Texte intégral
Monsieur le Président,
I. La consolidation de la stabilité en Afghanistan et dans les Balkans fait partie des plus hautes priorités politiques de notre action dans l'année qui vient. Nous devons nous préoccuper que la contribution de l'OTAN soit adaptée à notre stratégie.
1. En Afghanistan, l'OTAN a pris le commandement de la Force internationale d'aide à la sécurité, la FIAS, à Kaboul au mois d'août. Nous avons ensuite décidé que la FIAS pourrait apporter un soutien aux Equipes régionales de reconstruction, les PRT, notamment celui de l'Allemagne à Kunduz. Nous avons enfin autorisé la possibilité, pour la FIAS, d'effectuer des déploiements temporaires hors de Kaboul.
Ces décisions importantes expriment notre volonté de faire réussir la stratégie de la communauté internationale pour laquelle l'année 2004 sera une date clé, avec les élections qui marquent l'aboutissement du processus politique défini à Bonn.
Ces objectifs sont ambitieux. Ils demanderont des moyens importants. Les autorités militaires de l'OTAN nous ont indiqué, en octobre, que si nous voulions étendre les missions de la Force, il faudrait que les alliés fournissent 9.000 à 11.000 hommes supplémentaires.
Cette évaluation préliminaire des besoins militaires doit nous conduire à nous interroger : sommes-nous prêts à engager les moyens nécessaires ? Surtout, n'infléchissons-nous pas, ce faisant, notre stratégie ?
La France, présente au sein de la FIAS depuis près de deux ans, entend maintenir son appui au processus de Bonn et maintiendra son contingent à Kaboul. Elle poursuivra également l'effort de formation de l'armée afghane que nous conduisons avec nos amis Américains.
Mais je crois nécessaire de marquer que notre action devra s'inscrire dans la logique de transfert des responsabilités aux autorités afghanes. C'est pourquoi la formation des Afghans doit être notre priorité. Notre stratégie ne doit pas être de se substituer aux Afghans pour assurer la sécurité du pays, elle doit demeurer de les aider à la prendre en charge eux-mêmes.
2. Autre théâtre sur lequel nous sommes engagés : les Balkans.
Depuis près de dix ans, l'ensemble de la communauté internationale et particulièrement l'OTAN s'est engagé pour rétablir la sécurité et stabiliser les Balkans. Les progrès ont été considérables, mais la situation demeure difficile. Il nous faut maintenir notre effort pour stabiliser la région et l'arrimer solidement à l'Europe.
Au Kosovo, il faut maintenir une présence militaire robuste tout en poursuivant la restructuration de la Force de manière à utiliser de façon plus efficace la présence militaire. Mon pays prendra le commandement de la KFOR en octobre 2004 et escompte que tous les participants maintiendront leurs efforts.
En Bosnie, il faut également poursuivre la restructuration de la SFOR et préparer le transfert des responsabilités à l'Union Européenne à la fin de l'opération SFOR. Nous pouvons nous féliciter du travail accompli sous l'égide de l'OTAN pour la restauration de la paix et de la stabilité dans ce pays. Une relève est désormais possible. Nous pensons toutefois que l'importance des enjeux justifie que la mission de l'Union qui succédera à la SFOR comporte un élément militaire significatif. Nous attendons que cet élément militaire soit organisé en coopération avec l'OTAN dans le cadre de "Berlin plus". Nous démontrerons ainsi les avantages concrets pour la sécurité en Europe d'une coopération fructueuse et confiante entre l'Union et l'OTAN.
La France pour sa part, maintiendra son engagement, actuellement de plus de 4.000 hommes, dans les Balkans et particulièrement au sein de la KFOR.
En Bosnie, comme au Kosovo, notre objectif doit être, là encore, de permettre aux autorités locales d'assurer leurs responsabilités sans se substituer à elles. L'accueil, le moment venu, de la Serbie et Monténégro et de la Bosnie-Herzégovine dans le cadre du partenariat pour la paix contribuera, je l'espère, à cette dynamique.
II. Monsieur le Président, Vous avez souhaité aussi évoquer la transformation de l'OTAN.
1. La France soutient ce processus de transformation lancé à Prague. Nous participons à la Force de réaction de l'OTAN, la NRF. Nous fournissons près du quart des moyens militaires engagés dans la NRF. Cette contribution témoigne de l'importance que nous attachons à ce que l'Alliance dispose des moyens de conserver sa pertinence face aux nouveaux défis que nous rencontrons.
Parallèlement, l'Alliance a engagé une réflexion sur l'adaptation de ses processus de décision. Je crois que, dans ce domaine, des améliorations techniques sont effectivement possibles, notamment pour permettre au Conseil d'apprécier plus rapidement une situation afin de prendre ses décisions.
Mais notre souci de rapidité et d'adaptation devra respecter les principes qui fondent notre Alliance et en font la valeur : le consensus et la solidarité entre les alliés d'une part, le primat de l'autorité politique pour définir le cadre de l'action militaire de l'autre.
2. Permettez-moi aussi, Monsieur le Président, d'évoquer, au titre de la transformation de l'OTAN, le développement de ses relations avec l'Union européenne.
L'Alliance, avec la mise en oeuvre des arrangements de "Berlin plus", a apporté son soutien au développement de la Politique européenne de sécurité et de défense, la PESD. Je souhaite réaffirmer, dans ce cadre, notre intention de faire progresser la PESD en harmonie avec notre engagement au sein de l'Alliance.
Notre effort, avec la négociation d'une Constitution pour l'Europe, doit permettre à l'Union de franchir une nouvelle étape. Dans celle-ci, comme avant, nous aurons à l'esprit de rester cohérents, à l'Union, avec les engagements que nous prenons à l'OTAN. En définitive, peut-il en être autrement si l'on se souvient que la grande majorité des membres de l'Union sont membres de l'OTAN, et vice-versa ?
Notre conviction est que l'Alliance, transformée par sa relation avec l'Union comme elle l'est par ses propres décisions, sera d'autant mieux à même d'affronter les défis d'aujourd'hui et de demain.
3. Le Sommet de l'Alliance à Istanbul sera nécessairement l'occasion pour nous de faire le bilan de notre action, mais aussi d'orienter celle-ci pour l'avenir. J'identifie pour ma part certaines priorités :
- La sécurité de l'Europe aujourd'hui doit s'appuyer sur un environnement stable. Nous l'avons mesuré dans les Balkans et y avons répondu. Nous devons aussi penser à notre zone de proximité immédiate, la Méditerranée. Nous y avons des partenaires de dialogue. Nous pourrions réfléchir avec eux aux défis que nous rencontrons et aux moyens d'y répondre ensemble, dans les domaines où l'OTAN apporte une valeur ajoutée.
- Les relations entre l'OTAN et l'Union européenne : la PESD, que la nouvelle Constitution développera, prendra aussi appui sur les arrangements conclus avec l'OTAN. La prochaine phase, avec la relève de la SFOR, sera dans le respect de l'autonomie de décision de l'OTAN et de l'Union, celle de la consolidation de cette coopération dans la gestion des crises. Istanbul pourrait être l'occasion de le manifester.
Monsieur le Président,
Permettez-moi enfin un dernier mot. Je ne pourrai malheureusement pas être des vôtres cet après-midi car je dois rejoindre le président de la République en visite d'Etat en Tunisie.
Je saisis donc cette occasion pour vous exprimer mes sincères remerciements pour votre action en tant que Secrétaire général et pour adresser à votre successeur, M. de Hoop Scheffer, mes meilleurs voeux de réussite.
Je vous remercie, Monsieur le Président.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 décembre 2003)
I. La consolidation de la stabilité en Afghanistan et dans les Balkans fait partie des plus hautes priorités politiques de notre action dans l'année qui vient. Nous devons nous préoccuper que la contribution de l'OTAN soit adaptée à notre stratégie.
1. En Afghanistan, l'OTAN a pris le commandement de la Force internationale d'aide à la sécurité, la FIAS, à Kaboul au mois d'août. Nous avons ensuite décidé que la FIAS pourrait apporter un soutien aux Equipes régionales de reconstruction, les PRT, notamment celui de l'Allemagne à Kunduz. Nous avons enfin autorisé la possibilité, pour la FIAS, d'effectuer des déploiements temporaires hors de Kaboul.
Ces décisions importantes expriment notre volonté de faire réussir la stratégie de la communauté internationale pour laquelle l'année 2004 sera une date clé, avec les élections qui marquent l'aboutissement du processus politique défini à Bonn.
Ces objectifs sont ambitieux. Ils demanderont des moyens importants. Les autorités militaires de l'OTAN nous ont indiqué, en octobre, que si nous voulions étendre les missions de la Force, il faudrait que les alliés fournissent 9.000 à 11.000 hommes supplémentaires.
Cette évaluation préliminaire des besoins militaires doit nous conduire à nous interroger : sommes-nous prêts à engager les moyens nécessaires ? Surtout, n'infléchissons-nous pas, ce faisant, notre stratégie ?
La France, présente au sein de la FIAS depuis près de deux ans, entend maintenir son appui au processus de Bonn et maintiendra son contingent à Kaboul. Elle poursuivra également l'effort de formation de l'armée afghane que nous conduisons avec nos amis Américains.
Mais je crois nécessaire de marquer que notre action devra s'inscrire dans la logique de transfert des responsabilités aux autorités afghanes. C'est pourquoi la formation des Afghans doit être notre priorité. Notre stratégie ne doit pas être de se substituer aux Afghans pour assurer la sécurité du pays, elle doit demeurer de les aider à la prendre en charge eux-mêmes.
2. Autre théâtre sur lequel nous sommes engagés : les Balkans.
Depuis près de dix ans, l'ensemble de la communauté internationale et particulièrement l'OTAN s'est engagé pour rétablir la sécurité et stabiliser les Balkans. Les progrès ont été considérables, mais la situation demeure difficile. Il nous faut maintenir notre effort pour stabiliser la région et l'arrimer solidement à l'Europe.
Au Kosovo, il faut maintenir une présence militaire robuste tout en poursuivant la restructuration de la Force de manière à utiliser de façon plus efficace la présence militaire. Mon pays prendra le commandement de la KFOR en octobre 2004 et escompte que tous les participants maintiendront leurs efforts.
En Bosnie, il faut également poursuivre la restructuration de la SFOR et préparer le transfert des responsabilités à l'Union Européenne à la fin de l'opération SFOR. Nous pouvons nous féliciter du travail accompli sous l'égide de l'OTAN pour la restauration de la paix et de la stabilité dans ce pays. Une relève est désormais possible. Nous pensons toutefois que l'importance des enjeux justifie que la mission de l'Union qui succédera à la SFOR comporte un élément militaire significatif. Nous attendons que cet élément militaire soit organisé en coopération avec l'OTAN dans le cadre de "Berlin plus". Nous démontrerons ainsi les avantages concrets pour la sécurité en Europe d'une coopération fructueuse et confiante entre l'Union et l'OTAN.
La France pour sa part, maintiendra son engagement, actuellement de plus de 4.000 hommes, dans les Balkans et particulièrement au sein de la KFOR.
En Bosnie, comme au Kosovo, notre objectif doit être, là encore, de permettre aux autorités locales d'assurer leurs responsabilités sans se substituer à elles. L'accueil, le moment venu, de la Serbie et Monténégro et de la Bosnie-Herzégovine dans le cadre du partenariat pour la paix contribuera, je l'espère, à cette dynamique.
II. Monsieur le Président, Vous avez souhaité aussi évoquer la transformation de l'OTAN.
1. La France soutient ce processus de transformation lancé à Prague. Nous participons à la Force de réaction de l'OTAN, la NRF. Nous fournissons près du quart des moyens militaires engagés dans la NRF. Cette contribution témoigne de l'importance que nous attachons à ce que l'Alliance dispose des moyens de conserver sa pertinence face aux nouveaux défis que nous rencontrons.
Parallèlement, l'Alliance a engagé une réflexion sur l'adaptation de ses processus de décision. Je crois que, dans ce domaine, des améliorations techniques sont effectivement possibles, notamment pour permettre au Conseil d'apprécier plus rapidement une situation afin de prendre ses décisions.
Mais notre souci de rapidité et d'adaptation devra respecter les principes qui fondent notre Alliance et en font la valeur : le consensus et la solidarité entre les alliés d'une part, le primat de l'autorité politique pour définir le cadre de l'action militaire de l'autre.
2. Permettez-moi aussi, Monsieur le Président, d'évoquer, au titre de la transformation de l'OTAN, le développement de ses relations avec l'Union européenne.
L'Alliance, avec la mise en oeuvre des arrangements de "Berlin plus", a apporté son soutien au développement de la Politique européenne de sécurité et de défense, la PESD. Je souhaite réaffirmer, dans ce cadre, notre intention de faire progresser la PESD en harmonie avec notre engagement au sein de l'Alliance.
Notre effort, avec la négociation d'une Constitution pour l'Europe, doit permettre à l'Union de franchir une nouvelle étape. Dans celle-ci, comme avant, nous aurons à l'esprit de rester cohérents, à l'Union, avec les engagements que nous prenons à l'OTAN. En définitive, peut-il en être autrement si l'on se souvient que la grande majorité des membres de l'Union sont membres de l'OTAN, et vice-versa ?
Notre conviction est que l'Alliance, transformée par sa relation avec l'Union comme elle l'est par ses propres décisions, sera d'autant mieux à même d'affronter les défis d'aujourd'hui et de demain.
3. Le Sommet de l'Alliance à Istanbul sera nécessairement l'occasion pour nous de faire le bilan de notre action, mais aussi d'orienter celle-ci pour l'avenir. J'identifie pour ma part certaines priorités :
- La sécurité de l'Europe aujourd'hui doit s'appuyer sur un environnement stable. Nous l'avons mesuré dans les Balkans et y avons répondu. Nous devons aussi penser à notre zone de proximité immédiate, la Méditerranée. Nous y avons des partenaires de dialogue. Nous pourrions réfléchir avec eux aux défis que nous rencontrons et aux moyens d'y répondre ensemble, dans les domaines où l'OTAN apporte une valeur ajoutée.
- Les relations entre l'OTAN et l'Union européenne : la PESD, que la nouvelle Constitution développera, prendra aussi appui sur les arrangements conclus avec l'OTAN. La prochaine phase, avec la relève de la SFOR, sera dans le respect de l'autonomie de décision de l'OTAN et de l'Union, celle de la consolidation de cette coopération dans la gestion des crises. Istanbul pourrait être l'occasion de le manifester.
Monsieur le Président,
Permettez-moi enfin un dernier mot. Je ne pourrai malheureusement pas être des vôtres cet après-midi car je dois rejoindre le président de la République en visite d'Etat en Tunisie.
Je saisis donc cette occasion pour vous exprimer mes sincères remerciements pour votre action en tant que Secrétaire général et pour adresser à votre successeur, M. de Hoop Scheffer, mes meilleurs voeux de réussite.
Je vous remercie, Monsieur le Président.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 décembre 2003)