Déclaration de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, sur l'ouverture à la société civile et les réflexions de la Commission Armées-Jeunesse, à Paris le 6 octobre 2004.

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Circonstance : Séance plénière de la Commission Armées-Jeunesse, à Paris le 6 octobre 2004

Texte intégral

Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les officiers généraux,
Madame la Secrétaire générale pour l'administration,
Mesdames et Messieurs les directeurs,
Mesdames et Messieurs les membres de la Commission,
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais tout d'abord vous dire tout le plaisir que j'ai à retrouver la Commission armées-jeunesse, institution que je connais bien.
Après plus de deux années à la tête du ministère de la défense, je mesure combien le forum que constitue la Commission est important dans un contexte international et une institution militaire en pleine évolution.
Avec aujourd'hui à sa tête un nouveau président, celle-ci va prendre inévitablement un nouveau visage.
J'entends bien que la Commission armées-jeunesse fasse corps avec cette évolution de son environnement et du ministère.
Elle demeure, en effet, au sein de la Défense, le seul lieu où cohabitent à la fois les armées, les jeunes, les institutionnels de la jeunesse, les associations, les syndicats, les entreprises, les réservistes citoyens et opérationnels.
C'est là sa particularité.
C'est ce qui lui permet de porter un regard différent sur le rôle des armées et d'aider à mieux faire connaître les moyens d'agir, afin de promouvoir l'esprit de Défense.
La Commission a démontré sa volonté d'être plus représentative de la société ; je veux encourager ce mouvement.
J'entends aussi qu'elle s'appuie sur ses récents travaux pour mener des actions ambitieuses, ce qui la rendra à même de répondre aux préoccupations de la jeunesse en matière de défense.
I. L'évolution rapide de la société, et à son image de la Défense, ont incité la Commission armées-jeunesse à être davantage ouverte sur la société. Cette tendance doit se poursuivre.
Si l'on dresse un bref bilan de 2003 et 2004, plusieurs initiatives ont été un franc succès pour la Commission armées-jeunesse, dans son rôle de promotion du lien armées-Nation.
Pour la 2e année consécutive, le prix armées-jeunesse récompensera des actions concrètes de nature à développer et enrichir le lien entre les forces armées et la société civile.
J'aurai le plaisir de le remettre dans quelques instants.
La journée sports-armées-jeunesse du 19 juin dernier a permis, sur l'ensemble du territoire, de réunir une dizaine de milliers de participants, ce qui est très encourageant et témoigne de la force du lien civil-militaire dans le coeur des Français.
Je suis persuadée que, grâce à la volonté et aux efforts de chacun d'entre vous, en 2005, nous doublerons les effectifs.
Je pense également à la " Plate-forme jeunes ". Voilà une opération concrète qui a permis à 250 jeunes de dialoguer avec 250 militaires et civils qui ont fait le choix de consacrer une partie de leur vie à la défense et à la promotion de la citoyenneté.
Cette journée a été, de l'avis de tous, une grande réussite. Les jeunes ont ainsi pu mieux comprendre la mission de nos forces armées et les valeurs de la République qui s'y rattachent.
Le colloque sur "L'éducation à la défense", auquel j'ai participé l'année passée à la Sorbonne, a été très encourageant.
Il a permis de démontrer que les ministères de l'Éducation nationale et de la Défense n'étaient pas si éloignés, puisque enseignants et militaires ont souhaité se retrouver dès 2005.
Je sais aussi que de nouveaux membres ont souhaité faire leur entrée au sein de la Commission, en particulier le MEDEF et AJIR, une association d'enfants de Harkis.
Je leur souhaite la bienvenue.
Cet élargissement permet à la Commission armées-jeunesse de mieux refléter l'ensemble de la société française.
Ce mouvement d'ouverture est un premier pas ; il va falloir aller beaucoup plus loin.
Votre action doit notamment conduire plus souvent à des réflexions et des propositions directement utilisables par les armées.
II. Pour l'avenir, je vous engage à traduire les réflexions menées par les groupes de travail en actions concrètes, en faisant preuve d'audace et d'imagination.
Je tiens à remercier les présidents des groupes de travail de la Commission pour la qualité de leurs rapports. Je reviendrai sur quelques-uns d'entre eux.
Des échanges ont été mis en place sur les sites Internet des ministères de la Défense et de l'Éducation nationale grâce à M. Antoine Cancellieri et le groupe "Engagement des jeunes".
Il y a chez les jeunes un gisement d'énergie et donc une mine d'engagements. C'est pour cela que j'ai, depuis plusieurs années, souhaité l'émergence d'un volontariat institutionnalisé.
Deux projets sont en cours :
- l'un presque achevé, "le volontariat de solidarité internationale",
- l'autre, "le volontariat associatif" est en gestation. Il ne s'agit plus là de l'institution militaire mais la logique est la même : permettre aux jeunes de s'engager au service de la collectivité.
C'est pourquoi je vous demande de m'apporter des propositions concrètes et directement opérationnelles.
Si les jeunes sont aussi engagés que vous le dites, alors il faut que les armées puissent en tirer parti. Il ne faut pas perdre ce précieux capital.
M. Ludovic Guilcher, vous nous avez présenté le travail de votre groupe "Jeunes responsables".
Vous apportez des idées simples et faciles à mettre en oeuvre, en direction de jeunes Français appelés à jouer un rôle social important.
De ses propositions, je crois utile, d'ores et déjà, de tirer quelques enseignements.
Rapprocher l'enseignement civil et l'enseignement militaire me paraît une idée intéressante.
Contrairement à ce que l'on pense, les enseignements militaires diffèrent peu des enseignements civils.
Bon nombre de jeunes officiers obtiennent des diplômes dans le domaine civil, je pense notamment aux troisièmes cycles de défense et de relations internationales.
Comme vous le soulignez, il faut ouvrir des séminaires entre les grandes écoles militaires et civiles. Des expériences ont déjà été lancées, notamment entre St-Cyr et Sciences-Po.
De même, assurer une formation de défense aux futurs hauts fonctionnaires me paraît primordial.
Je sais combien votre nouveau président est attaché à ce point et je l'y encourage.
En ce qui concerne les nouveaux sujets de réflexion pour 2004-2005, je suis heureuse que l'un de vos groupes de travail s'engage sur le thème "Compléter et valoriser la JAPD".
Il me paraît essentiel que votre travail s'appuie à cet égard sur les enquêtes de terrains, pour identifier les grandes attentes de la jeunesse et permettre aux armées, dans la limite de leurs moyens, de mettre en place des actions complémentaires à la JAPD.
Vous savez combien je suis attachée à ce sujet. Je crois qu'il y a encore beaucoup à inventer, je l'ai d'ailleurs dit au nouveau Directeur du service national, le général Paris de Bollardière.
Je suivrai aussi avec beaucoup d'attention les travaux du groupe "séminaire enseignants-officiers".
Je crois indispensable qu'il conduise à une réflexion concrète sur les outils pédagogiques à réaliser ensemble et sur les modalités d'une collaboration étroite avec l'éducation nationale.
De nouvelles actions sont indispensables pour resserrer et préserver les liens entre la Nation et les armées.
Les armées représentent, encore aujourd'hui, un formidable outil d'intégration et de promotion sociale.
Il nous faut donc réinventer chaque jour avec la jeunesse de nouvelles formes de relations et d'enrichissement réciproque. La réserve citoyenne et les réservistes locaux à la jeunesse et à la citoyenneté en sont des exemples, que je suis avec intérêt.
Le devenir de la Commission armées-jeunesse a fait l'objet de diverses interrogations et de réflexions au sein de notre ministère.
Je tiens à vous dire, sans ambiguïté, que vos travaux trouvent pleinement leur place dans le contexte que j'ai défini d'approfondissement du lien entre la Nation et ses armées.
Chacun d'entre vous a une responsabilité particulière en ce domaine.
C'est votre rôle. C'est le coeur de votre mission.
Je souhaite qu'indépendamment des groupes de travail, auxquels je souhaite pour ce cycle 2004-2005 un travail fructueux, la Commission puisse être utilisée pour tester des réformes ou réaliser des études plus courtes.
Ce sera pour votre institution, Général, le moyen d'être davantage solidaire des évolutions en cours et je vous demande de me faire rapidement des propositions en ce sens.
Avant de remettre le prix armées-jeunesse, je suis prête à répondre à quelques questions.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 13 octobre 2004)