Déclaration de M. Xavier Darcos, ministre délégué à la coopération, au développement et à la francophonie, sur le rôle de la France dans la lutte contre les grandes pandémies mondiales, notamment sa contribution au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, Paris le 2 septembre 2004.

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Circonstance : Lancement de la campagne en faveur du Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme, à Paris le 2 septembre 2004

Texte intégral

Les orientations de la France en matière d'aide au développement sont bien connues : le président de la République a, depuis plusieurs années, plaidé pour son renforcement, tant en montant qu'en termes de modalités ; pour sa part, la France s'est engagée à doubler progressivement la part de son PIB consacrée à l'aide publique au développement, pour atteindre en 2012 le chiffre de 0,7 %.
Au-delà de cet engagement, la France rappelle dans toutes les instances internationales la place centrale que doit garder l'Afrique dans notre politique de solidarité, tant nos destins sont liés. Plus profondément, de nouveaux modes de financement de l'aide font l'objet d'initiatives. Je tiens à mentionner tout particulièrement la Facilité de financement international, en anglais IFF, dont l'initiative britannique est soutenue par la France. Le rapport sur les taxations internationales, que M. Landau a remis au président de la république, comporte d'autres réponses de long terme aux besoins de financement, notamment pour la santé.
Si la France s'est mobilisée très tôt contre le Sida et les deux autres pathologies prises en compte par le Fonds, et ce souvent à contre-courant d'idées reçues ou d'une passivité longtemps répandue, c'est bien parce qu'au-delà des dégâts humains causés par ces pandémies, elles représentent une hypothèque profonde pour le développement des pays du Sud, même s'il ne faut pas oublier que, d'ores et déjà, l'eau tue plus d'enfants en Afrique que le Sida...
Le Sida touche des millions de personnes, en particulier des adultes ; il contribue à désespérer la jeunesse et à déstabiliser les sociétés par les nombreux orphelins qu'il engendre. Au-delà de l'Afrique, sa prévalence s'étend aujourd'hui à l'Asie, notamment en Chine, en Inde, mais aussi, et c'est moins connu, en Birmanie.
La tuberculose, pour sa part, fait sans doute près de 2 millions de victimes par an, souvent en lien avec le développement du VIH-Sida.
Quant au paludisme, beaucoup plus fatal aux enfants - sans doute plus d'un million de victimes par an - il a, lui aussi, un coût économique élevé, par le caractère récurrent des crises qui immobilisent chefs d'entreprise, salariés du secteur productif ou fonctionnaires. Le développement de résistances aux traitements traditionnels est un nouveau défi à relever pour les pays du Sud, africains en particulier.
Heureusement, grâce aux efforts que nous avons tous menés, nous avons aujourd'hui des raisons d'espérer. La mobilisation contre les maladies s'étend. La discrimination recule. La recherche sur le vaccin dit "thérapeutique" contre le Sida progresse. La baisse drastique obtenue sur le coût des traitements anti-rétroviraux permet de prévoir une diffusion plus large : c'était là, comme vous le savez, un des combats du Sommet de Bangkok où j'ai représenté le président de la République. La combinaison des molécules donne des résultats encourageants, tant sur le Sida dans la prévention de la transmission de la mère à l'enfant, que dans lutte contre le paludisme pour surmonter les résistances nouvelles.
Je n'oublie pas, sur un plan plus général, les succès déjà rencontrés par des pays comme le Sénégal, l'Ouganda ou la Thaïlande dans la lutte contre le Sida.
Le Fonds mondial est une réponse adaptée aux défis majeurs que représentent ces pandémies, tant par son mode de fonctionnement innovant que par les fonds qu'il va permettre de mobiliser. L'augmentation de la contribution française, portée depuis 2004 à 150 millions d'euros, fait de la France le deuxième pays contributeur au Fonds, après les Etats-Unis. Le choix que nous avons fait de soutenir fortement le Fonds mondial est parfaitement compris par les autres intervenants dans ce domaine - l'ONUSIDA et l'OMS - que nous soutenons plus modestement mais qui le comprennent tout à fait ; nous insistons d'ailleurs sur la nécessité de la plus grande coordination entre tous les acteurs sur le terrain comme dans l'élaboration des politiques.
La campagne préparée par Publicis va, à l'évidence, contribuer à renforcer la légitimité politique des gouvernements décidés à nous accompagner, dans la perspective de la conférence de refinancement qui est prévue en 2005.
Elle constituera également un support permettant de mieux faire connaître l'importance des questions de développement pour nos pays, devant impliquer une mobilisation générale, tant des pouvoirs publics que des donateurs privés, les particuliers comme les entreprises qui sont déjà mobilisées pour leurs salariés.
Cette campagne, enfin, doit permettre de montrer que tous ces fonds ne sont pas mobilisés en vain, mais qu'ils sont dépensés utilement et avec des résultats déjà visibles.
Je me réjouis donc qu'elle soit lancée aujourd'hui et je tiens à réitérer mes remerciements à Publicis ainsi qu'à son président, M. Maurice Lévy, pour cette action "militante", qui est exemplaire de ce que les entreprises peuvent faire pour le développement.
Au-delà de la générosité et de la compassion, les entreprises peuvent, en effet, apporter beaucoup dans ce domaine et bien plus que de l'argent : leurs compétences, leur connaissance du terrain, la motivation de leurs salariés sont des atouts extrêmement précieux.
Ceci va tout à fait dans le sens que je veux donner à notre action de mobilisation : mon ambition est de pouvoir y associer tous les acteurs, qu'il s'agisse des ONG, de l'ensemble de la société civile et des pouvoirs locaux ou des entreprises. Je vais d'ailleurs, juste après cette conférence de presse, rencontrer un certain nombre d'entre elles pour évoquer très concrètement tous ces sujets.
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 septembre 2004)