Texte intégral
La visite en Pologne d'une délégation du Parti communiste français participe des liens d'amitié et de la qualité des relations qui existent entre nos deux pays, entre nos peuples.
Au moment où se poursuivent les négociations sur l'adhésion de la Pologne à l'Union européenne j'ai souhaité, comme responsable d'une formation politique qui participe au gouvernement de la France, chercher à mieux connaître la position des responsables polonais sur la situation avec la perspective de l'élargissement.
Je souhaite avant tout dialoguer, écouter et apprendre. C'est au peuple polonais et à ses dirigeants de dire comment ils abordent la négociation et ce qu'ils en attendent.
Je souhaite dans le même esprit saisir l'occasion qui m'est ici donnée de préciser notre vision de l'Europe quand de si grandes interrogations se manifestent sur le sens et le devenir de la construction européenne, et pas seulement en raison de l'élargissement.
Je considère pour ma part que réussir l'élargissement de l'Union européenne constitue sans doute un des plus grands défis de notre génération.
A travers ce processus, se dessine l'avenir du développement, de la sécurité et de la paix du continent.
L'élargissement soulève, nous le savons, des problèmes considérables et inédits. Par-delà la dimension institutionnelle et la négociation proprement dites, le débat sur l'élargissement est révélateur de la manière dont chacun aborde l'avenir de l'Union, et qu'on me permette d'ajouter - parce que c'est ma conviction - il est révélateur de la crise de sens que traverse l'Europe.
Si aujourd'hui la construction de l'Europe bute sur les défis soulevés par l'élargissement, ce n'est pas à mon sens fondamentalement en raison des problèmes institutionnels soulevés par la perspective d'une vision à 25 ou 30, même s'ils sont réels.
Je crois, plus profondément, que l'élargissement appelle de fait une refonte de la conception même de la construction de l'Union. L'Europe a besoin d'un nouveau souffle. Et ce souffle c'est celui d'un nouveau rapport aux attentes des peuples. Attentes sociales, attentes démocratiques.
La crise actuelle de l'Europe est avant tout la crise du modèle ultra-libéral, qui accorde la priorité de fait à la libre circulation des capitaux, à la constitution d'un marché unique.
Mais aujourd'hui, comment peut-on penser réussir l'élargissement de l'Union européenne, sans poser publiquement la question d'une nouvelle orientation de réformes tournant le dos à des choix ultra-libéraux qui sont à la source des problèmes actuels et qui sont de plus en plus contestés? Au fond, je suis persuadé que pour s'élargir, l'Union européenne doit changer elle-même.
Par ailleurs, je vois un deuxième élément au cur de cette crise. Et je le formule de la manière suivante. Serons-nous capables de dépasser réellement une conception héritée de la guerre froide? Cette question est posée avec force.
L'élargissement actuel ne bute-t-il pas en quelque sorte sur le fait qu'il se réduit à l'extension vers l'Est d'un ensemble qui a eu sa cohérence dans une Europe divisée par la guerre froide?
Ce qu'il faut, en démocratisant les institutions de l'Union actuelle pour la rendre plus proche des citoyens, c'est redéfinir dans un processus négocié les conditions de l'entrée dans l'Union, en considérant des pays comme la Pologne, moins comme des " candidats " que comme des partenaires.
Qu'il me soit permis ici, à Varsovie, à l'occasion de cette visite, de réaffirmer l'engagement sans réserve du Parti communiste français en faveur de la construction de l'Europe et pour sa réussite.
Une Europe sociale. Une Europe qui valorise les souverainetés et non pas qui les écrase. Une Europe qui se construit ensemble. Une Europe qui affirme les valeurs humanistes face à la pression des marchés financiers. Une Europe de la solidarité. Une Europe du partage.
Ce que sera l'Europe dans les décennies à venir peut faire l'objet de beaucoup de débats et de spéculations. Pour ma part, je milite pour une Union des Nations d'Europe, une union forte où personne ne peut prétendre dominer l'autre.
De ce point de vue, je suis de ceux qui refusent catégoriquement une Europe à deux vitesses.
Il y aura nécessairement des processus différenciés, des rythmes appropriés à chaque situation en raison notamment des différentiels économiques et sociaux, des réalités politiques et culturelles.
Mais pour moi les choses sont claires, la conception d'un agglomérat autour d'un " noyau dur ", ne peut à terme que susciter tensions et rejets.
Parce que justement le projet européen doit viser à ouvrir des espaces nouveaux de coopérations y compris à travers des institutions politiques, et non pas à dresser de nouveaux murs.
J'ai envie de dire à nos interlocuteurs des pays candidats, aux responsables politiques comme aux représentants de la société civile, aux citoyens: nous, pays et peuples de l'Union actuelle, avons besoin de vous, de votre expérience. Nous avons des choses à apprendre de vous. De votre acquis social, culturel, de vos attentes démocratiques, de votre besoin de liberté et de sécurité.
Parce que pour nous ce dont il s'agit c'est de construire ensemble l'Europe. Je dis bien ensemble.
Je crois aussi que pour importantes et décisives qu'elles soient le projet d'une Europe unie ne saurait se réduire à ses dimensions économiques. C'est pourquoi je tiens à insister sur l'importance du développement des relations culturelles, des efforts conjoints à mener et tout particulièrement entre la Pologne et la France pour permettre à nos cultures, aux créateurs, d'être eux aussi les acteurs d'une civilisation nouvelle, prenant ses racines dans l'histoire même de l'Europe, et pour permettre à chacun de nos pays de mieux être présent face aux défis globaux.
C'est dans cet esprit que j'ai exprimé le souhait devant l'Assemblée nationale à Paris que la présidence française soit l'occasion d'initiatives qui permettent de mieux associer, notamment à l'occasion du sommet de Nice, les chefs d'Etat et de gouvernement des pays candidats.
Le Parti communiste français avait à un moment donné avancé l'idée d'un Forum des nations d'Europe permettant d'associer les pays de l'Union européenne et les pays candidats. Nous en avons retrouvé l'esprit dans la Conférence européenne organisée à l'initiative de la France. Je souhaite maintenant que cette Conférence joue un plus grand rôle, en associant notamment les sociétés civiles, pour surmonter les obstacles et témoigne aux opinions de nos pays respectifs de cette volonté de construction réellement commune.
Pour témoigner de cette volonté ne faudrait-il pas en outre convenir ensemble d'un calendrier de l'élargissement avec la définition par exemple d'une date butoir? Cette question mérite d'être posée et examinée.
Pour garantir l'effectivité du processus, n'enfermons pas le débat à partir de plans préétablis ou d'ambitions si vastes, si générales et si lointaines qu'elles feraient ressembler l'Europe à une tour de Babel. Voyons ce qui peut nous rassembler sans attendre pour être les artisans d'avancées concrètes et immédiates.
Dans cet esprit et sans vouloir préjuger à l'avance de la rapidité des négociations, voyons que le processus ne pourra aller sérieusement de l'avant que si l'Europe se bâtit ensemble, et non à partir de la mise en concurrence qu'impliquent les conceptions ultra-libérales.
Voulons-nous une véritable Union des Nations d'Europe ou seulement un marché européen élargi au bénéfice des seuls marchés financiers?
Je souhaiterais ajouter une idée à laquelle je suis particulièrement attaché.
Dans ce moment particulier de la négociation, autour de la volonté que la Pologne prenne toute sa place dans la construction commune, je crois utile, fructueux et indispensable, outre le dialogue entre les gouvernements, celui entre sociétés et entre forces politiques de gauche.
Faire avancer l'Europe aujourd'hui exige de construire un dialogue ambitieux et pluriel entre toutes les forces qui sont attachées au progrès social.
C'est cette volonté qui nous anime en France à travers le travail engagé dans la majorité plurielle où participent notamment les communistes et les socialistes.
C'est cette volonté que nous voulons traduire en Europe avec le plus grand nombre possible de forces politiques et sociales qui doivent être plus que jamais partie prenante de ce dialogue.
C'est à partir de ce débat qui traverse, on le sait, l'ensemble de la gauche européenne que se créeront les conditions nouvelles d'une Europe unie. Comme communiste et comme responsable d'une force de gauche en France j'ai la conviction qu'un nouveau souffle ne pourra être donné à la construction européenne sans la participation active et le partenariat des forces et des intelligences de chacun des pays et notamment de ceux qui sont candidats à l'élargissement.
C'est le sens de cette visite et des rencontres que j'ai et j'aurai ici à Varsovie pendant ces deux jours.
(Source http://www.pcf.fr, le 17 janvier 2001)
Au moment où se poursuivent les négociations sur l'adhésion de la Pologne à l'Union européenne j'ai souhaité, comme responsable d'une formation politique qui participe au gouvernement de la France, chercher à mieux connaître la position des responsables polonais sur la situation avec la perspective de l'élargissement.
Je souhaite avant tout dialoguer, écouter et apprendre. C'est au peuple polonais et à ses dirigeants de dire comment ils abordent la négociation et ce qu'ils en attendent.
Je souhaite dans le même esprit saisir l'occasion qui m'est ici donnée de préciser notre vision de l'Europe quand de si grandes interrogations se manifestent sur le sens et le devenir de la construction européenne, et pas seulement en raison de l'élargissement.
Je considère pour ma part que réussir l'élargissement de l'Union européenne constitue sans doute un des plus grands défis de notre génération.
A travers ce processus, se dessine l'avenir du développement, de la sécurité et de la paix du continent.
L'élargissement soulève, nous le savons, des problèmes considérables et inédits. Par-delà la dimension institutionnelle et la négociation proprement dites, le débat sur l'élargissement est révélateur de la manière dont chacun aborde l'avenir de l'Union, et qu'on me permette d'ajouter - parce que c'est ma conviction - il est révélateur de la crise de sens que traverse l'Europe.
Si aujourd'hui la construction de l'Europe bute sur les défis soulevés par l'élargissement, ce n'est pas à mon sens fondamentalement en raison des problèmes institutionnels soulevés par la perspective d'une vision à 25 ou 30, même s'ils sont réels.
Je crois, plus profondément, que l'élargissement appelle de fait une refonte de la conception même de la construction de l'Union. L'Europe a besoin d'un nouveau souffle. Et ce souffle c'est celui d'un nouveau rapport aux attentes des peuples. Attentes sociales, attentes démocratiques.
La crise actuelle de l'Europe est avant tout la crise du modèle ultra-libéral, qui accorde la priorité de fait à la libre circulation des capitaux, à la constitution d'un marché unique.
Mais aujourd'hui, comment peut-on penser réussir l'élargissement de l'Union européenne, sans poser publiquement la question d'une nouvelle orientation de réformes tournant le dos à des choix ultra-libéraux qui sont à la source des problèmes actuels et qui sont de plus en plus contestés? Au fond, je suis persuadé que pour s'élargir, l'Union européenne doit changer elle-même.
Par ailleurs, je vois un deuxième élément au cur de cette crise. Et je le formule de la manière suivante. Serons-nous capables de dépasser réellement une conception héritée de la guerre froide? Cette question est posée avec force.
L'élargissement actuel ne bute-t-il pas en quelque sorte sur le fait qu'il se réduit à l'extension vers l'Est d'un ensemble qui a eu sa cohérence dans une Europe divisée par la guerre froide?
Ce qu'il faut, en démocratisant les institutions de l'Union actuelle pour la rendre plus proche des citoyens, c'est redéfinir dans un processus négocié les conditions de l'entrée dans l'Union, en considérant des pays comme la Pologne, moins comme des " candidats " que comme des partenaires.
Qu'il me soit permis ici, à Varsovie, à l'occasion de cette visite, de réaffirmer l'engagement sans réserve du Parti communiste français en faveur de la construction de l'Europe et pour sa réussite.
Une Europe sociale. Une Europe qui valorise les souverainetés et non pas qui les écrase. Une Europe qui se construit ensemble. Une Europe qui affirme les valeurs humanistes face à la pression des marchés financiers. Une Europe de la solidarité. Une Europe du partage.
Ce que sera l'Europe dans les décennies à venir peut faire l'objet de beaucoup de débats et de spéculations. Pour ma part, je milite pour une Union des Nations d'Europe, une union forte où personne ne peut prétendre dominer l'autre.
De ce point de vue, je suis de ceux qui refusent catégoriquement une Europe à deux vitesses.
Il y aura nécessairement des processus différenciés, des rythmes appropriés à chaque situation en raison notamment des différentiels économiques et sociaux, des réalités politiques et culturelles.
Mais pour moi les choses sont claires, la conception d'un agglomérat autour d'un " noyau dur ", ne peut à terme que susciter tensions et rejets.
Parce que justement le projet européen doit viser à ouvrir des espaces nouveaux de coopérations y compris à travers des institutions politiques, et non pas à dresser de nouveaux murs.
J'ai envie de dire à nos interlocuteurs des pays candidats, aux responsables politiques comme aux représentants de la société civile, aux citoyens: nous, pays et peuples de l'Union actuelle, avons besoin de vous, de votre expérience. Nous avons des choses à apprendre de vous. De votre acquis social, culturel, de vos attentes démocratiques, de votre besoin de liberté et de sécurité.
Parce que pour nous ce dont il s'agit c'est de construire ensemble l'Europe. Je dis bien ensemble.
Je crois aussi que pour importantes et décisives qu'elles soient le projet d'une Europe unie ne saurait se réduire à ses dimensions économiques. C'est pourquoi je tiens à insister sur l'importance du développement des relations culturelles, des efforts conjoints à mener et tout particulièrement entre la Pologne et la France pour permettre à nos cultures, aux créateurs, d'être eux aussi les acteurs d'une civilisation nouvelle, prenant ses racines dans l'histoire même de l'Europe, et pour permettre à chacun de nos pays de mieux être présent face aux défis globaux.
C'est dans cet esprit que j'ai exprimé le souhait devant l'Assemblée nationale à Paris que la présidence française soit l'occasion d'initiatives qui permettent de mieux associer, notamment à l'occasion du sommet de Nice, les chefs d'Etat et de gouvernement des pays candidats.
Le Parti communiste français avait à un moment donné avancé l'idée d'un Forum des nations d'Europe permettant d'associer les pays de l'Union européenne et les pays candidats. Nous en avons retrouvé l'esprit dans la Conférence européenne organisée à l'initiative de la France. Je souhaite maintenant que cette Conférence joue un plus grand rôle, en associant notamment les sociétés civiles, pour surmonter les obstacles et témoigne aux opinions de nos pays respectifs de cette volonté de construction réellement commune.
Pour témoigner de cette volonté ne faudrait-il pas en outre convenir ensemble d'un calendrier de l'élargissement avec la définition par exemple d'une date butoir? Cette question mérite d'être posée et examinée.
Pour garantir l'effectivité du processus, n'enfermons pas le débat à partir de plans préétablis ou d'ambitions si vastes, si générales et si lointaines qu'elles feraient ressembler l'Europe à une tour de Babel. Voyons ce qui peut nous rassembler sans attendre pour être les artisans d'avancées concrètes et immédiates.
Dans cet esprit et sans vouloir préjuger à l'avance de la rapidité des négociations, voyons que le processus ne pourra aller sérieusement de l'avant que si l'Europe se bâtit ensemble, et non à partir de la mise en concurrence qu'impliquent les conceptions ultra-libérales.
Voulons-nous une véritable Union des Nations d'Europe ou seulement un marché européen élargi au bénéfice des seuls marchés financiers?
Je souhaiterais ajouter une idée à laquelle je suis particulièrement attaché.
Dans ce moment particulier de la négociation, autour de la volonté que la Pologne prenne toute sa place dans la construction commune, je crois utile, fructueux et indispensable, outre le dialogue entre les gouvernements, celui entre sociétés et entre forces politiques de gauche.
Faire avancer l'Europe aujourd'hui exige de construire un dialogue ambitieux et pluriel entre toutes les forces qui sont attachées au progrès social.
C'est cette volonté qui nous anime en France à travers le travail engagé dans la majorité plurielle où participent notamment les communistes et les socialistes.
C'est cette volonté que nous voulons traduire en Europe avec le plus grand nombre possible de forces politiques et sociales qui doivent être plus que jamais partie prenante de ce dialogue.
C'est à partir de ce débat qui traverse, on le sait, l'ensemble de la gauche européenne que se créeront les conditions nouvelles d'une Europe unie. Comme communiste et comme responsable d'une force de gauche en France j'ai la conviction qu'un nouveau souffle ne pourra être donné à la construction européenne sans la participation active et le partenariat des forces et des intelligences de chacun des pays et notamment de ceux qui sont candidats à l'élargissement.
C'est le sens de cette visite et des rencontres que j'ai et j'aurai ici à Varsovie pendant ces deux jours.
(Source http://www.pcf.fr, le 17 janvier 2001)