Texte intégral
Jean-Pierre Elkabbach:
Michèle Alliot-Marie bonjour.
Michèle Alliot-Marie :
Bonjour.
Q. Merci d'être là. L'OTAN s'est accordée cette nuit pour envoyer des instructeurs en Irak pour former des cadres de l'armée irakienne. Est-ce que vous confirmez que la France n'enverra pas de soldat à Bagdad pour les former ?
R. Il n'y aura pas de militaire français à Bagdad. La solution en Irak est d'abord une solution politique. Il faut que les Irakiens aient réellement le sentiment d'avoir retrouvé leur souveraineté ; voir davantage d'uniformes militaires étrangers sur place n'ira pas en ce sens. Cela ne signifie pas que nous ne participerons pas à la reconstruction de l'Irak, mais nous ne le ferons pas sur le territoire irakien.
Q. Donc il n'y aura aucune présence, aucune participation active de la France sur le plan militaire dans le chaos irakien d'aujourd'hui ?
R. Exactement. Nous pensons qu'il y a des éléments qui doivent permettre de reconstruire ce pays et nous sommes prêts à y participer. Nous avons d'ailleurs déjà fait un certain nombre de propositions, mais il n'est pas question pour nous, je le répète, d'envoyer des militaires français dans ce pays.
Q. D'après vos renseignements, l'Irak est-elle en train de devenir une terre de regain du terrorisme et d'un terrorisme avec des ramifications partout, y compris même peut-être en Europe ?
R. Le terrorisme cherche tous les prétextes pour se développer. Il est évident que toute situation de crise, toute situation de chaos lui profite et peut être utilisée par le terrorisme soit pour agir soit comme prétexte pour une action à l'extérieur.
Q. Est-ce que vous confirmez qu'Al-Zarqaoui est en train de devenir un des leaders opérationnels du terrorisme le plus féroce, le plus cruel, le plus absurde ?
R. Il suffit de regarder ce qui se passe ainsi que les revendications d'un certain nombre d'assassinats pour en être convaincu.
Q. Il y a une terrible angoisse, madame Alliot-Marie, qui monte sur le sort des otages italiennes et anglais. Est-ce qu'on peut avoir ce matin, une pensée pour eux ? Et je ne veux pas insister, on comprend pourquoi, pour Christian Chesnot, Georges Malbrunot ?
R. Nous travaillons autant qu'il est possible et avec une grande solidarité de tous les ministères, de toute la communauté française et avec le soutien d'un certain nombre de nos amis à l'extérieur, pour faire en sorte, et comme nous l'espérons tous, qu'il puisse y avoir d'abord une préservation de la vie des otages et ensuite, leur libération la plus rapide possible.
Q. Le budget. Le budget 2005, la Défense est donc un sanctuaire, personne n'y touche si je comprends bien ?
R. La Défense est un ministère régalien mais il participe, comme tous les autres ministères, à l'effort pour redresser les finances de notre pays. Mais nous devons aussi avoir les moyens de nos missions. A mes yeux, le budget qui nous a été accordé est un bon budget. Parce qu'il nous permet de poursuivre le redressement de l'effort de défense qui avait été extrêmement compromis sous le précédent gouvernement, avec une baisse des crédits sensibles. Il nous permet d'assurer nos missions, les missions de sécurité que nous devons aux Français, surtout dans le contexte de terrorisme ou de crise, que nous connaissons aujourd'hui. Il nous permet aussi de contribuer à l'activité économique et sociale de notre pays. La Défense est le premier investisseur du pays.
Q. Alors pour être, on va le voir tout à l'heure, mais pour être plus direct, tout l'été il n'a été question que du bras de fer, si je puis dire, Sarkozy - Alliot-Marie. La rigueur des finances face aux dépenses de la Défense, mais dans l'ensemble vous estimez que vos demandes ont été satisfaites ?
R. Oui. Tous les ans, à la même époque il y a des discussions entre le ministère des Finances et la Défense. Estimant que la Défense est l'un des plus gros budgets, le ministère des Finances a tendance à vouloir réduire les moyens de la Défense.
Q. Autrement dit, il n'y a pas de vainqueur, de vaincu...
R. Non. Il ne faut pas raisonner ainsi. Nous appartenons au même gouvernement. Nous avons la même volonté de participer au redressement de notre pays. Et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai précisé dès le début que, nous aussi, nous participions aux économies.
Q. De quelle façon ?
R. Notamment en faisant des efforts de rationalisation, de modernisation au sein du ministère, efforts qui nous conduisent par exemple à mutualiser un certain nombre de fonctions. Mutualiser des fonctions d'achats, des services de construction, des services informatiques nous a déjà permis de faire des économies sensibles l'année dernière.
Q. Dans la Défense, il y a 450 000 et quelques emplois civils et militaires, vous allez les réduire cette année de 1 200 ?
R. Oui, il y a quelques réductions.
Q. C'est un effort d'économie aussi...
R. Il y a également, bien entendu, des créations d'emplois. A partir du moment où nous réduisons le périmètre d'un certain nombre de services qui travaillent aussi efficacement qu'auparavant mais en étant regroupés, cela nous permet de ne pas remplacer un certain nombre de départs à la retraite. Dans le même temps, cela nous permet de créer de nouveaux emplois, là où nous en avons besoin. Plusieurs centaines d'emplois de gendarmes seront créés ; au sein du service de santé et à la DGSE, plusieurs emplois seront également créés.
Q. Vous avez obtenu pratiquement toutes les armes que vous avez réclamées. Vous, quelle arme vous utilisez pour convaincre ?
R. Une arme de bon sens, tout simplement. Nous sommes aujourd'hui face à des menaces terroristes qui peuvent frapper notre territoire ou nos concitoyens lorsqu'ils se trouvent à l'étranger. Nous sommes face à des crises multiples qui peuvent avoir des conséquences pour notre pays et encourager le terrorisme. Face à cela, il faut que nous soyons à même d'assurer la sécurité des Français. D'un autre côté, et je tiens à insister sur ce point, ce n'est pas de l'argent qui est dispersé ; la part la plus importante de ce budget est consacrée à des activités industrielles. Nous sommes le premier investisseur industriel de tout le pays, ce qui nous permet de créer de très nombreux emplois, et pas simplement dans les grandes entreprises, mais aussi beaucoup dans les PME. Il y a plus de 4 000 petites et moyennes entreprises qui travaillent directement pour la Défense. Sans oublier les dizaines de milliers de petites et moyennes entreprises sur l'ensemble du territoire national qui travaillent aussi pour la Défense. Dans nombres de nos régions, ce chiffre atteint pratiquement 50 % du nombre des PME et PMI.
Q. Et vous devriez aider davantage la recherche civile à travers les budgets militaires de la Recherche ?
R. C'est bien ce qui est fait. Permettez-moi de vous dire que le ministère de la Défense est très souvent en tête pour la recherche et les hautes technologies qui ont ensuite des applications retombant dans le secteur civil. Je fais d'ailleurs cette année un effort tout particulier, puisque le budget consacré à la recherche est en augmentation de 8 %.
Q. Alors on va commander 59 Rafale en plus des 10 livrés l'année prochaine. Serge Dassault doit être content, je pense qu'il va pouvoir acheter encore des journaux. Quand signez-vous ?
R. Il ne faut pas voir les choses ainsi. Les Rafale, cela représente comme je viens de le dire, du travail pour des centaines de petites et moyennes entreprises qui y participent. Parce qu'un avion aussi complexe que le Rafale fait appel à de très nombreuses entreprises.
Q. C'est un avion pour créer des emplois ?
R. Il crée en effet des emplois et donc de la richesse pour notre pays, dans la mesure où plusieurs pays étrangers seraient aussi intéressés par le Rafale. C'est aussi une façon de promouvoir les technologies françaises à l'étranger.
Q. Mais jusqu'à quand il sera construit par nous, tout seul et pour nous tout seul en dehors des peut-être trois ou quatre pays qui vont nous l'acheter enfin ?
R. L'avion de cette génération est effectivement un avion " franco-français ". Les avions de la prochaine génération, que l'on appelle de la cinquième génération, feront certainement appel à de nouveaux systèmes d'armes. Grâce aux crédits de la Défense, nous avons par exemple lancé une démarche de démonstrateur de drones. J'ai lancé cette idée de démonstrateur, ces avions sans pilote dont vous parliez, auprès d'entreprises françaises qui apportent elles-mêmes une participation et l'ouvrent à d'autres. Aujourd'hui, l'avion de combat sans pilote UCAV par exemple, réunit sept pays européens.
Q. Rapidement deux questions, je n'oublie pas que vous êtes une politique. Le budget 2005 va permettre à la France d'une façon générale de 10 milliards ses déficits, de respecter les 3 % de Maastricht etc. d'avoir des dépenses qui progressent pas plus que la hausse des prix. Ce budget Sarkozy arbitré Raffarin c'est un bon budget et c'est un bon budget pour qui ? Pour le pays ou pour les électeurs de droite dont François Hollande dit qu'ils reçoivent des cadeaux ?
R. C'est un bon budget pour le pays, parce qu'il nous permet de tenir notamment nos engagements internationaux et qu'il redresse notre situation. C'est un bon budget pour l'ensemble des Français, parce qu'il y a un certain nombre de mesures qui intéressent tout le monde.
Je vous remercie, Michèle Alliot-Marie et je vous souhaite une bonne journée.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 24 septembre 2004)
Michèle Alliot-Marie bonjour.
Michèle Alliot-Marie :
Bonjour.
Q. Merci d'être là. L'OTAN s'est accordée cette nuit pour envoyer des instructeurs en Irak pour former des cadres de l'armée irakienne. Est-ce que vous confirmez que la France n'enverra pas de soldat à Bagdad pour les former ?
R. Il n'y aura pas de militaire français à Bagdad. La solution en Irak est d'abord une solution politique. Il faut que les Irakiens aient réellement le sentiment d'avoir retrouvé leur souveraineté ; voir davantage d'uniformes militaires étrangers sur place n'ira pas en ce sens. Cela ne signifie pas que nous ne participerons pas à la reconstruction de l'Irak, mais nous ne le ferons pas sur le territoire irakien.
Q. Donc il n'y aura aucune présence, aucune participation active de la France sur le plan militaire dans le chaos irakien d'aujourd'hui ?
R. Exactement. Nous pensons qu'il y a des éléments qui doivent permettre de reconstruire ce pays et nous sommes prêts à y participer. Nous avons d'ailleurs déjà fait un certain nombre de propositions, mais il n'est pas question pour nous, je le répète, d'envoyer des militaires français dans ce pays.
Q. D'après vos renseignements, l'Irak est-elle en train de devenir une terre de regain du terrorisme et d'un terrorisme avec des ramifications partout, y compris même peut-être en Europe ?
R. Le terrorisme cherche tous les prétextes pour se développer. Il est évident que toute situation de crise, toute situation de chaos lui profite et peut être utilisée par le terrorisme soit pour agir soit comme prétexte pour une action à l'extérieur.
Q. Est-ce que vous confirmez qu'Al-Zarqaoui est en train de devenir un des leaders opérationnels du terrorisme le plus féroce, le plus cruel, le plus absurde ?
R. Il suffit de regarder ce qui se passe ainsi que les revendications d'un certain nombre d'assassinats pour en être convaincu.
Q. Il y a une terrible angoisse, madame Alliot-Marie, qui monte sur le sort des otages italiennes et anglais. Est-ce qu'on peut avoir ce matin, une pensée pour eux ? Et je ne veux pas insister, on comprend pourquoi, pour Christian Chesnot, Georges Malbrunot ?
R. Nous travaillons autant qu'il est possible et avec une grande solidarité de tous les ministères, de toute la communauté française et avec le soutien d'un certain nombre de nos amis à l'extérieur, pour faire en sorte, et comme nous l'espérons tous, qu'il puisse y avoir d'abord une préservation de la vie des otages et ensuite, leur libération la plus rapide possible.
Q. Le budget. Le budget 2005, la Défense est donc un sanctuaire, personne n'y touche si je comprends bien ?
R. La Défense est un ministère régalien mais il participe, comme tous les autres ministères, à l'effort pour redresser les finances de notre pays. Mais nous devons aussi avoir les moyens de nos missions. A mes yeux, le budget qui nous a été accordé est un bon budget. Parce qu'il nous permet de poursuivre le redressement de l'effort de défense qui avait été extrêmement compromis sous le précédent gouvernement, avec une baisse des crédits sensibles. Il nous permet d'assurer nos missions, les missions de sécurité que nous devons aux Français, surtout dans le contexte de terrorisme ou de crise, que nous connaissons aujourd'hui. Il nous permet aussi de contribuer à l'activité économique et sociale de notre pays. La Défense est le premier investisseur du pays.
Q. Alors pour être, on va le voir tout à l'heure, mais pour être plus direct, tout l'été il n'a été question que du bras de fer, si je puis dire, Sarkozy - Alliot-Marie. La rigueur des finances face aux dépenses de la Défense, mais dans l'ensemble vous estimez que vos demandes ont été satisfaites ?
R. Oui. Tous les ans, à la même époque il y a des discussions entre le ministère des Finances et la Défense. Estimant que la Défense est l'un des plus gros budgets, le ministère des Finances a tendance à vouloir réduire les moyens de la Défense.
Q. Autrement dit, il n'y a pas de vainqueur, de vaincu...
R. Non. Il ne faut pas raisonner ainsi. Nous appartenons au même gouvernement. Nous avons la même volonté de participer au redressement de notre pays. Et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai précisé dès le début que, nous aussi, nous participions aux économies.
Q. De quelle façon ?
R. Notamment en faisant des efforts de rationalisation, de modernisation au sein du ministère, efforts qui nous conduisent par exemple à mutualiser un certain nombre de fonctions. Mutualiser des fonctions d'achats, des services de construction, des services informatiques nous a déjà permis de faire des économies sensibles l'année dernière.
Q. Dans la Défense, il y a 450 000 et quelques emplois civils et militaires, vous allez les réduire cette année de 1 200 ?
R. Oui, il y a quelques réductions.
Q. C'est un effort d'économie aussi...
R. Il y a également, bien entendu, des créations d'emplois. A partir du moment où nous réduisons le périmètre d'un certain nombre de services qui travaillent aussi efficacement qu'auparavant mais en étant regroupés, cela nous permet de ne pas remplacer un certain nombre de départs à la retraite. Dans le même temps, cela nous permet de créer de nouveaux emplois, là où nous en avons besoin. Plusieurs centaines d'emplois de gendarmes seront créés ; au sein du service de santé et à la DGSE, plusieurs emplois seront également créés.
Q. Vous avez obtenu pratiquement toutes les armes que vous avez réclamées. Vous, quelle arme vous utilisez pour convaincre ?
R. Une arme de bon sens, tout simplement. Nous sommes aujourd'hui face à des menaces terroristes qui peuvent frapper notre territoire ou nos concitoyens lorsqu'ils se trouvent à l'étranger. Nous sommes face à des crises multiples qui peuvent avoir des conséquences pour notre pays et encourager le terrorisme. Face à cela, il faut que nous soyons à même d'assurer la sécurité des Français. D'un autre côté, et je tiens à insister sur ce point, ce n'est pas de l'argent qui est dispersé ; la part la plus importante de ce budget est consacrée à des activités industrielles. Nous sommes le premier investisseur industriel de tout le pays, ce qui nous permet de créer de très nombreux emplois, et pas simplement dans les grandes entreprises, mais aussi beaucoup dans les PME. Il y a plus de 4 000 petites et moyennes entreprises qui travaillent directement pour la Défense. Sans oublier les dizaines de milliers de petites et moyennes entreprises sur l'ensemble du territoire national qui travaillent aussi pour la Défense. Dans nombres de nos régions, ce chiffre atteint pratiquement 50 % du nombre des PME et PMI.
Q. Et vous devriez aider davantage la recherche civile à travers les budgets militaires de la Recherche ?
R. C'est bien ce qui est fait. Permettez-moi de vous dire que le ministère de la Défense est très souvent en tête pour la recherche et les hautes technologies qui ont ensuite des applications retombant dans le secteur civil. Je fais d'ailleurs cette année un effort tout particulier, puisque le budget consacré à la recherche est en augmentation de 8 %.
Q. Alors on va commander 59 Rafale en plus des 10 livrés l'année prochaine. Serge Dassault doit être content, je pense qu'il va pouvoir acheter encore des journaux. Quand signez-vous ?
R. Il ne faut pas voir les choses ainsi. Les Rafale, cela représente comme je viens de le dire, du travail pour des centaines de petites et moyennes entreprises qui y participent. Parce qu'un avion aussi complexe que le Rafale fait appel à de très nombreuses entreprises.
Q. C'est un avion pour créer des emplois ?
R. Il crée en effet des emplois et donc de la richesse pour notre pays, dans la mesure où plusieurs pays étrangers seraient aussi intéressés par le Rafale. C'est aussi une façon de promouvoir les technologies françaises à l'étranger.
Q. Mais jusqu'à quand il sera construit par nous, tout seul et pour nous tout seul en dehors des peut-être trois ou quatre pays qui vont nous l'acheter enfin ?
R. L'avion de cette génération est effectivement un avion " franco-français ". Les avions de la prochaine génération, que l'on appelle de la cinquième génération, feront certainement appel à de nouveaux systèmes d'armes. Grâce aux crédits de la Défense, nous avons par exemple lancé une démarche de démonstrateur de drones. J'ai lancé cette idée de démonstrateur, ces avions sans pilote dont vous parliez, auprès d'entreprises françaises qui apportent elles-mêmes une participation et l'ouvrent à d'autres. Aujourd'hui, l'avion de combat sans pilote UCAV par exemple, réunit sept pays européens.
Q. Rapidement deux questions, je n'oublie pas que vous êtes une politique. Le budget 2005 va permettre à la France d'une façon générale de 10 milliards ses déficits, de respecter les 3 % de Maastricht etc. d'avoir des dépenses qui progressent pas plus que la hausse des prix. Ce budget Sarkozy arbitré Raffarin c'est un bon budget et c'est un bon budget pour qui ? Pour le pays ou pour les électeurs de droite dont François Hollande dit qu'ils reçoivent des cadeaux ?
R. C'est un bon budget pour le pays, parce qu'il nous permet de tenir notamment nos engagements internationaux et qu'il redresse notre situation. C'est un bon budget pour l'ensemble des Français, parce qu'il y a un certain nombre de mesures qui intéressent tout le monde.
Je vous remercie, Michèle Alliot-Marie et je vous souhaite une bonne journée.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 24 septembre 2004)