Texte intégral
Chers amis de Paris, Chers amis de l'Ile de France,
Je ne vous ai pas oublié. Je n'ai pas oublié les douze années pendant lesquelles les électrices et électeurs du XVIIIème arrondissement m'ont fait confiance et je garde la fierté de ce que nous avons réalisé ensemble. C'est vous dire si ce soir je suis heureux d'être parmi vous et combien votre accueil rajoute à la convivialité et à l'amitié de cette rencontre.
Vous êtes en train de réaliser un rêve que j'ai exprimé depuis le début de cette campagne : faire naître, apparaître, s'affirmer, un mot dont on nous a dit qu'il était totalement absent de la campagne européenne : L'enthousiasme.
Oui, ce soir, je sens de l'enthousiasme dans cette réunion, et je peux le comprendre, celui de venir à la rencontre de notre Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin. Cher Jean-Pierre, tu as, je le sais, une tâche difficile. Tu as la tâche la plus difficile. C'est pour cela que nous sommes autour de toi et que nous t'encourageons.
Vous êtes venus également avec enthousiasme parce que vous avez voulu accueillir comme il se doit Wilfried Martens, qui préside aux destinées de notre Parti Populaire Européen. Il a fait le voyage pour être avec nous ce soir, je lui en exprime toute ma gratitude.
L'enthousiasme est le meilleur antidote contre le doute et contre la peur, que certains essaient d'instiller dans cette campagne européenne. Ne croyez pas et dites autour de vous qu'il ne faut pas croire ceux qui veulent nous convaincre que les Français se désintéressent de l'Europe, ce n'est pas vrai. Toutes les enquêtes d'opinion et tous les contacts que nous avons autour eus pendant cette campagne nous montrent le contraire.
Les Français veulent qu'on leur adresse un message mobilisateur, qu'on leur explique l'Europe et qu'on la leur fasse aimer. A nous d'assumer cette tâche, haut et fort.
Ne croyez pas non plus ceux qui vous disent que l'Europe est la source de tous nos maux. Les Europhobes de tous poils prolifèrent dans cette campagne, sur notre droite comme sur notre gauche. En réalité, ils déforment la vérité.
Vous le savez et les Français également au fond d'eux-mêmes, dans le monde du XXIème siècle, si agité, tourmenté, dangereux, il n'y a pas d'avenir pour la France sans progression de la construction européenne.
Ne suivez pas non plus les incorrigibles de la division, qui reprochaient à certains d'entre nous, il y a dix ans, Wilfried Martens s'en souvient, d'affaiblir le PPE et qui s'apprêtent aujourd'hui à le quitter. Curieux retournement de l'histoire.
Alors, pas de peur ni de doute, de l'enthousiasme et de la confiance. Il faut avoir confiance.
Nous devons d'abord avoir confiance en Europe. Il faut le répéter même si cela paraît un peu bateau et convenu, mais c'est tellement vrai : l'Europe c'est d'abord la paix.
Nous l'avons vu, dimanche dernier, sur les plages de Normandie, en regardant à la télévision ces images absolument extraordinaires. Je garderai notamment le souvenir et le témoignage de ce vétéran, bardé de décorations, évoquant le sacrifice de ses camarades, combien sont morts sur ces plages pour nous libérer, et les souffrances qu'il avait lui-même endurées, et qui disait : " Nous avons notre récompense, aujourd'hui l'Europe, c'est la paix ".
Ce continent s'est déchiré pendant près de deux siècles en guerres civiles successives. Aujourd'hui, nous avons ce bien extraordinaire qu'est la paix, grâce à la construction européenne et aux actes fondateurs de Robert Schumann, de Jean Monnet, du Général de Gaulle, de Conrad Adenauer et de ceux qui les ont suivis.
La paix ce n'est pas simplement un moment pour les Monuments aux Morts. La paix c'est l'avenir et pas uniquement le passé. Il faut la faire, la construire, la sauvegarder, la consolider chaque jour. Ce n'est pas évident. Il y a moins de dix ans, il y avait, à deux heures d'avion de Paris, des combats fratricides au cur des Balkans. Il y avait la guerre en Europe.
Il faut donc poursuivre sur le chemin de la paix et nous venons de franchir une étape extraordinaire dans ce chemin, avec l'élargissement.
Certains en ont peur et se disent qu'en ouvrant les frontières nous allons être confrontés à toutes sortes de défis. C'est exactement la chanson que l'on nous a chanté, il y a quinze ans, lorsque l'Espagne et le Portugal sont entrés dans l'Union. Aujourd'hui, dans mon cher Sud-ouest, on s'en réjouit car ce sont des partenaires formidables, dont la croissance nous tire en avant.
Ce sera la même chose avec les 10 pays qui nous rejoignent, tout simplement parce que cet élargissement, c'est la réunification de la famille européenne et c'est donc une chance supplémentaire pour la paix.
La paix c'est aussi construire une Europe puissance et j'utilise ce terme à dessein. Il paraît que cela fait peur chez certains de nos partenaires : Europe puissance
de paix !
Vous sentez bien qu'aujourd'hui, à la surface du monde, si l'Europe n'est pas présente à la table des grands, ce sera une chance de moins pour la paix. Nous l'avons bien vu à propos de la crise irakienne. Il faut qu'à cette table, où siègent nos amis américains, où siègent déjà et demain les Chinois, les Japonais et les Indiens, il y ait les Européens unis, pour que l'Europe acteur politique sur la scène mondiale joue ce rôle de puissance de paix.
Voilà pourquoi il faut avoir confiance en Europe et qu'elle mérite que nous nous " défoncions " encore pour elle, dans ces derniers jours de campagne.
L'Europe c'est aussi la démocratie, ce sont nos valeurs, notre identité et à ce propos, je voudrais vous parler de la Constitution. Beaucoup nous en parlent mais nous ne l'avons peut-être pas tous lu car c'est un peu copieux, même si c'est bien écrit pour une fois.
Cette constitution ne comprend pas simplement des règles de fonctionnement entre le Parlement, la Commission, le Conseil des ministres, le Conseil européen, tout cela est très important, mais c'est plus que cela, c'est vraiment un acte politique.
Un acte politique qui affirme nos valeurs fondamentales. L'Europe est un ensemble de Nations et de peuples qui ont des valeurs en commun, c'est-à-dire la liberté, la démocratie, l'Etat de droit, les droits de la personne humaine. C'est un geste capital que de l'affirmer désormais dans un texte constitutionnel.
La Constitution, c'est aussi, pour la première fois, un texte qui va protéger l'identité française. J'entends les souverainistes de tous bords nous dirent que la France va disparaître en tant que telle, que l'identité et la personnalité de la France sont menacées. Ce n'est pas sérieux.
J'ai fait pendant cette campagne toute une série de meetings avec des hommes politiques européens. Helmut Kohl nous a dit à Strasbourg : " Je suis Européen mais je n'ai pas envie de cesser d'être Allemand ! ". A Bordeaux, nous étions avec le député espagnol, Inigo Menez de Vigo, qui a dit la même chose : " je suis Européen, mais je n'ai pas envie de cesser d'être Espagnol ". D'ailleurs, depuis que l'Espagne est entrée dans l'Union, on ne peut pas dire qu'elle soit devenue moins espagnole qu'avant, parfois on pourrait même se demander si elle ne l'est pas un peu plus. Nous, nous disons la même chose. Nous sommes Européens mais également Français et avons bien l'intention de le rester.
Justement, cette Constitution, pour la première fois, va faire vivre un principe très intellectuel, auquel j'ai eu du mal à m'habituer, le principe de subsidiarité. Personnellement, je préfère dire " qui fait quoi ", c'est plus simple. La Constitution nous dit qui fait quoi.
L'Union fait un certain nombre de choses, ce qu'elle peut faire mieux à cause de sa taille, que ne pourraient faire des Nations séparées. Par exemple, négocier les règles du commerce mondial à l'OMC, il vaut mieux le faire à 15 ou 25 que tout seul. Mais elle ne fait pas tout.
Les Etats Nations continuent d'avoir leurs propres compétences, en particulier dans le domaine de la protection sociale, nous voulons que nos systèmes de retraites, d'assurance maladie et de cohésion sociale, restent dans le cadre du génie français.
La Constitution va permettre de vérifier que si jamais l'Union voulait empiéter sur les compétences des Etats Nations, les Parlements nationaux puissent alors déclencher une sonnette d'alarme afin de rétablir le partage des compétences.
C'est en cela que cette Constitution est un formidable progrès et voilà pourquoi il faudra la ratifier. Nous pensons, à l'UMP, qu'il faudrait la ratifier par referendum, il ne faut pas en avoir peur.
Le dernier sondage sur l'Europe, et vous savez que je ne suis pas un fana des sondages, je les prends avec prudence et de longues pincettes ; montre que 66% des Français sont intéressés par l'Europe, alors que tous les matins, dans les media, on nous serine que non. Ensuite, sur un éventuel referendum sur la Constitution européenne, 70% disent voter oui.
Alors, il ne faut pas avoir peur, mais il faudra expliquer tout ce que cela apporte comme progrès et je crois que nous arriverons à convaincre.
Il faut également avoir confiance en Europe parce que c'est une chance supplémentaire de croissance et d'emploi.
Il est vrai qu'avec l'élargissement, les délocalisations font peur. Il faut s'y préparer et se renforcer pour les éviter. Mais l'Europe, c'est aussi une chance formidable, c'est 75 millions de nouveaux européens et donc 75 millions de nouveaux consommateurs pour nos entreprises.
Les entreprises françaises ont 5% de parts de marchés dans les nouveaux pays qui viennent d'entrer dans l'Union, l'Allemagne en a 20%. Si nous doublons nos parts de marchés, cela représente du travail pour nos entreprises, donc des emplois pour nos travailleurs.
Là aussi, à condition que l'Europe ait une vision volontariste de la politique économique, il ne faut pas en avoir peur, elle peut nous apporter beaucoup. Quand je parle de vision volontariste, cela veut dire qu'il faut peut-être un peu changer le cours des choses dans ce domaine.
La politique économique de l'Union ne doit pas simplement être une Banque centrale défendant l'Euro et une Commission cherchant à assurer une concurrence pure et parfaite partout. Il faut aussi avoir des champions européens, il faut défendre Alstom et Sanofi Aventis, il faut constituer de grands groupes industriels européens, il faut une politique industrielle européenne.
Nous avons eu Airbus, dans les années qui viennent de s'écouler, 40 000 emplois, nous avons besoin d'autres formes de coopérations de ce genre. Je pense notamment au projet ITER, d'énergie du futur, où la France est candidate pour le site de Cadarache. Seule, la France aurait-elle la moindre chance d'obtenir un projet international de cette taille ? Elle ne le gagnera que parce que l'ensemble de la Communauté européenne se mobilise pour défendre ce projet, représentant des milliards d'euros d'investissements dans les prochaines années, des centaines de chercheurs et surtout une promesse d'énergie pour l'Europe et le monde à échéance de vingt ou trente.
Voilà ce qu'est une Europe volontariste, capable d'investir dans la recherche et l'innovation.
L'Europe, c'est enfin et surtout peut-être la fraternité et l'humanisme. Pour nos adversaires socialistes, c'est très simple, c'est l'Europe sociale. L'Europe sociale, ce sont les 35 heures généralisées à l'ensemble de l'Union européenne et le Smic européen aligné on ne sait trop sur quoi.
J'étais récemment confronté à François Hollande et lui disais qu'il était curieux que, concernant les 35 heures, aucun autre parti socialiste européen n'en veuille. Vous connaissez d'ailleurs à ce sujet le mot fameux de Gerhard Schröder: " les 35 heures en France, c'est bon pour l'Allemagne !".
Concernant le Smic européen, aujourd'hui le salaire minimum polonais doit être le dixième du Smic français. Allons nous nous aligner sur la moyenne ?
Monsieur Hollande a répondu que c'était pour dans très très longtemps. Donc, pas pour la prochaine mandature du Parlement européen alors pourquoi cela figure-t-il sur leur programme ?
Pour nous, l'Europe de la fraternité et humaniste, c'est d'abord le renforcement du modèle social auquel nous tenons. Cela ne signifie pas forcément qu'il faille tout transférer à l'Union européenne. Nos retraites, notre assurance maladie, c'est à nous de les gérer et de les réformer.
Puis, c'est aussi un grand combat, une sorte de nouvelle frontière, comme nous l'avons écrit dans notre programme, avec la lutte contre la pauvreté en France, en Europe et dans le monde. Voilà une cause qu'une Europe humaniste devrait endosser.
Il ne faut pas se faire d'illusion, les objectifs de paix et de croissance ne pourront être atteints, avec une moitié de l'humanité qui continue à crever de faim. Nous devons lutter contre les injustices et donner à chaque peuple les chances de son plein développement. C'est la vraie et seule manière de construire pour demain un monde pacifique, dans lequel les mouvements de population ne nous exposerons pas aux phénomènes que nous connaissons aujourd'hui.
Voilà également une des vocations de l'Europe.
Avoir confiance en l'Europe mais avoir aussi confiance en la France. La France doit être forte si nous voulons réussir l'Europe. C'est également un enjeu de la consultation électorale prochaine. La France doit réussir ses réformes.
Je souhaiterais dire à Jean-Pierre Raffarin combien nous sommes admiratifs et décidés.
Admiratifs du courage dont il a fait preuve depuis deux ans, contre vents et marées, pour réussir les réformes dont la France a besoin, en particulier la réforme des retraites.
Décidés également à le soutenir dans les réformes qu'il est en train de proposer au Parlement. Celle de l'assurance maladie, une nécessité absolue et une réforme juste, puisqu'elle vise à plus de qualité des soins et à bien répartir les efforts entre les Français.
Celle de nos services publics, Edf est une très grande entreprise, ses salariés ont droit au respect et l'extrémisme de quelques-uns uns ne fera pas reculer la détermination du gouvernement et de la majorité devant la nécessité d'adapter et de moderniser nos entreprises.
Je voudrais terminer en vous appelant également à avoir confiance dans l'UMP. Nous présentons, pour ces élections européennes, de bonnes listes. Je voudrais ici saluer celle de l'Ilde France, une équipe qui s'est beaucoup engagée sur le terrain, et donner tout particulièrement mon amitié, mon soutien et ma reconnaissance à Patrick Gaubert, à Nicole Fontaine, à Jacques Toubon, à Marie-Thérèse Hermange, qui méritent ce soir une ovation.
Nous avons une bonne liste et des idées claires.
Pour nous mobiliser et nous rassembler, nous avons aussi la conviction que c'est en soutenant l'action de Jacques Chirac, dont la présence internationale nous donne fierté, et l'action du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, que, demain, l'UMP assurera à la France et à l'Europe, le succès qui fera le bonheur de nos jeunes et de nos enfants.
Vive l'UMP, vive la France et vive l'Europe !
(Source : http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 15 juin 2004)
Je ne vous ai pas oublié. Je n'ai pas oublié les douze années pendant lesquelles les électrices et électeurs du XVIIIème arrondissement m'ont fait confiance et je garde la fierté de ce que nous avons réalisé ensemble. C'est vous dire si ce soir je suis heureux d'être parmi vous et combien votre accueil rajoute à la convivialité et à l'amitié de cette rencontre.
Vous êtes en train de réaliser un rêve que j'ai exprimé depuis le début de cette campagne : faire naître, apparaître, s'affirmer, un mot dont on nous a dit qu'il était totalement absent de la campagne européenne : L'enthousiasme.
Oui, ce soir, je sens de l'enthousiasme dans cette réunion, et je peux le comprendre, celui de venir à la rencontre de notre Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin. Cher Jean-Pierre, tu as, je le sais, une tâche difficile. Tu as la tâche la plus difficile. C'est pour cela que nous sommes autour de toi et que nous t'encourageons.
Vous êtes venus également avec enthousiasme parce que vous avez voulu accueillir comme il se doit Wilfried Martens, qui préside aux destinées de notre Parti Populaire Européen. Il a fait le voyage pour être avec nous ce soir, je lui en exprime toute ma gratitude.
L'enthousiasme est le meilleur antidote contre le doute et contre la peur, que certains essaient d'instiller dans cette campagne européenne. Ne croyez pas et dites autour de vous qu'il ne faut pas croire ceux qui veulent nous convaincre que les Français se désintéressent de l'Europe, ce n'est pas vrai. Toutes les enquêtes d'opinion et tous les contacts que nous avons autour eus pendant cette campagne nous montrent le contraire.
Les Français veulent qu'on leur adresse un message mobilisateur, qu'on leur explique l'Europe et qu'on la leur fasse aimer. A nous d'assumer cette tâche, haut et fort.
Ne croyez pas non plus ceux qui vous disent que l'Europe est la source de tous nos maux. Les Europhobes de tous poils prolifèrent dans cette campagne, sur notre droite comme sur notre gauche. En réalité, ils déforment la vérité.
Vous le savez et les Français également au fond d'eux-mêmes, dans le monde du XXIème siècle, si agité, tourmenté, dangereux, il n'y a pas d'avenir pour la France sans progression de la construction européenne.
Ne suivez pas non plus les incorrigibles de la division, qui reprochaient à certains d'entre nous, il y a dix ans, Wilfried Martens s'en souvient, d'affaiblir le PPE et qui s'apprêtent aujourd'hui à le quitter. Curieux retournement de l'histoire.
Alors, pas de peur ni de doute, de l'enthousiasme et de la confiance. Il faut avoir confiance.
Nous devons d'abord avoir confiance en Europe. Il faut le répéter même si cela paraît un peu bateau et convenu, mais c'est tellement vrai : l'Europe c'est d'abord la paix.
Nous l'avons vu, dimanche dernier, sur les plages de Normandie, en regardant à la télévision ces images absolument extraordinaires. Je garderai notamment le souvenir et le témoignage de ce vétéran, bardé de décorations, évoquant le sacrifice de ses camarades, combien sont morts sur ces plages pour nous libérer, et les souffrances qu'il avait lui-même endurées, et qui disait : " Nous avons notre récompense, aujourd'hui l'Europe, c'est la paix ".
Ce continent s'est déchiré pendant près de deux siècles en guerres civiles successives. Aujourd'hui, nous avons ce bien extraordinaire qu'est la paix, grâce à la construction européenne et aux actes fondateurs de Robert Schumann, de Jean Monnet, du Général de Gaulle, de Conrad Adenauer et de ceux qui les ont suivis.
La paix ce n'est pas simplement un moment pour les Monuments aux Morts. La paix c'est l'avenir et pas uniquement le passé. Il faut la faire, la construire, la sauvegarder, la consolider chaque jour. Ce n'est pas évident. Il y a moins de dix ans, il y avait, à deux heures d'avion de Paris, des combats fratricides au cur des Balkans. Il y avait la guerre en Europe.
Il faut donc poursuivre sur le chemin de la paix et nous venons de franchir une étape extraordinaire dans ce chemin, avec l'élargissement.
Certains en ont peur et se disent qu'en ouvrant les frontières nous allons être confrontés à toutes sortes de défis. C'est exactement la chanson que l'on nous a chanté, il y a quinze ans, lorsque l'Espagne et le Portugal sont entrés dans l'Union. Aujourd'hui, dans mon cher Sud-ouest, on s'en réjouit car ce sont des partenaires formidables, dont la croissance nous tire en avant.
Ce sera la même chose avec les 10 pays qui nous rejoignent, tout simplement parce que cet élargissement, c'est la réunification de la famille européenne et c'est donc une chance supplémentaire pour la paix.
La paix c'est aussi construire une Europe puissance et j'utilise ce terme à dessein. Il paraît que cela fait peur chez certains de nos partenaires : Europe puissance
de paix !
Vous sentez bien qu'aujourd'hui, à la surface du monde, si l'Europe n'est pas présente à la table des grands, ce sera une chance de moins pour la paix. Nous l'avons bien vu à propos de la crise irakienne. Il faut qu'à cette table, où siègent nos amis américains, où siègent déjà et demain les Chinois, les Japonais et les Indiens, il y ait les Européens unis, pour que l'Europe acteur politique sur la scène mondiale joue ce rôle de puissance de paix.
Voilà pourquoi il faut avoir confiance en Europe et qu'elle mérite que nous nous " défoncions " encore pour elle, dans ces derniers jours de campagne.
L'Europe c'est aussi la démocratie, ce sont nos valeurs, notre identité et à ce propos, je voudrais vous parler de la Constitution. Beaucoup nous en parlent mais nous ne l'avons peut-être pas tous lu car c'est un peu copieux, même si c'est bien écrit pour une fois.
Cette constitution ne comprend pas simplement des règles de fonctionnement entre le Parlement, la Commission, le Conseil des ministres, le Conseil européen, tout cela est très important, mais c'est plus que cela, c'est vraiment un acte politique.
Un acte politique qui affirme nos valeurs fondamentales. L'Europe est un ensemble de Nations et de peuples qui ont des valeurs en commun, c'est-à-dire la liberté, la démocratie, l'Etat de droit, les droits de la personne humaine. C'est un geste capital que de l'affirmer désormais dans un texte constitutionnel.
La Constitution, c'est aussi, pour la première fois, un texte qui va protéger l'identité française. J'entends les souverainistes de tous bords nous dirent que la France va disparaître en tant que telle, que l'identité et la personnalité de la France sont menacées. Ce n'est pas sérieux.
J'ai fait pendant cette campagne toute une série de meetings avec des hommes politiques européens. Helmut Kohl nous a dit à Strasbourg : " Je suis Européen mais je n'ai pas envie de cesser d'être Allemand ! ". A Bordeaux, nous étions avec le député espagnol, Inigo Menez de Vigo, qui a dit la même chose : " je suis Européen, mais je n'ai pas envie de cesser d'être Espagnol ". D'ailleurs, depuis que l'Espagne est entrée dans l'Union, on ne peut pas dire qu'elle soit devenue moins espagnole qu'avant, parfois on pourrait même se demander si elle ne l'est pas un peu plus. Nous, nous disons la même chose. Nous sommes Européens mais également Français et avons bien l'intention de le rester.
Justement, cette Constitution, pour la première fois, va faire vivre un principe très intellectuel, auquel j'ai eu du mal à m'habituer, le principe de subsidiarité. Personnellement, je préfère dire " qui fait quoi ", c'est plus simple. La Constitution nous dit qui fait quoi.
L'Union fait un certain nombre de choses, ce qu'elle peut faire mieux à cause de sa taille, que ne pourraient faire des Nations séparées. Par exemple, négocier les règles du commerce mondial à l'OMC, il vaut mieux le faire à 15 ou 25 que tout seul. Mais elle ne fait pas tout.
Les Etats Nations continuent d'avoir leurs propres compétences, en particulier dans le domaine de la protection sociale, nous voulons que nos systèmes de retraites, d'assurance maladie et de cohésion sociale, restent dans le cadre du génie français.
La Constitution va permettre de vérifier que si jamais l'Union voulait empiéter sur les compétences des Etats Nations, les Parlements nationaux puissent alors déclencher une sonnette d'alarme afin de rétablir le partage des compétences.
C'est en cela que cette Constitution est un formidable progrès et voilà pourquoi il faudra la ratifier. Nous pensons, à l'UMP, qu'il faudrait la ratifier par referendum, il ne faut pas en avoir peur.
Le dernier sondage sur l'Europe, et vous savez que je ne suis pas un fana des sondages, je les prends avec prudence et de longues pincettes ; montre que 66% des Français sont intéressés par l'Europe, alors que tous les matins, dans les media, on nous serine que non. Ensuite, sur un éventuel referendum sur la Constitution européenne, 70% disent voter oui.
Alors, il ne faut pas avoir peur, mais il faudra expliquer tout ce que cela apporte comme progrès et je crois que nous arriverons à convaincre.
Il faut également avoir confiance en Europe parce que c'est une chance supplémentaire de croissance et d'emploi.
Il est vrai qu'avec l'élargissement, les délocalisations font peur. Il faut s'y préparer et se renforcer pour les éviter. Mais l'Europe, c'est aussi une chance formidable, c'est 75 millions de nouveaux européens et donc 75 millions de nouveaux consommateurs pour nos entreprises.
Les entreprises françaises ont 5% de parts de marchés dans les nouveaux pays qui viennent d'entrer dans l'Union, l'Allemagne en a 20%. Si nous doublons nos parts de marchés, cela représente du travail pour nos entreprises, donc des emplois pour nos travailleurs.
Là aussi, à condition que l'Europe ait une vision volontariste de la politique économique, il ne faut pas en avoir peur, elle peut nous apporter beaucoup. Quand je parle de vision volontariste, cela veut dire qu'il faut peut-être un peu changer le cours des choses dans ce domaine.
La politique économique de l'Union ne doit pas simplement être une Banque centrale défendant l'Euro et une Commission cherchant à assurer une concurrence pure et parfaite partout. Il faut aussi avoir des champions européens, il faut défendre Alstom et Sanofi Aventis, il faut constituer de grands groupes industriels européens, il faut une politique industrielle européenne.
Nous avons eu Airbus, dans les années qui viennent de s'écouler, 40 000 emplois, nous avons besoin d'autres formes de coopérations de ce genre. Je pense notamment au projet ITER, d'énergie du futur, où la France est candidate pour le site de Cadarache. Seule, la France aurait-elle la moindre chance d'obtenir un projet international de cette taille ? Elle ne le gagnera que parce que l'ensemble de la Communauté européenne se mobilise pour défendre ce projet, représentant des milliards d'euros d'investissements dans les prochaines années, des centaines de chercheurs et surtout une promesse d'énergie pour l'Europe et le monde à échéance de vingt ou trente.
Voilà ce qu'est une Europe volontariste, capable d'investir dans la recherche et l'innovation.
L'Europe, c'est enfin et surtout peut-être la fraternité et l'humanisme. Pour nos adversaires socialistes, c'est très simple, c'est l'Europe sociale. L'Europe sociale, ce sont les 35 heures généralisées à l'ensemble de l'Union européenne et le Smic européen aligné on ne sait trop sur quoi.
J'étais récemment confronté à François Hollande et lui disais qu'il était curieux que, concernant les 35 heures, aucun autre parti socialiste européen n'en veuille. Vous connaissez d'ailleurs à ce sujet le mot fameux de Gerhard Schröder: " les 35 heures en France, c'est bon pour l'Allemagne !".
Concernant le Smic européen, aujourd'hui le salaire minimum polonais doit être le dixième du Smic français. Allons nous nous aligner sur la moyenne ?
Monsieur Hollande a répondu que c'était pour dans très très longtemps. Donc, pas pour la prochaine mandature du Parlement européen alors pourquoi cela figure-t-il sur leur programme ?
Pour nous, l'Europe de la fraternité et humaniste, c'est d'abord le renforcement du modèle social auquel nous tenons. Cela ne signifie pas forcément qu'il faille tout transférer à l'Union européenne. Nos retraites, notre assurance maladie, c'est à nous de les gérer et de les réformer.
Puis, c'est aussi un grand combat, une sorte de nouvelle frontière, comme nous l'avons écrit dans notre programme, avec la lutte contre la pauvreté en France, en Europe et dans le monde. Voilà une cause qu'une Europe humaniste devrait endosser.
Il ne faut pas se faire d'illusion, les objectifs de paix et de croissance ne pourront être atteints, avec une moitié de l'humanité qui continue à crever de faim. Nous devons lutter contre les injustices et donner à chaque peuple les chances de son plein développement. C'est la vraie et seule manière de construire pour demain un monde pacifique, dans lequel les mouvements de population ne nous exposerons pas aux phénomènes que nous connaissons aujourd'hui.
Voilà également une des vocations de l'Europe.
Avoir confiance en l'Europe mais avoir aussi confiance en la France. La France doit être forte si nous voulons réussir l'Europe. C'est également un enjeu de la consultation électorale prochaine. La France doit réussir ses réformes.
Je souhaiterais dire à Jean-Pierre Raffarin combien nous sommes admiratifs et décidés.
Admiratifs du courage dont il a fait preuve depuis deux ans, contre vents et marées, pour réussir les réformes dont la France a besoin, en particulier la réforme des retraites.
Décidés également à le soutenir dans les réformes qu'il est en train de proposer au Parlement. Celle de l'assurance maladie, une nécessité absolue et une réforme juste, puisqu'elle vise à plus de qualité des soins et à bien répartir les efforts entre les Français.
Celle de nos services publics, Edf est une très grande entreprise, ses salariés ont droit au respect et l'extrémisme de quelques-uns uns ne fera pas reculer la détermination du gouvernement et de la majorité devant la nécessité d'adapter et de moderniser nos entreprises.
Je voudrais terminer en vous appelant également à avoir confiance dans l'UMP. Nous présentons, pour ces élections européennes, de bonnes listes. Je voudrais ici saluer celle de l'Ilde France, une équipe qui s'est beaucoup engagée sur le terrain, et donner tout particulièrement mon amitié, mon soutien et ma reconnaissance à Patrick Gaubert, à Nicole Fontaine, à Jacques Toubon, à Marie-Thérèse Hermange, qui méritent ce soir une ovation.
Nous avons une bonne liste et des idées claires.
Pour nous mobiliser et nous rassembler, nous avons aussi la conviction que c'est en soutenant l'action de Jacques Chirac, dont la présence internationale nous donne fierté, et l'action du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, que, demain, l'UMP assurera à la France et à l'Europe, le succès qui fera le bonheur de nos jeunes et de nos enfants.
Vive l'UMP, vive la France et vive l'Europe !
(Source : http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 15 juin 2004)