Texte intégral
La fonction de porte-parole du Parti implique de savoir se taire parfois, donc il ne me reste plus, malheureusement, que le Conseil national pour donner mon sentiment. Et je vais le faire avec quatre remarques.
La première, je le dis sincèrement en ayant écouté les différents intervenants, pour nous convaincre, nous n'avons pas besoin de faire dire à des textes ce qu'ils ne disent pas. Je le dis pour ceux qui sont convaincus que d'ores et déjà il faut voter oui comme pour ceux qui sont convaincus d'ores et déjà qu'il faut voter non.
Je le dis parce que ce texte n'est pas une monstruosité libérale, pire que le traité de Maastricht ou le pacte d'Amsterdam, qui m'a valu à moi, parce que j'étais parlementaire, d'avoir un blâme parce que j'avais voté contre, mais il n'est pas non plus le point de départ d'une construction anti-libérale de l'Europe qui va ouvrir un avenir fastueux.
Ce texte est malheureusement, comme depuis des années dans la construction européenne, un texte gris, un texte où il y a effectivement des avancées, mais il y a aussi un certain nombre de reculs. Et le problème auquel nous sommes confrontés, c'est bien celui-là. C'est que ce texte-là est un compromis.
Et donc la question qui nous est posée, dans le moment dans lequel nous sommes, c'est bien d'abord de voir si nous pouvons faire bouger les lignes de ce compromis. Ce n'est pas de répondre à une question qui n'est pas posée. Moi, je considère que les lignes du compromis peuvent encore bouger.
Et parce que je suis un militant, parce que je ne suis pas un politologue, je ne suis pas là pour faire un commentaire, je ne suis pas un juriste, je suis un combattant qui façonne l'opinion, qui me sert de point d'appui pour façonner cette opinion, je considère que le moment dans lequel nous sommes n'est pas de répondre à une question qui n'est pas posée, mais d'essayer de faire bouger la ligne du compromis pour en obtenir le plus possible pour pouvoir voter pour une constitution qui, malgré tout, je le dis y compris aux camarades qui sont intervenus avant moi, parce que c'est peut-être ça la nouveauté juridique, Jean-Luc, c'est que nous avions dit que l'intégration économique ne produisait aucune intégration politique, mais l'existence d'un texte constitutionnel démontre que les choses ne sont pas aussi simples que nous le croyons. Car il y a un texte constitutionnel qui produit donc un début d'intégration politique. Et c'est ça la nouveauté du moment dans lequel nous sommes.
De la même manière que ceux qui nous disent aujourd'hui que ce texte-là est irréversible, font introduire de ce point de vue-là aussi une notion du sacré qui est nouvelle en politique. Parce que, me semble-t-il, il n'y a rien d'irréversible. En politique nous le savons, y compris la démonstration est faite à travers ce qui se passe sur le pacte d'Amsterdam, où nous pensions, certains d'entre-nous, qu'une fois que ce pacte serait en place, il n'y aurait plus aucune possibilité de le modifier. Et ce pacte n'est plus appliqué aujourd'hui. C'est pourquoi l'argument de l'irréversibilité est un argument d'autorité qui ne marche pas.
Donc nous sommes dans un moment particulier où il faut faire bouger la ligne du compromis. C'est en ce sens-là que je me reconnais dans le texte qui nous est proposé, qui est un texte qui formule des exigences. Les camarades nous disent : " Vous formulez des exigences à Chirac comme si vous pensiez que Chirac allait devenir socialiste. " Mais ce n'est pas cela.
Nous nous servons de l'interpellation au Président de la République pour ouvrir ne débat politique dans le pays, pour amener effectivement à ce que l'opinion entende ce que nous disons sur l'Europe et pour pouvoir défendre nos idées sur l'Europe. C'est comme ça que nos devons agir aujourd'hui. Et nous apprécierons, à partir du débat politique que nous allons porter dans les pays, où nous en serons une fois que cette bataille est menée.
Alors je le dis aux camarades. Quand on mène une bataille, ou quand on mène un match de boxe, si on commence à dire à l'arbitre : " De toute manière, c'est simple, au septième round, je rends mes gants, c'est fini ", il vaut mieux arrêter le match parce que vous allez prendre des coûts pour rien puisque vous avez d'ores et déjà décidé que c'était perdu. De la même manière que si vous commencez le match en disant : " De toute manière, je sais que c'est moi qui vais gagner, parce que je le sais comme ça ", il vaut mieux aussi arrêter le match parce que vous risquez de le perdre et donc d'être ridicules.
De ce point de vue, je crois que le débat que nous aurons sera bien un débat sur l'opportunité d'ouvrir une crise ou non, à un moment donné, dans la constitution européenne. Mais pour pouvoir ouvrir cette crise, c'est-à-dire pour pouvoir aller vers l'Europe que nous voulons, la question qui est posée, c'est comment on crée les conditions. Je ne m'interdis rien, je ne m'interdis pas, à un moment ou un autre, de me servir du non pour ouvrir une crise.
Encore faut-il que j'aie créé les conditions d'une alternative, que je sache donc ce que je serai capable de porter. Et c'est pour cela que le combat que nous menons sur les exigences est utile, parce qu'il crée les conditions, il façonne. Il n'est pas simplement une interpellation à l'égard de Chirac, il est aussi, et c'est comme cela que je le vis, une interpellation par rapport à la social-démocratie, pour que celle-ci se constitue en force motrice pour modifier aussi le rapport de forces.
Les camarades nous disent : regardez l'univers dans lequel nous sommes. Je rappellerai simplement, parce que j'ai un peu de mémoire, que nous avons été le premier parti à fixer un certain nombre de conditions et que nous étions à l'époque isolés. Je me rappelle même d'une convention où la majorité du parti avait tourné la page de Maastricht et que tout le monde disait : " Attention, danger ! " Et que nous avons modifié la donne par la prise de position du Parti socialiste français et par l'engagement que nous avons fait. Et je crois que nous sommes à la même étape. Ce texte que nous allons voter n'est que le point de départ d'un combat politique et nous apprécierons, le moment venu, c'est-à-dire lorsqu'il y aura un texte écrit, lorsque nous aurons vu ce qui se sera passé dans la discussion de la CIG, lorsque nous aurons vu comment les opinions auront évolué, comment nous nous plaçons par rapport à ce moment particulier.
Je le dis franchement en tant que porte-parole, parce que c'est difficile, la pire des choses aujourd'hui, ce sont les camarades qui commencent à donner une réponse à une question qui n'est pas posée, parce que là nous sommes ridicules. Et là, en ce moment particulier, nous sommes en train d'ouvrir la boîte à nous donner des gifles.
Aucun parti ne se pose cette question-là. Le seul, c'est nous. Et nous sommes en train de donner une image de division sur un débat qui n'est pas encore d'actualité au moment où, au contraire, nous devrions être porteurs d'une alternative politique.
(source http://www.parti-socialiste.fr, le 4 novembre 2003)
La première, je le dis sincèrement en ayant écouté les différents intervenants, pour nous convaincre, nous n'avons pas besoin de faire dire à des textes ce qu'ils ne disent pas. Je le dis pour ceux qui sont convaincus que d'ores et déjà il faut voter oui comme pour ceux qui sont convaincus d'ores et déjà qu'il faut voter non.
Je le dis parce que ce texte n'est pas une monstruosité libérale, pire que le traité de Maastricht ou le pacte d'Amsterdam, qui m'a valu à moi, parce que j'étais parlementaire, d'avoir un blâme parce que j'avais voté contre, mais il n'est pas non plus le point de départ d'une construction anti-libérale de l'Europe qui va ouvrir un avenir fastueux.
Ce texte est malheureusement, comme depuis des années dans la construction européenne, un texte gris, un texte où il y a effectivement des avancées, mais il y a aussi un certain nombre de reculs. Et le problème auquel nous sommes confrontés, c'est bien celui-là. C'est que ce texte-là est un compromis.
Et donc la question qui nous est posée, dans le moment dans lequel nous sommes, c'est bien d'abord de voir si nous pouvons faire bouger les lignes de ce compromis. Ce n'est pas de répondre à une question qui n'est pas posée. Moi, je considère que les lignes du compromis peuvent encore bouger.
Et parce que je suis un militant, parce que je ne suis pas un politologue, je ne suis pas là pour faire un commentaire, je ne suis pas un juriste, je suis un combattant qui façonne l'opinion, qui me sert de point d'appui pour façonner cette opinion, je considère que le moment dans lequel nous sommes n'est pas de répondre à une question qui n'est pas posée, mais d'essayer de faire bouger la ligne du compromis pour en obtenir le plus possible pour pouvoir voter pour une constitution qui, malgré tout, je le dis y compris aux camarades qui sont intervenus avant moi, parce que c'est peut-être ça la nouveauté juridique, Jean-Luc, c'est que nous avions dit que l'intégration économique ne produisait aucune intégration politique, mais l'existence d'un texte constitutionnel démontre que les choses ne sont pas aussi simples que nous le croyons. Car il y a un texte constitutionnel qui produit donc un début d'intégration politique. Et c'est ça la nouveauté du moment dans lequel nous sommes.
De la même manière que ceux qui nous disent aujourd'hui que ce texte-là est irréversible, font introduire de ce point de vue-là aussi une notion du sacré qui est nouvelle en politique. Parce que, me semble-t-il, il n'y a rien d'irréversible. En politique nous le savons, y compris la démonstration est faite à travers ce qui se passe sur le pacte d'Amsterdam, où nous pensions, certains d'entre-nous, qu'une fois que ce pacte serait en place, il n'y aurait plus aucune possibilité de le modifier. Et ce pacte n'est plus appliqué aujourd'hui. C'est pourquoi l'argument de l'irréversibilité est un argument d'autorité qui ne marche pas.
Donc nous sommes dans un moment particulier où il faut faire bouger la ligne du compromis. C'est en ce sens-là que je me reconnais dans le texte qui nous est proposé, qui est un texte qui formule des exigences. Les camarades nous disent : " Vous formulez des exigences à Chirac comme si vous pensiez que Chirac allait devenir socialiste. " Mais ce n'est pas cela.
Nous nous servons de l'interpellation au Président de la République pour ouvrir ne débat politique dans le pays, pour amener effectivement à ce que l'opinion entende ce que nous disons sur l'Europe et pour pouvoir défendre nos idées sur l'Europe. C'est comme ça que nos devons agir aujourd'hui. Et nous apprécierons, à partir du débat politique que nous allons porter dans les pays, où nous en serons une fois que cette bataille est menée.
Alors je le dis aux camarades. Quand on mène une bataille, ou quand on mène un match de boxe, si on commence à dire à l'arbitre : " De toute manière, c'est simple, au septième round, je rends mes gants, c'est fini ", il vaut mieux arrêter le match parce que vous allez prendre des coûts pour rien puisque vous avez d'ores et déjà décidé que c'était perdu. De la même manière que si vous commencez le match en disant : " De toute manière, je sais que c'est moi qui vais gagner, parce que je le sais comme ça ", il vaut mieux aussi arrêter le match parce que vous risquez de le perdre et donc d'être ridicules.
De ce point de vue, je crois que le débat que nous aurons sera bien un débat sur l'opportunité d'ouvrir une crise ou non, à un moment donné, dans la constitution européenne. Mais pour pouvoir ouvrir cette crise, c'est-à-dire pour pouvoir aller vers l'Europe que nous voulons, la question qui est posée, c'est comment on crée les conditions. Je ne m'interdis rien, je ne m'interdis pas, à un moment ou un autre, de me servir du non pour ouvrir une crise.
Encore faut-il que j'aie créé les conditions d'une alternative, que je sache donc ce que je serai capable de porter. Et c'est pour cela que le combat que nous menons sur les exigences est utile, parce qu'il crée les conditions, il façonne. Il n'est pas simplement une interpellation à l'égard de Chirac, il est aussi, et c'est comme cela que je le vis, une interpellation par rapport à la social-démocratie, pour que celle-ci se constitue en force motrice pour modifier aussi le rapport de forces.
Les camarades nous disent : regardez l'univers dans lequel nous sommes. Je rappellerai simplement, parce que j'ai un peu de mémoire, que nous avons été le premier parti à fixer un certain nombre de conditions et que nous étions à l'époque isolés. Je me rappelle même d'une convention où la majorité du parti avait tourné la page de Maastricht et que tout le monde disait : " Attention, danger ! " Et que nous avons modifié la donne par la prise de position du Parti socialiste français et par l'engagement que nous avons fait. Et je crois que nous sommes à la même étape. Ce texte que nous allons voter n'est que le point de départ d'un combat politique et nous apprécierons, le moment venu, c'est-à-dire lorsqu'il y aura un texte écrit, lorsque nous aurons vu ce qui se sera passé dans la discussion de la CIG, lorsque nous aurons vu comment les opinions auront évolué, comment nous nous plaçons par rapport à ce moment particulier.
Je le dis franchement en tant que porte-parole, parce que c'est difficile, la pire des choses aujourd'hui, ce sont les camarades qui commencent à donner une réponse à une question qui n'est pas posée, parce que là nous sommes ridicules. Et là, en ce moment particulier, nous sommes en train d'ouvrir la boîte à nous donner des gifles.
Aucun parti ne se pose cette question-là. Le seul, c'est nous. Et nous sommes en train de donner une image de division sur un débat qui n'est pas encore d'actualité au moment où, au contraire, nous devrions être porteurs d'une alternative politique.
(source http://www.parti-socialiste.fr, le 4 novembre 2003)