Déclaration de M. Patrick Devedjian, ministre délégué à l'industrie, sur les échanges commerciaux entre la France et la Chine, la nécessité de renforcer l'implantation d'entreprises françaises et plus particulièrement de PME PMI et de développer les investissements, Paris le 13 septembre 2004.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Colloque PME - Objectif Chine 2004 à Paris au Sénat le 13 septembre 2004

Texte intégral

Mesdames,
Mesdemoiselles,
Messieurs,
Je suis heureux d'être parmi vous aujourd'hui pour conclure cette journée de débats.
Alain Peyrefitte titrait en 1973 " Quand la Chine s'éveillera - le monde tremblera ". En 1996,il nous régalait d'un nouveau livre " la Chine s'est éveillée ". Je pense aujourd'hui que cet éveil n'est pas terminé : il se poursuit et ce fabuleux pays qu'est la Chine nous ouvre chaque jour de nouvelles opportunités.
C'est pourquoi lorsque les membres de l'équipe d'OWT China m'ont sollicité pour intervenir lors de ce colloque qui vise au développement d'une présence forte de nos PME en Chine, j'ai d'emblée, et ce à peine nommé à mon ministère, répondu oui à cet appel. Je tiens ce soir à les féliciter pour avoir rassemblé autant d'acteurs de qualité autour de ce sujet aujourd'hui.
La Chine connaît une croissance hors du commun, vous le savez, de l'ordre de 9 %. De plus en plus de personnes accèdent à un niveau d'aisance financière qui leur permet de largement consommer : on compte ainsi à ce jour déjà près de 80 millions de Chinois qui disposent d'un revenu moyen similaire à celui des Français ! Et l'on peut multiplier les exemples : récemment nos industriels de l'automobile m'indiquait que le marché automobile chinois, qui était l'année dernière comparable en taille à celui de la Belgique, sera cette année plus proche en volume de celui
de l'Allemagne !
Néanmoins la Chine n'est pas exempte de difficultés : elle a à gérer les conséquences de sa croissance. Elle fait ainsi face à des besoins croissants d'infrastructures nouvelles, de matières premières, d'énergie et de technologies. Elle se doit également de contrôler les répercussions de cette croissance sur l'environnement et de veiller à un développement équilibré de l'ensemble du pays.
Pour atteindre ces objectifs, la Chine a besoin de se tourner vers des appuis extérieurs et la France souhaite être au premier rang de ces partenaires. Nous avons en effet de nombreuses compétences à faire valoir en réponse aux préoccupations des Chinois.
Le gouvernement français dans son ensemble est mobilisé pour renforcer la place de nos entreprises en Chine. Des relations diplomatiques extrêmement riches sont développées avec nos homologues chinois.
- La visite de M. Raffarin à Pékin, alors que le pays traversait une période difficile en raison de l'épidémie du SRAS, a montré à nos amis Chinois la force de
ces relations ;
- De mon côté, en 6 mois à mon ministère, j'ai déjà eu l'occasion de rencontrer 4 délégations chinoises de rang ministériel, plus que pour tout autre pays ;
- Dans quelques semaines débutera enfin l'Année de la France en Chine, qui donnera un coup de projecteur supplémentaire sur notre pays, ses entreprises et son savoir-faire.
Il nous appartient donc d'en profiter ! J'entends trop souvent que nos relations économiques ne sont pas en ligne avec nos relations diplomatiques, il n'y a pas de raison que cela perdure.
1. Mais qu'en est-il exactement ?
" Nos échanges portent essentiellement sur des produits industriels et la balance commerciale, qui tend à croître, penche en faveur de nos amis chinois (7,5 milliards d'euros en 2001, 8,7 milliards d'euros en 2003).
" Dans un mouvement général de dégradation des parts de marché des pays européens, celle de la France en Chine est passée de 1,75 % à 1,68 %. Nous restons cependant second parmi les Européens mais assez loin derrière l'Allemagne.
" Nos investissements sont notables. Nous sommes ainsi le 11e investisseur étranger avec 1,16 % du stock total (3 milliards de dollars) et le troisième investisseur européen derrière le Royaume-Uni (2,5 %) et l'Allemagne (1,5 %).
" Près de 500 entreprises françaises sont présentes en Chine au travers de 900 implantations. Pékin reste le premier lieu d'implantation pour les bureaux de représentation et Shanghaï occupe la première place pour les implantations industrielles, mais nos entreprises gagnent de plus en plus l'ensemble du territoire et des villes comme Wuhan " wourann " ou Tianjin " ti-anne-zine ", et je m'en réjouis.
" Deux secteurs se détachent : les biens d'équipement et la chimie/pharmacie, qui comptent près de 200 implantations à eux deux. Une forte progression est également notée par ailleurs dans la filière automobile (plus d'une trentaine d'établissements).
" Certaines de nos grandes sociétés sont désormais à la tête d'un véritable réseau industriel : Alcatel et Rhône-Poulenc (une vingtaine d'entreprises chacun), Air Liquide (15), Saint-Gobain (12), Total Fina Elf (8), Danone (6), Schneider et Valeo (5 chacun).
" Toutefois notre approche a été jusqu'à ce jour assez traditionnelle, et portée par des contrats sur des grands projets d'infrastructures et d'équipements industriels.
" Je me félicite bien sûr à ce titre des récents contrats signés à Matignon en juin portant sur la vente d'Airbus, d'un satellite de communication, du lancement d'une JV pour la construction de locomotives de grande puissance et d'accords de coopération dans le domaine de l'énergie nucléaire.
" Il convient toutefois à présent de compléter cette approche par une véritable dynamique concernant les PME et les PMI. C'est à travers elles que nous pourrons développer un flux régulier d'exportation.
Comme vous le constatez, nous sommes bel et bien présents en Chine, mais nous pouvons tous ensemble faire mieux, beaucoup mieux !
2. Quelles sont les opportunités pour des PME/PMI ?
- Tout d'abord l'ouverture de la Chine a impulsé la création d'un marché solvable et de taille significative. La soif de consommation des Chinois permet ainsi à des produits français de qualité de se placer sur ce marché.
- Ensuite la Chine est friande de technologies, aussi existe-t-il un certain nombre de marchés de niches à prendre.
- Enfin le développement pour une PME d'une antenne commerciale ou d'un site de production en Chine est de nature à stimuler la PME/PMI qui y procède. Il mène en effet souvent à un renforcement en France des équipes de conception qui sert la stratégie de développement de l'entreprise sur l'ensemble de ses marchés.
3. Quels sont les obstacles à prévoir ?
- Le mirage de la faiblesse des coûts : coûts administratifs, coûts liés à l'apprentissage, coûts de lancement des produits sur le marché, coûts de recrutement d'un personnel qualifié difficile à fidéliser ;
- L'insuffisance du système financier qui doit conduire à des solutions originales ;
- Le respect de la propriété intellectuelle enfin. Nous développons à ce sujet des actions vigoureuses avec mon collègue M. Loos en liaison avec les autorités chinoises.
4. Quelles actions menons-nous déjà en faveur des PME / PMI ?
Mon ministère s'est engagé de longue date dans la mise en place de programmes de coopération technologique avec les autorités chinoises, et qui vise à accompagner des entreprises de toutes tailles. Ils sont nombreux, aussi je ne vous cite que quelques exemples :
- Nous organisons depuis 1997 des tables rondes dans le domaine automobile avec la FIEV qui ont permis à des sous-traitants de s'implanter dans le sillage de nos grands groupes ;
- Nous avons mis en place en en novembre 2003 un colloque avec UBIFRANCE et l'ADEME à Canton sur le traitement des déchets industriels et urbains, la gestion de la ressource en eau, la pollution industrielle et la pollution de l'air. Des contrats en sont nés ;
- Nous finalisons actuellement, en liaison avec le MOST chinois et l'ANVAR, la mise en place d'un fonds dédié au soutien de l'innovation des entreprises françaises et chinoises qui développent des partenariats.
5. Quelles seront les actions de notre action pour les mois à venir ?
- Accroître la visibilité de nos entreprises et de notre savoir faire technique auprès des Chinois. Je souhaite que nous profitions de l'année en Chine pour diffuser très largement des reportages sur nos grands scientifiques, passés comme présents, et nos réussites technologiques majeures, qu'elles soient le fait de grands groupes comme de PME. Je viens d'ailleurs d'accorder mon parrainage à une société française qui s'inscrit dans cette démarche de promotion et a sollicité mon appui.
- Poursuivre l'accompagnement de nos entreprises sur des secteurs déjà identifiés. La France sera ainsi présente du 12 au 17 octobre prochain au salon des hautes technologies de Shengzen, puis elle organiser début novembre un colloque sur l'environnement à Chengdu et un colloque à Pékin sur l'innovation et la valorisation de la recherche.
- Aller à la rencontre de régions et de villes qui n'ont pas encore fait l'objet de contacts au plus niveau à ce jour. Je partage à ce titre l'objectif du gouvernement chinois d'assurer le développement du centre-ouest et du nord-est de la Chine. Nous devons y tisser des liens et identifier les opportunités d'affaires présentes pour nos entreprises.
- Développer les réseaux d'acteurs locaux susceptibles de jouer le rôle de catalyseurs de l'implantation de nos PME. J'ai demandé à mes services de faire le point sur les acteurs qui concourent à l'accompagnement des entreprises en Chine avec pour objectif de rendre l'information plus accessible et de mieux coordonner nos efforts.
- Favoriser l'émergence de cadres biculturels pour accompagner les parcours de nos entreprises. Un des éléments clés de votre succès en Chine sera la disponibilité de profils biculturels. Les parcours éducatifs et professionnels sont de plus en plus fréquents entre nos deux pays, dans les deux sens. J'ai mobilisé mes services sur cette question afin d'aplanir les difficultés encore rencontrées et de définir, en liaison avec les autres ministères concernés, des objectifs à ce sujet.
- Aplanir les difficultés pour les PME en Chine. L'Agence de Développement des Echanges en Technologies Economique et Financière du MINEFI organise en avril 2005 un colloque à Pékin avec ses homologues afin de faire progresser le cadre institutionnel, en mettant l'accent sur les politiques de soutien conjoint de nos PME.
Je vous remercie pour votre attention. Comme je l'ai dit à M. Joly d'OWT China, il importe à présent de traduire nos réflexions par des faits et je suis confiant dans l'avenir du développement de nos PME et PMI en Chine.
(Source http://www.industrie.gouv.fr, le 15 septembre 2004)