Texte intégral
Sur le Medef et le paritarisme
Si le désir du Medef est authentique, si vous arrivez à reconstruire une architecture sociale, est-ce que cela doit être inscrit dans le marbre de la Constitution ? Cest la proposition évoquée par le président de la République.
Pour quun jour cette question se pose, il faut que nous ayons beaucoup progressé. Que nous nous soyons entendus entre partenaires sociaux sur les règles du jeu de la négociation collective, sur son rôle, sur sa place dans la société française, dans la démocratie sociale. Et il faudra quon se soit entendus avec lEtat sur la manière dont on articule nos relations réciproques. A ce moment-là, sil est important dinscrire dans notre Constitution le droit à la négociation collective, les prérogatives des partenaires sociaux, ce serait un résultat quaujourdhui je nimagine encore pas espérer. Mais si ça vient, ce serait vraiment bien.
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Sur la loi des 35h et le Conseil constitutionnel
Vous êtes satisfaite que certains accords de branche ne soient pas remis en cause par la deuxième loi ? Ce qui veut dire quils seront peut-être moins favorables aux salariés que ne le souhaitait la deuxième loi...
Jai depuis longtemps sur ce sujet une attitude tout à fait claire. Dans les accords de branche actuels, il y a peu de choses qui sécartent de la loi. Quelques-uns sont symboliques. Par exemple un accord de branche, que nous navons pas signé, compte les jours fériés dans les jours qui vont réduire le temps de travail. Cest un peu gros franchement. Aujourdhui, cet accord peut sappliquer dans une entreprise. On peut aller au-delà de 1 600 heures annuelles. Vous imaginez un chef dentreprise qui dit dans son entreprise : les 35 heures vont commencer par cinq jours fériés en moins que vous aviez jusquà maintenant. Cela dure combien de temps, cette négociation ? Elle sarrête et il y a une grève dans l'entreprise. Je doute que ça sapplique vraiment dans beaucoup dendroits.
Autre aspect des correctifs du Conseil constitutionnel, la totalité de la majoration des heures supplémentaires entre 36 et 39 heures sera versée aux salariés. Curieux paradoxe, le début de lapplication de la loi des 35 heures commence par une augmentation des salaires pour ceux qui sont encore aux 39 heures. Ce nest pas du tout la philosophie de départ si je ne me trompe.
Ce nest en tout cas pas ce que la CFDT souhaitait, cest clair. Cette nouvelle, je ne peux pas vous dire quelle est pour nous vraiment une bonne nouvelle. Peut-être est-ce une bonne nouvelle pour le pouvoir dachat des salariés qui sont déjà dans lentreprise.
Certains disent que les salariés ne sont pas tellement attachés aux 35 heures. Ils veulent laugmentation de leur pouvoir dachat.
Oui, ils peuvent même peut-être espérer avoir dabord une augmentation du pouvoir dachat et ensuite les 35 heures avec. Ce nest pas un mal pour les salariés qui ont un emploi. Mais je crains que ce soit lemploi qui trinque. Donc, ce nest pas une très bonne nouvelle.
Sur la dérogation à la loi des 35h accordée aux patrons routiers
Ca ne vous a pas choquée, la dérogation pour les routiers ?
Il y en avait avant, il y en aura encore après et dans dautres secteurs aussi. Ce qui compte, c'est quil y ait quand même une réduction de la durée du travail. Mais ce qui ma choquée dans la gestion du ministre des Transports, alors quil sagit de réduction du temps de travail dont les salariés sont les premiers concernés, il traite avec les patrons tout seul, sans les organisations syndicales. Franchement, comme méthode de concertation et de respect des organisations syndicales, on fait mieux,
Cest une critique dun ministre communiste ?
Cest une critique dune méthode que je ne trouve pas particulièrement bonne. n
Source : LCI
(Source http://www,cfdt,fr, le 22 janvier 2000)
Si le désir du Medef est authentique, si vous arrivez à reconstruire une architecture sociale, est-ce que cela doit être inscrit dans le marbre de la Constitution ? Cest la proposition évoquée par le président de la République.
Pour quun jour cette question se pose, il faut que nous ayons beaucoup progressé. Que nous nous soyons entendus entre partenaires sociaux sur les règles du jeu de la négociation collective, sur son rôle, sur sa place dans la société française, dans la démocratie sociale. Et il faudra quon se soit entendus avec lEtat sur la manière dont on articule nos relations réciproques. A ce moment-là, sil est important dinscrire dans notre Constitution le droit à la négociation collective, les prérogatives des partenaires sociaux, ce serait un résultat quaujourdhui je nimagine encore pas espérer. Mais si ça vient, ce serait vraiment bien.
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Sur la loi des 35h et le Conseil constitutionnel
Vous êtes satisfaite que certains accords de branche ne soient pas remis en cause par la deuxième loi ? Ce qui veut dire quils seront peut-être moins favorables aux salariés que ne le souhaitait la deuxième loi...
Jai depuis longtemps sur ce sujet une attitude tout à fait claire. Dans les accords de branche actuels, il y a peu de choses qui sécartent de la loi. Quelques-uns sont symboliques. Par exemple un accord de branche, que nous navons pas signé, compte les jours fériés dans les jours qui vont réduire le temps de travail. Cest un peu gros franchement. Aujourdhui, cet accord peut sappliquer dans une entreprise. On peut aller au-delà de 1 600 heures annuelles. Vous imaginez un chef dentreprise qui dit dans son entreprise : les 35 heures vont commencer par cinq jours fériés en moins que vous aviez jusquà maintenant. Cela dure combien de temps, cette négociation ? Elle sarrête et il y a une grève dans l'entreprise. Je doute que ça sapplique vraiment dans beaucoup dendroits.
Autre aspect des correctifs du Conseil constitutionnel, la totalité de la majoration des heures supplémentaires entre 36 et 39 heures sera versée aux salariés. Curieux paradoxe, le début de lapplication de la loi des 35 heures commence par une augmentation des salaires pour ceux qui sont encore aux 39 heures. Ce nest pas du tout la philosophie de départ si je ne me trompe.
Ce nest en tout cas pas ce que la CFDT souhaitait, cest clair. Cette nouvelle, je ne peux pas vous dire quelle est pour nous vraiment une bonne nouvelle. Peut-être est-ce une bonne nouvelle pour le pouvoir dachat des salariés qui sont déjà dans lentreprise.
Certains disent que les salariés ne sont pas tellement attachés aux 35 heures. Ils veulent laugmentation de leur pouvoir dachat.
Oui, ils peuvent même peut-être espérer avoir dabord une augmentation du pouvoir dachat et ensuite les 35 heures avec. Ce nest pas un mal pour les salariés qui ont un emploi. Mais je crains que ce soit lemploi qui trinque. Donc, ce nest pas une très bonne nouvelle.
Sur la dérogation à la loi des 35h accordée aux patrons routiers
Ca ne vous a pas choquée, la dérogation pour les routiers ?
Il y en avait avant, il y en aura encore après et dans dautres secteurs aussi. Ce qui compte, c'est quil y ait quand même une réduction de la durée du travail. Mais ce qui ma choquée dans la gestion du ministre des Transports, alors quil sagit de réduction du temps de travail dont les salariés sont les premiers concernés, il traite avec les patrons tout seul, sans les organisations syndicales. Franchement, comme méthode de concertation et de respect des organisations syndicales, on fait mieux,
Cest une critique dun ministre communiste ?
Cest une critique dune méthode que je ne trouve pas particulièrement bonne. n
Source : LCI
(Source http://www,cfdt,fr, le 22 janvier 2000)