Texte intégral
Déclaration pour l'ouverture des rencontres caribéennes de la culture et du tourisme le 2 juin 2000 :
Madame, Messieurs les Députés,
Monsieur le Président du Conseil général,
Mesdames, Messieurs les Elus,
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Président de l'association " Convergences Caraïbes ",
Mesdames, Messieurs,
Je suis particulièrement heureux d'ouvrir ces premières rencontres de la culture et du tourisme.
D'abord parce que je suis ici en Guadeloupe à Saint-François, chez Ernest MOUTOUSSAMY, votre maire et votre député, initiateur de cette manifestation avec Christiane TAUBIRA-DELANNON, députée de la Guyane et Camille DARSIERES, député de la Martinique.
Ensuite, parce que ces rencontres qui vont s'étaler sur deux semaines constituent la plus importante des manifestations qui dans les départements d'outre-mer, seront consacrées à évoquer les grandes questions qui en cette année 2000, doivent nous permettre de préparer le 3ème millénaire.
C'est la raison pour laquelle ces rencontres bénéficient d'un soutien important de la Mission 2000 en France, qui a été mise en place par le Gouvernement pour coordonner le programme des manifestations qui vont se dérouler cette année sur l'ensemble du territoire national. Elles bénéficient également d'un soutien important de plusieurs ministères : Culture, Affaires Etrangères, Tourisme et du Secrétariat d'Etat à l'Outre-Mer.
Deux thèmes principaux sont au coeur de ces rencontres et rejoignent les priorités de la politique du Gouvernement pour les départements d'outre-mer :
*les enjeux de la coopération entre culture et tourisme,
*les enjeux de la coopération culturelle régionale,
1 Culture et tourisme
Depuis des décennies, les départements d'outre-mer constituent une destination touristique particulièrement appréciée des métropolitains comme des étrangers. Mais la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique ne se réduisent pas à un climat, des paysages et la présence des eaux chaudes de l'Océan atlantique et de la mer des Caraïbes. Les départements français d'Amérique, ce sont aussi des populations, des cultures, un patrimoine qui se révèlent d'une grande vitalité et d'une grande diversité.
Valoriser ce patrimoine et cette vie culturelle, c'est donc d'abord marquer le respect dû aux femmes et aux hommes qui y vivent.
C'est aussi une façon d'honorer nos invités en leur présentant le meilleur de ce que les Antilles peuvent offrir, un autre visage que celui qui est donné par les cartes postales.
Il ne s'agit évidemment pas d'imposer à tous ceux qui viennent en vacances ici un modèle unique, mais d'encourager le développement d'une offre touristique qui fasse ainsi des vacances un temps de découverte, un temps de rencontre entre les populations qui vivent sur place la plus grande partie de l'année et ceux qui viennent ici pour une brève période. Et quoi de mieux que la culture pour tisser un lien entre les hommes ?
Culture et tourisme. Mettre en relation ces deux termes, c'est aussi inviter à la coopération entre professionnels du tourisme et acteurs culturels pour mieux faire face à la concurrence extérieure. Chacun est conscient aujourd'hui que les rivalités sur le marché touristique sont fortes dans les Caraïbes. Des pays proches peuvent proposer des produits standards à des prix moins élevés. Il faut donc savoir faire la différence.
La compétitivité passe par la qualité : qualité de l'accueil bien sûr, mais surtout qualité des activités proposées. Si nous ne faisons pas un effort d'imagination pour vendre non seulement des paysages de rêve, mais aussi, des occasions de rencontre et de découverte du patrimoine des gens et de la vie culturelle, alors les touristes iront ailleurs, là où tout est moins cher. La clientèle touristique de nos départements français d'Amérique est à plus de 80% nationale. Vous pouvez la diversifier en jouant sur des créneaux que les autres pays ne peuvent offrir: l'histoire, les sites, la gastronomie, le métissage des cultures...
2. Culture et coopération régionale
Ces rencontres seront aussi l'occasion de faire le point sur les avancées en matière de coopération culturelle régionale.
Pointes avancées de l'Europe et régions dites ultra-périphériques, les départements d'outre-mer sont aussi insérés dans un environnement régional où des liens étroits les unissent aux autres pays : des liens géographiques, historiques, culturels et linguistiques.
Cette double appartenance est un atout autant pour la France et l'Europe, que pour les départements d'outre-mer et leur environnement régional. Elle contribue à la diversité et à la richesse culturelle de la France et de l'Europe. Elle nourrit le développement culturel des zones où les départements d'outre-mer jouent un rôle majeur.
La loi du 6 février 1992 avait ouvert aux collectivités territoriales la possibilité de s'engager sur la voie de la coopération régionale. Le projet de loi d'orientation pour l'outre-mer actuellement en discussion au Parlement donnera de nouvelles compétences aux départements et régions d'outre-mer.
Dans les domaines de compétence de l'Etat, les autorités de la République pourront délivrer pouvoir au président du Conseil général ou au président du Conseil régional de négocier et signer des accords internationaux. Le projet de loi prévoit également la possibilité d'une représentation de la France au sein des organismes régionaux par les présidents des exécutifs locaux des départements et régions d'outre-mer qui en recevront mandat.
Dans les domaines de compétences du département ou de la région, le projet de loi ouvre la possibilité pour les présidents des Conseils généraux et régionaux de négocier et de signer des accords avec les Etats et territoires de leur zone respective, ainsi qu'avec des organismes régionaux dans le respect des engagements internationaux de la France.
Enfin, les crédits de l'Etat consacrés à la coopération régionale seront réévalués. Trois fonds de coopération seront créés : pour les Antilles, la Guyane et la Réunion. Ils seront gérés chacun par un comité tripartite composé de représentants de l'Etat, du Conseil général et du Conseil régional.
Ces dispositions vont bien sûr bénéficier à tous les secteurs de la coopération régionale. Mais, je suis convaincu que c'est par la culture qu'il faut commencer.
Parce que la culture est fondatrice du lien social, parce que c'est en apprenant à se parler, à s'écouter, à découvrir la culture de l'autre et cela dès le plus jeune âge, qu'il est possible ensuite de prolonger ces échanges sur le plan économique, dans le domaine de la santé ou en matière de sécurité.
Madame, Messieurs les parlementaires,
Mesdames, Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Je souhaite que ces premières " Rencontres caribéennes de la culture et du tourisme " conduisent à une meilleure coopération entre acteurs culturels et opérateurs du tourisme.
Je souhaite que cette coopération contribue à mieux mettre en évidence la dimension caribéenne de la culture antillaise.
Ces rencontres doivent enfin être le point de départ d'un renforcement de la coopération culturelle dans la Caraïbe et permettre aux départements français d'Amérique de mieux s'affirmer sur la scène internationale.
Ce sont les trois voeux que je voulais formuler ce soir.
Mesdames, Messieurs, je suis particulièrement heureux de déclarer ouvertes les premières rencontres caribéennes de la culture et du tourisme.
(source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 7 juin 2000)
Déclaration pour l'exposition : " Enseignement de l'Histoire dans la Caraïbe :
les manuels scolaires " le 3 juin 2000 :
" Nos ancêtres les gaulois ". Voilà dit-on, ce qu'on enseignait jadis dans les écoles aux Antilles et peut-être parfois dans certaines classes encore aujourd'hui.
Patrick CHAMOISEAU dans " Chemin d'Ecole " décrit avec un humour féroce les pratiques pédagogiques qui avaient cours dans son enfance, et faisaient abstraction de l'environnement géographique, culturel, socio-économique des départements d'outre-mer. On apprenait encore à compter les pommes comme en Normandie...!
Parallèlement, je me souviens qu'en métropole la question de l'esclavage n'était évoquée qu'à l'occasion des cours d'histoire et de géographie consacrés aux Etats-Unis. On connaissait Abraham LINCOLN, on ignorait SCHOELCHER, à plus forte raison Solitude et Louis DELGRES.
Cette période est révolue.
Ce fut l'un des mérites du 150ème anniversaire de l'abolition de l'esclavage par la France, en métropole comme dans les départements d'outre-mer, d'avoir mis fin à ce déni des réalités qui nous a trop longtemps empêché de regarder notre histoire en face.
Les travaux personnels de Jacques ADELAÏDE-MERLANDE, historien, professeur et ancien président de l'université Antilles-Guyane, et aujourd'hui commissaire de cette exposition ne datent certes pas d'hier.
Le 150ème anniversaire de l'abolition de l'esclavage, ce travail sur la mémoire que nous avons mené collectivement, a cependant créé les conditions pour que les recherches universitaires dans ce domaine soient accessibles à un large public et non plus seulement au cercle restreint des spécialistes.
Je veux chaleureusement remercier la médiathèque Caraïbe Bettino Lara, sa directrice Odile BROUSSILLON, le Conseil général et son président, Marcelin LUBETH d'avoir pris l'initiative de cette exposition, et d'en avoir confié la responsabilité scientifique à Jacques ADELAÏDE-MERLANDE.
Avec le concours de Mlle Bénédicte MARINO, qui en a réalisé la scénographie, nous est présenté ainsi aujourd'hui un panorama des manuels scolaires depuis la troisième République et jusqu'à nos jours. D'une façon particulièrement claire et convaincante est exposée l'évolution du traitement par ces manuels de l'histoire de la Caraïbe et de la France. Je veux les en remercier et les féliciter pour la qualité de leur travail.
En ouvrant cette exposition à la production de manuels d'histoire venant des différents pays de la zone, écrits dans les principales langues : anglais, espagnol et français, vous mettez en évidence le rôle de l'enseignement de l'histoire dans la construction des liens qui unissent les Antilles à son environnement et dans l'émergence de la conscience collective caribéenne.
En présentant des manuels d'histoire parfois vieux de plusieurs décennies mais qui faisaient déjà une large place à l'histoire de la Caraïbe dans les manuels d'enseignement des programmes nationaux, vous soulignez combien l'action de pionniers a précédé la reconnaissance officielle par l'Etat de la nécessité d'adapter ces programmes à la réalité des départements d'outre-mer.
Cette reconnaissance officielle est désormais acquise. Dans le prolongement de l'engagement pris par le ministre de l'éducation nationale lors de la discussion à l'Assemblée nationale de la proposition de loi de Christiane TAUBIRA-DELANNON visant à la reconnaissance de la traite négrière et de l'esclavage comme crimes contre l'humanité, ont été publiées au bulletin officiel de l'éducation nationale le 24 février dernier, deux circulaires importantes dont je veux rappeler le contenu.
La première de ces circulaires prévoit qu'à compter de l'année scolaire 2000-2001, les programmes d'histoire et de géographie pour les enseignements dans les collèges et les lycées, seront dans les départements d'outre-mer adaptés à la situation de chaque région et feront ainsi en complément des programmes nationaux une large place aux réalités locales.
La deuxième de ces circulaires concerne les programmes scolaires nationaux et demande qu'une attention toute particulière soit portée dans la mise en oeuvre de ces programmes à l'histoire et à la géographie des départements d'outre-mer.
Cette reconnaissance officielle devra bien sûr être prolongée par un enrichissement des manuels scolaires. Lors de la discussion du projet de loi d'orientation à l'Assemblée nationale, à l'initiative de Camille DARSIERES, député de la Martinique, un amendement a été adopté qui prévoit la possibilité pour les conseils départementaux de l'éducation nationale des départements d'outre-mer, d'émettre des propositions en matière d'adaptation des programmes scolaires nationaux. Cette disposition s'inscrit dans le cadre de la reconnaissance des identités culturelles qui est un des grands principes du projet de loi.
L'un des articles affirme clairement l'appartenance des créoles et plus généralement des langues régionales en usage dans les départements d'outre mer, au patrimoine linguistique de la nation et leur intégration dans le champ d'application de la loi DEIXONNE sur l'enseignement des langues régionales. Cette exposition arrive donc à point nommé. Je souhaite vivement qu'elle puisse contribuer à enrichir le travail des uns et des autres - celui des auteurs et des éditeurs de manuels, celui des enseignants d'histoire et de géographie.
Je vous remercie.
(source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 7 juin 2000)
Madame, Messieurs les Députés,
Monsieur le Président du Conseil général,
Mesdames, Messieurs les Elus,
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Président de l'association " Convergences Caraïbes ",
Mesdames, Messieurs,
Je suis particulièrement heureux d'ouvrir ces premières rencontres de la culture et du tourisme.
D'abord parce que je suis ici en Guadeloupe à Saint-François, chez Ernest MOUTOUSSAMY, votre maire et votre député, initiateur de cette manifestation avec Christiane TAUBIRA-DELANNON, députée de la Guyane et Camille DARSIERES, député de la Martinique.
Ensuite, parce que ces rencontres qui vont s'étaler sur deux semaines constituent la plus importante des manifestations qui dans les départements d'outre-mer, seront consacrées à évoquer les grandes questions qui en cette année 2000, doivent nous permettre de préparer le 3ème millénaire.
C'est la raison pour laquelle ces rencontres bénéficient d'un soutien important de la Mission 2000 en France, qui a été mise en place par le Gouvernement pour coordonner le programme des manifestations qui vont se dérouler cette année sur l'ensemble du territoire national. Elles bénéficient également d'un soutien important de plusieurs ministères : Culture, Affaires Etrangères, Tourisme et du Secrétariat d'Etat à l'Outre-Mer.
Deux thèmes principaux sont au coeur de ces rencontres et rejoignent les priorités de la politique du Gouvernement pour les départements d'outre-mer :
*les enjeux de la coopération entre culture et tourisme,
*les enjeux de la coopération culturelle régionale,
1 Culture et tourisme
Depuis des décennies, les départements d'outre-mer constituent une destination touristique particulièrement appréciée des métropolitains comme des étrangers. Mais la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique ne se réduisent pas à un climat, des paysages et la présence des eaux chaudes de l'Océan atlantique et de la mer des Caraïbes. Les départements français d'Amérique, ce sont aussi des populations, des cultures, un patrimoine qui se révèlent d'une grande vitalité et d'une grande diversité.
Valoriser ce patrimoine et cette vie culturelle, c'est donc d'abord marquer le respect dû aux femmes et aux hommes qui y vivent.
C'est aussi une façon d'honorer nos invités en leur présentant le meilleur de ce que les Antilles peuvent offrir, un autre visage que celui qui est donné par les cartes postales.
Il ne s'agit évidemment pas d'imposer à tous ceux qui viennent en vacances ici un modèle unique, mais d'encourager le développement d'une offre touristique qui fasse ainsi des vacances un temps de découverte, un temps de rencontre entre les populations qui vivent sur place la plus grande partie de l'année et ceux qui viennent ici pour une brève période. Et quoi de mieux que la culture pour tisser un lien entre les hommes ?
Culture et tourisme. Mettre en relation ces deux termes, c'est aussi inviter à la coopération entre professionnels du tourisme et acteurs culturels pour mieux faire face à la concurrence extérieure. Chacun est conscient aujourd'hui que les rivalités sur le marché touristique sont fortes dans les Caraïbes. Des pays proches peuvent proposer des produits standards à des prix moins élevés. Il faut donc savoir faire la différence.
La compétitivité passe par la qualité : qualité de l'accueil bien sûr, mais surtout qualité des activités proposées. Si nous ne faisons pas un effort d'imagination pour vendre non seulement des paysages de rêve, mais aussi, des occasions de rencontre et de découverte du patrimoine des gens et de la vie culturelle, alors les touristes iront ailleurs, là où tout est moins cher. La clientèle touristique de nos départements français d'Amérique est à plus de 80% nationale. Vous pouvez la diversifier en jouant sur des créneaux que les autres pays ne peuvent offrir: l'histoire, les sites, la gastronomie, le métissage des cultures...
2. Culture et coopération régionale
Ces rencontres seront aussi l'occasion de faire le point sur les avancées en matière de coopération culturelle régionale.
Pointes avancées de l'Europe et régions dites ultra-périphériques, les départements d'outre-mer sont aussi insérés dans un environnement régional où des liens étroits les unissent aux autres pays : des liens géographiques, historiques, culturels et linguistiques.
Cette double appartenance est un atout autant pour la France et l'Europe, que pour les départements d'outre-mer et leur environnement régional. Elle contribue à la diversité et à la richesse culturelle de la France et de l'Europe. Elle nourrit le développement culturel des zones où les départements d'outre-mer jouent un rôle majeur.
La loi du 6 février 1992 avait ouvert aux collectivités territoriales la possibilité de s'engager sur la voie de la coopération régionale. Le projet de loi d'orientation pour l'outre-mer actuellement en discussion au Parlement donnera de nouvelles compétences aux départements et régions d'outre-mer.
Dans les domaines de compétence de l'Etat, les autorités de la République pourront délivrer pouvoir au président du Conseil général ou au président du Conseil régional de négocier et signer des accords internationaux. Le projet de loi prévoit également la possibilité d'une représentation de la France au sein des organismes régionaux par les présidents des exécutifs locaux des départements et régions d'outre-mer qui en recevront mandat.
Dans les domaines de compétences du département ou de la région, le projet de loi ouvre la possibilité pour les présidents des Conseils généraux et régionaux de négocier et de signer des accords avec les Etats et territoires de leur zone respective, ainsi qu'avec des organismes régionaux dans le respect des engagements internationaux de la France.
Enfin, les crédits de l'Etat consacrés à la coopération régionale seront réévalués. Trois fonds de coopération seront créés : pour les Antilles, la Guyane et la Réunion. Ils seront gérés chacun par un comité tripartite composé de représentants de l'Etat, du Conseil général et du Conseil régional.
Ces dispositions vont bien sûr bénéficier à tous les secteurs de la coopération régionale. Mais, je suis convaincu que c'est par la culture qu'il faut commencer.
Parce que la culture est fondatrice du lien social, parce que c'est en apprenant à se parler, à s'écouter, à découvrir la culture de l'autre et cela dès le plus jeune âge, qu'il est possible ensuite de prolonger ces échanges sur le plan économique, dans le domaine de la santé ou en matière de sécurité.
Madame, Messieurs les parlementaires,
Mesdames, Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Je souhaite que ces premières " Rencontres caribéennes de la culture et du tourisme " conduisent à une meilleure coopération entre acteurs culturels et opérateurs du tourisme.
Je souhaite que cette coopération contribue à mieux mettre en évidence la dimension caribéenne de la culture antillaise.
Ces rencontres doivent enfin être le point de départ d'un renforcement de la coopération culturelle dans la Caraïbe et permettre aux départements français d'Amérique de mieux s'affirmer sur la scène internationale.
Ce sont les trois voeux que je voulais formuler ce soir.
Mesdames, Messieurs, je suis particulièrement heureux de déclarer ouvertes les premières rencontres caribéennes de la culture et du tourisme.
(source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 7 juin 2000)
Déclaration pour l'exposition : " Enseignement de l'Histoire dans la Caraïbe :
les manuels scolaires " le 3 juin 2000 :
" Nos ancêtres les gaulois ". Voilà dit-on, ce qu'on enseignait jadis dans les écoles aux Antilles et peut-être parfois dans certaines classes encore aujourd'hui.
Patrick CHAMOISEAU dans " Chemin d'Ecole " décrit avec un humour féroce les pratiques pédagogiques qui avaient cours dans son enfance, et faisaient abstraction de l'environnement géographique, culturel, socio-économique des départements d'outre-mer. On apprenait encore à compter les pommes comme en Normandie...!
Parallèlement, je me souviens qu'en métropole la question de l'esclavage n'était évoquée qu'à l'occasion des cours d'histoire et de géographie consacrés aux Etats-Unis. On connaissait Abraham LINCOLN, on ignorait SCHOELCHER, à plus forte raison Solitude et Louis DELGRES.
Cette période est révolue.
Ce fut l'un des mérites du 150ème anniversaire de l'abolition de l'esclavage par la France, en métropole comme dans les départements d'outre-mer, d'avoir mis fin à ce déni des réalités qui nous a trop longtemps empêché de regarder notre histoire en face.
Les travaux personnels de Jacques ADELAÏDE-MERLANDE, historien, professeur et ancien président de l'université Antilles-Guyane, et aujourd'hui commissaire de cette exposition ne datent certes pas d'hier.
Le 150ème anniversaire de l'abolition de l'esclavage, ce travail sur la mémoire que nous avons mené collectivement, a cependant créé les conditions pour que les recherches universitaires dans ce domaine soient accessibles à un large public et non plus seulement au cercle restreint des spécialistes.
Je veux chaleureusement remercier la médiathèque Caraïbe Bettino Lara, sa directrice Odile BROUSSILLON, le Conseil général et son président, Marcelin LUBETH d'avoir pris l'initiative de cette exposition, et d'en avoir confié la responsabilité scientifique à Jacques ADELAÏDE-MERLANDE.
Avec le concours de Mlle Bénédicte MARINO, qui en a réalisé la scénographie, nous est présenté ainsi aujourd'hui un panorama des manuels scolaires depuis la troisième République et jusqu'à nos jours. D'une façon particulièrement claire et convaincante est exposée l'évolution du traitement par ces manuels de l'histoire de la Caraïbe et de la France. Je veux les en remercier et les féliciter pour la qualité de leur travail.
En ouvrant cette exposition à la production de manuels d'histoire venant des différents pays de la zone, écrits dans les principales langues : anglais, espagnol et français, vous mettez en évidence le rôle de l'enseignement de l'histoire dans la construction des liens qui unissent les Antilles à son environnement et dans l'émergence de la conscience collective caribéenne.
En présentant des manuels d'histoire parfois vieux de plusieurs décennies mais qui faisaient déjà une large place à l'histoire de la Caraïbe dans les manuels d'enseignement des programmes nationaux, vous soulignez combien l'action de pionniers a précédé la reconnaissance officielle par l'Etat de la nécessité d'adapter ces programmes à la réalité des départements d'outre-mer.
Cette reconnaissance officielle est désormais acquise. Dans le prolongement de l'engagement pris par le ministre de l'éducation nationale lors de la discussion à l'Assemblée nationale de la proposition de loi de Christiane TAUBIRA-DELANNON visant à la reconnaissance de la traite négrière et de l'esclavage comme crimes contre l'humanité, ont été publiées au bulletin officiel de l'éducation nationale le 24 février dernier, deux circulaires importantes dont je veux rappeler le contenu.
La première de ces circulaires prévoit qu'à compter de l'année scolaire 2000-2001, les programmes d'histoire et de géographie pour les enseignements dans les collèges et les lycées, seront dans les départements d'outre-mer adaptés à la situation de chaque région et feront ainsi en complément des programmes nationaux une large place aux réalités locales.
La deuxième de ces circulaires concerne les programmes scolaires nationaux et demande qu'une attention toute particulière soit portée dans la mise en oeuvre de ces programmes à l'histoire et à la géographie des départements d'outre-mer.
Cette reconnaissance officielle devra bien sûr être prolongée par un enrichissement des manuels scolaires. Lors de la discussion du projet de loi d'orientation à l'Assemblée nationale, à l'initiative de Camille DARSIERES, député de la Martinique, un amendement a été adopté qui prévoit la possibilité pour les conseils départementaux de l'éducation nationale des départements d'outre-mer, d'émettre des propositions en matière d'adaptation des programmes scolaires nationaux. Cette disposition s'inscrit dans le cadre de la reconnaissance des identités culturelles qui est un des grands principes du projet de loi.
L'un des articles affirme clairement l'appartenance des créoles et plus généralement des langues régionales en usage dans les départements d'outre mer, au patrimoine linguistique de la nation et leur intégration dans le champ d'application de la loi DEIXONNE sur l'enseignement des langues régionales. Cette exposition arrive donc à point nommé. Je souhaite vivement qu'elle puisse contribuer à enrichir le travail des uns et des autres - celui des auteurs et des éditeurs de manuels, celui des enseignants d'histoire et de géographie.
Je vous remercie.
(source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 7 juin 2000)