Déclaration de M. Léon Bertrand, ministre délégué au tourisme, surla place du tourisme dans l'accompagnement social des personnes en situation de précarité, Blankenberge le 30 avril 2004.

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Circonstance : Clôture du congrès mondial du BITS (Bureau international du tourisme social) à Blankenberge (Belgique) le 30 avril 2004

Texte intégral

Monsieur le Président (Norberto TONINI)
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
INTRODUCTION
Je tiens tout d'abord, Monsieur le Président, à vous remercier de m'avoir invité à clôturer votre congrès annuel et vous féliciter, ainsi que vos collaborateurs pour la qualité de l'organisation de cette manifestation.
Ce congrès marque la clôture de la quarantième année d'existence du B.I.T.S.
Quarante ans au service de la réflexion sur la place du tourisme dans l'accompagnement social des individus en détresse, quarante ans d'analyse des politiques du tourisme social menée par les différents pays afin que les expériences réussies des uns profitent aux autres.
Je suis donc particulièrement ravi de me trouver parmi vous et je sais que la contribution du B.I.T.S à la réflexion internationale sur le tourisme, notamment dans un contexte de mutation profonde de notre secteur, est appelée à durer encore longtemps.
Les débats qui ont marqué ces trois jours, et qui viennent de nous être remarquablement restitués, en témoignent : le tourisme devient de plus en plus, non seulement un facteur d'intégration, d'épanouissement des plus démunis d'entre nous, mais qu'il est aussi un vecteur de développement des pays qui n'ont comme autre ressources que leurs richesses naturelles pour accéder au progrès économique comme social.
Sur ces deux points, la France est résolument décidée à jouer un rôle majeur.

1.TOURISME SOCIAL
Notre politique sociale est ambitieuse.
Nous nous donnons les moyens de cette politique, en nous appuyant sur deux outils : Bourse solidarité vacances et l'Agence nationale pour les chèques-vacances.
BSV, c'est le symbole de cet attachement aux plus démunis.

A ceux qui, en période de vacances, omniprésentes dans les médias à chaque " grand départs ", se sentent exclus parce qu'ils ne peuvent pas se joindre à ce grand mouvement ," comme tout le monde ".
BSV, c'est le témoignage de notre volonté que les vacances constituent un moment privilégié de détente et de brassage social ainsi qu'une phase de reconstitution personnelle et d'intégration sociale.

C'est surtout un instrument d'inclusion et non pas de ghettoïsation en vacances puisque les familles BSV sont dans des résidences de tourisme ou des parcs d'attraction avec tout un chacun.
C'est aussi une politique d'accompagnement et non pas d'assistanat car bâtir son projet de départ en vacances est bien souvent la première étape à l'élaboration de son projet de reconstruction personnelle.
C'est aussi la preuve du succès du partenariat qui s'est instauré avec les grands hébergeurs et les organismes sociaux, les associations et les collectivités locales.
Puisque avec BSV, j'évoque les aides aux personnes, je citerai les autres mesures décidées par le Gouvernement :
Avec le président de la République, Jacques CHIRAC, qui a fait de l'intégration des personnes handicapées une de ses priorités, nous mobilisons les professionnels à cette cause et à l'accessibilité des lieux de tourisme, grâce au label " Tourisme et Handicap ".
En direction des publics spécifiques, tels que les seniors et les jeunes, nous menons une politique de sensibilisation auprès des professionnels afin que notre offre soit sans cesse adaptées à leurs aspirations ainsi qu'à leurs moyens.
Ces quelques exemples, ainsi que le rôle fondamental de BSV, qui va permettre en 2004, à plus de 40 000 personnes d'accéder aux vacances est la preuve de notre volonté constante que l'individu demeure au cur des préoccupations gouvernementales.
L'autre outil très performant sur lequel mon action s'appuie, c'est l'A.N.C.V.
Le chèque-vacances est un système d'aide au départ en vacances financé par les salariés et les employeurs qui permet à près de 6 millions de personnes de partir en vacances.
L'Agence nationale pour les chèques-vacances participe activement à la politique sociale du tourisme en mettant ses bénéfices au service d'actions sociales, de projets innovants pour les familles et les jeunes en situation de précarité, et d'aides à la rénovation d'équipements de tourisme à vocation sociale.
Concernant la rénovation des équipements, j'évoquerai aussi le programme d'aide que nous avons mis en place, jusqu'en 2006 pour les hébergements touristiques à caractère social et familial.
En dix ans, de 1990 à 2000, nous avons ainsi rénové 50% des lits de tourisme social, soient 110 000 lits.
Ce programme assure, par ailleurs, un soutien au développement local, en particulier dans les régions rurales et de moyenne montagne, et concourt au développement de l'emploi par la création d'activités nouvelles, ainsi qu'à la consolidation et la professionnalisation des emplois existants.
Et il entre aussi dans nos priorités que notre politique du tourisme social profite à l'ensemble de nos territoires, métropolitains et outre-mer.
Bien entendu, cette politique ne pourrait être possible sans un partenariat efficace avec le secteur associatif.
Et c'est bien le cas, en France, puisque nous travaillons en parfaite harmonie avec les associations, au premier rang desquelles l'UNAT.
Je souhaite, j'ai eu l'occasion de le dire, que l'ensemble des dispositifs associatifs soient encore mieux harmonisés, afin que nous gagnons en pertinence et en efficacité dans l'aide aux plus démunis.
Et je sais que nous y parviendrons car nous partageons, les associations et le Gouvernement, le souci constant d'exprimer notre solidarité avec les personnes en situation de handicap, d'exclusion et d'isolement.
Parce que, jour après jour, nous déclinons, dans nos missions de gouvernants, les valeurs qui fondent notre République.

2.TOURISME SOLIDAIRE
Et s'il est un autre domaine dans lequel ces valeurs doivent aussi s'exprimer, c'est celui du tourisme solidaire.
Universellement, notre pays incarne les idéaux de progrès et de modernité, d'entraide et de solidarité.
Voir la France se concentrer sur son intérêt égoïste de première destination touristique du monde et déployer toute son énergie à l'augmentation de sa fréquentation et de ses recettes touristiques ne serait pas digne d'elle.
La France, ce n'est pas cela.

Et le Président de la République, Jacques CHIRAC lors du sommet de Johannesburg, a clairement indiqué la voie en matière de développement respectueux de l'environnement et des hommes.
Le tourisme est un vecteur de développement utile et raisonnable pour de nombreux pays.
Il appartient de les aider dans cette chance que représente le tourisme solidaire.
Aider les communautés à prendre en charge elles-mêmes, leur propre développement,
Favoriser une nouvelle relation avec les visiteurs reçus moins comme des clients que comme des amis,
Avoir le souci constant des générations à venir dont le patrimoine culturel, l'environnement naturel, l'identité doivent être protégés et défendus avec une grande exigence.
Le Gouvernement français rejoint cette aspiration qui se généralise dans le monde entier.
Nombreux sont ceux qui désirent faire du tourisme autrement, en respectant les paysages, les valeurs, les traditions de peuples dont la disparition ou l'uniformisation sur un modèle étranger constitueraient une perte irréparable.
Alors, nous avons mis en place des méthodologies d'accompagnement de projets de tourisme responsable dans les pays du Sud, impliquant la participation active des populations locales, valorisant leurs patrimoines, tant humain et culturel que naturel et générant des retombées économiques bénéfiques pour ces populations.
Nous voulons aussi lutter contre les dégâts d'un tourisme " prédateur " pour les populations du Sud, en mettant en place de la charte du voyageur, en élaborant la charte éthique du tourisme et en sensibilisant constamment les professionnels à ce propos.
La France, et son Gouvernement, sont donc résolument tournés vers cette approche du développement touristique qui ne saurait être purement économique.

CONCLUSION
Tourisme social et tourisme solidaire sont les deux fondements de ce respect, de cet engagement derrière les valeurs qui sont frappées aux frontons de nos édifices publics et qui fondent la démarche universelle de la France.
Je suis personnellement concerné par ces enjeux parce qu'originaire d'Amérique, de Guyane, département français qui connaît les mêmes défis et les mêmes conditions de développement que beaucoup de pays en voie de développement, je mesure encore plus que d'autres le rôle moral de la France et la nécessité de son engagement.

Le voyage, la découverte des autres, à travers leurs cultures et leurs traditions d'accueil étant aussi des valeurs universelles, il me semble naturel que ces deux démarches se rejoignent dans la plus noble des tâches : celle du développement dans la solidarité et le respect mutuel.
Je vous remercie.

(Source http://www.tourisme.gouv.fr, le 4 mai 2004)