Déclaration de M. Christian Poncelet, Président du Sénat, sur le rôle de l'UNICEF et la lutte pour les droits des enfants et pour la démobilisation des enfants soldats, Paris le 1er juin 2004.

Prononcé le 1er juin 2004

Intervenant(s) : 

Circonstance : 40ème anniversaire du Comité français de l'UNICEF, à Paris le 1er juin 2004

Texte intégral


Madame la Directrice, chère Carol BELLAMY,
Monsieur le Président, cher Jacques HINTZY,
Mesdames et messieurs les parlementaires,
Mes chers collègues,
Mesdames et messieurs, chers amis,
C'est avec un profond plaisir et une joie non dissimulée que je vous accueille, ici ce soir, en mon nom et en celui de mes collègues sénateurs, pour célébrer le 40ème anniversaire de l'engagement français aux côtés de l'UNICEF.
Je souhaite tout particulièrement adresser mes plus chaleureux encouragements et mes plus vives félicitations pour leur action déterminée et persévérante à Mme Carol BELLAMY, Directrice Exécutive d'UNICEF International, au Président Jacques HINTZY, ainsi qu'aux 3.000 bénévoles répartis sur tout le territoire français, et aux 5.000 adhérents.
A tous, je souhaite rendre hommage et les remercier pour leur engagement inlassable au service des enfants en souffrance. Le respect des droits des enfants, aujourd'hui, constitue la seule garantie des droits des hommes de demain, tel est le sens de votre combat auquel nous devons, nous parlementaires, nous associer pleinement.
Comment ne pas être consternés, -le mot est faible-, devant les abus dont souffrent encore trop souvent les enfants dans le monde ! Donner aux jeunes toutes leurs chances de devenir des adolescents et des adultes équilibrés, tel est l'enjeu d'une véritable mise en uvre des droits de l'enfant, qui lui permettra d'acquérir, tout au long de son jeune âge, l'estime de lui-même, et par là même, l'estime d'autrui.
Vous remplissez avec talent votre triple mission, tout d'abord, faire connaître la situation des enfants et des femmes dans le monde ; ensuite plaider leur cause et faire valoir leurs droits auprès du grand public ; enfin, collecter des fonds privés. Vous vous êtes acquittés avec talent de cette dernière mission puisque la section française est le deuxième donateur privé de l'UNICEF, avec plus de 83 millions d'euros versés au programme UNICEF, soit 1,4 par habitant.
Vous vous êtes illustrés dans plusieurs combats. Je n'en rappellerai que les plus marquants : dans, tout d'abord, la lutte contre le tourisme sexuel. Vous avez défendu juridiquement les enfants victimes de ces abus, permettant ainsi aux pouvoirs publics, notamment à M. Christian JACOB, alors ministre de la famille, d'entamer un travail de sensibilisation auprès des Français sur ce terrible sujet. Vous vous êtes aussi mobilisés auprès du Président Jacques CHIRAC, pour la Convention des droits de l'enfant, plus particulièrement lors du Sommet mondial des enfants de 2001-2002.
Vous avez aussi su renforcer votre contribution, j'allais dire " votre force de frappe caritative et humanitaire ", en cas de catastrophes naturelles ou de guerres, partout où l'aide d'urgence était nécessaire : en Yougoslavie, au Kosovo, en Afghanistan, en Iran ou en Irak. Vous avez su, afin d'utiliser de manière optimale les dons sur le terrain, trouver des partenariats avec des entreprises dynamiques, conscientes de leur rôle en matière de développement durable. Ce bilan, appréciable et apprécié, a fait de vous d'incontestables et d'incontestés promoteurs des droits des enfants en France.
Cette année, votre campagne d'action est plus particulièrement centrée sur l'abominable et horrible sujet des enfants soldats. Aujourd'hui, en effet, 300.000 enfants dans le monde entier participent à des guerres ; il y a plus de 30 conflits en cours sur la planète et la moitié de ces enfants soldats sont africains. Certains sont recrutés dès l'âge de 10 ans, puis enrôlés et formés pour participer à des guérillas. Ils sont également manipulés, trompés, drogués et utilisés pour accomplir toutes les basses besognes.
Ces enfants soldats deviennent alors des esclaves vulnérables aux mains d'adultes sans scrupule et sans vergogne. Même replacés dans la vie civile, exclus du système scolaire et professionnel, ces enfants, témoins, mais souvent acteurs, de violences, resteront toute leur vie traumatisés par les atrocités qu'ils ont vécues ou commises : ils n'ont que peu de chances de se reconstruire et de se réinsérer dans la société. Pour faire face à cette situation, vous mettez en place des programmes de démobilisation et de réhabilitation. C'est pourquoi, nous devons tous, responsables politiques ou citoyens, appuyer votre pétition pour obtenir la démobilisation des enfants soldats. Nous devons encourager votre action pour faire voter, par le Conseil de Sécurité de l'ONU, l'application des résolutions 1379 et 1460, ainsi que les sanctions qui en découlent à l'égard des Etats contrevenants, des dirigeants et des forces rebelles, coupables de crimes contre les enfants.
Mais cette grande cause internationale, parfaitement justifiée, ne doit cependant pas nous faire oublier que surviennent encore trop souvent, chez nous, à nos portes, des drames qui brisent aussi la vie d'enfants. Soyons attentifs et vigilants, que nous soyons parents ou responsables, afin de participer à cette prise de conscience collective.
Les enfants d'aujourd'hui sont les adultes de demain. C'est cette idée simple que nous devons mettre en uvre pour que les jeunes générations bénéficient de toute l'attention nécessaire et ne soient pas exposées à de mauvais traitements et à des sévices qui feront d'eux des êtres brisés pour le restant de leur vie.
Je ne souhaite pas être plus long dans mon propos. Je tiens encore à vous remercier tous pour votre généreuse, courageuse et belle action. J'espère que nous allons vivre ensemble, ce soir, un agréable moment de convivialité, placé sous le signe de la générosité et de la solidarité humaine.
Sachez que vous serez toujours chez vous au Sénat pour mener d'aussi nobles combats pour une juste cause : l'enfant qui, comme l'écrivait Victor HUGO " s'appelle l'avenir ".
(Source http://www.senat.fr, le 7 juin 2004)