Déclaration et conférence de presse de M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, sur les relations franco-tanzaniennes et sur les questions africaines, Dar-es-Salam le 13 janvier 2000.

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Circonstance : Voyage de M. Charles Josselin en Tanzanie les 12 et 13, en Ouganda le 14, et dans le Rwanda le 15 janvier 2000-inauguration des nouveaux locaux de l'Alliance française à Dar-es-Salam le 13 janvier 2000

Texte intégral

Déclaration à l'Alliance française de Dar-es-Salam :
Madame la Présidente,
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Président de l'Alliance,
Messieurs les Ambassadeurs,
Monsieur l'Ambassadeur de France,
Distingués invités,
Mesdames, Messieurs, chers Amis,
L'année prochaine, l'Alliance française de Dar-es-Salam fêtera le quarantième anniversaire de sa création. Son entrée dans l'an 2000 est donc marquée par un événement important : son installation, en avril, dans de nouveaux locaux dont j'ai pu vérifier qu'ils vont représenter certainement une très belle réussite architecturale et offrir à l'Alliance toute la fonctionnalité, gage de son efficacité.
Ce déménagement était devenu nécessaire. Il a été rendu possible grâce aux efforts conjugués des gouvernements tanzaniens et français. Le gouvernement de la République unie de Tanzanie a bien voulu mettre à disposition de l'Alliance ce terrain. La France, quant à elle, a financé la construction du bâtiment.
Au nom du gouvernement français, je souhaite d'abord présenter mes remerciements très chaleureux au gouvernement tanzanien et à l'ensemble des personnalités qui, en Tanzanie, ont soutenu ce projet.
Mes remerciements vont en particulier à Madame Anne Mkapa qui nous fait l'honneur d'être ici parmi nous. Amie de la France, vous avez, Madame, beaucoup uvré pour l'Alliance française dont vous avez été la secrétaire du comité de 1994 à 1996. Depuis, vous avez toujours été attentive aux besoins de cette institution et je vous renouvelle, Madame, l'expression de notre gratitude et j'ose espérer que vous pourrez une fois de plus, honorer de votre présence la cérémonie d'inauguration officielle des nouveaux locaux qui aura lieu le 8 avril prochain.
Monsieur le Président, je suis très sensible à votre invitation d'être à vos côtés pour l'inauguration le 8 avril mais vous comprendrez que je ne veuille pas prendre d'engagement sauf celui qu'un ministre français reviendra certainement visiter l'Alliance française avant 39 ans.
Encore que si j'observe le rythme de mes voyages en Tanzanie, j'y étais en novembre, j'y suis en janvier, si je devais garder le même rythme, je serai obligé d'être là en avril.
Laissez-moi vous dire tout de même l'envie que j'ai de pouvoir revenir dans votre pays avec un agenda peut-être un peu plus détendu qui me permettrait de profiter mieux des paysages, de l'atmosphère de la Tanzanie. Ce que j'en connais déjà me fait obligation de revenir.
Je veux bien sûr saluer particulièrement le Président Monsieur Valentine Karugaba et chacun des membres de son comité dont le dévouement, la disponibilité, la persévérance méritent d'être soulignés.
Et bien que ceci n'ait pas été prévu sur le papier qui a été préparé avec sa participation, on comprendra que j'associe à ces compliments Jacques Migozzi, dont je sais avec quel empressement il a porté ce projet.
Je suis heureux de voir que le nouveau bâtiment, en plus des salles de classes, disposera d'un centre de documentation sur la France contemporaine, sur la Tanzanie contemporaine. Il sera aussi un lieu de convivialité associant les activités d'un restaurant français, prévu à l'étage supérieur avec une vue imprenable sur le golf et la mer mais aussi des animations culturelles puisque la salle proche de celle-ci, offre un volume qui en fait une des grandes salles de Dar-es-Salam.
Car la spécificité de l'Alliance française ce sera précisément cette très grande salle qui va permettre d'accueillir des expositions d'uvres originales d'artistes français et internationaux, mais qui sera tout naturellement un outil professionnel au service de la promotion des artistes de Tanzanie et d'Afrique.
Ainsi équipée, l'Alliance française de Dar-es-Salam pourra, avec le soutien constant du gouvernement français, remplir ses missions essentielles que je me permets de rappeler :
- la promotion des échanges artistiques et culturels,
- la professionnalisation du secteur culturel et artistique en Tanzanie même,
- et bien sûr, l'enseignement du français.
L'Alliance française enrichira le paysage culturel et éducatif de Dar-es-Salam. C'est dans notre esprit un outil de coopération.
Mais surtout je forme le vu qu'avec votre concours et votre constante attention, cette Alliance inscrite dans la vie de cette capitale, soit un trait d'union entre nos sociétés : nous voulons mieux nous connaître, nous voulons mieux nous apprécier, nous voulons davantage nous parler et apprendre les uns et des autres.
Cette Alliance, comme son nom en témoigne, se veut un espace de compréhension, de connaissance mutuelle et d'amitié. En vous remerciant à nouveau des attentions dont vous l'entourez, je souhaite bonne chance à la nouvelle Alliance française de Dar-es-Salam, acteur essentiel des relations entre nos deux pays.
Et pour témoigner des progrès fulgurants que j'ai fait en swahili, je conclurai par :
Asante sana./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 janvier 2000)
Conférence de presse :
Mesdames et Messieurs,
Je suis venu à Dar-es-Salam au mois de novembre, pour représenter la France aux funérailles de Julius Nyerere. J'avais à cette occasion pris l'engagement de revenir, cette fois pour un dialogue plus soutenu avec les autorités tanzaniennes, et j'avais plusieurs bonnes raisons pour souhaiter ce dialogue.
La première c'est la volonté de la France de s'intéresser davantage à cette région d'Afrique. Nous avons profondément modifié notre dispositif de coopération afin d'ouvrir celle-ci en direction de l'ensemble des pays africains. Elle était jusqu'à présent presque exclusivement orientée vers les pays de l'Afrique francophone. La Tanzanie représente, à nos yeux, un partenaire important car elle est à la charnière de l'Afrique de l'Est et de l'Afrique du Sud, elle est ouverte sur l'Océan indien dans lequel la France a des centres d'intérêt en particulier à cause de la présence de La Réunion.
Nous n'oublions pas non plus le rôle que la Tanzanie a joué, dans une période plus ancienne, lorsqu'elle accueillait un nombre important de représentants des élites africaines devenus, pour un certain nombre d'entre eux aujourd'hui, des responsables politiques des pays de la région; et le réseau d'amitiés que Julius Nyerere a su tisser et dont j'ai pu avoir témoignage lors des hommages qui ont été rendus à l'occasion de ses funérailles, me paraît représenter pour la Tanzanie un atout très important au plan diplomatique.
Enfin, la Tanzanie offre un exemple de stabilité et de paix dans une région qui, malheureusement, continue d'être traversée par des conflits particulièrement douloureux et par une instabilité qui met en danger presque tout le continent africain. Je sais le rôle que la Tanzanie a déjà joué dans la recherche de solutions aux conflits : je pense au processus d'Arusha - pour ce qui concerne le Burundi -, je pense à la présence, à Arusha encore, du Tribunal pénal international. Pour témoigner l'intérêt de la France dans les processus de paix qui se mettent en place, il est bien normal que je commence par la Tanzanie. Vous savez que je me rends demain matin à Arusha, demain après-midi à Kampala où j'ai prévu de rencontrer le président Museveni et j'irai samedi à Kigali où un rendez-vous est prévu avec Paul Kagame. Je rappelle qu'au mois de novembre, j'avais rencontré le major Buyoya à Bujumbura avant de rencontrer Laurent Désiré Kabila à Kinshasa. Mon voyage s'inscrit, en outre, dans une actualité très marquée par la rencontre, aujourd'hui même, à Kampala des chefs d'Etat concernés par la question des Grands Lacs en attendant qu'une rencontre à New York au mois de janvier, réunisse, là encore, des chefs d'Etat avec l'ambition de faire avancer le processus de paix.
Ce matin, j'ai rencontré le président Mkapa, le ministre des Affaires étrangères, celui des Finances, celui de la Défense, nous avons donc bien sûr parlé du renforcement de la coopération entre la Tanzanie et la France mais nous avons, bien sûr, parlé de la situation de la région et des espoirs qui sont les nôtres, des difficultés que nous voyons dans la mise en uvre des accords de Lusaka, nous avons aussi évoqué l'idée de cette conférence des Grands Lacs, que la France a proposée voilà déjà plusieurs années, qui nous paraît toujours nécessaire, à laquelle un nombre croissant d'acteurs de la crise semble se rallier mais qui évidemment n'a de sens que si les Africains eux-mêmes souhaitent cette conférence.
Je rappelle simplement que dans notre esprit, cette conférence, qui ne doit en aucun cas retarder la mise en uvre ni des accords de Lusaka, ni du processus d'Arusha, doit permettre de prendre en compte l'ensemble des problèmes qui, aujourd'hui, divisent cette région, qu'il s'agisse de la paix, de la sécurité de chaque pays, qu'il s'agisse de la situation des réfugiés, qu'il s'agisse des questions de désarmement et qu'il s'agisse aussi des questions de développement et de démocratie.
Voilà le message, qu'au nom du gouvernement français, je voulais faire passer à mes interlocuteurs, c'est le même message que je ferai passer, demain et après-demain, aux responsables ougandais et rwandais et c'est le message que les représentants français à New York exprimeront également.
Vous savez que la France a déjà concrétisé sa volonté de participer à cette pacification en finançant la commission mixte militaire prévue par les accords de Lusaka et qu'elle entend prendre toutes ses responsabilités dans les décisions qui sont susceptibles d'être prises dans les conférences qui se préparent.
Voilà ce que je voulais vous dire.
Je vous remercie d'être venus à cette invitation que l'ambassadeur Migozzi et moi-même vous avons adressé; je signale simplement que je suis venu accompagné d'une délégation qui comprend à la fois des collaborateurs de mon cabinet, du cabinet de M. Védrine, des services des Affaires étrangères et un certain nombre de vos confrères, journalistes français mais aussi de deux parlementaires français qui sont dans la salle et dont la présence témoigne aussi de l'intérêt que l'opinion française attache à cette région d'Afrique.
Voilà, maintenant si vous le voulez, je suis prêt à répondre à vos questions.
Q - Sur l'attitude des bailleurs de fonds vis-à-vis de la Tanzanie, leur " lassitude " et les raisons du déclin des échanges franco-tanzaniens ; la coopération franco-tanzanienne en matière de surveillance côtière ; la place du Kenya dans l'intérêt de la France pour l'Afrique de l'Est
R - Alors, je commencerai par la troisième question. J'ai commis un oubli dont je vous demande pardon. Lors de mon voyage en novembre, j'avais commencé par Nairobi, j'avais rencontré le président Arap Moï et un certain nombre de ses ministres. Nous n'entendons pas oublier le Kenya.
S'agissant de la seconde question sur les garde-côtes, nous l'avons en effet évoqué ; j'ai non seulement proposé que l'expertise française soit mobilisée si les Tanzaniens le souhaitent, pour réfléchir à l'organisation de la sécurité des côtes mais aussi de la sécurité de la navigation sur le lac Victoria, étant entendu que cette question pourrait s'imaginer dans le cadre de l'EAC.
En ce qui concerne la première question, il est exact que les bailleurs de fonds souhaitent que l'aide publique au développement soit utilisée avec une plus grande efficacité. C'est vrai du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, c'est vrai aussi des instances européennes. Vous n'êtes pas sans savoir que le principal instrument financier par lequel se développe la solidarité européenne, en direction de l'Afrique en particulier, c'est le Fonds européen de développement. Ce fonds fait l'objet de discussions à l'occasion du renouvellement de la convention de Lomé qui organise les relations entre les pays ACP et l'Europe. Un accord devrait intervenir sur le montant du prochain fonds de développement qui devrait porter sur les périodes 2000 - 2007. La part de la France dans ce Fonds européen de développement est de 24,3%, ce qui en fait le premier contributeur européen, très au-delà de notre participation habituelle au financement européen qui se situe aux environs de 18 %. Nous observons, par exemple, que le dernier fonds n'a pas été consommé autant que nous l'espérions, par manque de capacité d'absorption des pays africains vis à vis des aides qui leur sont ainsi offertes.
Vous savez que la France va présider l'Union européenne à compter du 1er juillet de l'an 2000. D'ores et déjà, nous nous y préparons et nous participons à ce qu'on appelle la troïka aux côtés des Portugais qui actuellement la préside et des Finlandais qui la présidaient hier. Et nous comptons mettre à contribution cette année 2000 pour améliorer les procédures et accroître l'efficacité de ces procédures.
En ce qui concerne la relation bilatérale entre la France et la Tanzanie, nous comprenons bien volontiers qu'elle ne se situe pas à un niveau satisfaisant. Un certain nombre d'entreprises françaises sont présentes, parfois en joint venture avec des compagnies tanzaniennes ; elles ont, pour certaines d'entre elles, participé aux privatisations, d'autres sont candidates à de futures privatisations, et ce matin nous sommes convenus avec le ministre des Finances d'encourager davantage les entreprises françaises à s'intéresser à la Tanzanie. La présence de l'Agence française de développement, qui est l'opérateur en la matière et dont la directrice est présente, opérateur important, non seulement en ce qui concerne l'aide publique mais aussi les participations privées, doit aider cette consolidation de la présence économique française en Tanzanie. Nous sommes également attentifs aux efforts que le gouvernement ou les gouvernants tanzanien développent pour améliorer leur propre procédure, réduire les pratiques peut-être excessivement bureaucratiques et qui, jusqu'à présent, ont parfois freiné non seulement l'investissement français mais aussi l'investissement européen en général.
Voilà les réponses que je voulais faire. En tout cas, vous aurez compris que la France souhaite s'impliquer davantage dans le développement de la Tanzanie.
Q - Quel est le but de votre visite à Kigali ?
R - Je vais au Rwanda davantage pour parler d'avenir que du passé. Mais je n'oublie pas les souffrances que le peuple rwandais a subis au cours de ces années douloureuses. Je sais les reproches faits à la France, je sais les reproches faits à d'autres pays, à d'autres institutions, mais si je peux exprimer des sentiments de compassion vis-à-vis de toutes les victimes du génocide, c'est, je le répète pour parler avec les Rwandais des chances de paix dans cette région. J'espère que les responsables rwandais que je rencontrerai sont dans les mêmes dispositions.
Q - Quelle est la position de la France sur le projet de réforme constitutionnelle en Côte d'Ivoire ?
R - Je ne vais pas a priori interdire toute modification de la Constitution. Je connais des constitutions qui ont besoin d'être améliorées et la France a, au fil de son histoire, modifié sa propre constitution. Mais nous l'avons fait de manière démocratique, faisant en sorte que tous les acteurs de la vie politique participent à cette modification et en faisant en sorte que la modification de la constitution soit sanctionnée par un vote démocratique.
La seconde réponse est que nous condamnons les coups d'Etat, les coups de force car nous considérons que ce n'est pas le mode de transmission du pouvoir qu'il faut soutenir, même si certains coups d'Etat ou certains coup de force sont moins douloureux et moins générateurs de violence que d'autres et nous préférons que les militaires participent à la sécurité plutôt qu'à la vie politique.
Q - Quels sont vos commentaires sur le coup d'Etat en Côte d'Ivoire qui a renversé le despote Bedié ?
R - Ce ne sont pas les constitutions qui le plus souvent sont mauvaises, c'est la manière de les appliquer.
S'agissant de la Côte d'Ivoire, je ne crois pas que le qualificatif de despote soit le mieux approprié en ce qui concerne le président Bédié. Il a commis des erreurs, mal apprécié une situation sociale et économique difficile, il n'a pas su empêcher, lui non plus, la corruption et il a surtout eu le tort de créer les conditions d'un conflit autour du concept "d'ivoirité" qui portait en lui tous les dangers.
S'agissant du processus démocratique dans les pays en développement, ceci ne doit pas servir d'excuse mais les pays occidentaux ont mis du temps avant de l'apprivoiser. Il est possible aussi que nos modèles démocratiques n'étaient pas, ne sont pas forcément toujours applicables, transposables à des réalités historiques, sociales, ethniques bien particulières. Mais, je voudrais vous dire la volonté des pays européens, en particulier, et sous la pression d'une société civile qui est elle-même de plus en plus exigeante, de promouvoir davantage ce qu'on appelle la bonne gouvernance et de lutter plus efficacement contre la corruption, et je peux vous dire que le thème de la bonne gouvernance aura été un des thèmes centraux du dialogue ACP/Europe, à l'occasion du renouvellement de la Convention de Lomé. Il a été convenu que la corruption pourrait justifier la suspension de l'aide européenne, même si la suspension de l'aide peut parfois, malheureusement, s'appliquer à des crédits dont les sociétés civiles ont besoin, et je pense en particulier à la lutte contre la pauvreté, et la France essaie, chaque fois qu'elle le peut, de préserver, même en cas de suspension de l'aide aux Etats, de préserver l'aide aux populations. Et pour en revenir au processus démocratique, nous sommes convaincus qu'il ne suffit pas de parler de concept, il faut entrer dans le détail de la pratique démocratique. La question du statut de l'opposition, la relation du politique avec l'argent, le statut des anciens dirigeants, sont des questions qu'il faut être capable de poser.
Je vais vous donner un exemple, Monsieur l'Ambassadeur me pardonnera, nous avons des invités qui nous attendent mais il y a ici deux députés, j'ai moi-même été député pendant 25 ans.
Il n'y a pas dans nos permanences, des électeurs qui viennent se plaindre et nous demander de l'aide. Mais le député français se voit demander par son électeur une intervention auprès d'un organisme social qui lui va donner de l'argent à l'électeur. Il m'est arrivé de donner mon argent personnel quelquefois pour faire face à des situations d'urgence mais ceci arrive très rarement. Le député africain, lui, se voit demander directement de l'argent, parce qu'il n'existe pas d'organismes sociaux susceptibles d'apporter l'aide dont les citoyens ont besoin. Il ne faut pas que ceci serve d'excuse à toutes les corruptions mais c'est une réalité dont il faut être capable de parler aussi.
Q - (inaudible)
R - Voilà plusieurs questions. La France participera à la mise en place de l'opération de maintien de la paix dès lors qu'elle se fait sous l'égide des Nations unies. En tout état de cause ceci se traduira par une participation financière. S'agira-t-il de financer des armes, des troupes, c'est une question qui est de la responsabilité, cette fois des Nations unies et de l'OUA dont je n'oublie pas le rôle dans tous ces conflits. D'une manière générale, sur le front humanitaire, nous sommes partenaires du Haut-Commissariat pour les réfugiés, de l'organisation européenne qui s'appelle ECHO et nous participons au financement des actions conduites par les uns et les autres. En ce qui concerne les réfugiés burundais en Tanzanie, un certain nombre d'ONG françaises interviennent dans les camps et c'est au travers de ces ONG que nous-mêmes apportons notre participation à soulager les souffrances des réfugiés.
Q - A propos du Burundi et du processus de négociation inter-burundais
R - Je crois qu'il y a un élément récent qui a un peu bloqué le processus de paix, c'est la mort de Nyerere. Nous avons soutenu le choix du président Mandela et nous espérons qu'il va très vite reprendre le travail commencé par le président Nyerere.
Nous avons rencontré cet après-midi le juge Bomani, qui était en quelque sorte l'adjoint du président Nyerere et qui va coopérer à nouveau avec le président Mandela.
En ce qui concerne le rôle de la France par rapport au Burundi, je voulais simplement rappeler que nous avons fait le choix d'utiliser l'aide que nous accordons au Burundi comme moyen de pression sur les autorités burundaises. Je suis prêt à convenir que la situation actuelle n'est pas du tout satisfaisante, mais, je ne peux pas non plus oublier la situation sociale et économique très difficile du Burundi. Je ne voudrais pas que la situation se dégrade au point de compromettre définitivement la paix dans cette région.
Juste une précision, s'agissant du Burundi. La France est évidemment solidaire de l'Union européenne, mais il est vrai que nous plaidons auprès de nos collègues européens pour qu'une aide plus substantielle soit apportée sur la plan économique et social à ce pays.
Q - A propos de la présence économique française en Tanzanie
R - On ne va pas faire la liste des secteurs dans lesquels les entreprises françaises pourraient être intéressées par l'investissement en Tanzanie mais je signale simplement qu'il y a quelques secteurs dans lesquels les entreprises françaises ont des compétences à faire valoir, des expériences dans tous les pays du monde. Je pense à l'eau, je pense à l'énergie, je pense à l'assainissement, je pense aux transports, je pense au tourisme, je pense à l'environnement en général mais nous pourrions probablement en trouver d'autres, voilà quelques-uns uns des secteurs où les entreprises françaises ont quelque raison de prétendre être parmi les meilleures./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 janvier 2000)