Déclaration de M. Michel Barnier, ministre des affaires étrangères, lors du point de presse conjoint avec M. Luis Ernesto Derbez Bautista, ministre mexicain des affaires étrangères, et toast prononcé lors du déjeuner, sur les relations franco-mexicaines et les convergences de vues sur les questions liées à la politique internationale et au respect du droit international, Paris le 22 octobre 2004.

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Circonstance : Réunion de la IIIème commission binationale France - Mexique les 21 et 22 octobre 2004 à Paris : déclaration et toast prononcé par Michel Barnier en conclusion des travaux le 22 à Paris

Texte intégral

(Déclaration de Michel Barnier lors du point de presse conjoint avec Luis Ernesto Derbez Bautista, à Paris le 22 octobre 2004) :
Je voudrais tout d'abord dire au ministre l'initiative que la France a prise pour transformer le programme des Nations unies pour l'environnement en une organisation mondiale de l'environnement.
Nous allons continuer à travailler ensemble notamment pour la gestion du traitement des crises qui nous inquiètent, les uns et les autres, où qu'elles se trouvent dans le monde et, par priorité, dans cette région des Caraïbes en particulier.
En matière économique, la France confirme qu'elle est un investisseur majeur au Mexique, avec un flux de l'ordre de 6 % du total des investissements étrangers. Avec les entrepreneurs, les investisseurs qui participaient, de part et d'autre, à nos travaux, nous avons l'ambition d'aller plus loin et de mettre à profit l'accord entre l'Union européenne et le Mexique.
Enfin, dans les domaines culturel, intellectuel, scientifique, universitaire, nous avons travaillé sur les moyens concrets d'approfondir cette relation, je pense notamment aux échanges d'étudiants et, par exemple, à la signature hier, d'un accord sur la Maison franco-mexicaine pour les étudiants à Toulouse.
Voilà quelques idées et quelques-unes des orientations des travaux que nous avons conduits et l'esprit dans lequel, politiques, fonctionnaires, entrepreneurs, représentants de la société civile, associations, nous allons travailler à ce nouvel élan des relations entre le Mexique et la France et je voudrais avant de te donner la parole, te remercier personnellement pour ton attention personnelle à ces travaux.
Q - (au sujet d'Haïti)
R - Ce qui vient d'être dit par Luis Ernesto est très important. Il faut une démarche nouvelle pour reconstruire politiquement et économiquement le pays d'Haïti, auquel nous sommes attachés pour des raisons historiques, culturelles, géographiques, l'un et l'autre. Il faut de grandes orientations, il faut de grandes décisions mais il faut aussi, concrètement, être capable d'améliorer la vie, la qualité de vie, la sécurité des Haïtiens.
Et c'est à la suite des visites que j'ai faites, ainsi qu'à la suite de celles de Luis Ernesto Derbez, que nous avons eu cette idée, que quelques pays qui ont envie d'agir - c'est le cas du Mexique, du Brésil, du Chili, du Canada, de la France et d'autres encore -, puissent proposer des projets communs et sans doute aussi les concrétiser ensemble.
Q - (au sujet de la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies)
R - Sur la réforme du Conseil de sécurité, nous en avons bien entendu parlé, aujourd'hui et les fois précédentes. J'ai exprimé à la Tribune des Nations unies le sentiment de la France en faveur d'une réforme du Conseil de sécurité pour qu'il soit, dans la nouvelle époque qui commence, plus représentatif et que son autorité, son efficacité soient accrues. Dans le cas où il serait décidé, comme nous le souhaitons, un élargissement de sa composition, alors, nous pensons que cet élargissement doit concerner un certain nombre de pays qui permettront de mieux refléter la réalité internationale sur le plan géopolitique, sur le plan des contributions aux forces de maintien de la paix, aux opérations des Nations unies. Nous souhaitons aussi que cette représentation permette à chaque région du monde d'être présente dans le Conseil de sécurité.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 octobre 2004)
(Toast prononcé par Michel Barnier lors du déjeuner offert à l'issue des travaux de la IIIème commission binationale France -Mexique, à Paris le 22 octobre 2004) :
Mesdames et Messieurs,
Je vais vous demander la permission d'interrompre quelques instants vos conversations au cours de ce repas chaleureux et amical pour vous dire quelques mots de conclusion, après ces deux journées de travail.
Mes premiers mots seront d'abord pour dire à Luis Ernesto, à vous-même, Madame le Secrétaire d'État et à chacune et chacun des membres de la délégation mexicaine, quelles que soient vos responsabilités - je sais le rôle que vous avez eu et le travail que vous avez fait -, mes remerciements, au nom du gouvernement français, de tous les Français qui sont ici, pour avoir, non seulement traversé l'Atlantique, mais pour avoir personnellement contribué aux travaux, aux idées et aux propositions sur lesquelles maintenant, nous allons avancer. Ces remerciements s'adressent en particulier, au-delà des représentants de l'État, du gouvernement, aux parlementaires, de part et d'autre, aux responsables d'entreprises, qui ont bien voulu contribuer à ces travaux des deux côtés.
Dans les relations entre nos deux pays, il y a beaucoup d'histoire et l'on voit bien que le Mexique est présent depuis très longtemps dans l'imaginaire français. Dès les années 1820, et après, on trouve la trace de beaucoup de mouvements de populations et en particulier, Luis Ernesto, tu le sais mieux que d'autres, depuis les Alpes. Des personnes qui ont voulu ou qui ont été parfois obligées d'émigrer pour aller vers ton continent. Ainsi, ils s'embarquaient pour Veracruz, Orisaba, Puebla, puis Mexico. On parlait des "Barcelonnettes", le ministre lui-même est personnellement concerné par cette origine, mais il y avait aussi des Basques, des Pyrénéens, des Francolins qui ont, pendant toutes ces décennies, servi de pont affectif, personnel entre nos deux pays.
Et puis, dans les années 1930-1940, ce sont des écrivains, des poètes les plus inspirés qui ont mis leurs pas dans ceux des colporteurs vers le Mexique : Antonin Artaud, André Breton, Benjamin Péret, à une époque où d'immenses artistes mexicains, je veux citer simplement Diego Rivera ou Octavio Paz, pour ne citer qu'eux, faisaient en sens inverse, le voyage vers la France.
Et voilà comment, par les hommes, par les arts, par la littérature, par la poésie, nos deux cultures se sont rapprochées et souvent, à certains endroits, confondues, en tout cas dans un dialogue qui a de longues et vieilles racines.
Voilà sur quelles fondations, sur quels patrimoines communs nous avons à bâtir l'avenir, avec le monde d'aujourd'hui qui n'est plus le même, avec les nouvelles générations. Voilà pourquoi j'attache beaucoup d'importance aux relations universitaires, culturelles et d'échanges. Je suis en particulier très heureux qu'ait été signé hier l'accord sur la Maison universitaire franco-mexicaine à Toulouse ; c'est une avancée concrète mais il y en aura d'autres, à travers les entreprises, les hommes et les femmes politiques, dans le cadre des Nations unies, dans les relations entre nos deux continents, dans la gestion des crises.
Enfin, Mesdames et Messieurs, nous avons beaucoup de travail à faire, beaucoup de raisons et je voulais encore une fois, avant de lever mon verre à l'amitié entre le Mexique et la France, à votre propre santé, vous remercier d'avoir ainsi apporté votre expérience, votre énergie, vos idées pour tracer ce nouveau chemin dans le nouvel élan que nous allons donner, que nous voulons donner aux relations entre la France et le Mexique et dont témoignera, à son tour et avec beaucoup de force, le Premier ministre français lorsqu'il se rendra dans votre pays dans quelques semaines. Merci à tous.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 octobre 2004)