Déclaration de Mme Marie-Josée Roig, ministre de la famille et de l'enfance, sur les disparitions d'enfants, Paris le 25 mai 2004.

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Circonstance : Signature d'une convention cadre avec l'association "SOS Enfants disparus" à l'occasion de la journée internationale des enfants disparus à Paris le 25 mai 2004

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
Le ministère de la Famille et de l'Enfance et le ministère de la Justice ont en commun de nombreux sujets, et c'est donc tout naturellement que nous nous retrouvons, mon cher collègue, pour signer conjointement une convention qui est l'aboutissement d'un fructueux travail entre nos services et les associations d'aide aux victimes et aux familles.
La disparition d'une personne, et la disparition d'un enfant en particulier, est toujours un traumatisme pour une famille, pour son entourage et pour l'ensemble de la société. Année après année, les chiffres se succèdent mais ne diminuent pas. En 2002, sur 42 000 personnes disparues signalées, près de 34 000 concernaient des fugues de mineurs. Près de 8 000 personnes étaient recherchées en tant que "disparitions inquiétantes" et, plus dramatiques encore, 627 de ces "disparitions inquiétantes" concernaient des mineurs.
Il ne m'appartient pas de définir ce terme de "disparitions inquiétantes" mais on pourrait étendre ce qualificatif à l'ensemble de fugues de mineurs, même si fort heureusement, les cessations de recherches interviennent dans un quart des cas dans les vingt quatre heures, et, dans près de deux tiers des cas, avant le mois qui suit la disparition.
Néanmoins, devant l'ampleur de ce phénomène, et à l'occasion de la Journée dédiée aux enfants disparus l'année dernière, un groupe de travail a été constitué pour que soit examinée sans a priori la situation des familles ayant un enfant disparu, enlevé ou fugueur.
Ce groupe de travail, animé conjointement par le directeur des affaires criminelles et des grâces et le délégué interministériel à la famille, a su s'appuyer sur les compétences de chacune et chacun d'entre vous, pour aboutir à un état des lieux précis et à des préconisations qui nous amènent à nous retrouver ici :
- Vos travaux ont mis l'accent sur la difficulté des familles à être informées sur les démarches engagées sur l'avancée des investigations durant cette période dramatique.
- Ils ont souligné l'importance du soutien psychologique à apporter à ces familles et à leur entourage en plein désarroi.
- Ils ont rappelé la nécessité d'y associer de façon plus rationnelle les associations spécialisées existantes encore trop peu connues du grand public.
C'est dans cet esprit que nous sommes ici pour instituer ce service national d'accueil téléphonique à destination des familles, le n° Azur "SOS enfants disparus", animé conjointement par la Fondation pour l'enfance et l'Institut National d'Aide aux Victimes et de Médiations (INAVEM). Ce numéro Azur permettra l'accompagnement de la famille par un référent unique qui recueillera l'ensemble des données relatives à la disparition, les informera de l'évolution des procédures et participera à la professionnalisation de la qualité de la réponse. Le service sera essentiellement destiné aux familles d'enfants disparus. Ses écoutants seront à même de réorienter les éventuels appels d'enfants fugueurs vers les services de téléphonie sociale spécifiques existant, je pense notamment au SNATEM, service national d'accueil téléphonique pour l'enfance maltraitée, au Fil santé - jeunes, et aux autres services d'accueil téléphonique compétents, dont certains représentants sont présents dans cette salle.
Il est du devoir de chacun d'entre nous de simplifier l'accueil téléphonique à destination des familles lors de ces moments dramatiques, et de les orienter vers les services compétents au bon moment. Ce dispositif y participe en associant de nombreuses associations de parents victimes.
C'est la raison pour laquelle je souhaite personnellement suivre avec vous tous la mise en place de ce numéro de téléphone.
Je veillerai tout particulièrement à ce que soit fait un bilan de son fonctionnement après quelques mois d'existence afin que nous puissions améliorer ce dispositif.
L'expérience et l'actualité montrent que dans ce domaine, celles et ceux que nous voulons combattre sont déterminés et n'hésitent pas à employer tous les moyens pour parvenir à leurs fins.
En tant que ministre de la Famille et de l'Enfance, je ne puis tolérer toutes violences faites à un enfant ainsi qu'à son entourage. Être sans nouvelles de son enfant sans savoir qu'elles sont les causes et les raisons de son absence, génèrent une souffrance intolérable.
J'ai bien conscience que ce qui nous réunit ce matin n'est qu'une étape et qu'il reste beaucoup à faire, mais sachez que vous trouverez toujours auprès de moi une écoute attentive et un soutien actif.
Merci encore pour la générosité et l'efficacité de l'action de chacun d'entre vous.



(Source http://www.famille.gouv.fr, le 26 mai 2004)