Déclarations de M. Nicolas Sarkozy, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, sur la dette irakienne et la crise du Darfour soudanais, Washington les 1er, 2, et 4 octobre 2004.

Prononcé le 1er octobre 2004

Intervenant(s) : 

Circonstance : Déplacement à New York et Washington pour le G7 finances

Texte intégral

Vendredi 1er octobre
Q - Pouvez-vous nous parler de la dette irakienne ?
R - Sur la dette irakienne, les positions se sont rapprochées, même s'il y a encore des différences : tout le monde est d'accord pour aider l'Irak à s'en sortir, tout le monde est d'accord pour essayer de trouver une solution avant la fin de l'année. Alors, reste à savoir quel est le pourcentage d'annulation de la dette. Vous savez que notre position, c'est 50 % d'annulation tout de suite et que, pour le reste, il faut se donner un peu de temps pour voir comment évolue la situation en Irak, quelles sont les capacités de production pétrolière irakiennes. Ceci a été l'objet de discussions assez longues que nous avons eues cet après-midi dans le cadre du G8, avec les autres ministres des finances.
Q - Quand pourra-t-on avoir un accord sur la dette irakienne ?
R - Sur la dette irakienne, cela passe également par le Club de Paris, mais l'objectif qui a été fixé par les chefs d'État à Sea Island, c'est la fin de l'année.
Q - Et vous pensez que ce sera tenu ?
R - Il le faut.

Samedi 2 octobre
Q - Avez-vous parlé de la dette irakienne ?
R - Oui, très clairement, nous avons parlé de la dette irakienne. J'ai même avancé ce que pourrait être un compromis, ce qui a créé d'ailleurs beaucoup d'émoi hier soir du côté de ceux qui ne s'y attendaient pas. Tout le monde est d'accord pour réduire la dette de l'Irak. Tout le monde est d'accord pour trouver une solution avant la fin de l'année. Tout le monde est d'accord pour que cela passe par le Club de Paris. J'ai donc proposé qu'on annule tout de suite 50 % de la dette irakienne et qu'on considère que l'Irak n'aurait rien à rembourser pendant la durée du programme FMI. Or la durée du programme FMI, c'est 3 ans. A l'issue du programme FMI, on fera une analyse de la soutenabilité de la dette irakienne. Qu'est-ce que cela veut dire ? Quel sera le prix du brent à ce moment là ? Quelle sera la production de l'Irak à ce moment là ? Les Russes, les Allemands et les Italiens se sont ralliés à cette position. Les Anglais ont dit : "Je serais d'accord sur cette position si tu montes à 80 %" J'ai répondu : "Je ne suis pas mandaté pour monter à 80 %". Il m'a dit : "Mais à quoi correspondent les 50 % ?". "Les 50 %, c'est exactement ce qui a été fait au début des années 90 pour la dette égyptienne et la dette polonaise et, vous vous en souvenez certainement, sur proposition américaine. Je ne vois pas pourquoi ce qui serait valable pour les uns ne le serait pas pour les autres. C'est une proposition qu'on pourrait retenir. Maintenant, Jean-Pierre Jouyet, va reprendre le flambeau au sein du Club de Paris.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 octobre 2004)
Nous avons eu une réunion avec le Secrétaire général. Nous avons parlé de la crise irakienne, de la crise au Darfour. Le Secrétaire général a également fait part des difficultés de financement d'un certain nombre de programmes et nous a appelés à participer sous forme de contributions volontaires. C'était un entretien passionnant avec un homme qui est un homme de paix.
Q - Sur la question du Darfour, Kofi Annan se plaint souvent qu'il n'y a pas suffisamment de pays donateurs. Lui avez-vous fait des promesses ?
R - Kofi Annan n'a pas visé simplement le financement du Darfour, mais il a appelé l'ensemble des pays développés à participer. Il a reconnu d'ailleurs que la France payait ses cotisations à l'Organisation des Nations unies. J'ai cru comprendre que ce n'était pas le cas de tout le monde. La question qui était posée pour la France, qui fait son devoir, c'est de savoir si on peut faire plus. Et comme il avait devant lui le ministre des Finances, il a demandé plus. Mais il est rare que lorsqu'un ministre des Finances est là, on lui demande de faire moins. On va essayer de l'aider.
(...)
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 octobre 2004)