Déclaration de M. Christian Poncelet, président du Sénat, sur les relations franco-gabonaises et l'accord de coopération entre les Sénats français et gabonais, Libreville le 16 juin 2004.

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Circonstance : Voyage officiel au Gabon les 16 et 17 juin 2004-séance plénière au Sénat de la République gabonaise

Texte intégral

Monsieur le Président du Sénat,
Mesdames et Messieurs les sénateurs,
Mesdames et Messieurs les députés,
Chers collègues,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Je voudrais d'abord, Monsieur le Président, cher ami Georges RAWIRI,vous remercier chaleureusement pour les propos aimables que vous venez de m'adresser : ils me touchent sincèrement, de même, j'en suis sûr, que la délégation que j'ai le privilège de conduire.
C'est pour moi un honneur d'être accueilli ici, au Sénat de la République gabonaise, par vous-même, Monsieur le Président, mais aussi par vos collègues, que je remercie de s'être associés à cette rencontre.
C'est un honneur, mais, plus encore, un bonheur, tant sont étroits et privilégiés les liens qui unissent nos deux Sénats, à l'image, il faut bien le dire, de nos deux pays.
En parlant de bonheur, je n'oublie pas cependant le drame qui a endeuillé le Gabon le 8 juin, ce jour funeste où l'avion assurant la desserte Libreville-Franceville s'est écrasé, causant la mort de vingt personnes.
En communion d'esprit avec les dix rescapés de ce terrible accident, je voudrais vous demander d'observer une minute de silence, à la mémoire des disparus.
Merci.
Mesdames et Messieurs,
Il y a entre la France et le Gabon des liens spécifiques, presque fraternels.
Au plan politique, les échanges de haut niveau entre nos deux pays sont constants et réguliers, l'exemple étant donné au sommet par des rencontres fréquentes entre nos deux chefs d'Etat : le Président Omar BONGO ONDIMBA s'est ainsi rendu cinq fois en France en 2003.
Sans prétendre égaler ce record, ma présence ici aujourd'hui participe de cette même volonté de tisser des liens personnels et pas seulement professionnels avec vous.
Au plan économique, nos relations sont particulièrement étroites, nos entreprises étant largement implantées au Gabon, où 80% des investissements étrangers sont réalisés par la France, votre premier fournisseur.
Comme vous le savez, les Français ont par ailleurs été vos avocats permanents, tant au FMI qu'au Club de Paris, que nous présidons, pour que la dette gabonaise bénéficie d'un traitement favorable, susceptible d'aider le Gabon dans la voie difficile mais nécessaire des réformes économiques.
Je me réjouis tout particulièrement que le Club de Paris ait ainsi décidé le 11 juin à l'aube, après de longues heures de négociations, d'accorder un rééchelonnement substantiel de la dette gabonaise, puisqu'il concerne 717 millions d'euros.
La relation franco-gabonaise est donc une relation à part, qui connaît peu d'équivalent dans le monde.
Sans prétendre réinventer la roue, il me semble toutefois qu'on pourrait donner à cette relation une assise plus large et, pour tout dire, plus populaire.
Il s'agirait de mettre davantage l'accent sur trois domaines qui me tiennent particulièrement à coeur, et qui, même s'ils peuvent paraître modestes, devraient toutefois permettre des avancées concrètes :
- la coopération décentralisée, encore insuffisamment développée alors qu'elle donne souvent, avec des moyens limités, des résultats tangibles et rapides ;
- les échanges d'étudiants, car la jeunesse est notre avenir à tous et qu'il n'est de richesse que d'homme, comme le disait le penseur français Jean BODIN, dès le XVIème siècle ;
- les projets culturels, parce qu'ils donnent du sens à une coopération qui ne saurait être durable si elle se cantonnait à la politique et à l'économique.
Soucieux justement de résultats concrets, le Sénat de la République française a tout de suite eu à coeur d'aider le nouveau Sénat gabonais à prendre son envol.
Ainsi, c'est avec le Sénat de la République gabonaise, tout juste installé, que le Sénat de la République française a signé, en janvier 1998, l'un de ses premiers accords de coopération avec une chambre haute étrangère.
Depuis, les échanges entre nos deux institutions n'ont cessé de se développer, de se renforcer, de s'intensifier, tant au niveau des sénateurs qu'à celui des administrateurs. Il y a moins d'une semaine, nous avions ainsi le plaisir d'accueillir à Paris le Président et le premier rapporteur de la commission des Finances, venus faire une mission sur l'autonomie financière des assemblées.
Je me réjouis donc qu'au-delà de la coopération que nous entretenons au travers du programme financé par l'Union interparlementaire et le PNUD, nos deux assemblées maintiennent des contacts permanents.
Disant cela, je m'empresse de préciser que l'expertise française que nous sommes heureux de vous apporter ne prétend évidemment pas répondre à toutes vos questions ou régler tous vos problèmes.
Assurément, la proximité entre nos deux pays, qui se retrouve notamment sur le plan politique et institutionnel, permet d'appliquer beaucoup de recettes françaises aux spécificités gabonaises. Mais le système français n'est pas le seul et nous ne prendrons jamais ombrage des conseils ou avis que vous pourriez prendre ailleurs.
Aujourd'hui, alors que je me rends pour la première fois en visite officielle au Gabon, je suis heureux de constater de mes yeux tous les progrès que vous avez réalisés en si peu de temps.
Le Sénat gabonais a certes maintenant l'âge de raison -7 ans- mais vous me permettrez de dire qu'il fait plus que son âge. Je suis frappé, en effet, par la maturité dont votre institution fait preuve et par la facilité avec laquelle vous vous êtes fondus dans le système politique gabonais.
C'est pour moi une preuve supplémentaire des vertus et des mérites du bicamérisme, qui est décidément un modèle d'avenir puisqu'il ne cesse, en particulier depuis une dizaine d'années, de faire des émules.
Le succès du forum des sénats du monde, que j'avais organisé à Paris, le 14 mars 2000, et qui s'est depuis décliné en associations régionales, en est une autre illustration. A cet égard, le père fondateur de l'Association des sénats d'Europe que je suis, se réjouit de la réussite de la réunion de l'association des sénats d'Afrique et du Monde arabe, qui s'est tenue au Yémen, en avril dernier.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
J'aurai, au cours de ma visite, plusieurs occasions d'insister sur les excellentes relations entre la France et le Gabon, quel que soit le domaine. Je ne manquerai pas, en particulier, de le dire au Président BONGO ONDIMBA, qui a toujours compté parmi les alliés les plus sûrs et les plus fidèles de mon pays.
Îlot de paix, de stabilité, et de prospérité dans une région malheureusement troublée, le Gabon, sous la houlette éclairée du Président BONGO ONDIMBA, est pour la France un partenaire irremplaçable, indispensable pour la résolution de bien des crises africaines.
Je ne doute pas qu'il continuera de l'être longtemps et que vous, sénateurs gabonais, aurez à coeur d'y veiller. La diplomatie parlementaire, complémentaire et non concurrente de la diplomatie tout court, conduite par l'exécutif, doit aussi servir à cela.
Nous aurons l'occasion d'évoquer toutes ces questions au cours de nos prochaines séances de travail. Aussi n'en dirai-je pas plus cet après-midi.
Laissez-moi simplement dire bien fort :
Vive le Gabon !
Vive la France !
Et vive l'amitié franco-gabonaise !
(Source http://www.senat.fr, le 24 juin 2004)