Texte intégral
Messieurs les ministres,
Mesdames et messieurs les chercheurs,
Aujourd'hui, dans le monde 40 millions de personnes sont atteintes du SIDA ou contaminées par le virus. Parmi celles-ci, 2,5 millions ont moins de 15 ans.
En 2003, 5 millions de personnes ont été contaminées dont 700.000 enfants de moins de 15 ans et 3 millions sont décédées du Sida dont 500.000 enfants de moins de 15 ans.
Chaque jour, 14.000 nouvelles personnes sont infectées par le virus. Plus de 95 % appartiennent à des groupes sociaux peu ou pas favorisés. 2.000 ont moins de 15 ans et les autres ont entre 15 et 49 ans. La moitié sont des femmes.
2. INEGALITES GEOGRAPHIQUES.
Parmi les 40 millions de personnes atteintes, plus de 26 millions sont en Afrique sub-saharienne, 600.000 en Europe de l'Ouest et 1 million en Amérique du Nord.
Plus de 3 millions de personnes sont contaminées par an en Afrique sub-saharienne, 35.000 en Europe de l'Ouest et 45.000 en Amérique du Nord.
Comme il a été récemment rappelé, lors de la conférence ministérielle de Dublin, le SIDA connaît aussi une inquiétante progression dans les Etats Baltes de l'Union européenne, dans l'Est de l'Europe (Russie, Ukraine, Belarus) et en Asie centrale, où 2 millions de personnes vivent avec le virus, et où on estime à 280.000 le nombre de nouvelles infections chaque année (dont 80% de moins de 30 ans).
3. LES LIMITES DES TRAITEMENTS.
L'investissement extrêmement important de la communauté scientifique depuis l'apparition de l'épidémie a permis non seulement de mieux connaître les mécanismes qui sous tendent la maladie, mais aussi de découvrir des traitements.
Ces traitements ont largement permis d'augmenter la survie des personnes même si leur efficacité n'est pas absolue. Ils ont trois limites importantes. Ils sont très contraignants à suivre. Ils sont parfois difficiles à supporter du fait des effets secondaires et enfin ils sont extrêmement coûteux ce qui rend leur accès difficile dans les pays les plus pauvres qui sont aussi les plus touchés.
4. LE VACCIN SIDA, UNE NECESSITE ABSOLUE.
Les scientifiques ont d'abord eu l'espoir de voir naître rapidement un vaccin. Mais ils ont déchanté. Les nombreux succès rencontrés dans la connaissance du VIH se révélèrent rapidement dépassés face au génie que ce virus déploie pour déjouer les pièges vaccinaux. Aujourd'hui, la recherche se heurte à de nombreuses difficultés techniques et à un manque cruel de moyens financiers. Mon collègue ici présent, François d'Aubert, ministre de la recherche, que je remercie tout particulièrement pour sa présence à nos côtés, pourra en témoigner tout à l'heure. Pourtant la nécessité d'un vaccin est plus que jamais d'actualité. Le nombre de contaminations, stabilisé dans les pays développés, ne cesse de croître dans les pays du en développement, mais aussi à l'Est de l'Europe (Russie, Ukraine, Belarus). Pour ces populations incapables d'acheter les très onéreux antirétroviraux, le vaccin est le seul salut.
5. LA RECHERCHE SUR LE VACCIN EN EUROPE.
Par rapport aux Etats-Unis, la recherche sur le vaccin en Europe est très performante, et je souhaiterai saluer ici ce matin les efforts que nos pays déploient pour soutenir les 8 responsables de programme de recherche qui nous font l'honneur de leur présence. Le professeur Michel Kazatchkine, directeur de l'ANRS en France, nous précisera tout à l'heure les derniers développements de leurs travaux. Malgré tout, nous le savons bien, la recherche d'un vaccin souffre d'être moins financée, d'être fragmentée et non coordonnée, alors même que nos pays sont à l'origine de plusieurs des candidats vaccin en cours de développement et en essais cliniques.. Plus de vingt produits vaccinaux sont développés actuellement en Europe. Les candidats vaccins développés par la recherche européenne sont à peu près au même stade de développement que les candidats vaccins développés dans d'autres programmes internationaux, en particulier aux Etats-Unis.
La recherche européenne souffre d'un manque de cohérence tant au plan scientifique que dans ses structures . La Commission européenne soutient la recherche et le développement de candidats vaccins, mais la nécessité de passer par un mécanisme d'appels d'offres plutôt que d'un programme de soutien pluriannuel rend plus fragiles les initiatives.
Ainsi, alors que plus d'un tiers des candidats vaccins actuellement en développement clinique dans le monde sont issus de la recherche européenne, 90 % des essais vaccinaux de phase I se déroulent aux Etats-Unis et les premiers essais de phase II pour les vaccins qui en sont à ce stade, se déroulent de manière systématique aux Etats-Unis.
Les chercheurs européens s'étaient inquiétés en 2000 des conséquences de l'absence de coordination et d'un véritable " agenda scientifique " de la recherche sur le vaccin en Europe et avaient, avec l'aide de la Commission Européenne, rédigé un document intitulé " Plan d'action européen pour un vaccin contre le VIH". Ce plan demandait à l'Europe de réserver des fonds pour permettre le financement d'essais cliniques phase II et, d'essais cliniques de phase III avec les pays en développement.
Depuis, j'aimerai saluer les efforts de la Commission européenne pour répondre à cet appel, et plus particulièrement Monsieur Quintana-Trias, à la direction de la recherche, qui a accepté de représenter ce matin les deux commissaires en charge du dossier. Les programmes du PCRD sont en effet indispensables à nos efforts, et ils ont en plus bénéficié de l'impulsion de l'initiative lancée par le vice-commissaire Pavel TELECKA, en septembre dernier, pour une stratégie européenne coordonnée de lutte contre le VIH-Sida, que la France soutient.
Mais tout, ces efforts concernent encore trop peu la recherche d'un vaccin.
C'est pourquoi les scientifiques européens viennent de réactualiser leur appel , dans lequel ils demandent que des priorités de financement soient consacrées aux candidats vaccins les plus avancés.
Le G8.
Pour sa part, le G8 vient d'inscrire la recherche sur le vaccin anti-Sida comme une priorité à soutenir (déclaration du G8 de Sea Island du 3 juin 2004) et de préciser son soutien à la " Global Vaccine Enterprise ", initiative lancée par des scientifiques et directeurs d'agences de recherche internationales. L'une des premières conséquences de la déclaration du G8 de Sea Island est l'organisation d'une conférence internationale sur le vaccin qui se tiendra après demain, le jeudi 21 octobre 2004, sous la présidence américaine du G8, à l'initiative du Département d'Etat.
Aucun de nous présent ce matin ne souhaite que l'Europe participe à cette conférence en position de faiblesse. Votre présence à tous ici en témoigne, et je vous remercie pour la rapidité de réaction à notre proposition : les efforts de recherche en Europe sont faibles au plan de l'investissement ; et ils sont fragmentés.
Je vous propose ce matin de doter les experts qui nous représenteront à Washington, tous présents autour de cette table, d'un mandat pour parler d'un front uni. Pour annoncer que désormais, l'Europe se structure pour répondre à cette priorité urgente et essentielle de la recherche dans l'objectif final de se doter d'un véritable agenda scientifique pour la recherche d'un vaccin, d'une structure de coordination de nos efforts, et de financements communs correspondants, en particulier pour les essais cliniques.
- Il est notamment essentiel d'harmoniser les choix des candidats vaccins afin qu'ils soient complémentaires entre Etats membres, et non rivaux, et de créer ensemble une masse critique permettant le développement d'essais cliniques en Europe.
- Il faut enfin mutualiser les résultats obtenus, afin d'accélérer les progrès en commun.
- Pour cela nous vous proposons de créer un réseau européen de recherche d'un vaccin et d'essais cliniques: ce réseau d'échange entre nos instituts de recherche aurait pour vocation de coordonner les efforts et de mutualiser les résultats. Il permettrait en outre d'optimiser l'utilisation des financements européens, par des actions communes.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 25 octobre 2004)
Mesdames et messieurs les chercheurs,
Aujourd'hui, dans le monde 40 millions de personnes sont atteintes du SIDA ou contaminées par le virus. Parmi celles-ci, 2,5 millions ont moins de 15 ans.
En 2003, 5 millions de personnes ont été contaminées dont 700.000 enfants de moins de 15 ans et 3 millions sont décédées du Sida dont 500.000 enfants de moins de 15 ans.
Chaque jour, 14.000 nouvelles personnes sont infectées par le virus. Plus de 95 % appartiennent à des groupes sociaux peu ou pas favorisés. 2.000 ont moins de 15 ans et les autres ont entre 15 et 49 ans. La moitié sont des femmes.
2. INEGALITES GEOGRAPHIQUES.
Parmi les 40 millions de personnes atteintes, plus de 26 millions sont en Afrique sub-saharienne, 600.000 en Europe de l'Ouest et 1 million en Amérique du Nord.
Plus de 3 millions de personnes sont contaminées par an en Afrique sub-saharienne, 35.000 en Europe de l'Ouest et 45.000 en Amérique du Nord.
Comme il a été récemment rappelé, lors de la conférence ministérielle de Dublin, le SIDA connaît aussi une inquiétante progression dans les Etats Baltes de l'Union européenne, dans l'Est de l'Europe (Russie, Ukraine, Belarus) et en Asie centrale, où 2 millions de personnes vivent avec le virus, et où on estime à 280.000 le nombre de nouvelles infections chaque année (dont 80% de moins de 30 ans).
3. LES LIMITES DES TRAITEMENTS.
L'investissement extrêmement important de la communauté scientifique depuis l'apparition de l'épidémie a permis non seulement de mieux connaître les mécanismes qui sous tendent la maladie, mais aussi de découvrir des traitements.
Ces traitements ont largement permis d'augmenter la survie des personnes même si leur efficacité n'est pas absolue. Ils ont trois limites importantes. Ils sont très contraignants à suivre. Ils sont parfois difficiles à supporter du fait des effets secondaires et enfin ils sont extrêmement coûteux ce qui rend leur accès difficile dans les pays les plus pauvres qui sont aussi les plus touchés.
4. LE VACCIN SIDA, UNE NECESSITE ABSOLUE.
Les scientifiques ont d'abord eu l'espoir de voir naître rapidement un vaccin. Mais ils ont déchanté. Les nombreux succès rencontrés dans la connaissance du VIH se révélèrent rapidement dépassés face au génie que ce virus déploie pour déjouer les pièges vaccinaux. Aujourd'hui, la recherche se heurte à de nombreuses difficultés techniques et à un manque cruel de moyens financiers. Mon collègue ici présent, François d'Aubert, ministre de la recherche, que je remercie tout particulièrement pour sa présence à nos côtés, pourra en témoigner tout à l'heure. Pourtant la nécessité d'un vaccin est plus que jamais d'actualité. Le nombre de contaminations, stabilisé dans les pays développés, ne cesse de croître dans les pays du en développement, mais aussi à l'Est de l'Europe (Russie, Ukraine, Belarus). Pour ces populations incapables d'acheter les très onéreux antirétroviraux, le vaccin est le seul salut.
5. LA RECHERCHE SUR LE VACCIN EN EUROPE.
Par rapport aux Etats-Unis, la recherche sur le vaccin en Europe est très performante, et je souhaiterai saluer ici ce matin les efforts que nos pays déploient pour soutenir les 8 responsables de programme de recherche qui nous font l'honneur de leur présence. Le professeur Michel Kazatchkine, directeur de l'ANRS en France, nous précisera tout à l'heure les derniers développements de leurs travaux. Malgré tout, nous le savons bien, la recherche d'un vaccin souffre d'être moins financée, d'être fragmentée et non coordonnée, alors même que nos pays sont à l'origine de plusieurs des candidats vaccin en cours de développement et en essais cliniques.. Plus de vingt produits vaccinaux sont développés actuellement en Europe. Les candidats vaccins développés par la recherche européenne sont à peu près au même stade de développement que les candidats vaccins développés dans d'autres programmes internationaux, en particulier aux Etats-Unis.
La recherche européenne souffre d'un manque de cohérence tant au plan scientifique que dans ses structures . La Commission européenne soutient la recherche et le développement de candidats vaccins, mais la nécessité de passer par un mécanisme d'appels d'offres plutôt que d'un programme de soutien pluriannuel rend plus fragiles les initiatives.
Ainsi, alors que plus d'un tiers des candidats vaccins actuellement en développement clinique dans le monde sont issus de la recherche européenne, 90 % des essais vaccinaux de phase I se déroulent aux Etats-Unis et les premiers essais de phase II pour les vaccins qui en sont à ce stade, se déroulent de manière systématique aux Etats-Unis.
Les chercheurs européens s'étaient inquiétés en 2000 des conséquences de l'absence de coordination et d'un véritable " agenda scientifique " de la recherche sur le vaccin en Europe et avaient, avec l'aide de la Commission Européenne, rédigé un document intitulé " Plan d'action européen pour un vaccin contre le VIH". Ce plan demandait à l'Europe de réserver des fonds pour permettre le financement d'essais cliniques phase II et, d'essais cliniques de phase III avec les pays en développement.
Depuis, j'aimerai saluer les efforts de la Commission européenne pour répondre à cet appel, et plus particulièrement Monsieur Quintana-Trias, à la direction de la recherche, qui a accepté de représenter ce matin les deux commissaires en charge du dossier. Les programmes du PCRD sont en effet indispensables à nos efforts, et ils ont en plus bénéficié de l'impulsion de l'initiative lancée par le vice-commissaire Pavel TELECKA, en septembre dernier, pour une stratégie européenne coordonnée de lutte contre le VIH-Sida, que la France soutient.
Mais tout, ces efforts concernent encore trop peu la recherche d'un vaccin.
C'est pourquoi les scientifiques européens viennent de réactualiser leur appel , dans lequel ils demandent que des priorités de financement soient consacrées aux candidats vaccins les plus avancés.
Le G8.
Pour sa part, le G8 vient d'inscrire la recherche sur le vaccin anti-Sida comme une priorité à soutenir (déclaration du G8 de Sea Island du 3 juin 2004) et de préciser son soutien à la " Global Vaccine Enterprise ", initiative lancée par des scientifiques et directeurs d'agences de recherche internationales. L'une des premières conséquences de la déclaration du G8 de Sea Island est l'organisation d'une conférence internationale sur le vaccin qui se tiendra après demain, le jeudi 21 octobre 2004, sous la présidence américaine du G8, à l'initiative du Département d'Etat.
Aucun de nous présent ce matin ne souhaite que l'Europe participe à cette conférence en position de faiblesse. Votre présence à tous ici en témoigne, et je vous remercie pour la rapidité de réaction à notre proposition : les efforts de recherche en Europe sont faibles au plan de l'investissement ; et ils sont fragmentés.
Je vous propose ce matin de doter les experts qui nous représenteront à Washington, tous présents autour de cette table, d'un mandat pour parler d'un front uni. Pour annoncer que désormais, l'Europe se structure pour répondre à cette priorité urgente et essentielle de la recherche dans l'objectif final de se doter d'un véritable agenda scientifique pour la recherche d'un vaccin, d'une structure de coordination de nos efforts, et de financements communs correspondants, en particulier pour les essais cliniques.
- Il est notamment essentiel d'harmoniser les choix des candidats vaccins afin qu'ils soient complémentaires entre Etats membres, et non rivaux, et de créer ensemble une masse critique permettant le développement d'essais cliniques en Europe.
- Il faut enfin mutualiser les résultats obtenus, afin d'accélérer les progrès en commun.
- Pour cela nous vous proposons de créer un réseau européen de recherche d'un vaccin et d'essais cliniques: ce réseau d'échange entre nos instituts de recherche aurait pour vocation de coordonner les efforts et de mutualiser les résultats. Il permettrait en outre d'optimiser l'utilisation des financements européens, par des actions communes.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 25 octobre 2004)