Texte intégral
Mes chers amis,
Il est venu le temps de m'expliquer. Je vais le faire à la manière qui a toujours été la mienne : franchement, sans faux-semblant, sans hypocrisie, loin de toutes ces petites prudences qui privent la politique de l'authenticité dont elle a besoin pour être audible. Je veux que l'on me croie. J'ai donc un devoir de sincérité à votre endroit comme à celui de tous les Français.
J'ai choisi de le faire devant vous parce que vous représentez la jeunesse de France, c'est-à-dire l'avenir de notre pays. C'est pour vous qu'il nous faut bâtir. C'est vous que nous devons entraîner, passionner, enthousiasmer. C'est vous qui avez la mission de donner de l'espoir à tous les Français. C'est vous qui par votre énergie pouvez redonner confiance à un pays qui doute et qui s'interroge sur lui-même. C'est de vous dont nous devons être compris. Et c'est de vous enfin dont j'ai besoin pour préparer l'avenir.
Ma décision d'être candidat à la présidence de l'UMP, je l'ai mûrement réfléchie. Elle n'a pas été facile à prendre, j'ai longuement pesé le pour et le contre. Elle n'est ni une rébellion ni un choix de circonstance. Chacun doit comprendre que c'est un acte qui m'engage profondément et durablement. Je n'ai cédé à aucune pression ni à celle affectueuse de mes amis, ni à celle de ceux qui le sont moins. J'ai simplement analysé la situation politique qui était la nôtre, sans dramatiser mais également sans me masquer la réalité. Et la réalité, c'est que notre situation est difficile et qu'elle risquait de l'être davantage encore si je n'assumais pas mes responsabilités. Voilà pourquoi je suis candidat.
J'ai voulu que le Président de la République soit le premier informé de ma décision. Cela m'a semblé naturel à l'endroit de celui qui a été le fondateur de l'UMP. Et cela m'a semblé nécessaire pour illustrer le climat apaisé et confiant que je souhaite instaurer dans la majorité. Le soutien public que Jacques Chirac m'a apporté sera un atout pour le travail que je vais avoir à engager. Je devrai consacrer mon énergie au redressement de notre formation, et je ne veux pas la perdre dans des querelles intestines qui ne nous apporteront que la défaite. Et c'est parce que cette confiance entre nous tous existera que nous pourrons assumer nos différences sans drame et sans division.
Je veux être le garant de notre unité mais je veux également être celui de notre liberté. Liberté de ton. Liberté de proposition. Liberté de décision.
Voici ce que nous avons convenu avec Jacques Chirac. Voici ce que je mettrai en oeuvre.
Trop souvent dans le passé, nous avons refusé d'entendre ce que nous disaient les Français et nous l'avons payé cher. Même si le message qu'ils nous envoient n'est pas agréable, il faut en tenir compte. Dans une démocratie, c'est toujours le peuple qui a le dernier mot. On ne peut pas biaiser avec le peuple. Surtout il ne faut pas croire qu'avec le temps, les Français finiront par oublier. Ils n'oublient rien et ils comprennent tout. Rien n'est plus important que de prendre le temps de le comprendre. Continuer comme si rien ne s'était passé, c'est la certitude de l'échec.
Or, force est de constater, et c'est bien l'une de nos faiblesses, que dans le passé on a davantage demandé à l'UMP d'applaudir que d'agir, voire de réfléchir. Or un parti politique, pour être utile, doit être au coeur de l'action. Je ne vous demanderai jamais d'être des spectateurs muets de la vie politique. Vous serez une force politique qui représente les Français, les écoute et, qui, de ce fait, pourra parler en leur nom, qui proposera pour la France et, qui donnera son soutien au gouvernement parce que profondément elle sera d'accord.
Soutenir le gouvernement est un devoir auquel vous n'avez pas failli hier et auquel nous ne faillirons pas demain. Mais je veux dire que ce soutien doit être celui de l'adhésion et non celui de la contrainte, de la discipline ou de l'habitude. Notre soutien sera d'autant plus déterminant qu'il sera convaincu et donc convainquant. Si nous ne croyons pas dans la politique que nous défendons, comment les Français pourraient-ils nous suivre ?
L'UMP, je la veux, je la conçois, je la rêve comme un espace de liberté, de créativité, d'ouverture, d'audace, de générosité et de débat. Croyez-moi, votre soutien, parce qu'il sera réfléchi, construit, étayé n'en sera que plus efficace. Et nombreux seront alors les Français qui auront envie de nous rejoindre parce qu'ils comprendront qu'adhérer à l'UMP, c'est utile pour que leur voix soit prise en compte.
Quelle est aujourd'hui notre situation politique ? Notre Président Alain Juppé, à la suite des événements que l'on sait, a choisi de renoncer à son mandat. La présidence de l'UMP est donc vacante. Quels que soient l'attachement et la reconnaissance que l'on a pour lui -et notre reconnaissance est grande- chacun comprend que c'est une situation qui ne pouvait pas durer. La première formation politique de France ne peut rester décapitée sans un chef légitime parce que démocratiquement élu.
Nous sortons de trois scrutins, régional, cantonal et européen, qui ont été trois défaites, sans aucun doute injustes, mais dont on aurait tort de minimiser la portée. Il n'y a pas de petits scrutins pour la simple raison que ce sont les mêmes Français qui y votent que pour les grands. Il va nous falloir en tirer toutes les conclusions en termes de cohérence, de rythme du changement, de volontarisme dans l'action politique. Chacun de ces mots a pour moi un sens et fera l'objet de débats approfondis entre nous.
L'UMP elle-même peine à devenir le grand rassemblement dont nous avions tous rêvé. Notre fonctionnement doit être profondément rénové. Nous apparaissons tout à la fois divisés et trop monolithiques. Nos méthodes doivent être considérablement modernisées. On ne dirige pas une formation politique en 2004 comme on le faisait il y a 20 ans. Il faut davantage de collectif, de participatif, de démocratie, d'échange. Dire ceci ce n'est critiquer personne. C'est juste décrire une réalité que tous les Français connaissent, et dont nous serions les seuls à ne pas parler pour que tout continue afin que rien ne change. Cette stratégie de l'immobilisme ne sera jamais la mienne car je sais où elle nous conduit.
Enfin, l'année 2007 peut être pour nous l'année de tous les espoirs ou celle de tous les dangers. Présidentielle, législatives, municipales, sénatoriales, cantonales. Rien que cela. Même si certaines élections sont décalées, le problème est le même : nous avons deux ans et demi pour nous préparer. Et cela ne sera pas de trop. Il faudra choisir " un candidat " et des candidats. Il faudra imaginer le projet 2007-2012. Il faudra mettre en ordre de marche notre mouvement, débattre partout, de la plus petite des communes jusqu'à la plus grande de nos villes, choisir nos cadres, trancher les problèmes de personnes. Donner les moyens à nos fédérations de mieux vivre et mettre un peu à la diète notre centre national, proposer à la majorité une nouvelle façon de se concerter, d'agir et de s'entendre. C'est un point capital : pour gagner il nous faut tout le monde. L'UDF n'est pas un adversaire, mais un partenaire avec lequel nous travaillerons avec loyauté et confiance. C'est toujours au plus fort de tendre la main. Je le ferai donc en votre nom.
Certains disent : " n'évoquons pas toutes ces questions politiques, parce qu'elles sont sensibles, avant le deuxième semestre 2006 ". Ce n'est pas mon avis car si un bilan est nécessaire, ce n'est pas suffisant. Il faut tout autre chose pour gagner. Souvenons-nous qu'après 5 années au pouvoir, Lionel Jospin n'a rassemblé que 15 % des suffrages. Se préparer à ces échéances majeures, cela ne veut pas dire se diviser. En parler, ce n'est pas mettre en cause l'autorité du Président de la République avec lequel je me suis longuement et plusieurs fois entretenu ces derniers jours, qui est des nôtres, que nous soutenons et que je soutiens. Cela ne doit pas nous faire oublier que notre mission, c'est la préparation de l'avenir. Qui peut croire qu'il pourra nous sourire si nous ne nous l'approprions pas ? Si nous ne l'anticipons pas ? Si nous ne le préparons pas ? Au final, construire l'avenir n'est en rien contradictoire avec les exigences de l'action quotidienne de nos ministres.
Nous sommes assez responsables les uns et les autres pour comprendre que nous avons besoin de tout le monde. Si vous me portez à la présidence de notre mouvement, je m'engage à être l'homme du rassemblement le plus large pour que chacun puisse sans exclusive trouver sa place et jouer son rôle. J'ai suffisamment d'expérience pour savoir que j'aurai besoin de tous et que notre succès sera fonction de notre capacité de rassemblement.
Gaullistes, centristes, libéraux, radicaux, nous allons constituer une nouvelle équipe pour la France, en additionnant nos différences, et en respectant nos identités. Voilà la formule gagnante, celle qui consiste à ne pas craindre les talents mais à les rassembler.
Je vous le dis franchement : si notre situation avait été plus facile, sans doute n'aurais-je pas été candidat. Sans doute d'ailleurs on aurait moins pensé à moi pour l'être. Sans doute enfin y aurait-il eu d'autres candidats. Je sais parfaitement que ce n'est pas un cadeau qui m'est fait compte tenu de la difficulté de la tâche. Je sais que ce n'est pas un droit que mon élection. C'est bien plutôt un devoir que celui de prendre la tête de ma famille politique, au moment où elle a besoin d'une nouvelle énergie pour affronter les nombreux défis qui l'attendent.
Eh bien, cette force que vous appelez de vos voeux, je veux vous la donner. Cette passion qui vous a parfois quittés, je veux la faire renaître. Cette volonté inébranlable qui est la mienne au service de nos convictions, je veux vous la communiquer. Voilà comment je concevrai mon rôle de Président si vous m'accordez votre soutien.
Devant vous, je veux prendre des engagements.
L'UMP doit devenir en deux ans la formation politique de référence pour la droite, le centre et les libéraux en Europe.
La référence d'abord par la nouveauté, la force et l'audace de nos idées. C'est toute la droite en Europe qui doit penser à se doter d'une cohérence doctrinale renouvelée. Les problèmes ont évolué, les situations ont changé, les problématiques ne sont plus les mêmes. Nos réponses doivent donc s'adapter. Je ne crois plus aux recettes traditionnelles, aux réponses différées, aux formules creuses. Ne nous laissons pas enfermer dans la catégorie des conservateurs, je veux que nous soyons des innovateurs. Ne soyons pas les représentants d'une catégorie mais de tous les Français spécialement de ceux qui ont le plus besoin que l'on parle en leur nom car ils n'ont pas la possibilité de parler pour eux-mêmes. Donnons de la politique une nouvelle image : celle de l'énergie, de l'enthousiasme, de la main tendue, celle de l'action au service des Français. Il n'y aura pas de rupture entre ce que je suis au gouvernement et ce que je serai comme Président de l'UMP.
Les nouveaux problèmes des Français, c'est d'abord celui du pouvoir d'achat. Les salaires sont trop bas dans notre pays parce que les charges y sont trop hautes. Or, l'aspiration naturelle des Français à améliorer leur niveau de vie est aisément compréhensible. On veut de meilleures études pour ses enfants, on veut un appartement plus grand pour sa famille, on veut préparer une retraite plus confortable pour cette troisième partie de la vie amenée à durer plus longtemps. Au-delà, les Français veulent à nouveau croire qu'il est possible de transmettre du progrès social d'une génération à l'autre.
Si je veux que l'on aménage les 35 heures, c'est parce qu'il s'agit du seul moyen de distribuer du pouvoir d'achat en plus. Permettre aux Français de travailler plus, c'est leur reconnaître le droit de gagner davantage. Le progrès social, ce n'est pas le nivellement par le bas, c'est la possibilité pour chacun d'assurer la promotion de sa famille. Je ne dis pas cela par référence à une idéologie économique, mais tout simplement parce que c'est le bon sens de comprendre que la France ne peut demeurer le seul pays au monde où l'on interdit à ceux qui le souhaitent de pouvoir travailler. La remise en cause des acquis sociaux, c'est l'immobilisme qui la provoquera. Dans certains secteurs, la règle actuelle est si inadaptée qu'elle conduit à une forme de chantage que je dénonce. En effet, je ne peux pas accepter que l'on demande à des salariés de travailler plus sans gagner davantage. Je ne peux davantage accepter que l'on impose du travail au-delà du temps légal à ceux qui ne le souhaitent pas.
La société que nous voulons, c'est celle du libre choix, pas celle de la liberté pour les uns d'imposer leur volonté aux autres. La liberté de choisir son rythme, de construire son destin, de réussir sa vie. Nous n'avons pas à être frileux, car nos idées sont justes. A l'inverse, si nous avons peur de les défendre, ne nous étonnons pas que cela donne du courage à nos adversaires pour les contester. A ce moment, nous risquons de perdre sur les deux tableaux. D'une part, en inquiétant ceux qui veulent que rien ne bouge. D'autre part, en exaspérant ceux qui croient en nous pour impulser le changement. Nous sommes au pouvoir depuis 2 ans et demi. Il n'est que temps sur ce sujet d'agir. Les Français le comprennent. Ce qu'ils ne comprendraient pas, ce serait nos hésitations.
Il va falloir faire preuve d'audace pour apporter des réponses précises à ceux qui ne s'inquiètent pas toujours sans raison de l'évolution de l'Europe. Vous connaissez mes convictions européennes. Je voterai oui au Référendum proposé par Jacques Chirac sur la Constitution Européenne, et j'appellerai tout notre mouvement à faire de même. L'Europe est indissociable du destin de la France. Le refus de la France ouvrirait une crise sans précédent avec nos partenaires. Je n'ai donc ni doute, ni état d'âme, ni interrogation. Je dirai oui et vous inviterai à le faire.
Il n'en reste pas moins qu'il nous faudra apporter des réponses et donner des garanties sur des sujets qui préoccupent nos concitoyens à juste titre. Il en va ainsi des délocalisations. Je reconnais le droit des nouveaux Etats-membres de diminuer leurs impôts, voire pour certains de les réduire à 0 % pour renforcer l'attractivité de leur territoire et attirer ainsi des industries et des richesses dont ils ont besoin. Mais je n'accepte pas que l'on soit assez riche en Europe pour diminuer ses impôts et dans le même temps suffisamment pauvre pour solliciter des fonds structurels que nous payons, nous, et que nous n'aurons plus le droit d'utiliser pour certaines de nos régions qui en auraient pourtant le plus grand besoin. Je propose donc que tout pays dont la moyenne des impôts serait significativement inférieure à la moyenne européenne ne puisse accéder aux fonds structurels que selon des critères d'attribution fortement dégressifs, voire qu'ils n'y aient plus droit lorsque leurs taux d'imposition sont réduits à presque rien.
Il faut réfléchir au sens que nous voulons donner et aux limites que nous voulons fixer à l'élargissement de l'Europe. Il s'agit d'un sujet considérable. L'Europe, de mon point de vue, ne peut ni ne doit s'élargir sans fin. Nous prendrions le risque de diluer l'idée et le projet européens. Il ne s'agit pas de rejeter quiconque mais de comprendre, qu'aujourd'hui à 25 et demain - avec la Roumanie et la Bulgarie - à 27, nous sommes arrivés aux limites de ce qu'il était possible de faire. Prenons garde à ce que ces questions ne viennent pas polluer le référendum car le risque serait grand qu'à trop charger la barque, elle ne finisse par verser. C'est en tout cas au minimum un sujet dont il faudra débattre en profondeur pour exprimer une position claire et dénuée d'ambiguïté. Je demanderai aux adhérents de l'UMP de confirmer les décisions du dernier Conseil National qu'a présidé Alain Juppé.
Il existe bien d'autres sujets sur lesquels nous devrons mettre nos idées au clair. Les questions de société sur lesquelles je souhaite que nous fassions preuve de plus de générosité et de davantage d'ouverture d'esprit. Je n'ai pas changé d'avis. Au moment du PACS, nous avons été en retard par rapport aux attentes de la société. Les Français sont plus tolérants et ouverts que nous ne l'avons été. J'ai bien l'intention d'en tirer toutes les conséquences pour l'avenir.
L'Intégration où j'aimerais que notre réflexion soit moins convenue et plus volontariste. Surtout, je ne voudrais pas qu'il n'y ait que dans le sport que l'on soit heureux d'avoir une France multiple. A ce moment de mon propos, je veux dire combien nous devons être fiers de l'attitude de la communauté musulmane de France alors que deux de nos compatriotes sont odieusement retenus en otage. L'action des membres du Conseil Français du Culte musulman, de tous les membres a été remarquable de responsabilité, de respect des valeurs républicaines et d'attachement à la France.
La communauté musulmane a parlé d'une seule voix. Elle nous a montré sa capacité d'intégration. En créant le CFCM, nous avons reconnu l'Islam comme l'une des religions de France, nous avons privé le communautarisme et l'intégrisme d'argument de propagande. Nous avons montré que la République est toujours forte lorsqu'elle tend la main et qu'elle fait confiance.
Une identité humiliée est une identité radicalisée. En garantissant les mêmes droits à chacun la République est légitime à exiger de tous le respect des mêmes devoirs.
Nous ne devons pas avoir peur de notre diversité. Elle est une richesse, une force, une opportunité. Je prends l'engagement solennel d'en tirer toutes les conséquences sur le choix de nos candidats et de nos dirigeants. Nos élites se ressemblent toutes. Mêmes écoles, mêmes formations, mêmes relations. Mêmes convictions surtout, que la voie de la réussite, c'est celle du plus âgé, dans le grade le plus élevé, parfois ayant délibérément choisi de prendre le moins de risques. Eh bien, je souhaite l'inverse. Je vous le dis, je confierai des responsabilités à ceux qui le désirent le plus. Je ne vous reprocherai jamais à vous, jeunes responsables, d'en faire trop, car je pense toujours que vous n'en ferez jamais assez. Je changerai sans état d'âme ceux qui n'ont plus la foi, l'envie, la volonté de convaincre et de rassembler. Voici pourquoi je veux une UMP jeune, enthousiaste, diverse et même parfois indocile, car à mes yeux, c'est une qualité. Ceux qui croient qu'on peut diriger un parti politique en ne demandant à voir qu'une seule tête se trompent d'époque.
Je ne vous reprocherai jamais d'avoir des convictions et de vous battre pour les défendre. Je veux des jeunes qui savent pourquoi ils sont là, et qui ne sont pas décidés à transiger avec leur idéal.
Je souhaite par-dessus tout que nous réfléchissions à notre projet social. Sur les 15 dernières années, les moyens consacrés au traitement du chômage ont doublé. Dans le même temps, le nombre de nos compatriotes privés d'emploi n'a cessé de progresser. Il faut comprendre que la France n'a pas besoin de plus d'allocations ou de subventions. Elle a besoin de plus d'emplois et de travail. Les moyens dont nous disposons ne doivent pas être consacrés à aider les exclus à survivre, mais à leur donner la chance d'apprendre un métier ou d'exercer une fonction. Reconnaissons que parfois nous-même, nous nous sommes laissés aller par confort ou par habitude à ne pas remettre en cause des politiques qui expliquent que de tous les grands pays, la France est l'un de ceux où le chômage est le plus élevé. C'est cette injustice sociale que je veux dénoncer. C'est cette spécificité que je tiens à combattre. Nous n'avons pas été élus pour mettre en oeuvre la même politique que les socialistes mais pour proposer une alternative crédible et efficace.
Il ne s'agit pas de copier des pays où le chômage est de moitié inférieur au nôtre. Peut-être pourrait-on cependant s'inspirer parfois de ce que la gauche anglaise a eu le courage de mettre en oeuvre, et considérer que notre modèle -au moins en nombre de chômeurs- n'est pas aussi exemplaire qu'on le croit.
Je veux terminer sur ce point par une dernière remarque. Jamais notre droit social n'a été aussi protecteur du droit des salariés. Et pourtant, jamais les salariés ne se sont autant sentis en situation d'insécurité sociale. Là encore, au lieu de défendre un immobilisme qui ne règlera rien, je souhaite que nous débattions de nouveaux droits pour les salariés avec des possibilités de formation plus grandes, des indemnités plus généreuses, des obligations de reclassement plus efficaces, et en contrepartie des procédures de licenciement plus courtes.
Je voudrais que nous incarnions ces deux valeurs que sont la justice et l'équité. On ne peut rien construire de durable si l'on n'est pas juste. On ne peut pas rassembler un peuple au-delà de ses différences si on n'est pas équitable. On ne peut pas demander des efforts s'ils ne sont pas justement et équitablement répartis. Etre juste, être équitable, cela doit devenir notre grille de lecture pour décider de toute mesure quel qu'en soit le domaine. Elu Président de l'UMP, je veillerai à ce que nous soyions scrupuleusement fidèles à cet engagement.
Nous devons devenir une référence dans notre manière de vivre, notre engagement politique. Il ne s'agit pas, avec cette élection de construire un parti autour d'un homme mais de faire émerger une nouvelle équipe, de nouveaux talents, d'autres visages.
Il ne s'agit pas d'organiser le parti de Nicolas Sarkozy après celui d'Alain Juppé ou celui de Jacques Chirac. Je m'interroge même sur le mot parti. Construisons un mouvement, populaire et citoyen, dont l'objectif sera le rassemblement. Il s'agit de mettre un terme à cette spécificité de la droite française depuis 1981, qui n'arrive pas à additionner ses talents et qui perd tant d'énergie dans des oppositions personnelles, fratricides, destructrices. Je l'ai dit, et, je le confirme : je ne me reconnais aucun adversaire dans ma famille politique. Je n'ai aucun différend à régler avec quiconque. Je travaillerai avec tous. J'aiderai Jacques Chirac à faire de ce quinquennat une réussite pour la France. Et en 2007, nous soutiendrons tous ensemble tout simplement celui qui incarnera le mieux nos idées et sera le plus à même de rassembler le plus grand nombre de Français. Je ne vous demande pas d'abandonner le présent pour ne penser qu'à l'avenir. Je ne vous demande pas de choisir entre des fidélités. Je vous demande de vous engager sans arrière pensée et sans compter pour construire la grande formation politique qui seule pourra faire obstacle au retour d'une gauche qui ferait prendre un retard irrattrapable à notre pays dans son rôle de grande nation.
Je souhaite également m'adresser aux Français qui nous regardent et qui n'ont jamais été membres d'un parti politique. Je veux qu'ils comprennent qu'il n'y a pas de démocratie sans formation politique. Que la rénovation de notre vie politique pour qu'elle soit plus concrète, plus crédible, plus intéressante passe par la refondation de nos partis politiques. C'est vrai que la politique désespère et exaspère nombre de nos concitoyens. Mais comment la faire changer sans modifier en profondeur le comportement des partis politiques ? On ne peut espérer faire de la politique utilement et autrement en étant seul et isolé. C'est pour cela que j'ai choisi d'être candidat. Je veux faire de l'UMP l'instrument de la rénovation de la vie politique Française.
Je prends l'engagement d'être un Président "différent" car je crois que les exigences de notre époque l'imposent.
Différent cela veut d'abord dire sans sectarisme. Ne comptez pas sur moi pour singer François Hollande et devenir l'aboyeur en chef de la droite. Nous avons mieux à faire que de nous écharper avec l'opposition. J'ai vu que j'étais devenu pour eux le principal adversaire. Tant mieux : cela prouve que j'ai fait du bon travail. Mais moi, je ne suis pas candidat à un combat de rue. Ce qui m'intéresse, c'est l'avenir de la France pas celui du Parti socialiste.
Mes chers amis, il nous faut nous adresser à tous les Français sans exception. A ceux qui n'ont jamais milité. A ceux qui nous ont quittés parce qu'ils ont été déçus. A ceux qui n'ont jamais croisé notre route. Nous avons une place à faire pour tous ceux qui pensent que la France ne craint pas le changement, qu'elle l'espère. A tous ceux qui ont compris que si la France veut rester une grande puissance elle doit mériter sa place, son rang, son statut. A tous ceux qui croient dans la valeur du mérite, de la promotion sociale, et de la réussite. La France doit redevenir accueillante pour ceux qui veulent entreprendre, innover, réussir. Nous allons construire une formation qui réunira des femmes et des hommes venus d'horizons différents. En un an, je veux que nous doublions nos effectifs. Nous devons devenir le parti de la France, pas celui des notables gérant leur situation avec parcimonie.
Je veux que les Français comprennent que la première des responsabilités de l'UMP, sera de les représenter, de leur donner la parole, d'être leur porte voix. Que tous ceux qui veulent faire davantage pour la France nous rejoignent, ouvrent la porte de nos permanences ! Nous avons besoin d'eux pour construire la force du changement et du mouvement dont la France a besoin. Leur voix sera mieux entendue et leur avis mieux pris en compte. Je veux que chaque adhérent se sente utile, considéré, respecté. On n'a pas le droit de décevoir ceux qui ont choisi de faire la démarche difficile qui est celle de l'engagement.
Je veux que les Français comprennent qu'à la tête de l'UMP je continuerai à agir pour chacun d'eux, sans esprit de clan mais avec la volonté de préparer l'avenir, de changer les comportements politiques, de promouvoir des débats utiles pour notre pays. Je veux par-dessus tout donner de la cohérence à notre projet, le rendre compréhensible, accessible au plus grand nombre.
Nous serons tous ensemble la nouvelle énergie dont la France a besoin. Durant deux années et demie j'ai consacré le meilleur de moi-même aux responsabilités ministérielles que m'a confiées Jacques Chirac. J'ai agi pour la sécurité des Français. J'ai aimé cette fonction. Je m'y suis donné sans compter ma peine aux côtés des policiers, des gendarmes, et ses sapeurs pompiers, avec la volonté absolue d'obtenir des résultats. Et ces résultats, nous les avons obtenus. J'entame mon sixième mois au ministère des Finances. 6 mois, c'est peu et pourtant c'est suffisant pour dresser un premier bilan. Alstom, Sanofi-Aventis, la réforme d'EDF, la baisse des prix dans la grande distribution, la réussite des mesures fiscales pour soutenir la consommation avec le succès sans précédent des donations entre parents et enfants, la privatisation réussie de France Télécom. Là aussi, j'ai agi avec détermination, avec passion et avec le souci de la justice. Nul n'est propriétaire de sa responsabilité ministérielle. Moi pas davantage qu'un autre. Nul n'est irremplaçable, moi pas davantage qu'un autre. Ces responsabilités m'ont été confiées par le président de la République. Il lui appartient d'y mettre un terme s'il l'estime souhaitable. Je respecterai sa décision sans faire davantage de commentaire. Je présenterai le budget de la France, je le défendrai, et une fois élu, conformément à ce qu'a dit Jacques Chirac le 14 juillet, je quitterai le gouvernement. Il n'y aura ni crise, ni drame, ni conflit. Je ne donnerai pas à nos adversaires le spectacle de notre division.
Mes chers amis,
La grande question qui va nous occuper dans les mois qui viennent, c'est de rendre l'espoir à ceux qui l'ont perdu. Espoir dans la politique qui peut changer les choses. Espoir dans l'UMP qui peut incarner l'avenir. Espoir dans nos idées qui peuvent être une chance de réussite pour chacun. Espoir en la France notre patrie pour qui nous devons donner le meilleur de nous-mêmes. Ensemble, nous allons incarner cet espoir en créant les conditions d'un nouvel élan collectif.
(source http://www.u-m-p.org, le 9 septembre 2004)
Il est venu le temps de m'expliquer. Je vais le faire à la manière qui a toujours été la mienne : franchement, sans faux-semblant, sans hypocrisie, loin de toutes ces petites prudences qui privent la politique de l'authenticité dont elle a besoin pour être audible. Je veux que l'on me croie. J'ai donc un devoir de sincérité à votre endroit comme à celui de tous les Français.
J'ai choisi de le faire devant vous parce que vous représentez la jeunesse de France, c'est-à-dire l'avenir de notre pays. C'est pour vous qu'il nous faut bâtir. C'est vous que nous devons entraîner, passionner, enthousiasmer. C'est vous qui avez la mission de donner de l'espoir à tous les Français. C'est vous qui par votre énergie pouvez redonner confiance à un pays qui doute et qui s'interroge sur lui-même. C'est de vous dont nous devons être compris. Et c'est de vous enfin dont j'ai besoin pour préparer l'avenir.
Ma décision d'être candidat à la présidence de l'UMP, je l'ai mûrement réfléchie. Elle n'a pas été facile à prendre, j'ai longuement pesé le pour et le contre. Elle n'est ni une rébellion ni un choix de circonstance. Chacun doit comprendre que c'est un acte qui m'engage profondément et durablement. Je n'ai cédé à aucune pression ni à celle affectueuse de mes amis, ni à celle de ceux qui le sont moins. J'ai simplement analysé la situation politique qui était la nôtre, sans dramatiser mais également sans me masquer la réalité. Et la réalité, c'est que notre situation est difficile et qu'elle risquait de l'être davantage encore si je n'assumais pas mes responsabilités. Voilà pourquoi je suis candidat.
J'ai voulu que le Président de la République soit le premier informé de ma décision. Cela m'a semblé naturel à l'endroit de celui qui a été le fondateur de l'UMP. Et cela m'a semblé nécessaire pour illustrer le climat apaisé et confiant que je souhaite instaurer dans la majorité. Le soutien public que Jacques Chirac m'a apporté sera un atout pour le travail que je vais avoir à engager. Je devrai consacrer mon énergie au redressement de notre formation, et je ne veux pas la perdre dans des querelles intestines qui ne nous apporteront que la défaite. Et c'est parce que cette confiance entre nous tous existera que nous pourrons assumer nos différences sans drame et sans division.
Je veux être le garant de notre unité mais je veux également être celui de notre liberté. Liberté de ton. Liberté de proposition. Liberté de décision.
Voici ce que nous avons convenu avec Jacques Chirac. Voici ce que je mettrai en oeuvre.
Trop souvent dans le passé, nous avons refusé d'entendre ce que nous disaient les Français et nous l'avons payé cher. Même si le message qu'ils nous envoient n'est pas agréable, il faut en tenir compte. Dans une démocratie, c'est toujours le peuple qui a le dernier mot. On ne peut pas biaiser avec le peuple. Surtout il ne faut pas croire qu'avec le temps, les Français finiront par oublier. Ils n'oublient rien et ils comprennent tout. Rien n'est plus important que de prendre le temps de le comprendre. Continuer comme si rien ne s'était passé, c'est la certitude de l'échec.
Or, force est de constater, et c'est bien l'une de nos faiblesses, que dans le passé on a davantage demandé à l'UMP d'applaudir que d'agir, voire de réfléchir. Or un parti politique, pour être utile, doit être au coeur de l'action. Je ne vous demanderai jamais d'être des spectateurs muets de la vie politique. Vous serez une force politique qui représente les Français, les écoute et, qui, de ce fait, pourra parler en leur nom, qui proposera pour la France et, qui donnera son soutien au gouvernement parce que profondément elle sera d'accord.
Soutenir le gouvernement est un devoir auquel vous n'avez pas failli hier et auquel nous ne faillirons pas demain. Mais je veux dire que ce soutien doit être celui de l'adhésion et non celui de la contrainte, de la discipline ou de l'habitude. Notre soutien sera d'autant plus déterminant qu'il sera convaincu et donc convainquant. Si nous ne croyons pas dans la politique que nous défendons, comment les Français pourraient-ils nous suivre ?
L'UMP, je la veux, je la conçois, je la rêve comme un espace de liberté, de créativité, d'ouverture, d'audace, de générosité et de débat. Croyez-moi, votre soutien, parce qu'il sera réfléchi, construit, étayé n'en sera que plus efficace. Et nombreux seront alors les Français qui auront envie de nous rejoindre parce qu'ils comprendront qu'adhérer à l'UMP, c'est utile pour que leur voix soit prise en compte.
Quelle est aujourd'hui notre situation politique ? Notre Président Alain Juppé, à la suite des événements que l'on sait, a choisi de renoncer à son mandat. La présidence de l'UMP est donc vacante. Quels que soient l'attachement et la reconnaissance que l'on a pour lui -et notre reconnaissance est grande- chacun comprend que c'est une situation qui ne pouvait pas durer. La première formation politique de France ne peut rester décapitée sans un chef légitime parce que démocratiquement élu.
Nous sortons de trois scrutins, régional, cantonal et européen, qui ont été trois défaites, sans aucun doute injustes, mais dont on aurait tort de minimiser la portée. Il n'y a pas de petits scrutins pour la simple raison que ce sont les mêmes Français qui y votent que pour les grands. Il va nous falloir en tirer toutes les conclusions en termes de cohérence, de rythme du changement, de volontarisme dans l'action politique. Chacun de ces mots a pour moi un sens et fera l'objet de débats approfondis entre nous.
L'UMP elle-même peine à devenir le grand rassemblement dont nous avions tous rêvé. Notre fonctionnement doit être profondément rénové. Nous apparaissons tout à la fois divisés et trop monolithiques. Nos méthodes doivent être considérablement modernisées. On ne dirige pas une formation politique en 2004 comme on le faisait il y a 20 ans. Il faut davantage de collectif, de participatif, de démocratie, d'échange. Dire ceci ce n'est critiquer personne. C'est juste décrire une réalité que tous les Français connaissent, et dont nous serions les seuls à ne pas parler pour que tout continue afin que rien ne change. Cette stratégie de l'immobilisme ne sera jamais la mienne car je sais où elle nous conduit.
Enfin, l'année 2007 peut être pour nous l'année de tous les espoirs ou celle de tous les dangers. Présidentielle, législatives, municipales, sénatoriales, cantonales. Rien que cela. Même si certaines élections sont décalées, le problème est le même : nous avons deux ans et demi pour nous préparer. Et cela ne sera pas de trop. Il faudra choisir " un candidat " et des candidats. Il faudra imaginer le projet 2007-2012. Il faudra mettre en ordre de marche notre mouvement, débattre partout, de la plus petite des communes jusqu'à la plus grande de nos villes, choisir nos cadres, trancher les problèmes de personnes. Donner les moyens à nos fédérations de mieux vivre et mettre un peu à la diète notre centre national, proposer à la majorité une nouvelle façon de se concerter, d'agir et de s'entendre. C'est un point capital : pour gagner il nous faut tout le monde. L'UDF n'est pas un adversaire, mais un partenaire avec lequel nous travaillerons avec loyauté et confiance. C'est toujours au plus fort de tendre la main. Je le ferai donc en votre nom.
Certains disent : " n'évoquons pas toutes ces questions politiques, parce qu'elles sont sensibles, avant le deuxième semestre 2006 ". Ce n'est pas mon avis car si un bilan est nécessaire, ce n'est pas suffisant. Il faut tout autre chose pour gagner. Souvenons-nous qu'après 5 années au pouvoir, Lionel Jospin n'a rassemblé que 15 % des suffrages. Se préparer à ces échéances majeures, cela ne veut pas dire se diviser. En parler, ce n'est pas mettre en cause l'autorité du Président de la République avec lequel je me suis longuement et plusieurs fois entretenu ces derniers jours, qui est des nôtres, que nous soutenons et que je soutiens. Cela ne doit pas nous faire oublier que notre mission, c'est la préparation de l'avenir. Qui peut croire qu'il pourra nous sourire si nous ne nous l'approprions pas ? Si nous ne l'anticipons pas ? Si nous ne le préparons pas ? Au final, construire l'avenir n'est en rien contradictoire avec les exigences de l'action quotidienne de nos ministres.
Nous sommes assez responsables les uns et les autres pour comprendre que nous avons besoin de tout le monde. Si vous me portez à la présidence de notre mouvement, je m'engage à être l'homme du rassemblement le plus large pour que chacun puisse sans exclusive trouver sa place et jouer son rôle. J'ai suffisamment d'expérience pour savoir que j'aurai besoin de tous et que notre succès sera fonction de notre capacité de rassemblement.
Gaullistes, centristes, libéraux, radicaux, nous allons constituer une nouvelle équipe pour la France, en additionnant nos différences, et en respectant nos identités. Voilà la formule gagnante, celle qui consiste à ne pas craindre les talents mais à les rassembler.
Je vous le dis franchement : si notre situation avait été plus facile, sans doute n'aurais-je pas été candidat. Sans doute d'ailleurs on aurait moins pensé à moi pour l'être. Sans doute enfin y aurait-il eu d'autres candidats. Je sais parfaitement que ce n'est pas un cadeau qui m'est fait compte tenu de la difficulté de la tâche. Je sais que ce n'est pas un droit que mon élection. C'est bien plutôt un devoir que celui de prendre la tête de ma famille politique, au moment où elle a besoin d'une nouvelle énergie pour affronter les nombreux défis qui l'attendent.
Eh bien, cette force que vous appelez de vos voeux, je veux vous la donner. Cette passion qui vous a parfois quittés, je veux la faire renaître. Cette volonté inébranlable qui est la mienne au service de nos convictions, je veux vous la communiquer. Voilà comment je concevrai mon rôle de Président si vous m'accordez votre soutien.
Devant vous, je veux prendre des engagements.
L'UMP doit devenir en deux ans la formation politique de référence pour la droite, le centre et les libéraux en Europe.
La référence d'abord par la nouveauté, la force et l'audace de nos idées. C'est toute la droite en Europe qui doit penser à se doter d'une cohérence doctrinale renouvelée. Les problèmes ont évolué, les situations ont changé, les problématiques ne sont plus les mêmes. Nos réponses doivent donc s'adapter. Je ne crois plus aux recettes traditionnelles, aux réponses différées, aux formules creuses. Ne nous laissons pas enfermer dans la catégorie des conservateurs, je veux que nous soyons des innovateurs. Ne soyons pas les représentants d'une catégorie mais de tous les Français spécialement de ceux qui ont le plus besoin que l'on parle en leur nom car ils n'ont pas la possibilité de parler pour eux-mêmes. Donnons de la politique une nouvelle image : celle de l'énergie, de l'enthousiasme, de la main tendue, celle de l'action au service des Français. Il n'y aura pas de rupture entre ce que je suis au gouvernement et ce que je serai comme Président de l'UMP.
Les nouveaux problèmes des Français, c'est d'abord celui du pouvoir d'achat. Les salaires sont trop bas dans notre pays parce que les charges y sont trop hautes. Or, l'aspiration naturelle des Français à améliorer leur niveau de vie est aisément compréhensible. On veut de meilleures études pour ses enfants, on veut un appartement plus grand pour sa famille, on veut préparer une retraite plus confortable pour cette troisième partie de la vie amenée à durer plus longtemps. Au-delà, les Français veulent à nouveau croire qu'il est possible de transmettre du progrès social d'une génération à l'autre.
Si je veux que l'on aménage les 35 heures, c'est parce qu'il s'agit du seul moyen de distribuer du pouvoir d'achat en plus. Permettre aux Français de travailler plus, c'est leur reconnaître le droit de gagner davantage. Le progrès social, ce n'est pas le nivellement par le bas, c'est la possibilité pour chacun d'assurer la promotion de sa famille. Je ne dis pas cela par référence à une idéologie économique, mais tout simplement parce que c'est le bon sens de comprendre que la France ne peut demeurer le seul pays au monde où l'on interdit à ceux qui le souhaitent de pouvoir travailler. La remise en cause des acquis sociaux, c'est l'immobilisme qui la provoquera. Dans certains secteurs, la règle actuelle est si inadaptée qu'elle conduit à une forme de chantage que je dénonce. En effet, je ne peux pas accepter que l'on demande à des salariés de travailler plus sans gagner davantage. Je ne peux davantage accepter que l'on impose du travail au-delà du temps légal à ceux qui ne le souhaitent pas.
La société que nous voulons, c'est celle du libre choix, pas celle de la liberté pour les uns d'imposer leur volonté aux autres. La liberté de choisir son rythme, de construire son destin, de réussir sa vie. Nous n'avons pas à être frileux, car nos idées sont justes. A l'inverse, si nous avons peur de les défendre, ne nous étonnons pas que cela donne du courage à nos adversaires pour les contester. A ce moment, nous risquons de perdre sur les deux tableaux. D'une part, en inquiétant ceux qui veulent que rien ne bouge. D'autre part, en exaspérant ceux qui croient en nous pour impulser le changement. Nous sommes au pouvoir depuis 2 ans et demi. Il n'est que temps sur ce sujet d'agir. Les Français le comprennent. Ce qu'ils ne comprendraient pas, ce serait nos hésitations.
Il va falloir faire preuve d'audace pour apporter des réponses précises à ceux qui ne s'inquiètent pas toujours sans raison de l'évolution de l'Europe. Vous connaissez mes convictions européennes. Je voterai oui au Référendum proposé par Jacques Chirac sur la Constitution Européenne, et j'appellerai tout notre mouvement à faire de même. L'Europe est indissociable du destin de la France. Le refus de la France ouvrirait une crise sans précédent avec nos partenaires. Je n'ai donc ni doute, ni état d'âme, ni interrogation. Je dirai oui et vous inviterai à le faire.
Il n'en reste pas moins qu'il nous faudra apporter des réponses et donner des garanties sur des sujets qui préoccupent nos concitoyens à juste titre. Il en va ainsi des délocalisations. Je reconnais le droit des nouveaux Etats-membres de diminuer leurs impôts, voire pour certains de les réduire à 0 % pour renforcer l'attractivité de leur territoire et attirer ainsi des industries et des richesses dont ils ont besoin. Mais je n'accepte pas que l'on soit assez riche en Europe pour diminuer ses impôts et dans le même temps suffisamment pauvre pour solliciter des fonds structurels que nous payons, nous, et que nous n'aurons plus le droit d'utiliser pour certaines de nos régions qui en auraient pourtant le plus grand besoin. Je propose donc que tout pays dont la moyenne des impôts serait significativement inférieure à la moyenne européenne ne puisse accéder aux fonds structurels que selon des critères d'attribution fortement dégressifs, voire qu'ils n'y aient plus droit lorsque leurs taux d'imposition sont réduits à presque rien.
Il faut réfléchir au sens que nous voulons donner et aux limites que nous voulons fixer à l'élargissement de l'Europe. Il s'agit d'un sujet considérable. L'Europe, de mon point de vue, ne peut ni ne doit s'élargir sans fin. Nous prendrions le risque de diluer l'idée et le projet européens. Il ne s'agit pas de rejeter quiconque mais de comprendre, qu'aujourd'hui à 25 et demain - avec la Roumanie et la Bulgarie - à 27, nous sommes arrivés aux limites de ce qu'il était possible de faire. Prenons garde à ce que ces questions ne viennent pas polluer le référendum car le risque serait grand qu'à trop charger la barque, elle ne finisse par verser. C'est en tout cas au minimum un sujet dont il faudra débattre en profondeur pour exprimer une position claire et dénuée d'ambiguïté. Je demanderai aux adhérents de l'UMP de confirmer les décisions du dernier Conseil National qu'a présidé Alain Juppé.
Il existe bien d'autres sujets sur lesquels nous devrons mettre nos idées au clair. Les questions de société sur lesquelles je souhaite que nous fassions preuve de plus de générosité et de davantage d'ouverture d'esprit. Je n'ai pas changé d'avis. Au moment du PACS, nous avons été en retard par rapport aux attentes de la société. Les Français sont plus tolérants et ouverts que nous ne l'avons été. J'ai bien l'intention d'en tirer toutes les conséquences pour l'avenir.
L'Intégration où j'aimerais que notre réflexion soit moins convenue et plus volontariste. Surtout, je ne voudrais pas qu'il n'y ait que dans le sport que l'on soit heureux d'avoir une France multiple. A ce moment de mon propos, je veux dire combien nous devons être fiers de l'attitude de la communauté musulmane de France alors que deux de nos compatriotes sont odieusement retenus en otage. L'action des membres du Conseil Français du Culte musulman, de tous les membres a été remarquable de responsabilité, de respect des valeurs républicaines et d'attachement à la France.
La communauté musulmane a parlé d'une seule voix. Elle nous a montré sa capacité d'intégration. En créant le CFCM, nous avons reconnu l'Islam comme l'une des religions de France, nous avons privé le communautarisme et l'intégrisme d'argument de propagande. Nous avons montré que la République est toujours forte lorsqu'elle tend la main et qu'elle fait confiance.
Une identité humiliée est une identité radicalisée. En garantissant les mêmes droits à chacun la République est légitime à exiger de tous le respect des mêmes devoirs.
Nous ne devons pas avoir peur de notre diversité. Elle est une richesse, une force, une opportunité. Je prends l'engagement solennel d'en tirer toutes les conséquences sur le choix de nos candidats et de nos dirigeants. Nos élites se ressemblent toutes. Mêmes écoles, mêmes formations, mêmes relations. Mêmes convictions surtout, que la voie de la réussite, c'est celle du plus âgé, dans le grade le plus élevé, parfois ayant délibérément choisi de prendre le moins de risques. Eh bien, je souhaite l'inverse. Je vous le dis, je confierai des responsabilités à ceux qui le désirent le plus. Je ne vous reprocherai jamais à vous, jeunes responsables, d'en faire trop, car je pense toujours que vous n'en ferez jamais assez. Je changerai sans état d'âme ceux qui n'ont plus la foi, l'envie, la volonté de convaincre et de rassembler. Voici pourquoi je veux une UMP jeune, enthousiaste, diverse et même parfois indocile, car à mes yeux, c'est une qualité. Ceux qui croient qu'on peut diriger un parti politique en ne demandant à voir qu'une seule tête se trompent d'époque.
Je ne vous reprocherai jamais d'avoir des convictions et de vous battre pour les défendre. Je veux des jeunes qui savent pourquoi ils sont là, et qui ne sont pas décidés à transiger avec leur idéal.
Je souhaite par-dessus tout que nous réfléchissions à notre projet social. Sur les 15 dernières années, les moyens consacrés au traitement du chômage ont doublé. Dans le même temps, le nombre de nos compatriotes privés d'emploi n'a cessé de progresser. Il faut comprendre que la France n'a pas besoin de plus d'allocations ou de subventions. Elle a besoin de plus d'emplois et de travail. Les moyens dont nous disposons ne doivent pas être consacrés à aider les exclus à survivre, mais à leur donner la chance d'apprendre un métier ou d'exercer une fonction. Reconnaissons que parfois nous-même, nous nous sommes laissés aller par confort ou par habitude à ne pas remettre en cause des politiques qui expliquent que de tous les grands pays, la France est l'un de ceux où le chômage est le plus élevé. C'est cette injustice sociale que je veux dénoncer. C'est cette spécificité que je tiens à combattre. Nous n'avons pas été élus pour mettre en oeuvre la même politique que les socialistes mais pour proposer une alternative crédible et efficace.
Il ne s'agit pas de copier des pays où le chômage est de moitié inférieur au nôtre. Peut-être pourrait-on cependant s'inspirer parfois de ce que la gauche anglaise a eu le courage de mettre en oeuvre, et considérer que notre modèle -au moins en nombre de chômeurs- n'est pas aussi exemplaire qu'on le croit.
Je veux terminer sur ce point par une dernière remarque. Jamais notre droit social n'a été aussi protecteur du droit des salariés. Et pourtant, jamais les salariés ne se sont autant sentis en situation d'insécurité sociale. Là encore, au lieu de défendre un immobilisme qui ne règlera rien, je souhaite que nous débattions de nouveaux droits pour les salariés avec des possibilités de formation plus grandes, des indemnités plus généreuses, des obligations de reclassement plus efficaces, et en contrepartie des procédures de licenciement plus courtes.
Je voudrais que nous incarnions ces deux valeurs que sont la justice et l'équité. On ne peut rien construire de durable si l'on n'est pas juste. On ne peut pas rassembler un peuple au-delà de ses différences si on n'est pas équitable. On ne peut pas demander des efforts s'ils ne sont pas justement et équitablement répartis. Etre juste, être équitable, cela doit devenir notre grille de lecture pour décider de toute mesure quel qu'en soit le domaine. Elu Président de l'UMP, je veillerai à ce que nous soyions scrupuleusement fidèles à cet engagement.
Nous devons devenir une référence dans notre manière de vivre, notre engagement politique. Il ne s'agit pas, avec cette élection de construire un parti autour d'un homme mais de faire émerger une nouvelle équipe, de nouveaux talents, d'autres visages.
Il ne s'agit pas d'organiser le parti de Nicolas Sarkozy après celui d'Alain Juppé ou celui de Jacques Chirac. Je m'interroge même sur le mot parti. Construisons un mouvement, populaire et citoyen, dont l'objectif sera le rassemblement. Il s'agit de mettre un terme à cette spécificité de la droite française depuis 1981, qui n'arrive pas à additionner ses talents et qui perd tant d'énergie dans des oppositions personnelles, fratricides, destructrices. Je l'ai dit, et, je le confirme : je ne me reconnais aucun adversaire dans ma famille politique. Je n'ai aucun différend à régler avec quiconque. Je travaillerai avec tous. J'aiderai Jacques Chirac à faire de ce quinquennat une réussite pour la France. Et en 2007, nous soutiendrons tous ensemble tout simplement celui qui incarnera le mieux nos idées et sera le plus à même de rassembler le plus grand nombre de Français. Je ne vous demande pas d'abandonner le présent pour ne penser qu'à l'avenir. Je ne vous demande pas de choisir entre des fidélités. Je vous demande de vous engager sans arrière pensée et sans compter pour construire la grande formation politique qui seule pourra faire obstacle au retour d'une gauche qui ferait prendre un retard irrattrapable à notre pays dans son rôle de grande nation.
Je souhaite également m'adresser aux Français qui nous regardent et qui n'ont jamais été membres d'un parti politique. Je veux qu'ils comprennent qu'il n'y a pas de démocratie sans formation politique. Que la rénovation de notre vie politique pour qu'elle soit plus concrète, plus crédible, plus intéressante passe par la refondation de nos partis politiques. C'est vrai que la politique désespère et exaspère nombre de nos concitoyens. Mais comment la faire changer sans modifier en profondeur le comportement des partis politiques ? On ne peut espérer faire de la politique utilement et autrement en étant seul et isolé. C'est pour cela que j'ai choisi d'être candidat. Je veux faire de l'UMP l'instrument de la rénovation de la vie politique Française.
Je prends l'engagement d'être un Président "différent" car je crois que les exigences de notre époque l'imposent.
Différent cela veut d'abord dire sans sectarisme. Ne comptez pas sur moi pour singer François Hollande et devenir l'aboyeur en chef de la droite. Nous avons mieux à faire que de nous écharper avec l'opposition. J'ai vu que j'étais devenu pour eux le principal adversaire. Tant mieux : cela prouve que j'ai fait du bon travail. Mais moi, je ne suis pas candidat à un combat de rue. Ce qui m'intéresse, c'est l'avenir de la France pas celui du Parti socialiste.
Mes chers amis, il nous faut nous adresser à tous les Français sans exception. A ceux qui n'ont jamais milité. A ceux qui nous ont quittés parce qu'ils ont été déçus. A ceux qui n'ont jamais croisé notre route. Nous avons une place à faire pour tous ceux qui pensent que la France ne craint pas le changement, qu'elle l'espère. A tous ceux qui ont compris que si la France veut rester une grande puissance elle doit mériter sa place, son rang, son statut. A tous ceux qui croient dans la valeur du mérite, de la promotion sociale, et de la réussite. La France doit redevenir accueillante pour ceux qui veulent entreprendre, innover, réussir. Nous allons construire une formation qui réunira des femmes et des hommes venus d'horizons différents. En un an, je veux que nous doublions nos effectifs. Nous devons devenir le parti de la France, pas celui des notables gérant leur situation avec parcimonie.
Je veux que les Français comprennent que la première des responsabilités de l'UMP, sera de les représenter, de leur donner la parole, d'être leur porte voix. Que tous ceux qui veulent faire davantage pour la France nous rejoignent, ouvrent la porte de nos permanences ! Nous avons besoin d'eux pour construire la force du changement et du mouvement dont la France a besoin. Leur voix sera mieux entendue et leur avis mieux pris en compte. Je veux que chaque adhérent se sente utile, considéré, respecté. On n'a pas le droit de décevoir ceux qui ont choisi de faire la démarche difficile qui est celle de l'engagement.
Je veux que les Français comprennent qu'à la tête de l'UMP je continuerai à agir pour chacun d'eux, sans esprit de clan mais avec la volonté de préparer l'avenir, de changer les comportements politiques, de promouvoir des débats utiles pour notre pays. Je veux par-dessus tout donner de la cohérence à notre projet, le rendre compréhensible, accessible au plus grand nombre.
Nous serons tous ensemble la nouvelle énergie dont la France a besoin. Durant deux années et demie j'ai consacré le meilleur de moi-même aux responsabilités ministérielles que m'a confiées Jacques Chirac. J'ai agi pour la sécurité des Français. J'ai aimé cette fonction. Je m'y suis donné sans compter ma peine aux côtés des policiers, des gendarmes, et ses sapeurs pompiers, avec la volonté absolue d'obtenir des résultats. Et ces résultats, nous les avons obtenus. J'entame mon sixième mois au ministère des Finances. 6 mois, c'est peu et pourtant c'est suffisant pour dresser un premier bilan. Alstom, Sanofi-Aventis, la réforme d'EDF, la baisse des prix dans la grande distribution, la réussite des mesures fiscales pour soutenir la consommation avec le succès sans précédent des donations entre parents et enfants, la privatisation réussie de France Télécom. Là aussi, j'ai agi avec détermination, avec passion et avec le souci de la justice. Nul n'est propriétaire de sa responsabilité ministérielle. Moi pas davantage qu'un autre. Nul n'est irremplaçable, moi pas davantage qu'un autre. Ces responsabilités m'ont été confiées par le président de la République. Il lui appartient d'y mettre un terme s'il l'estime souhaitable. Je respecterai sa décision sans faire davantage de commentaire. Je présenterai le budget de la France, je le défendrai, et une fois élu, conformément à ce qu'a dit Jacques Chirac le 14 juillet, je quitterai le gouvernement. Il n'y aura ni crise, ni drame, ni conflit. Je ne donnerai pas à nos adversaires le spectacle de notre division.
Mes chers amis,
La grande question qui va nous occuper dans les mois qui viennent, c'est de rendre l'espoir à ceux qui l'ont perdu. Espoir dans la politique qui peut changer les choses. Espoir dans l'UMP qui peut incarner l'avenir. Espoir dans nos idées qui peuvent être une chance de réussite pour chacun. Espoir en la France notre patrie pour qui nous devons donner le meilleur de nous-mêmes. Ensemble, nous allons incarner cet espoir en créant les conditions d'un nouvel élan collectif.
(source http://www.u-m-p.org, le 9 septembre 2004)