Texte intégral
Monsieur le Président,
Messieurs les co-Présidents,
Mesdames,
Messieurs,
Permettez-moi tout d'abord de saluer votre initiative, M. Egeland, en tant que Secrétaire général adjoint des Nations unies, de nous réunir aujourd'hui à Genève, pour poursuivre, coordonner et intensifier nos efforts en faveur des victimes civiles du conflit armé de la région du Darfour, au Soudan.
Permettez-moi également, Monsieur le Président, de saluer vos efforts incessants pour l'amélioration du sort des victimes des conflits armés ou des catastrophes naturelles, depuis votre prise de fonction en septembre dernier, à la tête du Bureau de coordination de l'aide humanitaire des Nations unies.
Je salue également M. Kitt, au nom de la Présidence de l'Union européenne et M. Natsios, directeur général de l'USAID, tous deux co-présidents de cette réunion des donateurs.
Je ne vais pas revenir en détail sur les terribles exactions dont sont victimes les populations civiles du Darfour. Une fois de plus, les plus vulnérables, les femmes et les enfants, sont les cibles des milices armées. Terreur, massacres, viols. C'est par centaines de milliers que se comptent les victimes, dont certaines déplacées ou encore réfugiées au Tchad.
Face à ce drame, le devoir d'humanité exige notre total engagement, en ayant pleinement à l'esprit les causes de cette tragédie. Car évoquer simplement la fatalité n'est acceptable ni pour les victimes, ni pour la communauté internationale. Notre devoir d'humanité et de solidarité doit se traduire en actes, en faveur de ces victimes mais aussi contre les auteurs de ces crimes.
Nous avons là une responsabilité morale, mais aussi une responsabilité politique et financière. Nous, pays donateurs, devons l'assumer. Nous sommes réunis pour cela.
Mais assumer ses responsabilités est une obligation qui concerne aussi toutes les parties aux conflits. Cette obligation résulte des règles du droit international et du droit international humanitaire, et notamment des Conventions de Genève.
Je n'oublie pas que le Soudan est le plus grand pays d'Afrique. Mais c'est aussi un pays trop longtemps oublié par la communauté internationale, alors que s'y déroulait depuis 1955, le plus ancien conflit en Afrique, et sans doute l'un des plus meurtriers.
Et c'est au moment où nous nous réjouissons de la signature, le 27 mai à Naïvasha, de trois protocoles qui ouvrent dans le Sud du pays un retour à la paix et à la stabilité, que s'envenime cette crise majeure, dans le Darfour, dont nous avons déjà souligné la gravité il y a plusieurs semaines. Je rappelle que le ministre français des Affaires étrangères s'était même rendu au Soudan en février dernier.
Ce qui se passe dans le Darfour est grave. Les récoltes sont compromises et la saison des pluies arrive. Des centaines de milliers de personnes vont en être victimes. Cette crise humanitaire qui s'annonce, l'afflux de populations déplacées et l'instabilité croissante aux frontières menacent aujourd'hui le Tchad et la République centrafricaine. Cette crise peut aussi compromettre l'ensemble du processus de paix soudanais. Le peuple soudanais qui aspire à la paix ne doit pas voir ses espoirs déçus. C'est pourquoi, tous ensemble, nous devons agir, et nous devons agir vite car il y a urgence.
Deux problèmes se posent : la sécurité et l'accès aux victimes.
Lors de la Commission des Droits de l'Homme en avril dernier, à l'initiative de la France, un lien a été établi entre l'accès aux populations victimes de conflits armés et la sécurité des personnels humanitaires. Ces deux questions sont indissolublement liées et la France ne manque jamais de le rappeler dans les réunions internationales.
Or, le Haut-Commissaire aux Droits de l'Homme a fait état de violations massives des Droits de l'Homme au Darfour : attaques contre les populations civiles, assassinats, viols et disparitions forcées, destruction des biens, déplacements forcés de populations. Il a même dit que ces exactions pouvaient constituer "des crimes de guerre ou des crimes contre l'humanité".
Et nous savons bien que sans sécurité, les populations ne retourneront pas dans leurs villages, et que sans sécurité, l'aide internationale ne pourra pas être acheminée ni être distribuée.
C'est pourquoi le gouvernement soudanais doit aujourd'hui prendre ses responsabilités, notamment en assurant le contrôle et le désarmement des milices, coupables d'exactions inacceptables et d'atteintes aux Droits de l'Homme.
S'agissant de l'accès aux victimes et de la possibilité pour les organisations humanitaires de leur porter secours, les autorités soudanaises ont pris des mesures le 20 mai dernier pour favoriser l'accès des personnels humanitaires. C'est un progrès positif et ces mesures vont dans le bon sens. Mais les ONG humanitaires nous disent que des problèmes subsistent : les procédures administratives d'accréditation, d'agrément, de visas et de permis de voyage restent complexes, longues et incertaines, alors même qu'il y a urgence. La saison des pluies va commencer, les risques d'épidémies sont importants. Les ONG doivent pouvoir porter secours rapidement.
J'appelle donc le gouvernement du Soudan à faire plus d'efforts pour simplifier les procédures, faciliter l'accès du personnel humanitaire aux populations en danger. Ainsi, les humanitaires pourront, dès que possible, commencer à travailler sur le terrain.
C'est aussi la raison pour laquelle il était si important d'initier une négociation de caractère politique, négociation à laquelle j'ai participé à Ndjamena et qui a abouti, le 8 avril, à un accord de cessez-le-feu sous les auspices du président Déby.
Il est impératif que cet accord soit respecté, dans toutes ses dispositions. Il est impératif que les milices soient désarmées. Il est impératif que des observateurs internationaux soient déployés sur le terrain.
La France salue l'initiative de l'Union africaine, prise avec le soutien de la communauté internationale, de dépêcher des observateurs dans le Darfour. Ce déploiement est exemplaire par ses délais très brefs. Par leur présence, ces observateurs vont contribuer à stabiliser la situation. Leurs patrouilles rendront plus difficile les violations du cessez-le-feu et dissuaderont les actions des milices. Cela simplifiera l'action des acteurs humanitaires et encouragera les populations à retourner chez elles, en toute sécurité.
Je terminerai en parlant de la contribution financière de la France aux opérations dans le Darfour.
A la fin de ce premier semestre 2004, la France aura contribué à hauteur de 900 000 euros par des programmes développés en coopération avec les Nations unies, le Comité international de la Croix Rouge et les ONG.
Je tiens à saluer le travail exemplaire et le dévouement du personnel humanitaire des Nations unies, du Haut-Commissariat pour les Réfugiés, du CICR et des ONG.
Par ailleurs, je suis en mesure de vous annoncer une aide supplémentaire de 1,4 millions d'euros au Programme alimentaire mondial des Nations unies, dans le cadre de l'aide alimentaire pour les réfugiés soudanais au Tchad.
Soit un total de plus de 2,3 millions d'euros.
Et au-delà de l'aide d'urgence, la France se prépare à une reprise de notre coopération au développement.
Je souhaite enfin mentionner les efforts importants que les pays de l'Union européenne font transiter par l'Office humanitaire européen ECHO, auquel la France participe à hauteur de 18 %.
Pour conclure, je vous dirai que la France continuera à porter une grande attention à l'évolution des négociations vers un règlement de paix global au Soudan. Cette paix est primordiale pour le Soudan, pour le peuple soudanais, pour les pays voisins, pour toute la communauté internationale.
C'est le sens du message que je porterai à Khartoum, mais aussi dans le sud du pays et dans le Darfour, lors de la visite que je ferai sur place du 20 au 24 juin prochains.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 juin 2004)
Messieurs les co-Présidents,
Mesdames,
Messieurs,
Permettez-moi tout d'abord de saluer votre initiative, M. Egeland, en tant que Secrétaire général adjoint des Nations unies, de nous réunir aujourd'hui à Genève, pour poursuivre, coordonner et intensifier nos efforts en faveur des victimes civiles du conflit armé de la région du Darfour, au Soudan.
Permettez-moi également, Monsieur le Président, de saluer vos efforts incessants pour l'amélioration du sort des victimes des conflits armés ou des catastrophes naturelles, depuis votre prise de fonction en septembre dernier, à la tête du Bureau de coordination de l'aide humanitaire des Nations unies.
Je salue également M. Kitt, au nom de la Présidence de l'Union européenne et M. Natsios, directeur général de l'USAID, tous deux co-présidents de cette réunion des donateurs.
Je ne vais pas revenir en détail sur les terribles exactions dont sont victimes les populations civiles du Darfour. Une fois de plus, les plus vulnérables, les femmes et les enfants, sont les cibles des milices armées. Terreur, massacres, viols. C'est par centaines de milliers que se comptent les victimes, dont certaines déplacées ou encore réfugiées au Tchad.
Face à ce drame, le devoir d'humanité exige notre total engagement, en ayant pleinement à l'esprit les causes de cette tragédie. Car évoquer simplement la fatalité n'est acceptable ni pour les victimes, ni pour la communauté internationale. Notre devoir d'humanité et de solidarité doit se traduire en actes, en faveur de ces victimes mais aussi contre les auteurs de ces crimes.
Nous avons là une responsabilité morale, mais aussi une responsabilité politique et financière. Nous, pays donateurs, devons l'assumer. Nous sommes réunis pour cela.
Mais assumer ses responsabilités est une obligation qui concerne aussi toutes les parties aux conflits. Cette obligation résulte des règles du droit international et du droit international humanitaire, et notamment des Conventions de Genève.
Je n'oublie pas que le Soudan est le plus grand pays d'Afrique. Mais c'est aussi un pays trop longtemps oublié par la communauté internationale, alors que s'y déroulait depuis 1955, le plus ancien conflit en Afrique, et sans doute l'un des plus meurtriers.
Et c'est au moment où nous nous réjouissons de la signature, le 27 mai à Naïvasha, de trois protocoles qui ouvrent dans le Sud du pays un retour à la paix et à la stabilité, que s'envenime cette crise majeure, dans le Darfour, dont nous avons déjà souligné la gravité il y a plusieurs semaines. Je rappelle que le ministre français des Affaires étrangères s'était même rendu au Soudan en février dernier.
Ce qui se passe dans le Darfour est grave. Les récoltes sont compromises et la saison des pluies arrive. Des centaines de milliers de personnes vont en être victimes. Cette crise humanitaire qui s'annonce, l'afflux de populations déplacées et l'instabilité croissante aux frontières menacent aujourd'hui le Tchad et la République centrafricaine. Cette crise peut aussi compromettre l'ensemble du processus de paix soudanais. Le peuple soudanais qui aspire à la paix ne doit pas voir ses espoirs déçus. C'est pourquoi, tous ensemble, nous devons agir, et nous devons agir vite car il y a urgence.
Deux problèmes se posent : la sécurité et l'accès aux victimes.
Lors de la Commission des Droits de l'Homme en avril dernier, à l'initiative de la France, un lien a été établi entre l'accès aux populations victimes de conflits armés et la sécurité des personnels humanitaires. Ces deux questions sont indissolublement liées et la France ne manque jamais de le rappeler dans les réunions internationales.
Or, le Haut-Commissaire aux Droits de l'Homme a fait état de violations massives des Droits de l'Homme au Darfour : attaques contre les populations civiles, assassinats, viols et disparitions forcées, destruction des biens, déplacements forcés de populations. Il a même dit que ces exactions pouvaient constituer "des crimes de guerre ou des crimes contre l'humanité".
Et nous savons bien que sans sécurité, les populations ne retourneront pas dans leurs villages, et que sans sécurité, l'aide internationale ne pourra pas être acheminée ni être distribuée.
C'est pourquoi le gouvernement soudanais doit aujourd'hui prendre ses responsabilités, notamment en assurant le contrôle et le désarmement des milices, coupables d'exactions inacceptables et d'atteintes aux Droits de l'Homme.
S'agissant de l'accès aux victimes et de la possibilité pour les organisations humanitaires de leur porter secours, les autorités soudanaises ont pris des mesures le 20 mai dernier pour favoriser l'accès des personnels humanitaires. C'est un progrès positif et ces mesures vont dans le bon sens. Mais les ONG humanitaires nous disent que des problèmes subsistent : les procédures administratives d'accréditation, d'agrément, de visas et de permis de voyage restent complexes, longues et incertaines, alors même qu'il y a urgence. La saison des pluies va commencer, les risques d'épidémies sont importants. Les ONG doivent pouvoir porter secours rapidement.
J'appelle donc le gouvernement du Soudan à faire plus d'efforts pour simplifier les procédures, faciliter l'accès du personnel humanitaire aux populations en danger. Ainsi, les humanitaires pourront, dès que possible, commencer à travailler sur le terrain.
C'est aussi la raison pour laquelle il était si important d'initier une négociation de caractère politique, négociation à laquelle j'ai participé à Ndjamena et qui a abouti, le 8 avril, à un accord de cessez-le-feu sous les auspices du président Déby.
Il est impératif que cet accord soit respecté, dans toutes ses dispositions. Il est impératif que les milices soient désarmées. Il est impératif que des observateurs internationaux soient déployés sur le terrain.
La France salue l'initiative de l'Union africaine, prise avec le soutien de la communauté internationale, de dépêcher des observateurs dans le Darfour. Ce déploiement est exemplaire par ses délais très brefs. Par leur présence, ces observateurs vont contribuer à stabiliser la situation. Leurs patrouilles rendront plus difficile les violations du cessez-le-feu et dissuaderont les actions des milices. Cela simplifiera l'action des acteurs humanitaires et encouragera les populations à retourner chez elles, en toute sécurité.
Je terminerai en parlant de la contribution financière de la France aux opérations dans le Darfour.
A la fin de ce premier semestre 2004, la France aura contribué à hauteur de 900 000 euros par des programmes développés en coopération avec les Nations unies, le Comité international de la Croix Rouge et les ONG.
Je tiens à saluer le travail exemplaire et le dévouement du personnel humanitaire des Nations unies, du Haut-Commissariat pour les Réfugiés, du CICR et des ONG.
Par ailleurs, je suis en mesure de vous annoncer une aide supplémentaire de 1,4 millions d'euros au Programme alimentaire mondial des Nations unies, dans le cadre de l'aide alimentaire pour les réfugiés soudanais au Tchad.
Soit un total de plus de 2,3 millions d'euros.
Et au-delà de l'aide d'urgence, la France se prépare à une reprise de notre coopération au développement.
Je souhaite enfin mentionner les efforts importants que les pays de l'Union européenne font transiter par l'Office humanitaire européen ECHO, auquel la France participe à hauteur de 18 %.
Pour conclure, je vous dirai que la France continuera à porter une grande attention à l'évolution des négociations vers un règlement de paix global au Soudan. Cette paix est primordiale pour le Soudan, pour le peuple soudanais, pour les pays voisins, pour toute la communauté internationale.
C'est le sens du message que je porterai à Khartoum, mais aussi dans le sud du pays et dans le Darfour, lors de la visite que je ferai sur place du 20 au 24 juin prochains.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 juin 2004)