Interview de Mme Claudie Haigneré, ministre déléguée à la recherche et aux nouvelles technologies, dans "Le Figaro" du 27 octobre 2003, sur la protection des recherches, la traçabilité et l'étiquetage concernant les OGM.

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Texte intégral

Q - 2100 scientifiques ont signé une pétition vous demandant de protéger leurs recherches sur les OGM. Que pouvez-vous faire ?
R - Il est primordial que nous continuions la recherche en France dans tous les domaines. Les biotechnologies et la transgénèse sont un outil majeur dont on ne peut se passer. C'est pourquoi les événements de cet été nous ont beaucoup inquiétés. Les risques d'appauvrissement technologique de l'Europe et de délocalisation sont réels. Nous allons donc écouter les demandes des chercheurs, tenter de les rassurer et réfléchir ensemble à des solutions. L'intervention des forces de l'ordre n'est pas exclue, au moins temporairement, en mettant en place par exemple des patrouilles de surveillance autour des champs sensibles.
Q - Reste que l'hostilité des consommateurs ne se dément pas.
R - Il est vrai qu'actuellement 70 % des personnes interrogées ne souhaitent pas d'OGM dans leur assiette. Cela pourrait changer. C'est à nous d'expliquer les enjeux et les bénéfices potentiels de ces technologies tout en rassurant les consommateurs. La législation européenne, telle que la France l'a voulue, est suffisamment contraignante et précise pour que les risques soient limités au minimum. De plus, grâce aux procédures de traçabilité des produits et d'étiquetage, le consommateur va conserver son libre choix. En attendant, tout doit être fait en toute transparence pour dissiper les craintes et les doutes de nos concitoyens.
Q - A propos de transparence, où en est-on de la directive 2001/18 relative à la dissémination volontaire d'OGM dans l'environnement, qui devait être transposée au plus tard en octobre 2002 ?
R - Il est vrai que nous avons pris du retard, notamment en raison des difficultés concernant les modalités de diffusion des informations. Il nous faut trouver un compromis raisonnable entre la transparence requise à l'égard du public et la nécessaire protection des travaux en champ des scientifiques. Nous avons bien avancé, notamment avec l'aide des ministères chargés de l'agriculture et de l'environnement, et la directive devrait être transposée au début de l'année prochaine.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 octobre 2003)