Déclaration de M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre, sur les relations franco-allemandes et la construction européenne notamment les institutions européennes, Nancy le 5 décembre 2003.

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Circonstance : Séminaire sur l'Allemagne contemporaine "L'Allemagne dans une Europe à 25" organisé à Nancy le 5 décembre 2003

Texte intégral

Bravo à la Lorraine, merci à Nancy, merci cher André ROSSINOT de m'accueillir ici pour la troisième fois en 18 mois. Je ne suis pas candidat aux élections ici, ne croyez pas cela, mais Nancy s'impose souvent dans le calendrier des événements importants et des choix stratégiques. Merci au président de Lorraine de ses initiatives pour placer la Lorraine non seulement au cur de la dynamique française mais aussi au cur de la dynamique européenne. Je voudrais dire au président de Lorraine que je suis très heureux de voir la réussite de Science Po à Nancy. Un jour, pour tout vous dire, un directeur général de Science Po avec le président de la Fondation, monsieur René REMOND m'invitent à déjeuner, en tant que président de Poitou-Charentes. Il me dit qu'il a des projets de développement et qu'il faudrait construire des filières européennes et que ceci est déjà engagé en Lorraine. Poitou-Charentes doublé, dépassé, c'était impossible et donc j'ai pris contact et avec Science Po et avec le président monsieur BOCKEL et nous faisons, avec Science Po aujourd'hui et notamment l'Espagne, ce que vous faites ici avec l'Allemagne. Merci à Science Po, merci d'avoir aussi donné cet exemple d'une grande institution de formation nationale qui sait s'enraciner et dans les territoires de France, et aussi dans la construction européenne. Monsieur le Ministre Président, je suis très heureux de vous retrouver ici pour prolonger les échanges que nous avons eus à l'occasion du séminaire de Fischbachau.
Mais je voudrais aussi vous remercier pour toute la coopération qui est la nôtre et que vous portez, y compris il y a peu de temps, rencontrant le chef de l'Etat, cette amitié franco-allemande dont vous êtes un bâtisseur et pour laquelle nous avons beaucoup de gratitude et de sympathie. Je voudrais également saluer madame LENOIR qui est peut-être ici moins en tant que ministre d'ailleurs qu'en tant que secrétaire générale de la relation franco-allemande chargée d'animer le tout nouveau pacte fondateur que le président de la République et le chancelier ont voulu bâtir à l'occasion du 40e anniversaire du traité de l'Elysée. Un secrétaire général pour la France, un secrétaire général pour l'Allemagne, tous les deux ministres délégués aux affaires européennes pour coordonner les différentes initiatives de coopérations. Je suis très heureux de saluer ici les parlementaires présents, les députés, les sénateurs, et l'ensemble des autorités, un mot amical pour monsieur l'ambassadeur d'Allemagne en France qui, au quotidien, veille à la fertilité et à l'amitié de nos relations.
Je voudrais vous dire combien pour la France, nous sommes dans une étape historique de la construction européenne, en cette fin d'année 2003 où nous préparons ces grandes échéances de 2004. D'abord, la grande échéance du 1er mai, celle qui verra l'Europe passer de 15 à 25, c'est-à-dire le traité d'Athènes ayant été ratifié, l'élargissement de l'Union européenne. L'Assemblée nationale vient de ratifier le traité ; partout dans l'Union européenne sont engagées des démarches similaires pour que le 1er mai, l'Europe à 25 puisse être une réalité. Nous allons vivre cet élargissement en France, avec joie et avec confiance. Je vous invite à vous engager dans cet élargissement, sans peur, sans frilosité. Notre devoir n'est pas seulement d'accueillir, mais d'aller devant. Je rentre de Pologne, je viens de voir un certain nombre de responsables des dix pays. Ils attendent de nous des actes positifs, constructifs pour leur avenir. L'Europe que nous sommes a représenté pour eux, pendant des décennies, l'espérance. A cette espérance, nous devons répondre par un engagement profond, authentique et non pas seulement par des craintes et des inquiétudes. Que personne n'ait peur pour son emploi : la grande Europe créera des emplois et je vous assure que ceux qui aujourd'hui, dans ces pays qui ont nouvellement trouvé la démocratie, veulent adhérer à l'Union européenne, ont en perspective notre modèle social européen avec des salaires plus élevés, avec des conditions de vie plus adaptées à la moyenne européenne. Il y a donc une dynamique générale qui va se développer. Alors, n'ayons pas peur que le fleuve Europe retrouve son lit et que nous puissions ainsi donner à la force de nos idées, à la force de nos valeurs, la dimension continentale. Cet élargissement, nous devons nous y engager avec ardeur. C'est une donne historique nouvelle, ne soyons pas spectateurs de cette donne historique. La France doit s'engager, multiplions les échanges, multiplions les déplacements, allons vraiment parler avec chacun de ces peuples. Ils ont besoin de nous entendre, ils ont besoin de nous comprendre. Nos amis polonais sortent d'une période historique qui font que du jour au lendemain, ils ne peuvent pas avoir sur le monde les mêmes visions que nous. Mais c'est à force d'échange, de compréhension mutuelle que nous dégagerons ces visions communes qui feront qu'ensemble nous bâtirons une véritable Europe " européenne ". C'est cette ligne-là que porte l'élargissement, c'est pour ça que la France doit s'y engager avec ferveur, avec ardeur. Mais il va de soi qu'il y a une contrepartie à l'élargissement, c'est naturellement l'approfondissement institutionnel, et c'est la capacité de travailler mieux à 25 que l'on travaille à 15, d'être plus efficace à 25 que l'on était à 15, et d'avoir une Europe plus juste et plus forte, plus efficace et plus opérationnelle à 25 qu'à 15 et ça, ce n'est pas tout à fait gagné d'avance. Cela nous demande de réfléchir à naturellement de nouvelles institutions et ça nous impose des efforts d'organisation. C'est tout le travail que la Convention a engagé sous l'autorité de Valéry GISCARD D'ESTAING. Il y a eu là une démarche historique aussi originale pour la construction européenne, des personnalités se rassemblant, d'horizons divers, réfléchissant ensemble, comme des constitutionnels, à un traité qui serait un nouveau pacte fondateur de l'Union européenne. Après de multiples échanges, de multiples réunions, d'abord la convention a su attirer les ministres des Affaires étrangères. Elle a su prendre du poids politique et finalement, difficulté après difficulté, dégager des consensus. Nous pensons aujourd'hui que l'architecture constitutionnelle que la Convention a bâtie est une architecture qui a été très travaillée et qui est, je crois, poussée au plus loin du consensus politique possible à 25. Alors la position de la France est simple : oui à toute amélioration de la Convention, oui à des clarifications, sur le rôle du Président, sur le rôle du ministre des Affaires étrangères, sur un certain nombre de sujets pour lesquels nous voulons des clarifications, mais ne touchons pas à l'architecture générale qui a été bâtie par un travail approfondi et une concertation élargie. La Convention doit pouvoir donner à la conférence intergouvernementale d'abord et au Conseil des ministres, et le Conseil européen ensuite, la capacité de déboucher sur une véritable Constitution. Il reste des difficultés. Nous comptons sur le travail des ministres des Affaires étrangères puis du Conseil européen pour surmonter ces difficultés, mais nous n'accepterons pas qu'un projet européen fort puisse être compatible avec des institutions faibles. Il nous faut des institutions fortes, à la hauteur de l'ambition européenne. C'est pour ça que nous voulons la stabilité du pouvoir politique, notamment avec une présidence du Conseil assumée de manière durable et pas tournante tous les six mois. C'est pour ça que nous voulons plus de démocratie, c'est pour ça que nous voulons une Commission qui soit capable de travailler efficacement, c'est pour ça que nous voulons une organisation de la gouvernance économique plus opérationnelle. Tout ceci est nécessaire à l'organisation de l'efficacité européenne à 25 qui est notre objectif. Cette Constitution, ce projet constitutionnel, ce traité constitutionnel, nous le voulons vite pour pouvoir présenter aux Français, mais aussi aux 24 autres peuples européens à la fois l'élargissement et l'approfondissement. A la fois la nouvelle géographie et le nouveau fonctionnement et les élections européennes qui auront lieu au mois de juin, seraient pour nous tous l'occasion de parler aux peuples d'Europe de cette nouvelle Europe, de ce projet européen nouveau. C'est pour ça que nous militerons avec nos amis allemands, nous militerons avec force pour qu'une Constitution puisse naître au sein du prochain Conseil européen, mais il va de soi que nous n'accepterons pas que cette Constitution soit détricotée car nous voulons vraiment qu'il soit capable aujourd'hui d'envisager une Europe unie avec des institutions puissantes. Elargissement, effort constitutionnel, mais également croissance durable et stabilité : il faut toujours avoir naturellement le souci de l'opinion publique, des citoyens européens, sans lesquels il ne peut y avoir de véritables projets européens. C'est pour ça que nous disons en permanence à toutes les structures européennes, n'oublions pas la croissance parce que la croissance porte l'emploi et les citoyens européens ont comme première préoccupation dans tous les pays, l'emploi, le développement et la création de l'emploi. Cette priorité, nous devons la porter tous ensemble au niveau européen. Pour cela, il nous faut des économies capables de nourrir une croissance durable. Si vous regardez les 20 dernières années, vous verrez qu'il y a un point de croissance de différence entre la croissance aux Etats-Unis et la croissance en Europe. Nous ne pouvons pas rêver d'une Europe européenne capable d'équilibrer les forces du monde si régulièrement notre croissance est plus faible que les autres forces qui servent à équilibrer elles aussi le monde.
Nous avons donc besoin d'aller chercher par une politique de réforme, par une politique de modernisation, par un changement de structure, cette croissance durable qu'il nous faut trouver dans nos sociétés pour pouvoir faire face aux exigences d'emplois de développement économique, culturel et social qu'attendent les citoyens européens. Cette logique-là, de la croissance durable, est pour nous prioritaire ; elle passe évidemment par la logique de la discipline budgétaire, je le dis clairement à ceux qui seraient inquiets. Il n'y a pas dans la décision récente du Conseil des ministres des Finances le souci de laisser de côté le pacte de stabilité. Il y a simplement de rééquilibrer stabilité et croissance, car si nous ne sommes pas capables de retrouver la croissance, nous ne serons pas capables de retrouver la stabilité. Nous avons besoin de la croissance, et pour ce faire, nous avons besoin de veiller à ce que nous maîtrisions nos dépenses publiques, mais que nous fassions en sorte aussi qu'on puisse conduire les réformes structurelles pour les retraites, pour la santé, pour la décentralisation, tout ce qui va dégager le point de croissance dont nous avons besoin. Et cela nous ne pouvons pas le faire à l'intérieur de politique d'austérité. Il faut le comprendre, les réformes structurelles sont une nécessité pour nos pays. Elles sont aussi une nécessité pour privilégier une année durant encore la croissance sur la stabilité, mais dès 2005, le gouvernement français s'est engagé pour que nous puissions être dans les critères de Maastricht, dans les critères de la stabilité. Et la décision qui a été prise par le Conseil des ministres européens, je tiens à le dire, est une décision qui respecte les traités, c'est une décision prise par le Conseil après que la commission se soit exprimée, à la majorité qualifiée. Et de temps en temps, il n'est pas inutile que le politique puisse s'affirmer en Europe pour que l'on puisse dégager les lignes d'avenir. Donc, il n'y a pas là une déstabilisation des institutions ; au contraire, il y a là véritablement un projet politique de croissance durable tout en étant fidèle au principe de la discipline budgétaire qui est nécessaire quand on partage ensemble une monnaie commune.
Voilà en quoi ce grand projet est pour nous un projet particulièrement mobilisateur en cette fin d'année 2003 avec ces grands rendez-vous de l'année 2004. Ce grand projet a besoin d'un cur actif. Il a besoin d'un moteur dynamique ; c'est cela notamment le rôle de la relation franco-allemande. La relation franco-allemande est pour l'Europe une nécessité. Je me souviens encore dès ma nomination, la visite de Premiers ministres de différents pays d'Europe venant me voir avant l'élargissement, quand nous buttions sur les difficultés de la PAC et venant me dire : entendez-vous avec les Allemands car nous n'allons pas pouvoir financer l'élargissement s'il n'y a pas un accord franco-allemand. Alors c'est toujours un peu la même chose, quand il n'y a pas d'accord franco-allemand, tous les pays se rassemblent : Français et Allemands, entendez-vous, on a besoin de votre entente pour que l'Europe fonctionne. Et quand on s'entend, on nous dit : oh attention, il ne faudrait pas que cette entente soit impérialiste. Non, ce n'est pas l'objectif. L'objectif c'est l'efficacité, c'est d'être capable ensemble, gouvernement français, gouvernement allemand, c'est de faire en sorte que nos différents peuples puissent être ensemble dans le projet européen. Et si nous n'avions pas fait la moitié du chemin les uns et les autres, nous sur la présidence du Conseil et l'Allemagne sur la Commission. Nous, sur la politique agricole commune, nous avons fait un certain nombre de progrès pour nous rapprocher à Bruxelles, puis à Copenhague et ainsi trouver le moyen du financement de l'élargissement.
L'accord européen est né d'un accord franco-allemand, c'est une nécessité que cet accord, si nous voulons bâtir l'Union européenne C'est pour ça qu'il ne faut pas avoir peur de cette entente, de cette capacité à construire ce moteur au sein de l'Union européenne qui est l'entente franco-allemande. Et nous voulons lui donner à l'occasion du 40e anniversaire du Traité de l'Elysée une nouvelle dynamique. Avec nos institutions, je pense notamment à l'OFAJ et ses 7 millions de jeunes qui ont appris à connaître l'autre pays. Je pense à l'université franco-allemande, institution très importante qui développe aujourd'hui, partout dans nos universités, des initiatives de coopération. Je pense à ARTE, je pense à un certain nombre d'initiatives qui sont des initiatives germano-françaises ou franco-allemandes, initiatives essentielles à cette nouvelle dimension de la dynamique franco-allemande. Cette dynamique, nous devons veiller à ce qu'elle soit toujours ouverte, je dirais, ouverte aux étages supérieurs comme ouverte aux étages inférieurs. Ouverte en supra, ouverte en infra. Il ne s'agit pas pour nous d'être un tandem pour l'Europe, il s'agit d'être toujours disponible pour constituer des trios, des quatuors. Oui au triangle de Weimar avec nos amis polonais, oui à la réunion avec nos amis britanniques pour avancer sur le terrain de la défense. Oui à des coopérations qui sont ouvertes aux autres. L'alliance, la proximité, l'amitié franco-allemande n'est pas fermée sur elle-même, elle tend en permanence la main aux autres et sur tous les grands sujets, nous sommes ouverts à ce que cette dynamique-là soit accessible à tous les pays qui veulent la rejoindre. C'est cette vision d'une amitié ouverte sur l'extérieur qu'il nous faut aujourd'hui développer. C'est pour ça, quand il y a une réunion avec le Premier ministre britannique à Berlin comme ce fut le cas récemment, c'est une bonne nouvelle pour l'Europe, notamment pour les avancées en matière de défense, quand nous voyons le triangle de Weimar être capable de se réunir et de redonner vie à cette alliance entre l'Allemagne, la France et la Pologne, nous voyons là aussi une possibilité d'ouverture. Développons cette dynamique d'ouverture au niveau des Etats mais aussi au niveau de la société, au niveau infra étatique, ouvrons cette relation. Ouvrons cette relation, notamment nous l'avons fait à Poitiers avec la réunion des Länder et des régions, mais ouvrons cette relation sur la société. Je crois qu'il est très important que nous rapprochions nos sociétés civiles et je le dis aux parlementaires ici présents qui sont souvent engagés dans des initiatives associatives, locales, municipales de jumelage, diverses initiatives territoriales. Pour se rapprocher il faut développer en France ce partenariat de manière intensive. Je crois qu'il serait dangereux que nous ayons au sommet un accord politique et que dans nos sociétés, cette amitié ne soit pas vécue et partagée avec dynamisme et aussi avec ardeur. C'est pour ça que tous les responsables, nous devons nous engager les uns et les autres pour être des développeurs d'amitié, des développeurs d'initiatives, notamment entre donc les territoires de France et les territoires d'Allemagne. Allons passer nos vacances en Allemagne, invitons les Allemands à venir passer leurs vacances en France, rapprochons nos peuples. Il est très important, je crois, de faire en sorte qu'on puisse avoir cette proximité, et je vous rassure, Monsieur le Président, je n'irai pas en Bavière hélas prochainement, mais j'irai auprès du lac de Constance passer les fêtes de Noël pour donner l'exemple que c'est aussi en allant vers les autres, qu'on peut pratiquer cette proximité entre nos deux pays.
Il faut s'engager dans cette amitié, non pas là aussi l'observer, mais y participer ; c'est une nécessité. Un moteur, un moteur ouvert mais aussi une capacité pour nous d'avoir des combats communs, je pense au combat de la langue. Ne croyons pas que nous défendrons le français dans le monde si nous ne sommes pas capables de défendre l'allemand. Le destin de nos langues est lié, il faut défendre l'allemand et l'enseignement de l'allemand en France, comme nous voulons défendre le français au sein de la francophonie. C'est en défendant les combats des autres que nous défendons notre diversité culturelle. La diversité culturelle, ce n'est pas simplement le français. La diversité culturelle, c'est la capacité aujourd'hui que tout individu en Europe puisse parler le plus vite possible trois langues et que l'on puisse parler le plus possible l'allemand et bien sûr le français et qu'on puisse se parler directement dans nos langues. Nous avons beaucoup d'initiatives à prendre dans cette direction, nous allons bâtir un programme avec Noëlle LENOIR pour favoriser ces initiatives scolaires dès le plus jeune âge pour renforcer cette dynamique de l'apprentissage de l'allemand. Je pense que c'est très important. Nous avons là une exigence qui, en travaillant pour la langue, travaille pour le rapprochement des peuples et pour le rapprochement des institutions. C'est au fond la vision qui est la nôtre aujourd'hui de cette amitié qui doit être exigeante, ne laissons pas l'histoire se dérouler. Prenons vraiment des initiatives pour multiplier les échanges entre l'Allemagne et la France, entre l'allemand et le français. Je crois qu'il y a là des perspectives que chacun peut partager et qui sont utiles à l'Europe.
Ensemble, nous allons bâtir avec nos amis allemands pour lesquels nous avons construit une dynamique nouvelle de coopération. Au fond, la plupart du temps maintenant, nous avons décidé d'aller aux réunions européennes en ayant discuté auparavant pour avoir des positions communes. Il arrive même quelquefois que le Président de la République française parle au nom du chancelier allemand. C'est une expérience nouvelle qui s'est produite récemment et qui fut, si je l'ai bien compris, diversement commentée. Mais nous avons là une proximité qu'il faut souligner. Ce qui me paraît très important, c'est que nos amis européens sachent que nous voulons une Constitution, que nous voulons un grand projet européen, mais que nous voulons aussi avec l'Allemagne être capable d'avancer et si le projet européen, parce que des égoïsmes nationaux s'imposeraient à la dynamique collective, nous n'hésiterions pas à faire des pas l'un vers l'autre pour renforcer cette coopération entre l'Allemagne et la France. Nous avons un projet d'ouverture, nous avons un projet à 25, mais si ce projet devait être incapable de dégager des institutions opérationnelles capables d'améliorer le fonctionnement de l'Union européenne, c'est ensemble avec les Allemands que nous porterions les nouvelles perspectives d'un projet européen fort, rassembleur mais un projet européen conçu à partir de cette compréhension entre l'Allemagne et la France. Merci à la Lorraine de s'engager dans cette démarche de rapprochement, merci de vous engager dans cette démarche de réflexion, d'organiser ces séminaires avec notamment les acteurs de la société civile, car je suis vraiment convaincu que c'est en rapprochant nos deux sociétés et donc en travaillant et en faisant des efforts que nous pourrons finalement nous rassembler encore davantage avec les Allemands. Je crois que, c'est René CHAR qui disait "aimer, c'est vouloir que les choses soient ce qu'elles sont ", je crois qu'en ce qui concerne l'amitié franco-allemande, il faut aimer mais aussi vouloir. Merci.
(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 2 janvier 2004)