Texte intégral
Campagne d'action et de communication
"Ne laissez pas les 35 heures se faire sans vous"
Pour réussir la réduction du temps de travail, la CFDT lance une grande campagne d'action pour mobiliser les salariés, avec une campagne de communication : mobiliser ses propres forces et se donner les moyens d'absorber le "choc" des milliers de négociations à venir dans des entreprises où le syndicalisme est souvent absent.
1. Les enjeux : il reste beaucoup à faire
Trois millions de salariés du privé sont couverts par un accord d'entreprise. Onze millions sont concernés par un accord de branche.
Le défi des 35 h concerne 8 millions de salariés du privé, 100 000 entreprises de plus de 20 salariés. Et tous les fonctionnaires.
Environ 100 000 entreprises de plus de 20 salariés (sur 120 000) n'ont pas encore négocié d'accord. Les entreprises de moins de 20 salariés ont encore deux années avant d'être concernées par la loi mais elles peuvent profiter de la période incitative 2000 - 2002 pour négocier un accord RTT.
Le salarié "seul" face aux 35 heures ? Il est clair que les salariés ont des approches variées de la réduction du temps de travail selon :
· Les secteurs professionnels, les territoires,
· La présence ou non d'organisation syndicale dans l'entreprise,
· La manière dont l'employeur réagit à l'obligation d'appliquer la loi. Les cas les plus difficiles se situent dans les PME, PMI, et les petites entreprises (+20 et -300).
Dans ces typologies d'entreprises, où le syndicalisme est souvent absent, les salariés expriment des interrogations, voire de la méfiance face aux 35 heures.
Plusieurs raisons à cela. Leur information est souvent incomplète, voire erronée. Le discours patronal est parfois fort peu constructif. Les salariés entendent parler de baisse de salaire, de surcharge de travail, et même de risque de perte d'emploi dans des entreprises qui disent ne pas avoir les moyens de faire face à ces nouvelles obligations.
Intéressés et perplexes, les salariés ont parfois peur "des lendemains qui déchantent". Un salarié peut craindre une remise en cause d'un équilibre fragile :
· entre temps de travail et temps hors travail (sous peine de conséquences y compris financières : crèches, transports).
· dans les relations au sein de l'entreprise
· dans la reconnaissance du travail effectué
Son environnement de travail, il l'a construit et croit le posséder. Son approche de l'entreprise, même critique, n'en demeure pas moins identitaire. L'employeur craint le changement ? Le salarié parfois autant. L'un comme l'autre veulent être rassurés sur la faisabilité de la RTT. En outre, dans nombre d'entreprises où le dialogue social n'a jamais été engagé, le syndicat est parfois perçu comme le loup dans la bergerie.
Mais en l'absence de contre-pouvoir, il y a fort à parier que l'équilibre final sur la réduction du temps de travail sera moins favorable aux salariés. D'où la campagne lancée en direction des salariés : "Ne laissez pas les 35 heures se faire sans vous."
Il va falloir ouvrir des milliers d'entreprises au dialogue social. La CFDT est consciente que les 35 heures ne se vendent pas "clés en mains". Il y a trop d'inconnues qui touchent les spécificités de l'entreprise et celles du vécu des salariés. Elle veut convaincre employeurs et salariés que les 35 heures sont une chance à saisir pour mettre sur la table l'ensemble des problèmes liés au temps de travail et à l'organisation du travail.
Négocier les 35 heures avec la CFDT c'est proposer aux salariés de mieux connaître, parfois de découvrir la couverture conventionnelle de leur secteur professionnel et les enjeux de la négociation collective. Négocier les 35 heures avec la CFDT c'est donner une image constructive du syndicalisme à des employeurs peu enclins à lui ouvrir les portes de l'entreprise.
La CFDT souhaite, lorsqu'il n'y a pas de présence syndicale, qu'un salarié soit mandaté à cette occasion, comme cela s'est déjà produit dans des milliers d'entreprises. Le mandaté sera formé à la négociation et, s'il le souhaite, accompagné durant toute la démarche de la négociation par un responsable CFDT. La solution, c'est le mandatement.
Garder le cap sur le bon usage des 35 heures et son effet sur l'emploi. L'enjeu pour la CFDT est bien que le projet d'accord contienne, outre les dispositions légales contenues dans la loi, une clause prévoyant la création d'emplois. La loi n'indiquant plus de seuil minimum, ce résultat sur l'emploi dépendra de l'implication des salariés. D'ailleurs, en l'absence de création d'emploi, la réduction du temps de travail imposerait davantage encore une réorganisation du travail.
L'enjeu est bien de permettre à l'entreprise d'adapter une organisation qui ne porte pas préjudice à sa productivité, et sans détérioration des conditions de travail des salariés. La CFDT y veillera particulièrement durant l'application des accords ( lire la fiche sur ce " nouveau défi syndical ").
Ne pas décevoir les attentes des salariés. Pour la CFDT, le chantier de la réduction du temps de travail est l'occasion d'ouvrir les portes de milliers d'entreprises jusque-là fermées. Depuis quatre ans, la CFDT enregistre ainsi des milliers de nouvelles implantations et d'adhésions. L'objectif est d'accueillir de plus en plus de salariés qui, après avoir négocié la RTT dans leur entreprise, demandent à négocier sur d'autres thèmes. Le chantier de la réduction du temps de travail est une chance pour le syndicalisme pour modifier son image, changer le rapport des salariés à l'adhésion et se développer.
Pour ne pas décevoir les attentes des salariés, la CFDT doit être capable d'absorber le "choc" des milliers de négociations à venir. Entre la loi de Robien et la loi Aubry II, le nombre d'accords négociés a été multiplié par dix.
Aujourd'hui c'est encore par 10 qu'il lui faut multiplier le nombre d'accords. Ces milliers de négociations à venir représentent un "choc" à absorber, un défi qui nécessite des moyens pour être relevé. Tous les salariés concernés par les 35 heures sont en droit d'attendre de la CFDT le soutien à cette démarche de négociation dans leur entreprise. Il faut que les salariés aient la possibilité de :
- contacter la CFDT localement ou le syndicat professionnel de leur secteur,
- avoir un interlocuteur syndical compétent qui les conseille, en particulier celui ou celle qu'ils auront mandaté : connaissance de la loi, aide au débat dans l'entreprise, à la consultation des salariés
- être aidé lors de l'application et le suivi de l'accord, pour le faire respecter et prendre en charge les évolutions sur les conditions de travail.
C'est pourquoi la CFDT lance une grande campagne d'action et de communication en direction des salariés.
2. La CFDT mobilise ses forces
1 800 structures de proximité mobilisées en priorité. Les 1800 syndicats professionnels de la CFDT seront particulièrement mise à contribution. Regroupant les sections d'entreprises, ils connaissent la réalité professionnelle et locale des entreprises où des négociations vont s'ouvrir.
Un "monsieur 35 heures" par département. Ce répondant 35 h dans les 100 points d'accueil et de renseignement téléphonique (numéro indigo) aura pour tâche de coordonner l'action des syndicats locaux. Le "responsable 35 heures" coordonnera l'action des militants CFDT et des négociateurs dans les entreprises et suivra les négociations. Les points d'accueil téléphonique répondront en permanence aux demandes de renseignements et d'intervention (salarié souhaitant être mandaté)
La CFDT va former des milliers de négociateurs "35 heures" (mandatés et responsables de section). Déjà 8 000 représentants CFDT ont bénéficié de cette formation. L'objectif est d'en former plusieurs autres milliers dans les mois à venir. Un module particulier, pour les négociateurs mandatés dans les TPE, va être développé.
Un nouveau guide du négociateur RTT prochainement disponible: une "bible" : toutes les arcanes de la 2e loi Aubry et les conseils de la CFDT.
Un nouveau défi: les conditions de travail. Une nouvelle enquête TEQ (le Travail en questions) va permettre aux sections syndicales de mesurer, avec les salariés, l'impact des réorganisations sur les conditions de travail, quelques mois après la mise en uvre d'un accord RTT. La confédération formera des formateurs de responsables "conditions de travail". Il en existe déjà 49, dans les régions et les fédérations.
Echanges d'idées et d'initiatives. La CFDTY va ouvrir une bourse d'échanges nationale d'idées et d'initiatives.
La syndicalisation, une priorité. Chaque salarié, chaque nouvel embauché est un adhérent potentiel. Son adhésion est le meilleur garant de la bonne application d'un accord.
La CFDT ira à la rencontre des salariés. La campagne de communication est une invitation à contacter la CFDT. Les contacts pris seront l'occasion de proposer l'adhésion aux salariés déjà dans l'entreprise. La CFDT proposera l'adhésion aux nouveaux embauchés en les informant que "Leur embauche nous l'avons voulu" (dépliant disponible).
3. Une grande campagne de communication vers les salariés
Quel message ? Convaincre les salariés que leur rôle sera déterminant. La 2e loi Aubry ouvre à la généralisation de la réduction du temps de travail qui va concerner des dizaines de milliers d'entreprises où le syndicalisme est souvent absent. Le risque, c'est de voir les salariés seuls face aux 35 heures.
Les salariés doivent être informés, aidés pour faire ouvrir les négociations d'entreprises et y participer. Elles seules permettront une réduction effective du temps de travail qui soit créatrice d'emploi.
Le rôle des salariés sera déterminant. C'est le sens du slogan de la campagne de la CFDT: "Ne laissez pas les 35 heures se faire sans vous!" avec en signature "Contactez la CFDT".
Le dispositif. La CFDT a privilégié une démarche de proximité :
L'affichage : 5 000 panneaux 4 X 3 sur tout le territoire du 2 au 8 février et relayés par des affichettes syndicales apposées dans les entreprises
La presse : 3 encarts dans une soixantaine de journaux régionaux les 2, 7 et 11 février.
Le support : une carte contact distribuée à un million d'exemplaires par les militants CFDT partout en France pour inciter à solliciter la CFDT (y seront indiquées les coordonnées locales de la CFDT et le numéro de téléphone indigo).
Le contact : un numéro Indigo national: le 0825 0825 35. Prévu aujourd'hui pour une durée de 6 mois, il orientera directement les salariés vers un contact CFDT dans leur département, cela afin de traiter au mieux les situations, interrogations et attentes de chacun. Sera par ailleurs proposée la consultation du site Internet confédéral (www.cfdt.fr), le web permettant un premier contact.
Les arguments : des dizaines de milliers de brochures. A partir d'un support national, les Fédérations, Unions Régionales et Départementales CFDT diffuseront des dépliants incluant une information sur des dimensions professionnelles ou locales spécifiques.
4. Maîtriser l'impact des réorganisations du travail
Après la RTT, un nouveau défi : les conditions de travail. Les réorganisations dues à la réduction des horaires ont un impact sur les conditions de travail des salariés. C'est ce que montrait déjà l'enquête réalisée par la CFDT en 1999 auprès de 10 000 salariés de 200 entreprises ayant signé un accord depuis un an. Cette enquête a été réalisée dans le cadre de la démarche sur les mutations du travail baptisée "Le travail en questions" engagée depuis quatre ans par la CFDT.
Selon cette enquête, 70% des salariés ne voudraient plus revenir en arrière compte tenu de l'emploi créé dans leur entreprise et du temps libre supplémentaire dont ils disposent, mais 50% estiment que leurs conditions de travail n'ont pas été améliorées par la réduction du temps de travail.
Certains estiment que leur charge de travail n'a pas diminué, d'autres éprouvent plus de difficultés dans les relations quotidiennes de travail, d'autres enfin expriment un sentiment d'intensification accompagné soit de fatigue soit de stress supplémentaire.
Avec le développement à grande échelle de la réduction du temps de travail, la question des conditions de travail va devenir un défi syndical tout aussi important.
Il faut surveiller ces évolutions comme le lait sur le feu. La réduction du temps de travail a souvent permis aux employeurs de procéder, en contrepartie de l'emploi et de la RTT, à des adaptations d'organisation dont les conséquences complexes ne sont pas toujours anticipables par les partenaires sociaux, d'où l'importance du suivi de l'accord.
Nous savons que c'est au cur de ces réorganisations que les salariés "trouveront leur compte" ou pas à l'arrivée.
5. A chaque accord, une enquête auprès des salariés
La CFDT lance une enquête "Travail en questions" grand format. Il est décisif d'aller à la rencontre des salariés, leur permettre de s'exprimer, d'analyser ce qui se passe sur le terrain des conditions de travail. C'est la condition pour assurer un suivi efficace des accords et initier les aménagements qui se révéleront nécessaires.
C'est pourquoi la CFDT a décidé de lancer une nouvelle enquête TEQ "grand format", proposée à toutes les sections syndicales pour :
· renforcer dans chaque entreprise le contact et la participation des salariés, leur adhésion
· établir un bilan de la mise en uvre des 35 heures
· élaborer des revendications
· ouvrir une négociation sur les nouvelles conditions de travail.
Un nouvel outil d'action syndicale. Ce dispositif sera proposé aux sections syndicales qui ont signé un accord de RTT depuis plus de 6 mois et se décomposera en 3 phases.
* Une journée de formation des militants de la section au dispositif
* Une enquête auprès des salariés. Cette enquête se fera au moyen d'un questionnaire et d'un entretien avec les salariés sur les problèmes particuliers au service ou à l'atelier. Les résultats seront communiqués à la section dans un délai maximum de 2 semaines.
* Une réunion de la section sur deux jours pour effectuer un bilan et une analyse des résultats de l'enquête, formuler les axes revendicatifs et un plan de travail pour faire avancer ces revendications et les négociations qui les accompagneront.
Le réseau des responsables fédéraux et régionaux CFDT des conditions de travail sera mis à contribution pour mettre en place sur tout le territoire ce nouveau dispositif.
6. Des effets complexes qui nécessitent un suivi
Impossible de lire dans une boule de cristal. Pour la CFDT, la façon dont les salariés perçoivent les changements est tout aussi importante que le contenu "objectif" d'un accord.
La prise en compte des conditions de travail est complexe. Au moment de sa signature, les salariés d'une entreprise peuvent apprécier un accord positivement s'ils estiment qu'il y a un certain équilibre en avantages et inconvénients ; avantage du temps libéré et des créations d'emplois, inconvénients présumés d'une modulation des horaires, ou par exemple, d'un gel des salaires momentané.
Six mois après, le jugement des salariés se fera sur le vécu quotidien ; sentiment ou non d'avoir réellement plus de temps pour soi, réalité des conditions de travail, polyvalences inattendues ou programmées, qualifiantes ou non, conséquence ou non des embauches sur son propre travail, attitude de la hiérarchie dans le changement
Les effets de la RTT sont toujours plus complexes que ce que l'on avait imaginé. Il y a des modulations d'horaires qui rendent imperceptibles la réduction du temps de travail. Il y a des réorganisations qui intensifient le travail et rendent invisibles les effets des recrutements. Il y a des petites réductions journalières qui rendent de grands services à l'organisation de la vie familiale. Il y a des réorganisations qui sont bien acceptées car les salariés ont participé et donné leur avis
Outre la mise en uvre de l'accord qui modifie la donne, d'autres facteurs de changement viennent s'ajouter car la vie de l'entreprise continue : que ce soit les restructurations, la concurrence, les évolutions technologiques ou l'adaptation incessante au marché. Autant d'éléments qui influent aussi sur les choix d'organisation des employeurs et donc sur les conditions de travail.
7. La CFDT veut développer le dialogue social dans les TPE/PME
Un enjeu décisif pour les 35 heures et l'évolution des relations sociales. 1 300 000 entreprises françaises ont entre 1 et 49 salariés. Ce sont le plus souvent des déserts syndicaux. L'information y est la plupart du temps incomplète voire erronée. Le syndicalisme y est perçu comme un loup dans la bergerie. Le changement y est vécu souvent avec une crainte, celle de la faillite de l'entreprise. Et pourtant 7 accords sur 10 (soit 15 000) conclus depuis la loi de Robien l'ont été dans ces entreprises.
Une nouvelle génération d'acteurs sociaux apparaît, conscients de l'efficacité de relations sociales plus structurées. Dix mille salariés mandatés ou de nouveaux délégués du personnel ont exercé une fonction de représentation collective et syndicale. La CFDT a mené une enquête auprès de 400 mandatés dans des entreprises de moins de 50 salariés. Ceux ci formulent de fortes attentes vis à vis du syndicat sur d'autres sujets de négociations : droits des salariés, avantages sociaux tels les chèques vacances, formation professionnelle.
La généralisation de la RTT doit être l'occasion d'amplifier ce mouvement. L'enjeu, pour la CFDT, est aujourd'hui:
· de généraliser le dialogue social dans les Tpe /Pme,
· de le pérenniser en construisant une représentation collective adaptée, à un milieu ayant de fortes spécificités,
· d'ouvrir à leurs salariés des droits équivalents à ceux des autres entreprises.
Pour cela la CFDT développe la fonction conseil et appui dans la négociation, en particulier avec des dispositifs de formation adaptés à ce public. S'appuyant sur des expériences menées avec succès dans certaines régions (comme Poitou Charente), elle pousse à la création de groupement d'employeurs qui permettent de créer des emplois à temps complet, ou de dispositifs paritaires d'aide à des accords collectifs entre plusieurs petites entreprises.
Elle prolonge le mandatement en assurant un suivi des accords et la formation de certains mandatés pour qu'ils deviennent représentant syndical dans leur entreprise ou délégué professionnel territorial.
La CFDT organisera le 28 mars prochain un colloque sur les relations sociales et professionnelles dans les Tpe/Pme. Il y sera rendu compte de travaux de la CFDT sur le dialogue social, la représentation collective, le mandatement , les effets des accords RTT sur les relations professionnelles et sur la reconnaissance du syndicalisme.
(Source http://www.cfdt.fr, le 25 novembre 2002)
"Ne laissez pas les 35 heures se faire sans vous"
Pour réussir la réduction du temps de travail, la CFDT lance une grande campagne d'action pour mobiliser les salariés, avec une campagne de communication : mobiliser ses propres forces et se donner les moyens d'absorber le "choc" des milliers de négociations à venir dans des entreprises où le syndicalisme est souvent absent.
1. Les enjeux : il reste beaucoup à faire
Trois millions de salariés du privé sont couverts par un accord d'entreprise. Onze millions sont concernés par un accord de branche.
Le défi des 35 h concerne 8 millions de salariés du privé, 100 000 entreprises de plus de 20 salariés. Et tous les fonctionnaires.
Environ 100 000 entreprises de plus de 20 salariés (sur 120 000) n'ont pas encore négocié d'accord. Les entreprises de moins de 20 salariés ont encore deux années avant d'être concernées par la loi mais elles peuvent profiter de la période incitative 2000 - 2002 pour négocier un accord RTT.
Le salarié "seul" face aux 35 heures ? Il est clair que les salariés ont des approches variées de la réduction du temps de travail selon :
· Les secteurs professionnels, les territoires,
· La présence ou non d'organisation syndicale dans l'entreprise,
· La manière dont l'employeur réagit à l'obligation d'appliquer la loi. Les cas les plus difficiles se situent dans les PME, PMI, et les petites entreprises (+20 et -300).
Dans ces typologies d'entreprises, où le syndicalisme est souvent absent, les salariés expriment des interrogations, voire de la méfiance face aux 35 heures.
Plusieurs raisons à cela. Leur information est souvent incomplète, voire erronée. Le discours patronal est parfois fort peu constructif. Les salariés entendent parler de baisse de salaire, de surcharge de travail, et même de risque de perte d'emploi dans des entreprises qui disent ne pas avoir les moyens de faire face à ces nouvelles obligations.
Intéressés et perplexes, les salariés ont parfois peur "des lendemains qui déchantent". Un salarié peut craindre une remise en cause d'un équilibre fragile :
· entre temps de travail et temps hors travail (sous peine de conséquences y compris financières : crèches, transports).
· dans les relations au sein de l'entreprise
· dans la reconnaissance du travail effectué
Son environnement de travail, il l'a construit et croit le posséder. Son approche de l'entreprise, même critique, n'en demeure pas moins identitaire. L'employeur craint le changement ? Le salarié parfois autant. L'un comme l'autre veulent être rassurés sur la faisabilité de la RTT. En outre, dans nombre d'entreprises où le dialogue social n'a jamais été engagé, le syndicat est parfois perçu comme le loup dans la bergerie.
Mais en l'absence de contre-pouvoir, il y a fort à parier que l'équilibre final sur la réduction du temps de travail sera moins favorable aux salariés. D'où la campagne lancée en direction des salariés : "Ne laissez pas les 35 heures se faire sans vous."
Il va falloir ouvrir des milliers d'entreprises au dialogue social. La CFDT est consciente que les 35 heures ne se vendent pas "clés en mains". Il y a trop d'inconnues qui touchent les spécificités de l'entreprise et celles du vécu des salariés. Elle veut convaincre employeurs et salariés que les 35 heures sont une chance à saisir pour mettre sur la table l'ensemble des problèmes liés au temps de travail et à l'organisation du travail.
Négocier les 35 heures avec la CFDT c'est proposer aux salariés de mieux connaître, parfois de découvrir la couverture conventionnelle de leur secteur professionnel et les enjeux de la négociation collective. Négocier les 35 heures avec la CFDT c'est donner une image constructive du syndicalisme à des employeurs peu enclins à lui ouvrir les portes de l'entreprise.
La CFDT souhaite, lorsqu'il n'y a pas de présence syndicale, qu'un salarié soit mandaté à cette occasion, comme cela s'est déjà produit dans des milliers d'entreprises. Le mandaté sera formé à la négociation et, s'il le souhaite, accompagné durant toute la démarche de la négociation par un responsable CFDT. La solution, c'est le mandatement.
Garder le cap sur le bon usage des 35 heures et son effet sur l'emploi. L'enjeu pour la CFDT est bien que le projet d'accord contienne, outre les dispositions légales contenues dans la loi, une clause prévoyant la création d'emplois. La loi n'indiquant plus de seuil minimum, ce résultat sur l'emploi dépendra de l'implication des salariés. D'ailleurs, en l'absence de création d'emploi, la réduction du temps de travail imposerait davantage encore une réorganisation du travail.
L'enjeu est bien de permettre à l'entreprise d'adapter une organisation qui ne porte pas préjudice à sa productivité, et sans détérioration des conditions de travail des salariés. La CFDT y veillera particulièrement durant l'application des accords ( lire la fiche sur ce " nouveau défi syndical ").
Ne pas décevoir les attentes des salariés. Pour la CFDT, le chantier de la réduction du temps de travail est l'occasion d'ouvrir les portes de milliers d'entreprises jusque-là fermées. Depuis quatre ans, la CFDT enregistre ainsi des milliers de nouvelles implantations et d'adhésions. L'objectif est d'accueillir de plus en plus de salariés qui, après avoir négocié la RTT dans leur entreprise, demandent à négocier sur d'autres thèmes. Le chantier de la réduction du temps de travail est une chance pour le syndicalisme pour modifier son image, changer le rapport des salariés à l'adhésion et se développer.
Pour ne pas décevoir les attentes des salariés, la CFDT doit être capable d'absorber le "choc" des milliers de négociations à venir. Entre la loi de Robien et la loi Aubry II, le nombre d'accords négociés a été multiplié par dix.
Aujourd'hui c'est encore par 10 qu'il lui faut multiplier le nombre d'accords. Ces milliers de négociations à venir représentent un "choc" à absorber, un défi qui nécessite des moyens pour être relevé. Tous les salariés concernés par les 35 heures sont en droit d'attendre de la CFDT le soutien à cette démarche de négociation dans leur entreprise. Il faut que les salariés aient la possibilité de :
- contacter la CFDT localement ou le syndicat professionnel de leur secteur,
- avoir un interlocuteur syndical compétent qui les conseille, en particulier celui ou celle qu'ils auront mandaté : connaissance de la loi, aide au débat dans l'entreprise, à la consultation des salariés
- être aidé lors de l'application et le suivi de l'accord, pour le faire respecter et prendre en charge les évolutions sur les conditions de travail.
C'est pourquoi la CFDT lance une grande campagne d'action et de communication en direction des salariés.
2. La CFDT mobilise ses forces
1 800 structures de proximité mobilisées en priorité. Les 1800 syndicats professionnels de la CFDT seront particulièrement mise à contribution. Regroupant les sections d'entreprises, ils connaissent la réalité professionnelle et locale des entreprises où des négociations vont s'ouvrir.
Un "monsieur 35 heures" par département. Ce répondant 35 h dans les 100 points d'accueil et de renseignement téléphonique (numéro indigo) aura pour tâche de coordonner l'action des syndicats locaux. Le "responsable 35 heures" coordonnera l'action des militants CFDT et des négociateurs dans les entreprises et suivra les négociations. Les points d'accueil téléphonique répondront en permanence aux demandes de renseignements et d'intervention (salarié souhaitant être mandaté)
La CFDT va former des milliers de négociateurs "35 heures" (mandatés et responsables de section). Déjà 8 000 représentants CFDT ont bénéficié de cette formation. L'objectif est d'en former plusieurs autres milliers dans les mois à venir. Un module particulier, pour les négociateurs mandatés dans les TPE, va être développé.
Un nouveau guide du négociateur RTT prochainement disponible: une "bible" : toutes les arcanes de la 2e loi Aubry et les conseils de la CFDT.
Un nouveau défi: les conditions de travail. Une nouvelle enquête TEQ (le Travail en questions) va permettre aux sections syndicales de mesurer, avec les salariés, l'impact des réorganisations sur les conditions de travail, quelques mois après la mise en uvre d'un accord RTT. La confédération formera des formateurs de responsables "conditions de travail". Il en existe déjà 49, dans les régions et les fédérations.
Echanges d'idées et d'initiatives. La CFDTY va ouvrir une bourse d'échanges nationale d'idées et d'initiatives.
La syndicalisation, une priorité. Chaque salarié, chaque nouvel embauché est un adhérent potentiel. Son adhésion est le meilleur garant de la bonne application d'un accord.
La CFDT ira à la rencontre des salariés. La campagne de communication est une invitation à contacter la CFDT. Les contacts pris seront l'occasion de proposer l'adhésion aux salariés déjà dans l'entreprise. La CFDT proposera l'adhésion aux nouveaux embauchés en les informant que "Leur embauche nous l'avons voulu" (dépliant disponible).
3. Une grande campagne de communication vers les salariés
Quel message ? Convaincre les salariés que leur rôle sera déterminant. La 2e loi Aubry ouvre à la généralisation de la réduction du temps de travail qui va concerner des dizaines de milliers d'entreprises où le syndicalisme est souvent absent. Le risque, c'est de voir les salariés seuls face aux 35 heures.
Les salariés doivent être informés, aidés pour faire ouvrir les négociations d'entreprises et y participer. Elles seules permettront une réduction effective du temps de travail qui soit créatrice d'emploi.
Le rôle des salariés sera déterminant. C'est le sens du slogan de la campagne de la CFDT: "Ne laissez pas les 35 heures se faire sans vous!" avec en signature "Contactez la CFDT".
Le dispositif. La CFDT a privilégié une démarche de proximité :
L'affichage : 5 000 panneaux 4 X 3 sur tout le territoire du 2 au 8 février et relayés par des affichettes syndicales apposées dans les entreprises
La presse : 3 encarts dans une soixantaine de journaux régionaux les 2, 7 et 11 février.
Le support : une carte contact distribuée à un million d'exemplaires par les militants CFDT partout en France pour inciter à solliciter la CFDT (y seront indiquées les coordonnées locales de la CFDT et le numéro de téléphone indigo).
Le contact : un numéro Indigo national: le 0825 0825 35. Prévu aujourd'hui pour une durée de 6 mois, il orientera directement les salariés vers un contact CFDT dans leur département, cela afin de traiter au mieux les situations, interrogations et attentes de chacun. Sera par ailleurs proposée la consultation du site Internet confédéral (www.cfdt.fr), le web permettant un premier contact.
Les arguments : des dizaines de milliers de brochures. A partir d'un support national, les Fédérations, Unions Régionales et Départementales CFDT diffuseront des dépliants incluant une information sur des dimensions professionnelles ou locales spécifiques.
4. Maîtriser l'impact des réorganisations du travail
Après la RTT, un nouveau défi : les conditions de travail. Les réorganisations dues à la réduction des horaires ont un impact sur les conditions de travail des salariés. C'est ce que montrait déjà l'enquête réalisée par la CFDT en 1999 auprès de 10 000 salariés de 200 entreprises ayant signé un accord depuis un an. Cette enquête a été réalisée dans le cadre de la démarche sur les mutations du travail baptisée "Le travail en questions" engagée depuis quatre ans par la CFDT.
Selon cette enquête, 70% des salariés ne voudraient plus revenir en arrière compte tenu de l'emploi créé dans leur entreprise et du temps libre supplémentaire dont ils disposent, mais 50% estiment que leurs conditions de travail n'ont pas été améliorées par la réduction du temps de travail.
Certains estiment que leur charge de travail n'a pas diminué, d'autres éprouvent plus de difficultés dans les relations quotidiennes de travail, d'autres enfin expriment un sentiment d'intensification accompagné soit de fatigue soit de stress supplémentaire.
Avec le développement à grande échelle de la réduction du temps de travail, la question des conditions de travail va devenir un défi syndical tout aussi important.
Il faut surveiller ces évolutions comme le lait sur le feu. La réduction du temps de travail a souvent permis aux employeurs de procéder, en contrepartie de l'emploi et de la RTT, à des adaptations d'organisation dont les conséquences complexes ne sont pas toujours anticipables par les partenaires sociaux, d'où l'importance du suivi de l'accord.
Nous savons que c'est au cur de ces réorganisations que les salariés "trouveront leur compte" ou pas à l'arrivée.
5. A chaque accord, une enquête auprès des salariés
La CFDT lance une enquête "Travail en questions" grand format. Il est décisif d'aller à la rencontre des salariés, leur permettre de s'exprimer, d'analyser ce qui se passe sur le terrain des conditions de travail. C'est la condition pour assurer un suivi efficace des accords et initier les aménagements qui se révéleront nécessaires.
C'est pourquoi la CFDT a décidé de lancer une nouvelle enquête TEQ "grand format", proposée à toutes les sections syndicales pour :
· renforcer dans chaque entreprise le contact et la participation des salariés, leur adhésion
· établir un bilan de la mise en uvre des 35 heures
· élaborer des revendications
· ouvrir une négociation sur les nouvelles conditions de travail.
Un nouvel outil d'action syndicale. Ce dispositif sera proposé aux sections syndicales qui ont signé un accord de RTT depuis plus de 6 mois et se décomposera en 3 phases.
* Une journée de formation des militants de la section au dispositif
* Une enquête auprès des salariés. Cette enquête se fera au moyen d'un questionnaire et d'un entretien avec les salariés sur les problèmes particuliers au service ou à l'atelier. Les résultats seront communiqués à la section dans un délai maximum de 2 semaines.
* Une réunion de la section sur deux jours pour effectuer un bilan et une analyse des résultats de l'enquête, formuler les axes revendicatifs et un plan de travail pour faire avancer ces revendications et les négociations qui les accompagneront.
Le réseau des responsables fédéraux et régionaux CFDT des conditions de travail sera mis à contribution pour mettre en place sur tout le territoire ce nouveau dispositif.
6. Des effets complexes qui nécessitent un suivi
Impossible de lire dans une boule de cristal. Pour la CFDT, la façon dont les salariés perçoivent les changements est tout aussi importante que le contenu "objectif" d'un accord.
La prise en compte des conditions de travail est complexe. Au moment de sa signature, les salariés d'une entreprise peuvent apprécier un accord positivement s'ils estiment qu'il y a un certain équilibre en avantages et inconvénients ; avantage du temps libéré et des créations d'emplois, inconvénients présumés d'une modulation des horaires, ou par exemple, d'un gel des salaires momentané.
Six mois après, le jugement des salariés se fera sur le vécu quotidien ; sentiment ou non d'avoir réellement plus de temps pour soi, réalité des conditions de travail, polyvalences inattendues ou programmées, qualifiantes ou non, conséquence ou non des embauches sur son propre travail, attitude de la hiérarchie dans le changement
Les effets de la RTT sont toujours plus complexes que ce que l'on avait imaginé. Il y a des modulations d'horaires qui rendent imperceptibles la réduction du temps de travail. Il y a des réorganisations qui intensifient le travail et rendent invisibles les effets des recrutements. Il y a des petites réductions journalières qui rendent de grands services à l'organisation de la vie familiale. Il y a des réorganisations qui sont bien acceptées car les salariés ont participé et donné leur avis
Outre la mise en uvre de l'accord qui modifie la donne, d'autres facteurs de changement viennent s'ajouter car la vie de l'entreprise continue : que ce soit les restructurations, la concurrence, les évolutions technologiques ou l'adaptation incessante au marché. Autant d'éléments qui influent aussi sur les choix d'organisation des employeurs et donc sur les conditions de travail.
7. La CFDT veut développer le dialogue social dans les TPE/PME
Un enjeu décisif pour les 35 heures et l'évolution des relations sociales. 1 300 000 entreprises françaises ont entre 1 et 49 salariés. Ce sont le plus souvent des déserts syndicaux. L'information y est la plupart du temps incomplète voire erronée. Le syndicalisme y est perçu comme un loup dans la bergerie. Le changement y est vécu souvent avec une crainte, celle de la faillite de l'entreprise. Et pourtant 7 accords sur 10 (soit 15 000) conclus depuis la loi de Robien l'ont été dans ces entreprises.
Une nouvelle génération d'acteurs sociaux apparaît, conscients de l'efficacité de relations sociales plus structurées. Dix mille salariés mandatés ou de nouveaux délégués du personnel ont exercé une fonction de représentation collective et syndicale. La CFDT a mené une enquête auprès de 400 mandatés dans des entreprises de moins de 50 salariés. Ceux ci formulent de fortes attentes vis à vis du syndicat sur d'autres sujets de négociations : droits des salariés, avantages sociaux tels les chèques vacances, formation professionnelle.
La généralisation de la RTT doit être l'occasion d'amplifier ce mouvement. L'enjeu, pour la CFDT, est aujourd'hui:
· de généraliser le dialogue social dans les Tpe /Pme,
· de le pérenniser en construisant une représentation collective adaptée, à un milieu ayant de fortes spécificités,
· d'ouvrir à leurs salariés des droits équivalents à ceux des autres entreprises.
Pour cela la CFDT développe la fonction conseil et appui dans la négociation, en particulier avec des dispositifs de formation adaptés à ce public. S'appuyant sur des expériences menées avec succès dans certaines régions (comme Poitou Charente), elle pousse à la création de groupement d'employeurs qui permettent de créer des emplois à temps complet, ou de dispositifs paritaires d'aide à des accords collectifs entre plusieurs petites entreprises.
Elle prolonge le mandatement en assurant un suivi des accords et la formation de certains mandatés pour qu'ils deviennent représentant syndical dans leur entreprise ou délégué professionnel territorial.
La CFDT organisera le 28 mars prochain un colloque sur les relations sociales et professionnelles dans les Tpe/Pme. Il y sera rendu compte de travaux de la CFDT sur le dialogue social, la représentation collective, le mandatement , les effets des accords RTT sur les relations professionnelles et sur la reconnaissance du syndicalisme.
(Source http://www.cfdt.fr, le 25 novembre 2002)