Déclaration de M. Hamlaoui Mekachera, ministre délégué aux anciens combattants, sur la libération de Besançon par les soldats américains et les FFI en 1944, à Besançon le 8 septembre 2004.

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Circonstance : Cérémonie de commémoration du soixantième anniversaire de la Libération de Besançon (Doubs), le 8 septembre 2004

Texte intégral

Monsieur le Préfet,
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires
Mesdames et Messieurs les élus,
Messieurs les officiers généraux,
Mesdames et Messieurs les présidents d'associations patriotiques,
Mesdames et Messieurs,
Voici soixante ans, jour pour jour, le 8 septembre 1944, Besançon était en liesse.
Une joie irrépressible, qui marquait le retour tant espéré de la liberté. Un bonheur partagé par toute la population ; à la mesure des souffrances endurées pendant quatre longues années ; à la mesure de la dureté des combats qui aboutirent à la libération de la capitale de la Franche-Comté.
Ceux d'entre vous qui ont vécu ces instants ne les oublieront sûrement jamais.
Quant aux plus jeunes, grâce aux cérémonies d'aujourd'hui, ils vont prendre mieux conscience de l'importance de cette page d'Histoire pour votre cité et pour la Patrie.
A Besançon, l'espérance de la Libération se précise depuis que la 7ème Armée américaine du Général PATCH et la 3ème division algérienne sont entrées en Franche-Comté, aux tout premiers jours de septembre.
Après des affrontements occasionnels, mais violents, l'offensive de la 3ème division américaine sur Besançon débute le 7 septembre à l'aube.
Nos alliés bénéficient du concours essentiel des maquisards F.F.I.
Au soir de cette journée mémorable, Besançon est libre.
Nous ne pouvons oublier qu'au terme de ces jours de combats intenses, on dénombra de très sévères pertes chez les soldats américains et les F.F.I, mais aussi dans la population civile.
Avec reconnaissance et émotion, au nom du Gouvernement, je m'incline devant la mémoire de ceux qui sont allés jusqu'au sacrifice suprême pour votre Libération. Nous nous souvenons aussi de toutes les victimes militaires et civiles.
Je veux saluer nos alliés américains. Comme le Président de la République l'a dit avec force en Normandie le 6 juin dernier, jamais nous n'oublierons les sacrifices qu'ils ont consentis pour nous libérer et pour abattre la barbarie nazie.
Ils nous faut mesurer l'ardeur et le courage de ces combattants américains qui, débarqués en Provence le 15 août, étaient déjà ici début septembre.
Je n'oublie pas les hommes de l'Armée d'Afrique qui ont grandement contribué à la libération de la région. Ils méritent notre respect et notre gratitude.
Je veux aussi rendre l'hommage qu'ils méritent aux Résistants, aux maquisards. Très tôt, à Besançon, répondant à l'Appel du Général de GAULLE, des hommes d'honneur se sont levés pour dire leur refus de la défaite et de l'asservissement. Peu à peu, ils ont été rejoints par ceux qui ne toléraient plus la folie criminelle de l'Occupant et par les courageux réfractaires au S.T.O.
Après le débarquement du 6 juin, toute la Résistance locale s'est mobilisée. Au moment décisif, elle était au rendez-vous de l'Histoire.
Mesdames et Messieurs, la ferveur populaire qui entoure cette cérémonie, aujourd'hui, comme ce fut le cas en Normandie le 6 juin, en Provence le 15 août, à Paris ou dans tant d'autres villes, cette ferveur populaire atteste bien de la reconnaissance de la Nation pour ses libérateurs.
Elle manifeste la fidélité des Françaises et des Français aux idéaux de la Résistance, aux valeurs qui fondent notre République. Comme le Premier ministre l'a déclaré sur le plateau du Vercors : " oui, la France de 2004 sait ce qu'elle doit à la Résistance ".
Ces commémorations évoquent les héros de la Liberté et les heures heureuses de la liberté retrouvée. Elles sont aussi l'occasion de se remémorer la réalité de l'Occupation.
En ce 8 septembre 1944, prenaient fin une sombre période commencée, pour vous, le 16 juin 1940. Votre cité n'aura pas été épargnée par les souffrances de la guerre. Placés en " zone interdite ", vous avez éprouvé la rigueur et la barbarie de l'occupant.
A Besançon, on a fusillé. A Besançon, la Shoah a anéanti des familles.
C'est en rappelant la sauvagerie de ces années, en rappelant l'humiliation, les privations, l'asservissement, que les jeunes générations pourront mesurer le véritable prix de la Liberté et les sacrifices nécessaires pour la défendre ou la recouvrer.
Je sais que votre Musée de la Résistance, par sa qualité et son rayonnement, contribue utilement à faire connaître cette période dans tous ses aspects.
Enfin, ces commémorations nous invitent à prendre conscience de la portée historique de la réconciliation franco-allemande et de la construction européenne.
Comment ne pas mesurer l'importance du chemin parcouru en soixante ans pour réunifier un continent aussi longtemps ravagé par les guerres et les divisions.
Comment ne pas voir dans le projet européen le plus beau des hommages que nous puissions rendre à ceux qui ont tout donné pour notre Liberté.
Je vous remercie.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 5 octobre 2004)