Texte intégral
J'ai été très sensible à votre invitation et j'avais d'ailleurs prévu de partager plus longuement ce moment avec vous. Les circonstances m'en empêchent malheureusement.
Les industries de la Mode représentent un enjeu essentiel au plan économique et social, mais aussi par l'image qu'elles véhiculent à l'extérieur de notre pays.
La mode française, et particulièrement la mode féminine, bénéficie d'atouts majeurs dans la compétition mondiale : la notoriété de ses marques, sa créativité reconnue, et la qualité de ses produits lui permettent d'être compétitive dans un contexte international fortement concurrentiel.
Je sais que l'année 2003, marquée par la montée en puissance du continent asiatique, et en particulier la Chine, a été à cet égard particulièrement difficile pour vous, avec une consommation atone, une production en diminution, et des exportations en baisse.
Pour autant, je reste convaincu qu'il existe un avenir crédible pour votre profession et vos industries ici, en France. Votre capacité créative, votre appui permanent aux jeunes entreprises nouvellement créées, votre volonté de conquérir de nouveaux marchés à l'exportation sont les meilleurs garants de votre pérennité.
Soyez imaginatifs : la mode appartient à tous. Le dynamisme des entreprises de 20 à 50 personnes et des jeunes stylistes de votre secteur traduit la capacité de ces structures modestes à capter l'air du temps et les tendances.
La mode, qui s'est largement démocratisée, ainsi que le succès de certaines enseignes en témoigne, doit devenir une culture, un réflexe de tous, producteurs, créateurs, consommateurs.
Notre pays a le plus faible coefficient budgétaire d'habillement (3,8 %) en Europe, loin derrière l'Italie (7,3 %) et même l'Allemagne (5,6 %). Il faut innover, réinventer de nouveaux styles et redonner envie aux Français de s'habiller.
Je soutiendrai la démarche de ceux qui innovent. J'ai demandé à mes services d'étudier la faisabilité et les modalités de mise en place d'un crédit d'impôt sous forme d'un dispositif allégeant les dépenses de stylisme et de création. Il existe actuellement en France un dispositif fiscal, le Crédit d'Impôt Collection, qui, du fait de la réglementation communautaire en matière d'aides d'Etat, est actuellement limité à un plafond de 100 000 euros tous les 3 ans, ce qui le rend peu incitatif. Je souhaite faire supprimer ce plafond. Le dialogue avec la Commission sera complexe, mais c'est une mesure à laquelle je suis particulièrement attaché, et c'est un de mes objectifs prioritaires dans le cadre des travaux du Groupe de Haut Niveau européen sur l'industrie textile et d'habillement.
Il faut aussi favoriser les jeunes stylistes porteurs de projets ou dont l'entreprise est en phase de développement. Je tiens à cet égard à souligner l'intérêt que je porte à la démarche de la Fédération du Prêt à Porter Féminin, qui a su nouer des partenariats au plan local afin de créer les meilleures conditions de démarrage pour ces jeunes entreprises. Sur un thème aussi essentiel, le ministère de l'industrie sera toujours à l'écoute de votre fédération pour vous aider et pour faire aboutir des propositions utiles pour le secteur et son développement.
La mondialisation conduira inéluctablement à une interpénétration croissante des économies. Il vous faudra, en contrepartie du développement inéluctable des importations, trouver de nouveaux débouchés à l'exportation. La France a une position solide en Europe. L'élargissement de l'UE doit être considéré comme une opportunité. Mais au-delà même de l'Europe, c'est vers le monde qu'il faut regarder.
Toutefois, la compétitivité de l'industrie européenne ne pourra s'exercer pleinement que dans le cadre d'un commerce international équitable et d'une ouverture effective des marchés. L'exemplarité de l'Union Européenne, une des zones les plus ouvertes aux importations et possédant les droits de douanes les plus faibles au monde, ne trouve pas toujours la réciprocité attendue face aux barrières tarifaires et non tarifaires importantes de certains pays en voie de développement.
C'est pourquoi, à Bruxelles, au groupe de Haut Niveau auquel je participe, je défends la réciprocité des conditions d'accès aux marchés mondiaux et l'application d'instruments de défense commerciale, en tant que de besoin et dans le cadre défini par l'OMC.
La mise en place rapide et complète d'une zone Paneuromed constitue également une priorité importante. Je sais les liens que vous avez tissés ces dernières années avec nos partenaires du Maghreb.
Dernier point enfin, l'avenir des comités professionnels de développement, qui apportent un soutien apprécié aux entreprises du secteur, et en particulier le DEFI s'agissant des industries de l'habillement. Son concours a permis de lancer la campagne de mensuration nationale ; il a été à l'initiative de séminaires de sensibilisation sur la lutte contre la contrefaçon et apporte un appui financier significatif aux écoles de formation, dont Mod'Spé. Il soutient des actions en vue de favoriser l'image de l'industrie française et la diffusion de leur offre. C'est à cet égard un complément idéal des actions entreprises et de la collaboration développée par votre fédération au plan international.
J'ai pleinement conscience de l'urgence qu'il y a à mettre en place un dispositif juridique qui permette la pérennisation des opérations menées par les comités de développement professionnels, et croyez que je m'y emploie activement. Nous devrions pouvoir en reparler sur la base de pistes concrètes dans les prochaines semaines.
Vous le voyez, les sujets de travail ne manquent pas. Je reste stupéfait du défaitisme de ceux qui me disent qu'on ne peut pas faire de politique industrielle dans le secteur des industries manufacturières et des biens de consommation : c'est une contre-vérité. C'est dans vos secteurs, soumis à la concurrence mondiale, en recherche constante de compétitivité, de créativité et d'innovation, que le rôle de l'Etat, qui doit créer les conditions économiques permettant à l'industrie d'évoluer et de préparer son avenir, est peut-être le plus important.
[Et, avant de vous souhaiter bon appétit et de vous quitter, je veux vous rassurer : certes un homme succède à une femme au ministère de l'industrie, mais ce n'est pas pour cela que le prêt-à-porter féminin, qui constitue, j'en suis convaincu, un secteur industriel à part entière, sera délaissé.]
(source http://www.industrie.gouv.fr, le 17 juin 2004)
Les industries de la Mode représentent un enjeu essentiel au plan économique et social, mais aussi par l'image qu'elles véhiculent à l'extérieur de notre pays.
La mode française, et particulièrement la mode féminine, bénéficie d'atouts majeurs dans la compétition mondiale : la notoriété de ses marques, sa créativité reconnue, et la qualité de ses produits lui permettent d'être compétitive dans un contexte international fortement concurrentiel.
Je sais que l'année 2003, marquée par la montée en puissance du continent asiatique, et en particulier la Chine, a été à cet égard particulièrement difficile pour vous, avec une consommation atone, une production en diminution, et des exportations en baisse.
Pour autant, je reste convaincu qu'il existe un avenir crédible pour votre profession et vos industries ici, en France. Votre capacité créative, votre appui permanent aux jeunes entreprises nouvellement créées, votre volonté de conquérir de nouveaux marchés à l'exportation sont les meilleurs garants de votre pérennité.
Soyez imaginatifs : la mode appartient à tous. Le dynamisme des entreprises de 20 à 50 personnes et des jeunes stylistes de votre secteur traduit la capacité de ces structures modestes à capter l'air du temps et les tendances.
La mode, qui s'est largement démocratisée, ainsi que le succès de certaines enseignes en témoigne, doit devenir une culture, un réflexe de tous, producteurs, créateurs, consommateurs.
Notre pays a le plus faible coefficient budgétaire d'habillement (3,8 %) en Europe, loin derrière l'Italie (7,3 %) et même l'Allemagne (5,6 %). Il faut innover, réinventer de nouveaux styles et redonner envie aux Français de s'habiller.
Je soutiendrai la démarche de ceux qui innovent. J'ai demandé à mes services d'étudier la faisabilité et les modalités de mise en place d'un crédit d'impôt sous forme d'un dispositif allégeant les dépenses de stylisme et de création. Il existe actuellement en France un dispositif fiscal, le Crédit d'Impôt Collection, qui, du fait de la réglementation communautaire en matière d'aides d'Etat, est actuellement limité à un plafond de 100 000 euros tous les 3 ans, ce qui le rend peu incitatif. Je souhaite faire supprimer ce plafond. Le dialogue avec la Commission sera complexe, mais c'est une mesure à laquelle je suis particulièrement attaché, et c'est un de mes objectifs prioritaires dans le cadre des travaux du Groupe de Haut Niveau européen sur l'industrie textile et d'habillement.
Il faut aussi favoriser les jeunes stylistes porteurs de projets ou dont l'entreprise est en phase de développement. Je tiens à cet égard à souligner l'intérêt que je porte à la démarche de la Fédération du Prêt à Porter Féminin, qui a su nouer des partenariats au plan local afin de créer les meilleures conditions de démarrage pour ces jeunes entreprises. Sur un thème aussi essentiel, le ministère de l'industrie sera toujours à l'écoute de votre fédération pour vous aider et pour faire aboutir des propositions utiles pour le secteur et son développement.
La mondialisation conduira inéluctablement à une interpénétration croissante des économies. Il vous faudra, en contrepartie du développement inéluctable des importations, trouver de nouveaux débouchés à l'exportation. La France a une position solide en Europe. L'élargissement de l'UE doit être considéré comme une opportunité. Mais au-delà même de l'Europe, c'est vers le monde qu'il faut regarder.
Toutefois, la compétitivité de l'industrie européenne ne pourra s'exercer pleinement que dans le cadre d'un commerce international équitable et d'une ouverture effective des marchés. L'exemplarité de l'Union Européenne, une des zones les plus ouvertes aux importations et possédant les droits de douanes les plus faibles au monde, ne trouve pas toujours la réciprocité attendue face aux barrières tarifaires et non tarifaires importantes de certains pays en voie de développement.
C'est pourquoi, à Bruxelles, au groupe de Haut Niveau auquel je participe, je défends la réciprocité des conditions d'accès aux marchés mondiaux et l'application d'instruments de défense commerciale, en tant que de besoin et dans le cadre défini par l'OMC.
La mise en place rapide et complète d'une zone Paneuromed constitue également une priorité importante. Je sais les liens que vous avez tissés ces dernières années avec nos partenaires du Maghreb.
Dernier point enfin, l'avenir des comités professionnels de développement, qui apportent un soutien apprécié aux entreprises du secteur, et en particulier le DEFI s'agissant des industries de l'habillement. Son concours a permis de lancer la campagne de mensuration nationale ; il a été à l'initiative de séminaires de sensibilisation sur la lutte contre la contrefaçon et apporte un appui financier significatif aux écoles de formation, dont Mod'Spé. Il soutient des actions en vue de favoriser l'image de l'industrie française et la diffusion de leur offre. C'est à cet égard un complément idéal des actions entreprises et de la collaboration développée par votre fédération au plan international.
J'ai pleinement conscience de l'urgence qu'il y a à mettre en place un dispositif juridique qui permette la pérennisation des opérations menées par les comités de développement professionnels, et croyez que je m'y emploie activement. Nous devrions pouvoir en reparler sur la base de pistes concrètes dans les prochaines semaines.
Vous le voyez, les sujets de travail ne manquent pas. Je reste stupéfait du défaitisme de ceux qui me disent qu'on ne peut pas faire de politique industrielle dans le secteur des industries manufacturières et des biens de consommation : c'est une contre-vérité. C'est dans vos secteurs, soumis à la concurrence mondiale, en recherche constante de compétitivité, de créativité et d'innovation, que le rôle de l'Etat, qui doit créer les conditions économiques permettant à l'industrie d'évoluer et de préparer son avenir, est peut-être le plus important.
[Et, avant de vous souhaiter bon appétit et de vous quitter, je veux vous rassurer : certes un homme succède à une femme au ministère de l'industrie, mais ce n'est pas pour cela que le prêt-à-porter féminin, qui constitue, j'en suis convaincu, un secteur industriel à part entière, sera délaissé.]
(source http://www.industrie.gouv.fr, le 17 juin 2004)