Texte intégral
Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le député,
La France est blessée par ces actes d'antisémitisme et de racisme. Cette violence est inacceptable. Je sais, ici, que sur tous les bancs de l'Assemblée, il y a une profonde émotion et que c'est la France, dans son ensemble, qui est atteinte par de tels actes ! Je le dis avec détermination et conviction, comme le chef de l'Etat l'a dit. C'est une occasion de rassembler la communauté nationale autour de nos valeurs. Nous avons été profondément atteints par les actes de profanation qui désignaient la communauté juive. Mais comme nous avons été atteints, précédemment par les actes de profanation dans les mosquées, ou comme nous sommes atteints quand des cimetières ou des églises sont eux aussi désigné par des actes qui sont des actes violents, d'intolérance et de négation de la valeur du respect. Personne ne doit se sentir désigné dans cet appel national au respect des convictions de tous, dans cet appel à l'unité nationale dans les valeurs qui fondent notre République.
Nous avons trois types d'actions face à cette situation. D'abord, dire la vérité : c'est vrai que les actes d'antisémitisme et de racisme ont baissé en 2003. C'est vrai qu'actuellement en 2004, ils sont en augmentation, regardons la vérité en face. J'appelle chacune et chacun d'entre vous à voir les choses avec lucidité. Le racisme, la violence sont dans notre société des menaces réelles et il faut les affronter avec lucidité.
Je tiens à ce que cette attitude soit partagée. C'est pour cela qu'à plusieurs reprises j'ai souhaité, notamment quand il y a un certain nombre d'émissions qui sont accessibles en France par des antennes paraboliques, qui sont des émissions d'appel à la haine, j'ai souhaité que les membres du Gouvernement regardent ces émissions, que nous soyons lucides sur tous ceux qui, dans notre pays, complices ou non du terrorisme, sont des militants de la haine, c'est-à-dire des adversaires de la République. D'abord, la vérité. Ensuite, la prévention. Il nous faut valoriser partout dans notre société, par l'éducation mais aussi par l'information, la capacité de lutter contre ces appels à la haine et les valeurs du respect et de la tolérance. Nous avons pris un certain nombre de décisions. Je pense à la protection des écoles religieuses, à la protection des lieux de culte, à un certain nombre de décisions que nous avons prises pour protéger tous ceux qui, à un moment ou à un autre, peuvent se sentir menacés. Je le dis aux uns et aux autres : la communauté nationale ne peut pas accepter ces menaces qui désignent des Français contre d'autres Français !
D'autre part, je voudrais vous dire qu'à cette action de prévention, l'Education nationale est forcément engagée. C'est pour cela que nous avons diffusé un livret républicain avec les prises de position nécessaires pour qu'il y ait une connaissance du fait religieux, pour qu'il y ait une meilleure connaissance des valeurs de la République. Dans l'école, lieu premier de la République, on doit inculquer ces valeurs de respect et de tolérance. C'est pour cela qu'après ce qui s'est passé en Alsace, M. le député, jeudi, une manifestation oecuménique aura lieu pour se souvenir. Mais aussi, une manifestation aura lieu pour que l'on puisse dire aux jeunes la part qui est celle de l'Education dans l'action en faveur de l'esprit de tolérance et de l'esprit de respect. C'est pour cela que le ministre de l'Education sera présent à cette cérémonie.
Vérité, prévention, mais aussi répression. Grâce à votre action, grâce à la loi Lellouche, grâce à toutes les dispositions législatives que vous avez votées, nous avons les moyens, aujourd'hui, d'avoir une justice plus sévère vis-à-vis de tous ceux qui font de l'antisémitisme ou du racisme des initiatives qui se développent dans notre société et que nous ne pouvons accepter. C'est pour cela qu'aujourd'hui nous sommes en possession des véhicules juridiques pour faire preuve de fermeté, y compris pour expulser tous ceux qui se disent imams mais qui de fait sont des prédicateurs politiques qui n'ont rien à voir avec l'expression de la religion ! Oui au fait religieux, oui au respect des religions ! Mais dans une République comme la nôtre, la religion doit se sentir libre d'être pratiquée. Le citoyen doit se sentir libre de ses idées et de ses convictions. Mais doit sentir au-dessus de lui, en toutes circonstances, les règles de la République !
(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 5 mai 2004)