Déclaration de Mme Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF, sur les propositions et initiatives nécessaires pour que les communistes contribuent à lever les obstacles aux luttes contre les logiques libérales, notamment sur les questions de l'emploi et du statut du salarié et sur la bataille pour un "non de gauche" au référendum sur la constitution européenne, à Paris le 2 octobre 2004.

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Circonstance : Conseil national du PCF à Paris le 2 octobre 2004

Texte intégral

Je voudrais tout d'abord souligner la qualité de notre débat à partir d'un rapport au niveau des grands défis que nous avons à relever. Ce Conseil national se situe bien dans les ambitions politiques qui doivent être les nôtres après une année marquée par notre présence dans les mouvements sociaux, des avancées dans notre démarche de rassemblement, un début de redressement. Nous avons vu à la fête de l'Humanité, beaucoup de débats et d'initiatives de qualité, elle a été un espace ouvert à de nombreuses luttes et les débats ont témoigné d'exigences fortes sur l'alternative. Vous avez dans de nombreuses interventions souligné les coups portés par la droite et le patronat, les résistances qui se lèvent. Nous devons être dans ces luttes. Mais nous savons aussi le doute qui est ressenti quant à la possibilité de faire reculer les politiques libérales, la recherche de propositions alternatives face au " il n'y a pas d'autre voie possible ".
C'est pourquoi il faut prendre des initiatives en tant que communistes pour lever les obstacles aux luttes, en mettant en évidence les logiques qui conduisent les choix actuels, les autres choix possibles et nécessaires.
Nous avons la capacité de le faire, des propositions nous en avons et nous allons travailler à rendre lisible les 10-12 grandes réformes qui donnent à voir de notre projet. Ces initiatives doivent permettre de dépasser les divisions, de rassembler sur le refus, la colère mais aussi sur d'autres possibles. Dans ces initiatives, les questions de l'emploi et des salaires sont essentielles. En effet, dans le chantage aux délocalisations, c'est la conception même de l'emploi et le statut du salarié qui sont visées. Notre campagne sur l'emploi, la sécurité d'emploi et de formation, la pétition sur les 300 euros et l'augmentation des salaires doivent se déployer. Ne lâchons pas non plus les comités de défense de la sécu -beaucoup d'hommes, de femmes, d'organisations sont intéressés à poursuivre ce combat-, ne lâchons pas sur les retraites -on a vu encore, le mauvais coup des pensions de reversion- ne lâchons pas sur les services publics, comme les communistes du Havre qui font des pétitions pour défendre chaque bureau de poste de la ville, comme nos maires qui ont pris des arrêtés pour interdire les coupures d'électricité. Soyons le parti qui contribue à lever la chape de plomb qui pèse sur les gens, à contrer la droite et le Medef, à faire grandir les exigences de transformation sociale. Tout cela doit nourrir notre bataille du " non " à la Constitution Giscard pour un nouveau traité, une autre Europe. C'est la même politique qui provoque en France tant de souffrance sociale qui prévaut dans la construction européenne. Il faut se mettre d'accord sur l'objectif que nous fixons à notre campagne. Est-ce pour témoigner ou pour faire gagner le "non " ? Pour moi, c'est clair, il faut gagner, repousser cette camisole libérale. Que ces hommes et ces femmes qui souffrent, qui sont dans les luttes, qui sont engagés, que les hommes et les femmes qui se sentent de gauche, rejoignent le camp du " non " et s'engagent, n'est-ce pas ce que nous recherchons ? Oui, il y a des gens de gauche qui se prononcent aujourd'hui pour le " oui ". Cela ne dément pas que quand on est de gauche, on doit voter " non ". A nous d'argumenter pour les en convaincre, nous ne voulons pas en rester au rapport de forces actuel. Quand des hommes et des femmes de gauche -et ça veut dire quelque chose en France-, portent des valeurs de justice, d'égalité, de fraternité, quand ils se battent contre le libéralisme, pour le droit à la retraite, pour défendre la Sécurité sociale ou le droit du travail, pour le droit des migrants, pour un autre monde Ils ne peuvent soutenir une Constitution qui inscrit dans le marbre le libéralisme. Il nous revient, avec d'autres, de leur montrer ce qu'est le contour de la Constitution. On a tout entendu pour faire voter oui, du " je ne l'ai pas lu mais il faut y croire " jusqu'à la référence à Jaurès ! Ces arguments vont s'essouffler Menons une campagne rigoureuse, offensive sur le contenu de la Constitution, sur le contenu d'un nouveau traité pour une autre Europe en lien avec la vie quotidienne des gens. Et le non progressiste va rassembler jour après jour.
Pas de statut quo non plus sur notre démarche de rassemblement. Il y a dans ce pays beaucoup d'hommes et de femmes intéressés à ce qu'il se passe quelque chose de neuf à gauche, afin que demain la gauche porte une politique de transformation sociale. Créer un rassemblement populaire et une majorité politique qui porte une politique apte à répondre durablement, réellement aux attentes populaires, c'est bien ce que nous voulons. Nous le savons, ce rassemblement ne peut se bâtir d'en haut, c'est un écueil que nous avons rencontré dans la période passée. Il faut le construire sur le terrain. Comment faire cela si ce n'est à partir des contenus ? J'entends à ce propos parler de compromis. Mais l'objectif des forums programme n'est pas de mettre tout le monde d'accord sur le minimum garanti. Il s'agit de débattre, de nourrir ce débat de nos propositions, de rassembler sur des objectifs audacieux. Et c'est possible parce que la nécessité de faire radicalement autrement, de renverser l'ordre des choses est ressentie de plus en plus face à la violence de l'offensive libérale. Cela nécessite autre chose que des demi-mesures, mais de l'audace sur l'emploi, de l'audace pour une réforme de la fiscalité Si nous étions en capacité en juin de faire émerger dix ou douze objectifs sur la santé, l'éducation, la démocratie chacun assortis des réformes qu'ils appellent. Et si cela était porté par des milliers de personnes, des organisations, celles qui le veulent, quel poids cela aurait ! Nous pouvons avoir beaucoup d'ambition, car je crois à la qualité de notre démarche. Si nous parvenons à lever cette dynamique, il va se passer du neuf à gauche. Toute la gauche devra entendre ces exigences sur les contenus et sur la démarche faisant de la politique une affaire populaire et citoyenne. C'est cette utilité de la démarche, du projet communiste pour contribuer au rassemblement qui construit la candidature communiste à la présidentielle.
La souveraineté des communistes, c'est aussi l'intelligence des communistes. Et je crois à chaque fois des acquis de leur démarche de rassemblement.
(Source http://www.pcf.fr, le 8 octobre 2004)