Texte intégral
Permettez-moi de vous dire le très grand intérêt qu'a suscité pour moi la lecture du projet d'avis de M. Bouis.
J'y ai tout d'abord trouvé une convergence parfaite de vues avec les orientations défendues depuis des mois par la France à Bruxelles pour développer la relation stratégique entre l'Union européenne et la Russie.
J'y ai aussi trouvé toute l'expertise du Conseil économique et social mise à profit pour enrichir, par des propositions concrètes, le contenu de cette relation. C'est exactement le type de propositions dont nous avons besoin pour réussir le prochain rendez vous du Sommet UE-Russie programmé le 11 novembre prochain à la Haye.
La France a toujours considéré la Russie comme un partenaire essentiel et stratégique avec lequel il convenait de bâtir une relation privilégiée. Cet objectif est devenu aujourd'hui celui de l'Union européenne dans son ensemble.
Ceci tient, d'une part, aux rôles respectifs que jouent ces deux grands acteurs de la vie internationale dans un monde de plus en plus complexe. Ceci tient aussi au fait que la Russie est un voisin immédiat de l'Union européenne élargie, avec lequel nous nous devons de bâtir une "relation de voisinage" renforcée.
Comme vous le soulignez dans votre rapport, la relation entre l'Union européenne et la Fédération de Russie doit viser la construction d'un partenariat ambitieux, équilibré et réciproque, fondé sur le partage de valeurs communes, de la démocratie et du respect des Droits de l'Homme. Cette action doit être étroitement complémentaire avec celle du Conseil de l'Europe : l'une de nos priorités majeures est de renforcer l'intégration de la Russie au sein de cette enceinte.
En étroite concertation avec l'Allemagne, la France a joué un rôle moteur pour la construction de la relation entre l'Union européenne et la Russie :
- c'est une contribution de notre pays, en avril 2003, qui a largement posé les bases de cette relation, autour d'espaces communs dont le principe a été agréé au sommet historique de Saint Petersbourg, le 31 mai 2003. A cette occasion, l'Union européenne et la Russie ont décidé de donner un nouvel élan à leur coopération en créant quatre espaces communs de coopération dans le domaine économique, dans le domaine de la sécurité intérieure, dans celui de la sécurité et de la stabilité extérieure ainsi que dans le domaine de la recherche et de l'éducation.
- Nous avons détaillé le contenu de ces espaces dans un document conjoint avec l'Allemagne, remis à la Présidence, la Commission et les Etats membres le 8 mars dernier en vue de la préparation du Sommet de Moscou du 21 mai dernier.
Ce sommet a confirmé la dynamique constructive de dialogue entre les deux partenaires, amorcée par l'accord sur l'extension de l'accord de partenariat et de coopération aux dix nouveaux Etats membres au 1er mai 2004. Première parmi les membres de l'OMC, l'Union européenne a pu conclure avec la Russie un accord lui offrant la perspective d'entrer dans l'Organisation mondiale du Commerce. Témoignage de cette dynamique, nous avons enfin décidé d'agréer des programmes de mise en oeuvre pour chacun des quatre espaces d'ici le Sommet UE-Russie de la Haye le 11 novembre prochain.
Le cadre étant ainsi posé, il est temps, désormais, de construire ce partenariat stratégique sur des réalisations concrètes.
Dans la ligne de la proposition franco-allemande de mars dernier, les recommandations du Conseil économique et social permettent de progresser dans cette voie et nous seront très utiles pour les travaux en cours à Bruxelles. Permettez-moi de mentionner quelques points.
Il est essentiel de renforcer notre coopération dans le domaine de l'énergie dans le cadre de l'Espace économique commun. C'est dans l'intérêt commun des deux partenaires. C'est un domaine d'excellence pour les industries françaises et nous pourrons bénéficier d'une sécurisation de nos approvisionnements en énergie.
Vous évoquez également l'importance des défis environnementaux à l'échelle de notre planète et le rôle moteur que la Russie et l'Union européenne doivent jouer dans ce domaine. La ratification de la Russie conditionne l'entrée en vigueur du Protocole de Kyoto. Pour ce faire, l'Union européenne ne doit ménager aucun effort pour démontrer à son partenaire l'intérêt qu'il pourrait trouver à cette ratification et les perspectives que celle-ci offrirait pour la modernisation de l'économie russe et de son secteur énergétique. La France fait son possible pour que les signes positifs émis par le président Poutine dans ce sens lors du Sommet de Moscou du 21 mai dernier, se concrétisent rapidement.
Le domaine environnemental est également un élément essentiel de ce que l'on appelle la Dimension septentrionale de l'Union européenne. Dans ce cadre, la conclusion par l'Union et la Russie, le 21 mai 2003, d'un accord sur le programme multilatéral environnemental et nucléaire en Russie, nous ouvre des perspectives particulièrement importantes en matière de sûreté nucléaire. Ce programme vise à fédérer les projets de protection de l'environnement concernant les anciennes bases de sous-marins russes, la gestion de leurs combustibles usés et des déchets radioactifs, en particulier dans le Nord-Ouest de la Russie. C'est un sujet très sensible pour nos voisins du Nord, je m'en suis entretenu longuement hier avec mon homologue norvégien qui souhaite, comme nous le souhaitons, une intensification de la coopération dans ce domaine.
Il nous tient également à coeur d'intensifier liens entre les sociétés russes et européennes en facilitant la circulation de nos concitoyens, en multipliant les échanges d'étudiants, de chercheurs mais aussi d'intellectuels et d'artistes. Il est important, en effet, que ce partenariat implique et engage pleinement nos populations et nos sociétés civiles pour permettre le dialogue des cultures et permettre l'établissement d'une grande Europe du savoir et de la tolérance.
Enfin, la France a récemment conclu avec la Russie un accord en vue d'assouplir les conditions d'octroi des visas entre nos deux pays. Cet accord peut inspirer les négociations entre l'Union européenne et la Russie qui devraient s'engager avant la fin de cette année afin de faciliter la circulation des personnes et d'encourager ainsi les échanges entre les deux partenaires. Cette démarche illustre la coopération dans le domaine de la justice, de la lutte contre le crime organisé et de la maîtrise des flux migratoires. Dans cette perspective, nous souhaitons voir rapidement aboutir les négociations UE-Russie sur l'accord de réadmission.
Dans tous ces domaines, le rapport de M. Bouis apporte une expertise et contribution extrêmement utiles dont le gouvernement français ne manquera pas de s'inspirer pour rester "en initiative" et alimenter les réflexions à Bruxelles, afin de contribuer au succès du sommet du 11 novembre prochain
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 juillet 2004)
J'y ai tout d'abord trouvé une convergence parfaite de vues avec les orientations défendues depuis des mois par la France à Bruxelles pour développer la relation stratégique entre l'Union européenne et la Russie.
J'y ai aussi trouvé toute l'expertise du Conseil économique et social mise à profit pour enrichir, par des propositions concrètes, le contenu de cette relation. C'est exactement le type de propositions dont nous avons besoin pour réussir le prochain rendez vous du Sommet UE-Russie programmé le 11 novembre prochain à la Haye.
La France a toujours considéré la Russie comme un partenaire essentiel et stratégique avec lequel il convenait de bâtir une relation privilégiée. Cet objectif est devenu aujourd'hui celui de l'Union européenne dans son ensemble.
Ceci tient, d'une part, aux rôles respectifs que jouent ces deux grands acteurs de la vie internationale dans un monde de plus en plus complexe. Ceci tient aussi au fait que la Russie est un voisin immédiat de l'Union européenne élargie, avec lequel nous nous devons de bâtir une "relation de voisinage" renforcée.
Comme vous le soulignez dans votre rapport, la relation entre l'Union européenne et la Fédération de Russie doit viser la construction d'un partenariat ambitieux, équilibré et réciproque, fondé sur le partage de valeurs communes, de la démocratie et du respect des Droits de l'Homme. Cette action doit être étroitement complémentaire avec celle du Conseil de l'Europe : l'une de nos priorités majeures est de renforcer l'intégration de la Russie au sein de cette enceinte.
En étroite concertation avec l'Allemagne, la France a joué un rôle moteur pour la construction de la relation entre l'Union européenne et la Russie :
- c'est une contribution de notre pays, en avril 2003, qui a largement posé les bases de cette relation, autour d'espaces communs dont le principe a été agréé au sommet historique de Saint Petersbourg, le 31 mai 2003. A cette occasion, l'Union européenne et la Russie ont décidé de donner un nouvel élan à leur coopération en créant quatre espaces communs de coopération dans le domaine économique, dans le domaine de la sécurité intérieure, dans celui de la sécurité et de la stabilité extérieure ainsi que dans le domaine de la recherche et de l'éducation.
- Nous avons détaillé le contenu de ces espaces dans un document conjoint avec l'Allemagne, remis à la Présidence, la Commission et les Etats membres le 8 mars dernier en vue de la préparation du Sommet de Moscou du 21 mai dernier.
Ce sommet a confirmé la dynamique constructive de dialogue entre les deux partenaires, amorcée par l'accord sur l'extension de l'accord de partenariat et de coopération aux dix nouveaux Etats membres au 1er mai 2004. Première parmi les membres de l'OMC, l'Union européenne a pu conclure avec la Russie un accord lui offrant la perspective d'entrer dans l'Organisation mondiale du Commerce. Témoignage de cette dynamique, nous avons enfin décidé d'agréer des programmes de mise en oeuvre pour chacun des quatre espaces d'ici le Sommet UE-Russie de la Haye le 11 novembre prochain.
Le cadre étant ainsi posé, il est temps, désormais, de construire ce partenariat stratégique sur des réalisations concrètes.
Dans la ligne de la proposition franco-allemande de mars dernier, les recommandations du Conseil économique et social permettent de progresser dans cette voie et nous seront très utiles pour les travaux en cours à Bruxelles. Permettez-moi de mentionner quelques points.
Il est essentiel de renforcer notre coopération dans le domaine de l'énergie dans le cadre de l'Espace économique commun. C'est dans l'intérêt commun des deux partenaires. C'est un domaine d'excellence pour les industries françaises et nous pourrons bénéficier d'une sécurisation de nos approvisionnements en énergie.
Vous évoquez également l'importance des défis environnementaux à l'échelle de notre planète et le rôle moteur que la Russie et l'Union européenne doivent jouer dans ce domaine. La ratification de la Russie conditionne l'entrée en vigueur du Protocole de Kyoto. Pour ce faire, l'Union européenne ne doit ménager aucun effort pour démontrer à son partenaire l'intérêt qu'il pourrait trouver à cette ratification et les perspectives que celle-ci offrirait pour la modernisation de l'économie russe et de son secteur énergétique. La France fait son possible pour que les signes positifs émis par le président Poutine dans ce sens lors du Sommet de Moscou du 21 mai dernier, se concrétisent rapidement.
Le domaine environnemental est également un élément essentiel de ce que l'on appelle la Dimension septentrionale de l'Union européenne. Dans ce cadre, la conclusion par l'Union et la Russie, le 21 mai 2003, d'un accord sur le programme multilatéral environnemental et nucléaire en Russie, nous ouvre des perspectives particulièrement importantes en matière de sûreté nucléaire. Ce programme vise à fédérer les projets de protection de l'environnement concernant les anciennes bases de sous-marins russes, la gestion de leurs combustibles usés et des déchets radioactifs, en particulier dans le Nord-Ouest de la Russie. C'est un sujet très sensible pour nos voisins du Nord, je m'en suis entretenu longuement hier avec mon homologue norvégien qui souhaite, comme nous le souhaitons, une intensification de la coopération dans ce domaine.
Il nous tient également à coeur d'intensifier liens entre les sociétés russes et européennes en facilitant la circulation de nos concitoyens, en multipliant les échanges d'étudiants, de chercheurs mais aussi d'intellectuels et d'artistes. Il est important, en effet, que ce partenariat implique et engage pleinement nos populations et nos sociétés civiles pour permettre le dialogue des cultures et permettre l'établissement d'une grande Europe du savoir et de la tolérance.
Enfin, la France a récemment conclu avec la Russie un accord en vue d'assouplir les conditions d'octroi des visas entre nos deux pays. Cet accord peut inspirer les négociations entre l'Union européenne et la Russie qui devraient s'engager avant la fin de cette année afin de faciliter la circulation des personnes et d'encourager ainsi les échanges entre les deux partenaires. Cette démarche illustre la coopération dans le domaine de la justice, de la lutte contre le crime organisé et de la maîtrise des flux migratoires. Dans cette perspective, nous souhaitons voir rapidement aboutir les négociations UE-Russie sur l'accord de réadmission.
Dans tous ces domaines, le rapport de M. Bouis apporte une expertise et contribution extrêmement utiles dont le gouvernement français ne manquera pas de s'inspirer pour rester "en initiative" et alimenter les réflexions à Bruxelles, afin de contribuer au succès du sommet du 11 novembre prochain
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 juillet 2004)