Déclaration de M. Michel Duffour, secrétaire d'Etat au patrimoine et à la décentralisation culturelle, sur la culture architecturale, notamment la coopération européenne en matière de transformations urbaines, de qualité et de diversité de création et de droit à la formation pour les jeunes, Paris le 10 juillet 2000.

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Circonstance : Ouverture du Forum européen des politiques architecturales au Centre français du commerce extérieur à Paris le 10 juillet 2000

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux d'ouvrir avec vous ce Forum européen des politiques architecturales, heureux que cette grande question culturelle soit au cur d'une des premières manifestations de la Présidence française de l'Union européenne.
Ce forum est né des Rencontres européennes de l'Architecture qui, à l'initiative de la Finlande et de la France, avaient en septembre 99, réuni professionnels et institutions en charge de l'architecture des quinze Etats membres et de la Norvège.
Le droit des citoyens européens à un environnement de qualité, les évolutions du rapport de l'architecte au marché, au regard des négociations du GATS 2000, enfin l'intérêt d'un réseau européen de diffusion de la culture architecturale, thèmes de ces rencontres, avaient constitué une avancée remarquable sur le plan de la coopération européenne en matière d'architecture, à l'actif de la présidence finlandaise. C'est donc dans la continuité des présidences finlandaise, portugaise et française que s'inscrit cette volonté non seulement d'affirmer la dimension culturelle de l'architecture et de la ville, mais de véritablement prendre en compte les enjeux de la qualité architecturale et du cadre de vie urbain dans les politiques et programmes communautaires.
Nos concertations et réflexions communes doivent nous conduire dans un souci de démocratisation et d'accès de tous, des jeunes en particulier, à la culture architecturale, culture qui doit être partagée, à principalement réaffirmer que l'architecture est au service de l'intérêt public et doit répondre aux aspirations de la population en termes de développement durable et harmonieux de nos villes européennes.
Nous devons, face aux défis d'environnement de nos sociétés post industrielles dans l'Europe du troisième millénaire, redéfinir les outils de l'aménagement pour répondre aux nouvelles exigences de sécurité urbaine, d'échelles de proximité, de mixités d'usage, de diversités culturelles, d'espaces publics, d'espaces verts et de cadre bâti diversifié, à l'opposé de la standardisation.
Nous devons tout faire pour valoriser l'identité des villes européennes, leur histoire, leur mémoire, leur conservation et par l'insertion de recommandations dans les textes réglementaires de l'Union européenne, créer de meilleures conditions de transformations urbaines.
En effet l'architecture qui, sans cesse, transforme durablement l'environnement physique des usagers, des sociétés, ne peut être considérée comme les autres services commerciaux et la " Directive Services " en cours de renégociation constitue un enjeu considérable pour l'architecture.
De nos débats devront donc émerger des positions communes et des actions concrètes. Car si cette réflexion relève des citoyens et des divers acteurs, elle est aussi de la responsabilité des politiques publiques, nationales et européennes.
Ce premier Forum européen des politiques architecturales, instance informelle intergouvernementale a vocation à conduire, dans la durée, ces réflexions et propositions. Il réunit aujourd'hui professionnels et ministères des quinze états membres de l'Union. Sont parmi nous également des représentants du Conseil des Architectes d'Europe, de l'Union Internationale des Architectes. Enfin une place importante est réservée à la participation de la Commission et du Parlement Européen, ainsi que des collectivités territoriales.
Toutes les compétences sont donc réunies pour poursuivre les efforts entrepris et faire que cet espace d'information mutuelle, de concertation, de débats, devienne un lieu de proposition et de résolution. La tâche est difficile parce qu'elle est paradoxale. Il faudra encourager et faciliter la diversité de la création dans le respect des différences culturelles mais dans une volonté commune :
- pour que se confirme durablement ce mouvement déjà amorcé vers la qualité architecturale comme enjeu culturel et enjeu de société,
- pour que soit reconnu le droit des citoyens à un environnement de qualité,
- pour que, par le droit à la formation, nos jeunes, nos générations futures connaissent, dans la richesse de leur diversité, une culture architecturale partagée.
Je vous remercie.

(source http://www.culture.gouv.fr, le 11 juillet 2000)