Texte intégral
Q - Vous êtes porte-parole du gouvernement mais aussi ministre délégué à l'Intérieur. C'est-à-dire que vous êtes le bras droit de Dominique de Villepin ?
R - D'une certaine manière. En tout cas, nous faisons tandem effectivement sur toutes ces questions qui sont au cur des préoccupations des Français, et c'est une tâche passionnante.
Q - La dernière actualité, c'est l'expulsion de l'imam de Vénissieux. Cette expulsion était-elle indispensable ?
R - Oui. C'est une décision qui a été prise par Dominique de Villepin. Nous avons considéré, au vu d'un certain nombre de comportements, qu'il y avait des choses inacceptables. Il y a un principe qui est simple, c'est celui de l'application des lois de la République, et notamment dans ces matières particulièrement importantes qui touchent au respect de la personne, qui touchent au respect des grandes valeurs de la République. Et donc il était tout à fait normal que cette décision soit prise.
Q - Ce que je comprends mal, c'est que l'arrêté d'expulsion a été signé le 26 février. Il a fallu une interview dans Lyon Mag pour qu'on expulse cet imam...
R - L'interview n'est venue finalement que confirmer le bien-fondé de cette décision d'expulsion. Lorsqu'un arrêté comme celui-là est pris, il y a un certain nombre de vérifications auxquelles il faut procéder. C'est ce qui a été fait, et puis voilà. Maintenant, cette décision est effective ; cet imam a été expulsé hier. Je voudrais quand même dire une chose qui est importante : c'est qu'il y a dans la démarche qui est la nôtre bien sûr, une très forte détermination à travers la décision prise par Dominique de Villepin, mais aussi il faut faire attention à ne pas tomber dans le piège des amalgames. Il ne s'agit en aucun cas de quelque chose qui concerne les imams en général ou de telle ou telle pratique religieuse. Je crois que c'est important que chacun comprenne bien cela. Il s'agit là des valeurs de la République, et dans ce domaine-là, nous serons évidemment intraitables.
Q - Mais est-ce qu'il est expulsé à cause de ses propos ?
R - Il est expulsé pour toute une série de raisons qui touchent à la fois bien sûr aux propos qu'il a tenus, mais aussi, au-delà, à un certain nombre d'éléments qui concernent l'ordre public, et qui ont justifié cette décision.
Q - Il y avait une menace particulière ?
R - En tout cas, cela fait partie de l'ensemble des éléments qui motivent une décision comme celle-là.
Q - Il y a 1.500 imams en France ; 9 % seulement sont Français. Il y a un an, le Conseil français du Culte musulman a créé une commission sur la formation et le statut des imams, mais le dossier n'avance toujours pas...
R - D'abord, c'est un sujet que nous aurions dû prendre les uns et les autres en main depuis beaucoup plus longtemps. Voilà bien quinze ou vingt années que, ici et là, ce sujet était considéré comme tabou, alors qu'il est essentiel. Il y a aujourd'hui, je le sais, une très forte attente des Français de confession musulmane. Je vois le culte pouvoir être organisé dans des conditions comparables à ce qui se fait pour l'exercice des autres confessions. Voilà ce à quoi nous travaillons. Il y avait une première initiative très importante qui a été prise, vous vous en souvenez, par Nicolas Sarkozy, avec la création du Conseil du culte musulman. L'étape suivante, bien sûr, c'est tout ce qui concerne les questions de formation des imams. Il faut quatre ans pour former un imam, donc il y a tout un travail à faire. Vous le voyez, l'objectif est clair : il touche à la maîtrise de la langue française et puis surtout à la volonté de faire un islam de France, c'est-à-dire indépendant des influences étrangères.
Q - Il y a un an, une commission a été créée sur la formation, et cela n'avance pas...
R - Si. D'abord parce qu'avant, cela n'existait pas, qu'on y travaille. Oui, c'est vrai que cela relève de la compétence du Conseil français du Culte musulman, mais c'est vrai aussi que ce sera l'objectif du ministre de l'Intérieur, Dominique de Villepin, de travailler à cette question maintenant, et de faire que les choses avancent. Croyez-moi, elles avanceront, c'est de l'intérêt de tous.
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Q - Pour le référendum sur l'Europe, la France va-t-elle suivre la voie ouverte par la Grande-Bretagne ?
R - Je voudrais quand même rappeler une chose, c'est qu'il faut que ce traité constitutionnel soit adopté par l'ensemble des exécutifs dans le cadre du Conseil européen. C'est la première étape. Ensuite, les Constitutions prévoient dans les différents pays des formules soit par voie parlementaire soit par voie référendaire. Chez nous, en France, ce sont les deux qui sont possibles. (...) Il appartient au président de la République d'en décider.
Q - C'est lui qui va décider sur cette future Constitution de l'Union européenne...
R - La décision sera prise le moment venu. La première étape, c'est quand même de s'assurer déjà que ce traité existe. Et pour qu'il existe, je le répète, il faut qu'il soit adopté par le Conseil européen. Cela n'a l'air de rien, mais je crois que c'est bien de temps en temps de rappeler les choses. Notre tempo n'est pas forcément uniquement dicté par des initiatives qui peuvent être prises par d'autres.
Q - Je vais vous poser une question qui va peut-être vous déranger...
R - Rien ne me dérange.
Q - A titre personnel, êtes-vous favorable à un référendum ? Le citoyen Copé...
R - C'est le genre de débat qui, à mon avis, n'a pas beaucoup de sens. En réalité, c'est vraiment une initiative du président de la République. Les deux formules ont naturellement des avantages et les deux peuvent poser ici ou là des difficultés, on le sait bien. Donc c'est un choix qui est extrêmement difficile et donc pour lequel il y a vraiment besoin de peser les choses.
Q - Vous avez une opinion personnelle, j'imagine ?
R - Je suis dans ces domaines-là, toujours très prudent, parce que c'est une affaire qui tient aussi au contexte général. Encore une fois, je répète, ce n'est pas pour évacuer votre question...
Q - Vous ne me répondez pas !
R - Non, je ne vous réponds pas parce que moi-même...
Q - Vous n'avez pas d'opinion sur le sujet... Moi, je suis favorable à un référendum, je le dis, je m'engage ! Et vous ?
R - Est-ce que dans le même temps, vous êtes président de la République ?
Q - Non, mais en tant que citoyen, je suis favorable à un référendum...
R - De mon point de vue, c'est un sujet suffisamment difficile pour que j'aie quelque difficulté à le trancher spontanément, même à l'antenne de RMC. Il m'arrive souvent de vous donner mon point de vue de manière précise, mais c'est vrai que ce sujet est très complexe.
Q - Il y a une idée qui circule : les parlements français et allemand pourraient se réunir et ratifier cette Constitution le même jour. C'est une bonne idée ?
R - A ma connaissance, il n'y a pas de décision fixée sur ce sujet.
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Q - Autre grand débat : le fameux projet de circulaire sur le voile. En le lisant, de nombreux syndicats d'enseignants ont réagi en disant qu'ils n'allaient jamais pouvoir appliquer la loi. Les tenues traditionnelles sont exclues du champ de la loi, les bandanas pourraient être autorisés... "la situation risquent d'être pire qu'auparavant", disent des chefs d'établissement et des enseignants.
R - Je trouve que dans ce pays, on a toujours cette tentation de regarder le verre à moitié vide plutôt qu'à moitié plein. Je constate une chose : avant, il n'y avait pas loi, on était donc dans l'improvisation totale. D'ailleurs, les syndicats, à l'époque, faisaient observer, pour un certain nombre d'entre eux, que c'était bien irresponsable de laisser les proviseurs de lycée ou les principaux de collège se débrouiller seuls face au problème, sans consigne de qui que ce soit. On a fait cette loi, avec une idée simple : c'est que désormais, il appartient aux responsables politiques d'assumer, au nom de la République, leurs responsabilités. La laïcité version 2004, c'est un message qui est parfaitement clair, dans les écoles publiques de notre pays. Il s'agit, premièrement, de rappeler que ce n'est pas la négation de la religion, mais, au contraire, la libre possibilité de chacun d'exercer son culte dans le respect de celui des autres. C'est aussi une loi de protection des enfants de la République, notamment des jeunes filles, voire des jeunes femmes, avec certaines situations inacceptables, que nous connaissons, dont nous avons, les uns et les autres, entendu parler, de jeunes femmes, par exemple, contraintes par leur frère, leur père. Tout cela est inacceptable, sans compter, bien sûr, les choses horribles que nous avons pu évoquer notamment, et qui ont motivé certaines décisions d'expulsion. Et puis enfin, troisième point, c'est la lutte contre toutes les formes d'intégrisme. Vous le voyez, d'une certaine manière, à travers ce que nous évoquons là, il y a maintenant la nécessité d'en faire la traduction concrète. La circulaire est un projet. Qui peut imaginer que sur un texte de cette importance, il n'y ait pas un mode d'emploi ? Mais je rappelle qu'il s'agit à ce stade d'un projet, qu'il a été soumis aux partenaires sociaux, aux syndicats. C'est très bien qu'ils réagissent ! Ce que j'aimerais, c'est que ce soit une réaction constructive pas une réaction sur le thème "tout ou rien".
Q - J'imagine quand même l'élève qui porte un bandana et qui dit à son professeur ou à son chef d'établissement, "c'est culturel"...
R - D'accord, mais vous avez bien compris ce qu'il y a derrière tout cela. Ce qu'il y a derrière tout cela, c'est l'exigence de dialogue. Il appartient, dans chaque établissement, au chef d'établissement et aux professeurs, de voir au quotidien, par le dialogue, comment régler tout cela. Mais je crois que ce qui est important, surtout, c'est une prise de conscience. Ce dont nos concitoyens ont besoin aujourd'hui, ce qu'ils attendent de leur gouvernement, c'est aussi que le gouvernement dise les choses, qu'il assume, qu'il mette le doigt sur les problèmes et qu'il propose des pistes de solution. Et puis après, chacun agira en responsabilité. On a entendu tous les messages ces dernières semaines, à l'occasion des élections régionales - et je suis bien placé pour en parler dans mon Ile-de-France bien-aimée - mais c'est important aussi que les messages aillent dans les deux sens. Nous, on est aussi très déterminés à faire notre travail.
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Q - La France est-elle malade ? On l'entend dire ça et là ; il y a des livres qui le disent...
R - Si j'osais, je vous dirais que depuis que je suis tout petit, j'entends dire que la France est malade. J'avais quatre ans, et je crois qu'on écrivait qu'elle s'ennuyait - c'était en 1968. Donc, je crois que tout cela, ce sont des formules. Il y a derrière cela l'esprit de responsabilité qui doit être le nôtre. Le problème n'est pas savoir si on est malade ou pas, le problème, c'est surtout de regarder l'avenir. Et construire l'avenir, cela veut dire préserver les grandes valeurs qui sont les nôtres en prenant les décisions qui s'imposent. La vraie maladie, c'est si on était immobiles, si on ne prenait pas les décisions nécessaires pour l'avenir de nos enfants.
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(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1e juin 2004)
R - D'une certaine manière. En tout cas, nous faisons tandem effectivement sur toutes ces questions qui sont au cur des préoccupations des Français, et c'est une tâche passionnante.
Q - La dernière actualité, c'est l'expulsion de l'imam de Vénissieux. Cette expulsion était-elle indispensable ?
R - Oui. C'est une décision qui a été prise par Dominique de Villepin. Nous avons considéré, au vu d'un certain nombre de comportements, qu'il y avait des choses inacceptables. Il y a un principe qui est simple, c'est celui de l'application des lois de la République, et notamment dans ces matières particulièrement importantes qui touchent au respect de la personne, qui touchent au respect des grandes valeurs de la République. Et donc il était tout à fait normal que cette décision soit prise.
Q - Ce que je comprends mal, c'est que l'arrêté d'expulsion a été signé le 26 février. Il a fallu une interview dans Lyon Mag pour qu'on expulse cet imam...
R - L'interview n'est venue finalement que confirmer le bien-fondé de cette décision d'expulsion. Lorsqu'un arrêté comme celui-là est pris, il y a un certain nombre de vérifications auxquelles il faut procéder. C'est ce qui a été fait, et puis voilà. Maintenant, cette décision est effective ; cet imam a été expulsé hier. Je voudrais quand même dire une chose qui est importante : c'est qu'il y a dans la démarche qui est la nôtre bien sûr, une très forte détermination à travers la décision prise par Dominique de Villepin, mais aussi il faut faire attention à ne pas tomber dans le piège des amalgames. Il ne s'agit en aucun cas de quelque chose qui concerne les imams en général ou de telle ou telle pratique religieuse. Je crois que c'est important que chacun comprenne bien cela. Il s'agit là des valeurs de la République, et dans ce domaine-là, nous serons évidemment intraitables.
Q - Mais est-ce qu'il est expulsé à cause de ses propos ?
R - Il est expulsé pour toute une série de raisons qui touchent à la fois bien sûr aux propos qu'il a tenus, mais aussi, au-delà, à un certain nombre d'éléments qui concernent l'ordre public, et qui ont justifié cette décision.
Q - Il y avait une menace particulière ?
R - En tout cas, cela fait partie de l'ensemble des éléments qui motivent une décision comme celle-là.
Q - Il y a 1.500 imams en France ; 9 % seulement sont Français. Il y a un an, le Conseil français du Culte musulman a créé une commission sur la formation et le statut des imams, mais le dossier n'avance toujours pas...
R - D'abord, c'est un sujet que nous aurions dû prendre les uns et les autres en main depuis beaucoup plus longtemps. Voilà bien quinze ou vingt années que, ici et là, ce sujet était considéré comme tabou, alors qu'il est essentiel. Il y a aujourd'hui, je le sais, une très forte attente des Français de confession musulmane. Je vois le culte pouvoir être organisé dans des conditions comparables à ce qui se fait pour l'exercice des autres confessions. Voilà ce à quoi nous travaillons. Il y avait une première initiative très importante qui a été prise, vous vous en souvenez, par Nicolas Sarkozy, avec la création du Conseil du culte musulman. L'étape suivante, bien sûr, c'est tout ce qui concerne les questions de formation des imams. Il faut quatre ans pour former un imam, donc il y a tout un travail à faire. Vous le voyez, l'objectif est clair : il touche à la maîtrise de la langue française et puis surtout à la volonté de faire un islam de France, c'est-à-dire indépendant des influences étrangères.
Q - Il y a un an, une commission a été créée sur la formation, et cela n'avance pas...
R - Si. D'abord parce qu'avant, cela n'existait pas, qu'on y travaille. Oui, c'est vrai que cela relève de la compétence du Conseil français du Culte musulman, mais c'est vrai aussi que ce sera l'objectif du ministre de l'Intérieur, Dominique de Villepin, de travailler à cette question maintenant, et de faire que les choses avancent. Croyez-moi, elles avanceront, c'est de l'intérêt de tous.
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Q - Pour le référendum sur l'Europe, la France va-t-elle suivre la voie ouverte par la Grande-Bretagne ?
R - Je voudrais quand même rappeler une chose, c'est qu'il faut que ce traité constitutionnel soit adopté par l'ensemble des exécutifs dans le cadre du Conseil européen. C'est la première étape. Ensuite, les Constitutions prévoient dans les différents pays des formules soit par voie parlementaire soit par voie référendaire. Chez nous, en France, ce sont les deux qui sont possibles. (...) Il appartient au président de la République d'en décider.
Q - C'est lui qui va décider sur cette future Constitution de l'Union européenne...
R - La décision sera prise le moment venu. La première étape, c'est quand même de s'assurer déjà que ce traité existe. Et pour qu'il existe, je le répète, il faut qu'il soit adopté par le Conseil européen. Cela n'a l'air de rien, mais je crois que c'est bien de temps en temps de rappeler les choses. Notre tempo n'est pas forcément uniquement dicté par des initiatives qui peuvent être prises par d'autres.
Q - Je vais vous poser une question qui va peut-être vous déranger...
R - Rien ne me dérange.
Q - A titre personnel, êtes-vous favorable à un référendum ? Le citoyen Copé...
R - C'est le genre de débat qui, à mon avis, n'a pas beaucoup de sens. En réalité, c'est vraiment une initiative du président de la République. Les deux formules ont naturellement des avantages et les deux peuvent poser ici ou là des difficultés, on le sait bien. Donc c'est un choix qui est extrêmement difficile et donc pour lequel il y a vraiment besoin de peser les choses.
Q - Vous avez une opinion personnelle, j'imagine ?
R - Je suis dans ces domaines-là, toujours très prudent, parce que c'est une affaire qui tient aussi au contexte général. Encore une fois, je répète, ce n'est pas pour évacuer votre question...
Q - Vous ne me répondez pas !
R - Non, je ne vous réponds pas parce que moi-même...
Q - Vous n'avez pas d'opinion sur le sujet... Moi, je suis favorable à un référendum, je le dis, je m'engage ! Et vous ?
R - Est-ce que dans le même temps, vous êtes président de la République ?
Q - Non, mais en tant que citoyen, je suis favorable à un référendum...
R - De mon point de vue, c'est un sujet suffisamment difficile pour que j'aie quelque difficulté à le trancher spontanément, même à l'antenne de RMC. Il m'arrive souvent de vous donner mon point de vue de manière précise, mais c'est vrai que ce sujet est très complexe.
Q - Il y a une idée qui circule : les parlements français et allemand pourraient se réunir et ratifier cette Constitution le même jour. C'est une bonne idée ?
R - A ma connaissance, il n'y a pas de décision fixée sur ce sujet.
()
Q - Autre grand débat : le fameux projet de circulaire sur le voile. En le lisant, de nombreux syndicats d'enseignants ont réagi en disant qu'ils n'allaient jamais pouvoir appliquer la loi. Les tenues traditionnelles sont exclues du champ de la loi, les bandanas pourraient être autorisés... "la situation risquent d'être pire qu'auparavant", disent des chefs d'établissement et des enseignants.
R - Je trouve que dans ce pays, on a toujours cette tentation de regarder le verre à moitié vide plutôt qu'à moitié plein. Je constate une chose : avant, il n'y avait pas loi, on était donc dans l'improvisation totale. D'ailleurs, les syndicats, à l'époque, faisaient observer, pour un certain nombre d'entre eux, que c'était bien irresponsable de laisser les proviseurs de lycée ou les principaux de collège se débrouiller seuls face au problème, sans consigne de qui que ce soit. On a fait cette loi, avec une idée simple : c'est que désormais, il appartient aux responsables politiques d'assumer, au nom de la République, leurs responsabilités. La laïcité version 2004, c'est un message qui est parfaitement clair, dans les écoles publiques de notre pays. Il s'agit, premièrement, de rappeler que ce n'est pas la négation de la religion, mais, au contraire, la libre possibilité de chacun d'exercer son culte dans le respect de celui des autres. C'est aussi une loi de protection des enfants de la République, notamment des jeunes filles, voire des jeunes femmes, avec certaines situations inacceptables, que nous connaissons, dont nous avons, les uns et les autres, entendu parler, de jeunes femmes, par exemple, contraintes par leur frère, leur père. Tout cela est inacceptable, sans compter, bien sûr, les choses horribles que nous avons pu évoquer notamment, et qui ont motivé certaines décisions d'expulsion. Et puis enfin, troisième point, c'est la lutte contre toutes les formes d'intégrisme. Vous le voyez, d'une certaine manière, à travers ce que nous évoquons là, il y a maintenant la nécessité d'en faire la traduction concrète. La circulaire est un projet. Qui peut imaginer que sur un texte de cette importance, il n'y ait pas un mode d'emploi ? Mais je rappelle qu'il s'agit à ce stade d'un projet, qu'il a été soumis aux partenaires sociaux, aux syndicats. C'est très bien qu'ils réagissent ! Ce que j'aimerais, c'est que ce soit une réaction constructive pas une réaction sur le thème "tout ou rien".
Q - J'imagine quand même l'élève qui porte un bandana et qui dit à son professeur ou à son chef d'établissement, "c'est culturel"...
R - D'accord, mais vous avez bien compris ce qu'il y a derrière tout cela. Ce qu'il y a derrière tout cela, c'est l'exigence de dialogue. Il appartient, dans chaque établissement, au chef d'établissement et aux professeurs, de voir au quotidien, par le dialogue, comment régler tout cela. Mais je crois que ce qui est important, surtout, c'est une prise de conscience. Ce dont nos concitoyens ont besoin aujourd'hui, ce qu'ils attendent de leur gouvernement, c'est aussi que le gouvernement dise les choses, qu'il assume, qu'il mette le doigt sur les problèmes et qu'il propose des pistes de solution. Et puis après, chacun agira en responsabilité. On a entendu tous les messages ces dernières semaines, à l'occasion des élections régionales - et je suis bien placé pour en parler dans mon Ile-de-France bien-aimée - mais c'est important aussi que les messages aillent dans les deux sens. Nous, on est aussi très déterminés à faire notre travail.
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Q - La France est-elle malade ? On l'entend dire ça et là ; il y a des livres qui le disent...
R - Si j'osais, je vous dirais que depuis que je suis tout petit, j'entends dire que la France est malade. J'avais quatre ans, et je crois qu'on écrivait qu'elle s'ennuyait - c'était en 1968. Donc, je crois que tout cela, ce sont des formules. Il y a derrière cela l'esprit de responsabilité qui doit être le nôtre. Le problème n'est pas savoir si on est malade ou pas, le problème, c'est surtout de regarder l'avenir. Et construire l'avenir, cela veut dire préserver les grandes valeurs qui sont les nôtres en prenant les décisions qui s'imposent. La vraie maladie, c'est si on était immobiles, si on ne prenait pas les décisions nécessaires pour l'avenir de nos enfants.
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(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1e juin 2004)