Texte intégral
Tout récemment, l'association Avigolfe a fait état d'un nouveau décès de soldat qu'elle impute au " syndrome de la Guerre du Golfe ", Qu'en pensez-vous ?
A la suite de la Guerre du Golfe, tous les cas qui ont donné lieu à des demandes de pensions correspondent à des maladies déjà connues et clairement identifiées. Tout les cas, j'insiste. Sur 25 000 hommes qui ont servi en 1991 -(certains quelques jours, d'autres plusieurs mois), seulement 300 demandes de pensions ont été adressées et 120 ont été acceptées parce que le lien entre la maladie ou la blessure et la participation à l'opération militaire était objectivement établi. Je rappelle que lorsqu'une décision est négative, elle peut être contestée devant les tribunaux des pensions, qui sont strictement indépendants et sont éclairés par des experts ne dépendant pas du ministère de la Défense. En moyenne, le quart des refus de pensions sont d'ailleurs annulés par ces tribunaux, ce qui démontre dans les faits que les décisions en la matière du ministère de la Défense sont réellement contrôlées. De plus, l'usage veut que nous ne fassions pas appel de leurs décisions.
Vous parlez de maladies connues, mais il semble justement qu'on découvre, dix ans après la guerre, des symptômes variés qui n'ont pas été identifiés plus tôt
Des hommes qui meurent d'un cancer à 40 ans ou 50 ans, malheureusement, il y en a chaque année et l'origine de ce cancer est autre chose que la présence dans le Golfe. Les 200 médecins qui ont participé à la guerre du Golfe ont continué à suivre les dossiers et à travailler avec leurs collègues étrangers sur le sujet et les anciens militaires sont très nombreux à venir spontanément consulter dans les hôpitaux des Armées. On a donc une base très large pour déceler d'éventuels phénomènes anormaux. J'ai rappelé à la mi-juillet que les anciens du Golfe souhaitant un nouvel examen médical devaient contacter le service de santé. Une dizaine se sont manifestés depuis cette date. Donc, nous restons très ouverts à toute information nouvelle, mais je note qu'il y a très peu de cas, et que tous se rattachent à des pathologies classiques.
Il existe toutefois une polémique sur le manque de transparence de la " Grande Muette ", alors qu'aux Etats-Unis, les soldats indemnisés sont légion
Je ne vois pas de trace de polémique ! On joue la transparence depuis le début avec un suivi médical des soldats. Je souligne que la situation des anciens combattants français est très différente de celle des Américains : les nôtres n'ont pas été soumis à une combinaison de vaccins dont certains peu éprouvés, n'ont pas reçu d'antidote préventif aux armes chimiques -alors qu'un début de consensus se dégage pour dire que ces produits étaient dangereux-; ils n'ont pas été engagés dans les mêmes zones, etc.
L'association Avigolfe réclame un comité d'experts indépendants et en appelle à Martine Aubry
Mais les anciens soldats peuvent déjà faire appel à tous les médecins de France ! Nous transmettons leur dossier médical à tout médecin qui nous le demande avec l'accord du patient. Je ne crois pas utile d'ajouter un comité d'experts, mais cela reste ouvert.. Je vais recevoir l'association Avigolfe, qui en a fait la demande. Mais je constate que lorsqu'un débat de santé publique apparaît en France, des personnalités médicales prennent position. Ce n'est pas le cas dans cette affaire. Les démarches que nous observons sont juridiques. Parmi ceux qui s'expriment, il y a des avocats qui défendent légitimement les intérêts pécuniaires qui leur sont confiés..
Cette règle de transparence, elle s'applique aussi au Kosovo ? Les militaires français ont-ils fait l'objet d'une protection particulière contre les munitions à uranium appauvri ? Contre les émanations de l'usine de plomb ?
Sur l'uranium appauvri qui est un composant de métal pour durcir des obus de blindés, je rappelle qu'il ne s'agit aucunement d'un élément provoquant des radiations. Nous avons des munitions pour le Leclerc comportant de l'uranium appauvri. Les règles de manutention sont inspirées de celles qui s'appliquent là où l'on utilise de l'uranium. Cela concerne très peu de personnel. Ces munitions n'ont jamais été employées par nous en opérations. Il n'y a pas de signe d'emploi de ces obus au Kosovo qui ait affecté le personnel français. La seule expérience qui existe concerne des Américains, victimes de tirs fratricides dans la guerre du Golfe- et ils sont suivis régulièrement.
Quant au plomb, il s'agit d'un problème industriel sérieux mais courant. Le degré de dégradation environnemental de l'usine de Zvecan, au Kosovo, dépasse l'imagination. Nous avons pris des précautions d'observation des personnels dès notre arrivée en juillet 1999. Tant que l'usine a fonctionné au ralenti, les taux relevés dans l'atmosphère et dans le sang restaient en dessous des normes de sécurité. Ces concentrations ont changé de façon importante au moment de l'augmentation de l'activité de production début juin. Début juillet j'ai donc indiqué à Bernard Kouchner que, compte tenu des risques encourus par nos personnels et la population, je demandais l'arrêt de la production. La fermeture de l'usine a eu lieu le 13 août. Le temps d'exposition a été suffisamment court pour ne pas être dangereux pour les personnels.
Qu'ont donné les dernières expertises internationales concernant nos expériences nucléaires dans le Pacifique ?
Les dernières analyses de l'agence internationale dans laquelle travaillent des experts de pays violemment hostiles aux essais français ont conclu que les mesures de dépollution du site prise par la France étaient satisfaisantes.
A l'heure de la professionnalisation, le retour de la croissance ne va-t-il pas détourner des jeunes des métiers militaires ?
L'expérience de la croissance est encore trop courte. Pour l'instant, nous n'identifions pas de relation statistique entre le taux de chômage et le nombre de candidats pour les emplois militaires, notamment dans les catégories de qualification intérieure ou moyenne où notre taux de recrutement est significatif, parfois de l'ordre de 10 % d'une tranche d'âge de jeunes gens.
Il y a une vraie disposition d'un grand nombre de jeunes à s'engager dans les métiers de la défense. D'autre part, je relève que l'image de la défense comme employeur est tout à fait correcte et c'est le facteur clé du bon recrutement. Nous allons continuer à y veiller.
Le ministre de la Défense est-il satisfait de son budget ?
Oui. Quand je compare ce qui s'est passé au cours de la dernière décennie et ce que souhaite la plupart de mes collègues européens, je constate que nous avons en France un budget de rémunérations et de fonctionnement cohérent avec le format des armées. Et qu'en matière d'équipement des forces, nous sommes parmi les tout premiers pays au monde, les deux premiers en Europe, à doter avec une grande régularité nos armées de moyens modernes. Depuis 1997, les variations ont été de portée limitée, avec même une remontée. C'est ce que j'espère encore pour le budget 2001 dans le cadre d'une programmation solide et fiable.
Certains appellent à une disparition anticipée, avant 2002, du service militaire. Comment s'effectuent les incorporations ?
Si je synthétise les quatre incorporations intervenues depuis février, je note que plus de 90 % des jeunes ont répondu aux convocations qui leur étaient adressées (comme les années passées). La ressource humaine utile pendant l'actuelle période de transition est au rendez-vous.
Votre nom avait été avancé pour succéder à Jean-Pierre Chevènement, et vous restez à l'hôtel de Brienne
Mon seul commentaire est de dire que j'ai énormément d'intérêt pour ce ministère de la Défense. Je crois avoir avec la collectivité militaire un rapport positif. C'est un ministère où le travail à long terme et la préparation de l'avenir sont importants. Je suis heureux de poursuivre encore quelque temps une action marquée par le développement européen et la modernisation de notre système de défense.
(source http://www.défense.gouv.fr, le 31 août 2000)
A la suite de la Guerre du Golfe, tous les cas qui ont donné lieu à des demandes de pensions correspondent à des maladies déjà connues et clairement identifiées. Tout les cas, j'insiste. Sur 25 000 hommes qui ont servi en 1991 -(certains quelques jours, d'autres plusieurs mois), seulement 300 demandes de pensions ont été adressées et 120 ont été acceptées parce que le lien entre la maladie ou la blessure et la participation à l'opération militaire était objectivement établi. Je rappelle que lorsqu'une décision est négative, elle peut être contestée devant les tribunaux des pensions, qui sont strictement indépendants et sont éclairés par des experts ne dépendant pas du ministère de la Défense. En moyenne, le quart des refus de pensions sont d'ailleurs annulés par ces tribunaux, ce qui démontre dans les faits que les décisions en la matière du ministère de la Défense sont réellement contrôlées. De plus, l'usage veut que nous ne fassions pas appel de leurs décisions.
Vous parlez de maladies connues, mais il semble justement qu'on découvre, dix ans après la guerre, des symptômes variés qui n'ont pas été identifiés plus tôt
Des hommes qui meurent d'un cancer à 40 ans ou 50 ans, malheureusement, il y en a chaque année et l'origine de ce cancer est autre chose que la présence dans le Golfe. Les 200 médecins qui ont participé à la guerre du Golfe ont continué à suivre les dossiers et à travailler avec leurs collègues étrangers sur le sujet et les anciens militaires sont très nombreux à venir spontanément consulter dans les hôpitaux des Armées. On a donc une base très large pour déceler d'éventuels phénomènes anormaux. J'ai rappelé à la mi-juillet que les anciens du Golfe souhaitant un nouvel examen médical devaient contacter le service de santé. Une dizaine se sont manifestés depuis cette date. Donc, nous restons très ouverts à toute information nouvelle, mais je note qu'il y a très peu de cas, et que tous se rattachent à des pathologies classiques.
Il existe toutefois une polémique sur le manque de transparence de la " Grande Muette ", alors qu'aux Etats-Unis, les soldats indemnisés sont légion
Je ne vois pas de trace de polémique ! On joue la transparence depuis le début avec un suivi médical des soldats. Je souligne que la situation des anciens combattants français est très différente de celle des Américains : les nôtres n'ont pas été soumis à une combinaison de vaccins dont certains peu éprouvés, n'ont pas reçu d'antidote préventif aux armes chimiques -alors qu'un début de consensus se dégage pour dire que ces produits étaient dangereux-; ils n'ont pas été engagés dans les mêmes zones, etc.
L'association Avigolfe réclame un comité d'experts indépendants et en appelle à Martine Aubry
Mais les anciens soldats peuvent déjà faire appel à tous les médecins de France ! Nous transmettons leur dossier médical à tout médecin qui nous le demande avec l'accord du patient. Je ne crois pas utile d'ajouter un comité d'experts, mais cela reste ouvert.. Je vais recevoir l'association Avigolfe, qui en a fait la demande. Mais je constate que lorsqu'un débat de santé publique apparaît en France, des personnalités médicales prennent position. Ce n'est pas le cas dans cette affaire. Les démarches que nous observons sont juridiques. Parmi ceux qui s'expriment, il y a des avocats qui défendent légitimement les intérêts pécuniaires qui leur sont confiés..
Cette règle de transparence, elle s'applique aussi au Kosovo ? Les militaires français ont-ils fait l'objet d'une protection particulière contre les munitions à uranium appauvri ? Contre les émanations de l'usine de plomb ?
Sur l'uranium appauvri qui est un composant de métal pour durcir des obus de blindés, je rappelle qu'il ne s'agit aucunement d'un élément provoquant des radiations. Nous avons des munitions pour le Leclerc comportant de l'uranium appauvri. Les règles de manutention sont inspirées de celles qui s'appliquent là où l'on utilise de l'uranium. Cela concerne très peu de personnel. Ces munitions n'ont jamais été employées par nous en opérations. Il n'y a pas de signe d'emploi de ces obus au Kosovo qui ait affecté le personnel français. La seule expérience qui existe concerne des Américains, victimes de tirs fratricides dans la guerre du Golfe- et ils sont suivis régulièrement.
Quant au plomb, il s'agit d'un problème industriel sérieux mais courant. Le degré de dégradation environnemental de l'usine de Zvecan, au Kosovo, dépasse l'imagination. Nous avons pris des précautions d'observation des personnels dès notre arrivée en juillet 1999. Tant que l'usine a fonctionné au ralenti, les taux relevés dans l'atmosphère et dans le sang restaient en dessous des normes de sécurité. Ces concentrations ont changé de façon importante au moment de l'augmentation de l'activité de production début juin. Début juillet j'ai donc indiqué à Bernard Kouchner que, compte tenu des risques encourus par nos personnels et la population, je demandais l'arrêt de la production. La fermeture de l'usine a eu lieu le 13 août. Le temps d'exposition a été suffisamment court pour ne pas être dangereux pour les personnels.
Qu'ont donné les dernières expertises internationales concernant nos expériences nucléaires dans le Pacifique ?
Les dernières analyses de l'agence internationale dans laquelle travaillent des experts de pays violemment hostiles aux essais français ont conclu que les mesures de dépollution du site prise par la France étaient satisfaisantes.
A l'heure de la professionnalisation, le retour de la croissance ne va-t-il pas détourner des jeunes des métiers militaires ?
L'expérience de la croissance est encore trop courte. Pour l'instant, nous n'identifions pas de relation statistique entre le taux de chômage et le nombre de candidats pour les emplois militaires, notamment dans les catégories de qualification intérieure ou moyenne où notre taux de recrutement est significatif, parfois de l'ordre de 10 % d'une tranche d'âge de jeunes gens.
Il y a une vraie disposition d'un grand nombre de jeunes à s'engager dans les métiers de la défense. D'autre part, je relève que l'image de la défense comme employeur est tout à fait correcte et c'est le facteur clé du bon recrutement. Nous allons continuer à y veiller.
Le ministre de la Défense est-il satisfait de son budget ?
Oui. Quand je compare ce qui s'est passé au cours de la dernière décennie et ce que souhaite la plupart de mes collègues européens, je constate que nous avons en France un budget de rémunérations et de fonctionnement cohérent avec le format des armées. Et qu'en matière d'équipement des forces, nous sommes parmi les tout premiers pays au monde, les deux premiers en Europe, à doter avec une grande régularité nos armées de moyens modernes. Depuis 1997, les variations ont été de portée limitée, avec même une remontée. C'est ce que j'espère encore pour le budget 2001 dans le cadre d'une programmation solide et fiable.
Certains appellent à une disparition anticipée, avant 2002, du service militaire. Comment s'effectuent les incorporations ?
Si je synthétise les quatre incorporations intervenues depuis février, je note que plus de 90 % des jeunes ont répondu aux convocations qui leur étaient adressées (comme les années passées). La ressource humaine utile pendant l'actuelle période de transition est au rendez-vous.
Votre nom avait été avancé pour succéder à Jean-Pierre Chevènement, et vous restez à l'hôtel de Brienne
Mon seul commentaire est de dire que j'ai énormément d'intérêt pour ce ministère de la Défense. Je crois avoir avec la collectivité militaire un rapport positif. C'est un ministère où le travail à long terme et la préparation de l'avenir sont importants. Je suis heureux de poursuivre encore quelque temps une action marquée par le développement européen et la modernisation de notre système de défense.
(source http://www.défense.gouv.fr, le 31 août 2000)