Déclaration de M. Renaud Muselier, secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, sur la participation de la France à la lutte mondiale contre les maladies transmissibles, notamment par sa nomination à la présidence au Conseil d'administration de l'Alliance globale pour la vaccination et l'immunisation (GAVI) et sa contribution financière au Fonds mondial pour les vaccins, Genève, le 9 décembre 2003.

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Circonstance : Conseil d'administration de l'Alliance globale pour la vaccination et l'immunisation (GAVI), à Genève, les 9 et 10 décembre 2003

Texte intégral

Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Membres du Conseil d'administration,
Monsieur le Secrétaire exécutif,
Chers Collègues,
Permettez-moi tout d'abord de vous dire que je suis doublement honoré de participer à vos côtés pour la première fois à ce Conseil d'administration de l'Alliance globale pour la vaccination et l'immunisation (GAVI).
Tout d'abord parce qu'en tant que médecin, je ne peux que me sentir profondément concerné par toute initiative visant à alléger les souffrances de mes contemporains, au premier rang desquels les plus fragiles d'entre eux, les enfants.
Mais je suis également très honoré d'être des vôtres aujourd'hui en tant que secrétaire d'Etat français aux Affaires étrangères. Puisque la procédure veut que le membre sortant propose le nom de son successeur, je tiens à exprimer ici les sincères remerciements de la France au Royaume-Uni qui a siégé à ce conseil au cours des deux dernières années, et qui a bien voulu suggérer que la France prenne son relais. Qu'il soit donc rendu hommage à l'action du gouvernement britannique au sein de GAVI comme au sein du Fonds mondial vaccin. Je me dois aussi de remercier l'ensemble des membres du Conseil d'administration d'avoir accepté la proposition de Londres. La France est fière de siéger aujourd'hui parmi vous. Je tenais à vous le dire, en cette circonstance, avec simplicité mais aussi avec enthousiasme.
Vous le savez, la France accorde la plus grande attention à la lutte contre les maladies transmissibles dans les pays en développement et tout particulièrement à la protection des enfants contre les nombreuses menaces qui pèsent sur eux dès les premiers instants de leur vie. Par tradition, la France intervient depuis de nombreuses années dans le champ de la lutte contre les principales maladies endémiques ou épidémiques qui touchent de larges couches de la population dans la zone intertropicale. Contre certaines d'entre elles, hélas parmi les plus redoutables, comme les maladies parasitaires - je pense notamment au paludisme - nous ne disposons que d'un arsenal limité. Essentiellement, des moyens thérapeutiques et quelques mesures de prévention dont l'efficacité reste assez aléatoire.
Pour d'autres au contraire, nous disposons de possibilités de prévention grâce à des vaccins dont l'efficacité n'est plus à prouver. S'il faut évidemment redoubler d'efforts pour mettre enfin au point des vaccins efficaces contre la première catégorie de ces maladies parasitaires, il faut surtout que les vaccins qui existent contre des maladies comme la rougeole, le tétanos, la fièvre jaune ou l'hépatite virale B, puissent être administrés à tous les enfants, quel que soit l'endroit où ils se trouvent dans le monde.
C'est dans ce but que la communauté internationale s'était engagée au milieu des années 1980 à relancer le programme élargi de vaccination et que l'objectif d'immunisation universelle des enfants avait été fixé pour la fin de la décennie. Il convient à cet effet de rendre hommage au rôle majeur qu'ont joué l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l'UNICEF pour mobiliser les ressources et les énergies afin de tendre vers cet objectif, tout en faisant progresser de façon exemplaire les stratégies et les techniques vaccinales dans la plupart des pays du monde qui connaissaient un important retard en la matière.
Malgré ces progrès incontestables, l'histoire nous a montré que rien n'était définitivement acquis. Après avoir atteint ce que nous espérions être un régime de croisière en matière de vaccination, force fut de constater que sous le poids de contraintes de toutes natures et sans doute du relâchement des efforts, la couverture vaccinale s'était dramatiquement effondrée dans beaucoup de pays. Des millions d'enfants se trouvaient par conséquent à nouveau exposés, sans défense, à des pathologies certes banales, mais ô combien meurtrières.
L'Initiative globale pour la vaccination et l'immunisation, que la France se félicite de rejoindre aujourd'hui, est à nos yeux une manière de reprendre le flambeau, de donner un nouvel espoir à des millions de parents à travers le monde en protégeant leurs enfants. Et la France entend prendre toute sa part dans l'effort de la communauté internationale. C'était là tout le sens de l'annonce que j'avais eu l'honneur de faire à Lyon le 8 avril dernier, relative aux 15 millions d'euros que mon pays accordera, d'ici 2005, au fonds mondial pour les vaccins.
Nous sommes parfaitement conscients de l'enjeu que représente cet exemple de solidarité entre le Nord et le Sud et de la difficulté du défi qui reste à relever. Les leçons tirées du passé doivent servir de guide pour que les premiers résultats obtenus s'inscrivent dans la durée et pour que les futures générations soient effectivement et totalement protégées. La composition du Conseil d'administration de GAVI comme du Fonds mondial pour les Vaccins atteste à cet égard de cette mobilisation quasi-générale en faveur de la jeunesse déshéritée du monde et d'une véritable prise de conscience des maux auxquels elle est confrontée.
Cette protection, qui concerne avant tout les maladies classiques de l'enfance couvertes par le programme élargi de vaccination, doit également s'étendre à d'autres pathologies comme l'hépatite B dont on connaît le rôle dans la genèse du cancer primitif du foie qui emporte un nombre bien trop élevé de personnes dans la force de l'âge, notamment dans les pays du Sud.
Les progrès de la technologie, qui permettent la mise au point de nouveaux vaccins, plus efficaces, à un coût plus abordable, doivent maintenant bénéficier à tous ceux qui en ont besoin. C'est en grande partie fait au Nord. Il faut maintenant qu'il en soit de même au Sud. Cette question est de même nature que celle qui concerne l'accès à des traitements efficaces pour les malades du sida, thème qui fait l'objet d'un engagement déterminé du président Chirac, et qui a été repris dans le plan d'action adopté au cours du sommet du G8 à Evian au mois de juin denier.
Je tiens à souligner que c'est également au cours de ce sommet que la France a annoncé sa volonté de participer financièrement au programme mondial d'éradication de la poliomyélite, dont on imagine la parfaite articulation avec les actions financées par GAVI.
La lutte contre les maladies transmissibles est une oeuvre de longue haleine. Elle appelle à une vigilance de tous les instants : vigilance scientifique pour débusquer les nouveaux germes qui représentent très vite une menace pour l'ensemble de la planète, comme nous l'avons vu récemment avec l'épidémie de SRAS ; vigilance des responsables politiques des pays industrialisés, qui doivent prendre toute leur part dans le soulagement du fardeau supporté par les pays en développement, en l'occurrence dans le domaine de la santé ; vigilance des responsables politiques des pays du Sud pour que les efforts consentis par la communauté internationale en faveur de mesures de prévention efficace, au premier rang desquelles la vaccination, s'inscrivent dans de véritables priorités de santé publique et que les moyens locaux permettent d'en assurer la pérennité.
Je suis persuadé que l'Alliance globale pour la vaccination est elle-même particulièrement vigilante sur l'efficacité des actions qui sont réalisées sur le terrain grâce aux fonds alloués. La composition même de l'Alliance, qui regroupe aussi bien des partenaires publics que privés, des compétences scientifiques internationalement reconnues que des administrateurs de haut niveau, constitue à cet égard un gage de bonne gouvernance déterminant.
En ce qui la concerne, la France demeure naturellement mobilisée. J'ai évoqué tout à l'heure notre contribution au fonds mondial pour les vaccins ainsi que notre participation au programme consacré à la poliomyélite. Je voudrais également annoncer que la France financera en 2004, à hauteur de 2,4 millions d'euros, des projets appuyant la prise en charge des maladies de l'enfant et qui viendront renforcer nos actions dans le domaine des vaccinations dans les pays en développement. Un premier programme, doté d'1,6 millions d'euros, sera directement géré par l'OMS. Quant à la deuxième composante, elle apportera un soutien à l'initiative africaine pour le GAVI, proposée par l'Association pour l'aide à la médecine préventive dans certains pays d'Afrique francophone, à hauteur de 800 000 euros.
Permettre au plus grand nombre d'enfants des pays à faibles revenus d'être correctement vaccinés ; encourager la mise au point de nouveaux vaccins efficaces à un prix abordable ; veiller à une utilisation parfaitement transparente des fonds mis à disposition des pays, sont les raisons pour lesquelles la France se félicite de rejoindre aujourd'hui l'Alliance globale et le Fonds mondial pour les vaccins. C'est ce message, politique et médical, que je souhaitais vous transmettre aujourd'hui, en vous redisant tout l'honneur que nous ressentons à vous rejoindre.
Je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 décembre 2003)