteur des ambitions de la France.
Quelle serait notre capacité aujourd'hui de nous exprimer sur la scène du monde, si le peuple de France n'était pas capable de faire pour sa défense les efforts nécessaires ? Si aujourd'hui, le message de paix du président de la République est entendu dans le monde entier, c'est parce que les Français ont su faire les efforts nécessaires pour affirmer leur capacité militaire, défendre leurs valeurs autour d'un projet de défense nationale, qui se met à la disposition de la cause européenne.
Une autre réforme également très importante pour la justice et je salue l'action équilibrée et fine du Garde des Sceaux, Dominique Perben, grâce auquel aujourd'hui la justice est plus rapide et a intégré cette exigence de proximité à laquelle vous êtes tous attachés.
Sur la sécurité, nous pourrions développer d'autres éléments du bilan, juste un mot sur la sécurité routière, une fierté importante, nous avons ainsi démontré qu'avec la pédagogie et l'explication, les Français étaient capables d'assumer une réforme et de changer leur comportement.
Ensuite sauver notre pacte social.
Les socialistes ont ignoré l'allongement de la vie dans notre société. Ils ont mis la tête dans le sable, pour ne pas voir les problèmes que l'allongement pose à notre société. Nous sommes déterminés à répondre à ces questions. Cet allongement de la vie exige de nous tous des initiatives, pour que le temps gagné soit du temps heureux.
Le recul de la mort est une bonne nouvelle pour notre société. Il nous faut regarder en face cet allongement de la vie.
C'est pour cela que nous avons voulu traiter la question des retraites, comme nous l'avons fait, avec des droits nouveaux, avec un esprit d'équité.
Nous fondons un grand projet national de santé. Nous ne voulons pas seulement résoudre le déficit de 14 milliards d'euros, nous voulons construire un grand projet national de santé qui rassemble les Français dans leur pacte social, qui puisse permettre à tous d'avoir accès à de meilleurs soins, dans la justice, avec une responsabilisation des acteurs. Cela veut dire une structure nationale de pilotage plus efficace et plus responsable, cela veut dire des soins plus efficaces mais mieux maîtrisés avec ce parcours personnel, ce dossier individuel et confidentiel qui nous permettra d'avoir accès à des soins maîtrisés mais de qualité améliorée.
Français nous ont montré qu'ils étaient capables d'accepter cet esprit de réforme. Regardez ce qu'ont fait les professionnels de santé sur les génériques, ils ont suivi les orientations que nous avions indiquées. Regardez comment les Français ont suivi la campagne que nous avons faite sur le fait que " les antibiotiques, ce n'est pas automatique ". Là aussi ils ont compris, là aussi ils ont suivi, quand on leur explique, ils suivent le mouvement et s'engagent dans ces actions nécessaires pour l'avenir de notre pays.
C'est pour cela que nous voulons développer les initiatives pour une meilleure santé et que le chef de l'Etat a choisi des priorités dans lesquelles nous sommes engagés totalement. Je pense au Plan cancer qui non seulement nous permet d'affronter un fléau majeur mais aussi nous permet de mettre en place une nouvelle organisation qui pourra se décliner face à d'autres maladies, avec là encore, une mobilisation nationale, des acteurs au plus près du terrain, que ce soit les scientifiques ou les patients.
Bien sûr, ensemble, nous voulons assurer ses déficits et affirmer les nouveaux équilibres financiers comme le chef de l'Etat l'a souhaité à l'horizon 2007.
Nous engagerons la lutte contre les gaspillages, mais nous dirons non à toutes les fausses pistes. J'entends parler ici ou là d'augmentation de la TVA sociale, nous ne voulons pas porter atteinte à la croissance et à l'emploi car le déficit vient aussi du chômage, c'est pour cela que nous ferons en sorte de trouver des solutions, notamment celles qui s'appuyant sur la responsabilisation des différents acteurs.
Enfin, troisième réforme importante face à cet allongement de la vie, je remercie les députés qui ont voté le Plan dépendance. Merci de vous être engagé, c'est une fierté pour nous tous, que de mettre les moyens au service de notre politique.
Les socialistes ont créé l'APA mais ne l'ont pas financée, nous, nous avons le courage d'aller chercher dans la société française, par l'engagement de chacun, par une journée nationale de solidarité, cet effort fraternel pour les personnes âgées.
Ce n'est pas une solidarité bureaucratique mais une fraternité personnelle, l'engagement de chacun des Français pour que les personnes âgées en France soient traitées dignement et que les personnes handicapées aient droit à la compensation du handicap.
Nous avons des convictions, nous avons aussi la capacité de mettre les moyens au service de nos convictions, même quand cela demande courage et détermination. Merci à nos élus d'avoir pris ces décisions.
Maintenant que nous sommes sur le point de sortir la France de ces trois grandes impasses, d'ici cet été, nous pouvons donc construire notre projet politique, cette nouvelle cohésion sociale, qui au fond peut se résumer par une nouvelle prospérité, mieux partagée.
Il nous faut aller chercher dans la société française cette nouvelle prospérité, cette capacité à créer, créer des richesses, de la valeur matérielle, sociale.
Nous sommes engagés par une politique économique et budgétaire sérieuse et responsable.
D'une part, maîtriser nos dépenses.
Il va de soi, que nous ne pouvons pas laisser les dépenses dériver, nous devons lutter contre les déficits. N'ayez pas à craindre les leçons des socialistes, entre 1997 et 2002, les dépenses de l'Etat ont crû de 6 milliards d'euros par an.
Alors qu'en 2003, le gouvernement s'était engagé devant le Parlement à dépenser 273,8 milliards d'euros, c'est très exactement ce que nous avons dépensé, en maîtrisant les dépenses à l'euro près. C'est une fierté que celle de maîtriser les finances des Français.
Nous le ferons par la politique budgétaire, par la réforme de l'Etat, par la décentralisation. A propos de décentralisation, quand vous voyez des présidents de région qui vous parlent d'augmentation d'impôts, dites-leur que toutes les dépenses que l'Etat leur transfère sont financées, nous l'avons voté dans la Constitution.
C'est pour cela que je leur ai demandé un moratoire fiscal pour les trois premières années de leur mandat. Les charges qui sont les leurs n'ont pas besoin d'augmentation d'impôts, s'ils les augmentent c'est leur décision, pas celle de la décentralisation.
D'autre part, accélérer notre activité économique.
Le président de la République nous a demandé d'alléger la taxe professionnelle afin de relancer les investissements, cela marche fort, plus 5 %. Concernant la relance de la consommation, nous avons pris un certain nombre de mesures avec le ministre d'Etat sur ce sujet pour stimuler la consommation et développer une politique salariale dynamique, avec une augmentation de 5 % du SMIC au 1er juillet, je comprends que les socialistes en soient malheureux parce qu'ils en ont souvent parlé mais ne l'ont jamais fait.
Ensuite sur le pôle de cohésion sociale, priorité est donnée à l'emploi en choisissant des logiques différentes des socialistes.
Les socialistes préfèrent les parkings, comme le RMI, des statuts où l'on enferme les gens, nous nous choisissons les parcours, avec le RMA, afin de sortir de la situation de pauvreté et d'entrer dans une situation de travail. C'est ce que nous faisons avec le droit individuel à la formation, avec le RMA, avec la baisse des charges pour les emplois jeunes, 150 000 jeunes aujourd'hui sont entrés en entreprises, ont quitté le chômage pour entrer dans le travail grâce à un allègement de charges avec de vrais contrats à durée indéterminée, dans de vraies entreprises, c'est-à-dire avec un vrai avenir.
Nous voulons aussi mieux payer le travail, développer la création d'entreprise, et préparer l'avenir avec de grands projets industriels pour lutter contre les délocalisations. C'est notre fierté que de mettre aujourd'hui en avant la réalisation d'Airbus, réussite française mais aussi européenne et tout ce que nous faisons au jour le jour, pour la santé avec Sanofi, pour le transport avec Alstom, pour l'ensemble des grands chantiers, il faut doter la France et l'Europe de grands pôles industriels capables de résister aux tentations de la délocalisation qui menace notre pays.
Cette cohésion sociale est faite aussi de politique pour le logement, d'égalité des chances et de défense des valeurs de la République. Sur les valeurs de la République, je voudrais insister sur le développement dans notre pays du racisme et de l'antisémitisme.
J'appelle tous les Républicains à exprimer d'une manière forte leur révolte contre les actes récents d'antisémitisme et de racisme. Dites à chaque fois que vous entendez parler de tels actes que vous vous sentez concernés car c'est la France qui est blessée.
Ensemble, toujours et partout, soyons les ennemis de la haine et luttons contre toutes ses formes qui affaiblissent la nature humaine en nous rapprochant des hontes de l'Histoire.
Résistons à l'antisémitisme, résistons à toutes formes de racisme, ce n'est pas cette France que nous aimons, c'est la France de la tolérance et du respect, c'est cette France-là pour laquelle nous nous battons et quand elle est atteinte nous devons exprimer notre révolte.
Vous l'avez compris, cette nouvelle prospérité mieux partagée s'appuie sur une méthode : la réforme attentive, ni reculade, ni entêtement.
J'écoute ce que vous dites, j'ai entendu ce que vous disiez sur les radars, mais aussi votre attachement à la sécurité routière et à ce cap que nous devions garder.
Mais il est vrai, lorsque l'on dépasse de 20 km/heure, 45 euros c'est déjà très cher. Pour beaucoup de gens et de jeunes, il est important d'avoir des amendes proportionnées à la faute. Au-dessus de 20km/heure, c'est 90 euros d'amende. Petit dépassement, petite amende, grand dépassement, grosse amende. Au-delà de 50km/heure de dépassement, vous pouvez devenir un acteur criminel potentiel et cela devient un délit.
Nous voulons vraiment être ferme, cela ne nous empêche pas d'écouter et de pouvoir adapter la réforme.
C'est comme pour la réforme Unédic, nous ne changeons pas la réforme, mais pour les personnes qui ont été, en cours de réforme, blessées parce qu'elles s'attendaient à 30 mois d'indemnisation, et qu'elles n'ont plus que 23 mois, s'estimant, de bonne foi, trompées, nous devons tenir compte de leur bonne foi.
C'est cela la réforme attentive, nous gardons le cap de la réforme, aucune faiblesse, aucune reculade, mais une attention à tous ceux pour qui la réforme à un moment ou à un autre est brutale et sévère.
Nous avons pour ce faire besoin de l'UMP, cette famille politique où les querelles de personnes stériles cèdent le pas à la compétition des talents et l'entretien nostalgique des spécificités doit disparaître au bénéfice d'une véritable émulation des idées, comme c'est le cas aujourd'hui sur le dossier européen.
Depuis deux ans, nous avons construit ensemble cette famille politique et je souhaite remercier à la fois, mon cher Alain Juppé, Jean-Claude Gaudin, Philippe Douste-Blazy pour le travail qu'ils ont réalisé.
Merci à toi François de t'impliquer dans cette dynamique de l'UMP et merci à vous toutes et tous les cadres départementaux, le parlement de notre parti.
Merci aux joyeuses équipes de Marie, capitaine de nos équipes d'avenir, des jeunes de l'UMP.
Pour mon gouvernement, il est important d'engager une nouvelle étape de ses relations avec l'UMP, nous avons besoin de plus de concertation en amont de nos actions, avec notamment les parlementaires, nous avons également besoin de plus de consultation de nos militants et des cadres de notre mouvement.
Je sais que François Baroin, les deux présidents de nos assemblées, et les présidents de groupe, sont très attentifs à ce double objectif.
Je vous demande de vous engager pour expliquer notre action sur le terrain, je vous demande d'être fidèle à notre victoire de 2002, à cette volonté de rassemblement et de porter partout dans les départements et cantons de France, ces valeurs qui nous animent et ces actions que nous engageons.
Je termine pour vous donner ma conviction européenne en ce jour de Fête de l'Europe. Nous vivons un temps très heureux de l'Europe, qu'aucune génération avant nous n'a vécue.
L'Europe a cassé le mur, l'Europe a cassé les murs.
L'Europe de l'Est n'existe plus, l'Europe sort enfin de la tragédie. L'Europe est la force qui enlève à la haine son caractère éternel.
C'est pour cela que l'Europe est au cur même de notre projet politique.
De manière quasi simultanée, nous allons vivre une nouvelle géographie et de nouvelles institutions. Notre devoir à chacune et chacun d'entre vous est de réussir ce rendez-vous de l'Histoire. C'est le début d'un nouvel espoir, un espoir continental.
Le monde a besoin de l'Europe pour être mieux équilibré, mais l'Europe a besoin de la France et du choix des Français le 13 juin prochain. Au fond, si l'on regarde l'offre politique aujourd'hui en France pour le 13 juin, on propose aux Français, quatre Europe différentes.
D'abord, l'Europe de la démagogie, proposée par l'opposition de gauche. Le message des socialistes est un message d'illusion qui cache au fond de multiples divisions. Ils ne sont pas d'accord sur les grandes options européennes, les grands choix sont escamotés. L'espoir de la gauche, nous le voyons bien est que notre projet de réforme de la santé soit contesté au point de détourner les Français de la cause européenne. C'est pour cela que les socialistes sont à la fois silencieux sur l'Europe et sur la santé.
Mais nous ne laisserons pas le piège se refermer sur nous, car avec des slogans tels que le SMIC européen, nous atteignons avec les socialistes le sommet de la démagogie. Est-ce le SMIC français pour tous, ou le SMIC polonais pour tous ? Qu'est-ce que le SMIC européen, est-ce le SMIC Raffarin ou le SMIC Jospin, il y a tout de même un treizième mois d'écart entre les deux !
Qu'ils précisent un peu ce dont ils ont envie.
Il est évident que l'Europe socialiste n'est pas celle de l'emploi. Attention, expliquez bien aux Français que l'Europe de la démagogie sera aussi celle de l'hémorragie.
L'Europe démagogique non, l'Europe de la suprématie non plus. Il s'agit-là du vieux rêve fédéraliste, qui n'a plus de sens à 25 membres et il s'oppose au projet de la nouvelle Europe, fondé sur une action des Etats nation. C'est l'Europe de ceux dont la pensée est devenue un musée.
Non aussi à cette troisième Europe, celle de la nostalgie. C'est l'Europe des peurs et des rancoeurs, l'Europe qui ne voit dans l'élargissement qu'une faiblesse, alors que nous y voyons une chance. L'Europe qui ne voit pas autour d'elle le monde bouger, qui ne voit pas la chine s'éveiller. C'est la stratégie du repli souverainiste, c'est pour la France, l'abandon d'un rôle mondial qui aujourd'hui est renforcé par notre influence européenne et notre relation franco-allemande. La nostalgie n'a jamais été un projet politique.
L'Europe que nous voulons, c'est la quatrième, l'Europe de la démocratie.
L'Europe des Etats et des peuples,
l'Europe de la double majorité,
l'Europe qui ne se construit pas seulement par des directives et des procédures, mais l'Europe qui sait écouter le cur des peuples.
Une Europe qui se donne une Constitution, portée par Valéry Giscard d'Estaing, qui fait des échanges et des différences de véritables chances, c'est l'Europe de la subsidiarité mais aussi celle des grands projets. Une Europe qui dans le monde fait résonner l'hymne de la diversité, source de joie pour tant de peuples.
Une Europe qui a besoin de la France de ses réussites, de ses valeurs et de ses talents.
Pour nous, l'Europe reste une ambition, la France doit avec d'autres inspirer l'Europe, l'âme de l'Europe. Là, est votre devoir, là, est notre responsabilité. L'Europe ne sera pas seulement un ensemble, une coordination, elle doit avoir une âme et c'est le rôle de la France d'inspirer l'âme de l'Europe et de porter nos valeurs jusqu'au cur même du patrimoine politique de l'Union européenne.
C'est parce que j'aime la France que j'aime l'Europe et que je souhaite une Europe dont notre Nation reste à tout jamais fondatrice.
L'Europe est évidemment pour nous une grande ambition, l'Europe n'est pas une facilité, c'est une exigence pour les équilibres du monde et nous avons combien il est difficile d'imposer cette idée d'une Europe, grand pôle d'équilibre pour le monde du XXIème siècle.
Une exigence pour le monde mais, pour chacune et chacun d'entre nous, un devoir d'excellence, parce que si nous ne sommes pas à ce niveau d'excellence, il se peut que l'Histoire oublie ses acteurs et que progressivement l'Europe oublie même l'apport de la France.
C'est notre responsabilité de faire en sorte que notre pays soit fondateur éternel de l'espoir européen. Dans cette Europe, la France prolonge son destin et répond ainsi à la conviction du Général de Gaulle : " la France vient du fond des âges, les siècles l'appellent ".
(Source http://www.dialogue-initiative.com, le 26 mai 2004)
Je voudrais vous dire avec sincérité, que j'ai beaucoup pensé à vous ces dernières semaines, au lendemain de ces élections régionales. Je sais que vous avez aussi pensé à moi, beaucoup m'ont écrit, merci de votre soutien, de votre engagement.
Dans mon parcours politique, à côtés de vous, j'ai connu les déceptions et les douleurs, les humeurs des élections perdues. Je connais ces traces, je vois ces retours le lundi matin au bureau, à l'usine, avec ces regards moqueurs.
J'ai toujours au fond du cur ces blessures, je sais ce que sont les épreuves, mais comme vous, je sais aussi que nous ne devons pas céder ni au découragement, ni au renoncement et c'est pour cela que j'ai accepté la mission que m'a confiée à nouveau le président de la République et la confiance que m'ont votée les deux chambres de notre Parlement.
Dans cette campagne, disons-le franchement, notre action a été dénaturée, caricaturée, et je tiens à vous dire que nous n'avons pas l'intention de voir à nouveau nos réformes caillassées par ceux qui n'ont pas eu le courage de les mener.
La réforme des retraites, la création du droit individuel à la formation, l'augmentation du SMIC ou la création du RMA qui privilégient, ce qui est au coeur même de nos convictions, les revenus du travail par rapport aux revenus de l'assistance, ce n'est pas de la régression mais de la progression sociale.
L'exemple flagrant de la caricature, nous l'avons vécu vendredi, au lendemain de mon intervention télévisée. Alors que j'ai indiqué que le gouvernement allait étudier l'exemple allemand de relocalisation de capitaux, car nous le savons bien, les délocalisations d'emplois commencent souvent par des délocalisations de capitaux, le cortège des présidentiables socialistes a crié à la faute morale.
Je leur demande un peu de modération dans l'attaque et un peu d'objectivité dans la critique. Je suis habitué mais quand même, mettre à l'étude une décision des socialistes allemands, ce n'est pas une faute morale !
Jean-Claude Guillebaud dit : " la brutalité du propos vient de la faiblesse de la pensée "
En vous quittant, j'irai avec le président de la République célébrer la Fête de l'Europe avec Tony Blair, j'espère que personne n'y verra de mal puisqu'il est à la fois et travailliste et libéral.
Mais toutefois, on a beau être bon garçon, la caricature, ça suffit. C'est pour cela que j'ai demandé à l'ensemble de mes ministres d'aller sur les plateaux de télévision expliquer notre politique, visiblement cela ne fait pas plaisir à tout le monde, dommage.
J'ai entendu le message d'attente de lisibilité de l'action gouvernementale, j'ai entendu ce besoin de clarification de notre action, ce besoin de pédagogie. Nous allons nous engager, chacun à notre place dans cet effort, d'explication, de pédagogie, cet effort de conviction.
Alors, allons-y, expliquons et rappelons les bonnes vérités, de base, au peuple français.
D'abord, nous avons trouvé la France, ne l'oublions pas, en plein désarroi au printemps 2002. Souvenons-nous de l'origine de notre action.
Un Premier ministre, cinq ans durant à l'Hôtel Matignon, qui se prépare tous les jours pour la qualification de la finale et qui n'est pas même pas qualifié puisque éliminé par le Front national.
Que de troubles en profondeur, tout ceci a provoqué dans son électorat. Troubles que nous avons retrouvés d'ailleurs au cours des dernières élections.
Un pays qui a payé les trois premières années des socialistes par les deux années suivantes d'effondrement économique, notamment d'effondrement de la croissance. N'oublions jamais que les socialistes avaient 4 % de croissance en 2000, 2 % en 2001, puis 1 % en 2002, une croissance divisée par quatre en deux ans. Voilà le vrai bilan de l'action des socialistes.
Un point de croissance, c'est 150 000 emplois. 150 000 détruits par manque de croissance en raison d'une politique non adaptée à la croissance du monde et c'est comme ça que nous avons trouvé un pays réfugié dans l'immobilisme alors que les mouvements du monde s'accéléraient. Dans ce contexte, quelle fut notre action ?
D'abord, la première des urgences, l'insécurité.
C'est la première exigence de justice puisqu'elle touche les plus faibles. La sécurité c'est aussi le préalable à la confiance.
Nous avons engagé ce travail brillamment avec Nicolas Sarkozy, nous le poursuivons, non moins brillamment aujourd'hui, avec Dominique de Villepin et nous continuerons à nous battre tous les jours pour une société plus sûre parce que c'est une question de justice. Je suis fier qu'au cours de l'année 2003, grâce à cette action, notre pays a connu 140 000 victimes en moins, par rapport à l'année précédente.
Cet effort se porte également sur la sécurité extérieure, contre le terrorisme, pour une défense nationale, à la hauteur des ambitions de la France.
Quelle serait notre capacité aujourd'hui de nous exprimer sur la scène du monde, si le peuple de France n'était pas capable de faire pour sa défense les efforts nécessaires ? Si aujourd'hui, le message de paix du président de la République est entendu dans le monde entier, c'est parce que les Français ont su faire les efforts nécessaires pour affirmer leur capacité militaire, défendre leurs valeurs autour d'un projet de défense nationale, qui se met à la disposition de la cause européenne.
Une autre réforme également très importante pour la justice et je salue l'action équilibrée et fine du Garde des Sceaux, Dominique Perben, grâce auquel aujourd'hui la justice est plus rapide et a intégré cette exigence de proximité à laquelle vous êtes tous attachés.
Sur la sécurité, nous pourrions développer d'autres éléments du bilan, juste un mot sur la sécurité routière, une fierté importante, nous avons ainsi démontré qu'avec la pédagogie et l'explication, les Français étaient capables d'assumer une réforme et de changer leur comportement.
Ensuite sauver notre pacte social.
Les socialistes ont ignoré l'allongement de la vie dans notre société. Ils ont mis la tête dans le sable, pour ne pas voir les problèmes que l'allongement pose à notre société. Nous sommes déterminés à répondre à ces questions. Cet allongement de la vie exige de nous tous des initiatives, pour que le temps gagné soit du temps heureux.
Le recul de la mort est une bonne nouvelle pour notre société. Il nous faut regarder en face cet allongement de la vie.
C'est pour cela que nous avons voulu traiter la question des retraites, comme nous l'avons fait, avec des droits nouveaux, avec un esprit d'équité.
Nous fondons un grand projet national de santé. Nous ne voulons pas seulement résoudre le déficit de 14 milliards d'euros, nous voulons construire un grand projet national de santé qui rassemble les Français dans leur pacte social, qui puisse permettre à tous d'avoir accès à de meilleurs soins, dans la justice, avec une responsabilisation des acteurs. Cela veut dire une structure nationale de pilotage plus efficace et plus responsable, cela veut dire des soins plus efficaces mais mieux maîtrisés avec ce parcours personnel, ce dossier individuel et confidentiel qui nous permettra d'avoir accès à des soins maîtrisés mais de qualité améliorée.
Français nous ont montré qu'ils étaient capables d'accepter cet esprit de réforme. Regardez ce qu'ont fait les professionnels de santé sur les génériques, ils ont suivi les orientations que nous avions indiquées. Regardez comment les Français ont suivi la campagne que nous avons faite sur le fait que " les antibiotiques, ce n'est pas automatique ". Là aussi ils ont compris, là aussi ils ont suivi, quand on leur explique, ils suivent le mouvement et s'engagent dans ces actions nécessaires pour l'avenir de notre pays.
C'est pour cela que nous voulons développer les initiatives pour une meilleure santé et que le chef de l'Etat a choisi des priorités dans lesquelles nous sommes engagés totalement. Je pense au Plan cancer qui non seulement nous permet d'affronter un fléau majeur mais aussi nous permet de mettre en place une nouvelle organisation qui pourra se décliner face à d'autres maladies, avec là encore, une mobilisation nationale, des acteurs au plus près du terrain, que ce soit les scientifiques ou les patients.
Bien sûr, ensemble, nous voulons assurer ses déficits et affirmer les nouveaux équilibres financiers comme le chef de l'Etat l'a souhaité à l'horizon 2007.
Nous engagerons la lutte contre les gaspillages, mais nous dirons non à toutes les fausses pistes. J'entends parler ici ou là d'augmentation de la TVA sociale, nous ne voulons pas porter atteinte à la croissance et à l'emploi car le déficit vient aussi du chômage, c'est pour cela que nous ferons en sorte de trouver des solutions, notamment celles qui s'appuyant sur la responsabilisation des différents acteurs.
Enfin, troisième réforme importante face à cet allongement de la vie, je remercie les députés qui ont voté le Plan dépendance. Merci de vous être engagé, c'est une fierté pour nous tous, que de mettre les moyens au service de notre politique.
Les socialistes ont créé l'APA mais ne l'ont pas financée, nous, nous avons le courage d'aller chercher dans la société française, par l'engagement de chacun, par une journée nationale de solidarité, cet effort fraternel pour les personnes âgées.
Ce n'est pas une solidarité bureaucratique mais une fraternité personnelle, l'engagement de chacun des Français pour que les personnes âgées en France soient traitées dignement et que les personnes handicapées aient droit à la compensation du handicap.
Nous avons des convictions, nous avons aussi la capacité de mettre les moyens au service de nos convictions, même quand cela demande courage et détermination. Merci à nos élus d'avoir pris ces décisions.
Maintenant que nous sommes sur le point de sortir la France de ces trois grandes impasses, d'ici cet été, nous pouvons donc construire notre projet politique, cette nouvelle cohésion sociale, qui au fond peut se résumer par une nouvelle prospérité, mieux partagée.
Il nous faut aller chercher dans la société française cette nouvelle prospérité, cette capacité à créer, créer des richesses, de la valeur matérielle, sociale.
Nous sommes engagés par une politique économique et budgétaire sérieuse et responsable.
D'une part, maîtriser nos dépenses.
Il va de soi, que nous ne pouvons pas laisser les dépenses dériver, nous devons lutter contre les déficits. N'ayez pas à craindre les leçons des socialistes, entre 1997 et 2002, les dépenses de l'Etat ont crû de 6 milliards d'euros par an.
Alors qu'en 2003, le gouvernement s'était engagé devant le Parlement à dépenser 273,8 milliards d'euros, c'est très exactement ce que nous avons dépensé, en maîtrisant les dépenses à l'euro près. C'est une fierté que celle de maîtriser les finances des Français.
Nous le ferons par la politique budgétaire, par la réforme de l'Etat, par la décentralisation. A propos de décentralisation, quand vous voyez des présidents de région qui vous parlent d'augmentation d'impôts, dites-leur que toutes les dépenses que l'Etat leur transfère sont financées, nous l'avons voté dans la Constitution.
C'est pour cela que je leur ai demandé un moratoire fiscal pour les trois premières années de leur mandat. Les charges qui sont les leurs n'ont pas besoin d'augmentation d'impôts, s'ils les augmentent c'est leur décision, pas celle de la décentralisation.
D'autre part, accélérer notre activité économique.
Le président de la République nous a demandé d'alléger la taxe professionnelle afin de relancer les investissements, cela marche fort, plus 5 %. Concernant la relance de la consommation, nous avons pris un certain nombre de mesures avec le ministre d'Etat sur ce sujet pour stimuler la consommation et développer une politique salariale dynamique, avec une augmentation de 5 % du SMIC au 1er juillet, je comprends que les socialistes en soient malheureux parce qu'ils en ont souvent parlé mais ne l'ont jamais fait.
Ensuite sur le pôle de cohésion sociale, priorité est donnée à l'emploi en choisissant des logiques différentes des socialistes.
Les socialistes préfèrent les parkings, comme le RMI, des statuts où l'on enferme les gens, nous nous choisissons les parcours, avec le RMA, afin de sortir de la situation de pauvreté et d'entrer dans une situation de travail. C'est ce que nous faisons avec le droit individuel à la formation, avec le RMA, avec la baisse des charges pour les emplois jeunes, 150 000 jeunes aujourd'hui sont entrés en entreprises, ont quitté le chômage pour entrer dans le travail grâce à un allègement de charges avec de vrais contrats à durée indéterminée, dans de vraies entreprises, c'est-à-dire avec un vrai avenir.
Nous voulons aussi mieux payer le travail, développer la création d'entreprise, et préparer l'avenir avec de grands projets industriels pour lutter contre les délocalisations. C'est notre fierté que de mettre aujourd'hui en avant la réalisation d'Airbus, réussite française mais aussi européenne et tout ce que nous faisons au jour le jour, pour la santé avec Sanofi, pour le transport avec Alstom, pour l'ensemble des grands chantiers, il faut doter la France et l'Europe de grands pôles industriels capables de résister aux tentations de la délocalisation qui menace notre pays.
Cette cohésion sociale est faite aussi de politique pour le logement, d'égalité des chances et de défense des valeurs de la République. Sur les valeurs de la République, je voudrais insister sur le développement dans notre pays du racisme et de l'antisémitisme.
J'appelle tous les Républicains à exprimer d'une manière forte leur révolte contre les actes récents d'antisémitisme et de racisme. Dites à chaque fois que vous entendez parler de tels actes que vous vous sentez concernés car c'est la France qui est blessée.
Ensemble, toujours et partout, soyons les ennemis de la haine et luttons contre toutes ses formes qui affaiblissent la nature humaine en nous rapprochant des hontes de l'Histoire.
Résistons à l'antisémitisme, résistons à toutes formes de racisme, ce n'est pas cette France que nous aimons, c'est la France de la tolérance et du respect, c'est cette France-là pour laquelle nous nous battons et quand elle est atteinte nous devons exprimer notre révolte.
Vous l'avez compris, cette nouvelle prospérité mieux partagée s'appuie sur une méthode : la réforme attentive, ni reculade, ni entêtement.
J'écoute ce que vous dites, j'ai entendu ce que vous disiez sur les radars, mais aussi votre attachement à la sécurité routière et à ce cap que nous devions garder.
Mais il est vrai, lorsque l'on dépasse de 20 km/heure, 45 euros c'est déjà très cher. Pour beaucoup de gens et de jeunes, il est important d'avoir des amendes proportionnées à la faute. Au-dessus de 20km/heure, c'est 90 euros d'amende. Petit dépassement, petite amende, grand dépassement, grosse amende. Au-delà de 50km/heure de dépassement, vous pouvez devenir un acteur criminel potentiel et cela devient un délit.
Nous voulons vraiment être ferme, cela ne nous empêche pas d'écouter et de pouvoir adapter la réforme.
C'est comme pour la réforme Unédic, nous ne changeons pas la réforme, mais pour les personnes qui ont été, en cours de réforme, blessées parce qu'elles s'attendaient à 30 mois d'indemnisation, et qu'elles n'ont plus que 23 mois, s'estimant, de bonne foi, trompées, nous devons tenir compte de leur bonne foi.
C'est cela la réforme attentive, nous gardons le cap de la réforme, aucune faiblesse, aucune reculade, mais une attention à tous ceux pour qui la réforme à un moment ou à un autre est brutale et sévère.
Nous avons pour ce faire besoin de l'UMP, cette famille politique où les querelles de personnes stériles cèdent le pas à la compétition des talents et l'entretien nostalgique des spécificités doit disparaître au bénéfice d'une véritable émulation des idées, comme c'est le cas aujourd'hui sur le dossier européen.
Depuis deux ans, nous avons construit ensemble cette famille politique et je souhaite remercier à la fois, mon cher Alain Juppé, Jean-Claude Gaudin, Philippe Douste-Blazy pour le travail qu'ils ont réalisé.
Merci à toi François de t'impliquer dans cette dynamique de l'UMP et merci à vous toutes et tous les cadres départementaux, le parlement de notre parti.
Merci aux joyeuses équipes de Marie, capitaine de nos équipes d'avenir, des jeunes de l'UMP.
Pour mon gouvernement, il est important d'engager une nouvelle étape de ses relations avec l'UMP, nous avons besoin de plus de concertation en amont de nos actions, avec notamment les parlementaires, nous avons également besoin de plus de consultation de nos militants et des cadres de notre mouvement.
Je sais que François Baroin, les deux présidents de nos assemblées, et les présidents de groupe, sont très attentifs à ce double objectif.
Je vous demande de vous engager pour expliquer notre action sur le terrain, je vous demande d'être fidèle à notre victoire de 2002, à cette volonté de rassemblement et de porter partout dans les départements et cantons de France, ces valeurs qui nous animent et ces actions que nous engageons.
Je termine pour vous donner ma conviction européenne en ce jour de Fête de l'Europe. Nous vivons un temps très heureux de l'Europe, qu'aucune génération avant nous n'a vécue.
L'Europe a cassé le mur, l'Europe a cassé les murs.
L'Europe de l'Est n'existe plus, l'Europe sort enfin de la tragédie. L'Europe est la force qui enlève à la haine son caractère éternel.
C'est pour cela que l'Europe est au cur même de notre projet politique.
De manière quasi simultanée, nous allons vivre une nouvelle géographie et de nouvelles institutions. Notre devoir à chacune et chacun d'entre vous est de réussir ce rendez-vous de l'Histoire. C'est le début d'un nouvel espoir, un espoir continental.
Le monde a besoin de l'Europe pour être mieux équilibré, mais l'Europe a besoin de la France et du choix des Français le 13 juin prochain. Au fond, si l'on regarde l'offre politique aujourd'hui en France pour le 13 juin, on propose aux Français, quatre Europe différentes.
D'abord, l'Europe de la démagogie, proposée par l'opposition de gauche. Le message des socialistes est un message d'illusion qui cache au fond de multiples divisions. Ils ne sont pas d'accord sur les grandes options européennes, les grands choix sont escamotés. L'espoir de la gauche, nous le voyons bien est que notre projet de réforme de la santé soit contesté au point de détourner les Français de la cause européenne. C'est pour cela que les socialistes sont à la fois silencieux sur l'Europe et sur la santé.
Mais nous ne laisserons pas le piège se refermer sur nous, car avec des slogans tels que le SMIC européen, nous atteignons avec les socialistes le sommet de la démagogie. Est-ce le SMIC français pour tous, ou le SMIC polonais pour tous ? Qu'est-ce que le SMIC européen, est-ce le SMIC Raffarin ou le SMIC Jospin, il y a tout de même un treizième mois d'écart entre les deux !
Qu'ils précisent un peu ce dont ils ont envie.
Il est évident que l'Europe socialiste n'est pas celle de l'emploi. Attention, expliquez bien aux Français que l'Europe de la démagogie sera aussi celle de l'hémorragie.
L'Europe démagogique non, l'Europe de la suprématie non plus. Il s'agit-là du vieux rêve fédéraliste, qui n'a plus de sens à 25 membres et il s'oppose au projet de la nouvelle Europe, fondé sur une action des Etats nation. C'est l'Europe de ceux dont la pensée est devenue un musée.
Non aussi à cette troisième Europe, celle de la nostalgie. C'est l'Europe des peurs et des rancoeurs, l'Europe qui ne voit dans l'élargissement qu'une faiblesse, alors que nous y voyons une chance. L'Europe qui ne voit pas autour d'elle le monde bouger, qui ne voit pas la chine s'éveiller. C'est la stratégie du repli souverainiste, c'est pour la France, l'abandon d'un rôle mondial qui aujourd'hui est renforcé par notre influence européenne et notre relation franco-allemande. La nostalgie n'a jamais été un projet politique.
L'Europe que nous voulons, c'est la quatrième, l'Europe de la démocratie.
L'Europe des Etats et des peuples,
l'Europe de la double majorité,
l'Europe qui ne se construit pas seulement par des directives et des procédures, mais l'Europe qui sait écouter le cur des peuples.
Une Europe qui se donne une Constitution, portée par Valéry Giscard d'Estaing, qui fait des échanges et des différences de véritables chances, c'est l'Europe de la subsidiarité mais aussi celle des grands projets. Une Europe qui dans le monde fait résonner l'hymne de la diversité, source de joie pour tant de peuples.
Une Europe qui a besoin de la France de ses réussites, de ses valeurs et de ses talents.
Pour nous, l'Europe reste une ambition, la France doit avec d'autres inspirer l'Europe, l'âme de l'Europe. Là, est votre devoir, là, est notre responsabilité. L'Europe ne sera pas seulement un ensemble, une coordination, elle doit avoir une âme et c'est le rôle de la France d'inspirer l'âme de l'Europe et de porter nos valeurs jusqu'au cur même du patrimoine politique de l'Union européenne.
C'est parce que j'aime la France que j'aime l'Europe et que je souhaite une Europe dont notre Nation reste à tout jamais fondatrice.
L'Europe est évidemment pour nous une grande ambition, l'Europe n'est pas une facilité, c'est une exigence pour les équilibres du monde et nous avons combien il est difficile d'imposer cette idée d'une Europe, grand pôle d'équilibre pour le monde du XXIème siècle.
Une exigence pour le monde mais, pour chacune et chacun d'entre nous, un devoir d'excellence, parce que si nous ne sommes pas à ce niveau d'excellence, il se peut que l'Histoire oublie ses acteurs et que progressivement l'Europe oublie même l'apport de la France.
C'est notre responsabilité de faire en sorte que notre pays soit fondateur éternel de l'espoir européen. Dans cette Europe, la France prolonge son destin et répond ainsi à la conviction du Général de Gaulle : " la France vient du fond des âges, les siècles l'appellent ".
(Source http://www.dialogue-initiative.com, le 26 mai 2004)