Déclaration de M. Jean-François Lamour, ministre des sports, sur la fonction éducative et sociale du sport et sur les relations entre les clubs sportifs et les familles des jeunes et des handicapés, Paris le 12 novembre 2003.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Remise du rapport de Luc MACHARD "Sport, adolescence et famille"

Texte intégral

Je tiens tout particulièrement à remercier les partenaires du secteur de la famille qui ont apporté un éclairage, une expérience différente de ce que le sport appréhende traditionnellement, les représentants du secteur sportif qui se sont prêtés à l'exercice et investis au sein de ce groupe avec le souhait de faire des propositions concrètes, ainsi que les personnes qui ont travaillé à la confection du rapport car le travail effectué est considérable.
A l'occasion des Etats généraux du sport, il est ressorti que le fondement de l'intervention publique en matière sportive résidait dans la fonction éducative et sociale du sport.
C'est ce qui donne tout son sens à l'existence d'un véritable service public du sport.
Or, que constate-t-on aujourd'hui sur cette question de la fonction éducative et sociale du sport ?
Les clubs se trouvent, toute proportion gardée, dans la même dialectique avec les familles que l'école.
De plus en plus souvent, les familles se contentent de confier leur enfant quelques heures par semaine à un club qui n'est à leurs yeux, ni plus, ni moins, qu'un prestataire de services.
A l'inverse, les clubs ne mettent pas tout en uvre pour accueillir les familles. Or, la fonction éducative et sociale du sport ne peut jouer que si un partenariat se noue entre les clubs et les familles ; redonnant ainsi un sens à l'engagement associatif.
C'est fort de ce constat, qu'avec Christian JACOB, nous avons décidé l'installation d'un groupe de travail dont je me félicite de la qualité des propositions présentées.
Vous l'aurez compris, le ministère des sports prône une politique fondée sur les valeurs éducatives et sociales du sport.
Quelles sont ces valeurs ?
* le respect des autres et de soi-même,
* ce respect passe notamment par l'acceptation de règles communes,
* ce sont aussi l'émulation et la progression. C'est en ce sens que la compétition n'est pas opposée, bien au contraire, aux valeurs éducatives et sociales dont le sport est porteur,
* c'est d'ailleurs de ces différentes formes d'exigence que naît le plaisir de faire du sport.
Permettez-moi d'illustrer mes propos en soulignant la pertinence des propositions qui sont avancées dans le rapport.
a) Le thème de la pratique en club.
C'est bien au sein du club que la fonction éducative et sociale du sport trouve pleinement à s'exprimer.
C'est le lieu où il faut, à côté du geste technique, apprendre le geste éthique.
C'est un lieu d'apprentissage de la vie collective, où la notion de projet est plus importante que les individualités qui composent le groupe.
Il est également important que les jeunes puissent progressivement et naturellement accéder à des responsabilités au sein de leurs associations.
J'ai noté avec beaucoup d'intérêt ce qui a été rapporté par le groupe de travail sur tous ces sujets et, sans nier l'existence d'une pratique sportive des adolescents inorganisée, j'insiste sur la nécessité de développer des activités, de leur proposer des projets qui permettent de les attirer à la pratique sportive en club.
b) Un autre thème est extrêmement important, il s'agit de celui du handicap
Il convient de souligner que le sport joue un rôle d'autant plus important en termes de respect mutuel et d'intégration que la pratique sportive permet les rencontres, le partage des mêmes émotions avec les valides, si possible au sein des mêmes clubs.
L'exemple des derniers championnats du monde d'athlétisme de ce point de vue est édifiant car l'émotion ressentie par le public et les athlètes était identique, qu'il s'agisse de compétiteurs valides ou handicapés.
Le ministère des sports est résolument engagé dans cette politique à l'égard des sportifs handicapés. Les crédits d'investissement permettant la mise aux normes des équipements sportifs ont été doublés l'année dernière. Ils seront de nouveau doublés en 2004.
c) J'ai indiqué dans mon propos liminaire que les parents ne pouvaient se contenter de déposer leur enfant à la porte du club.
Ceci passe, comme pour la question du handicap, par des projets d'équipement qui font des clubs des lieux de convivialité, qui accueillent les parents ; ceux-ci pouvant se retrouver entre eux, pratiquer une activité sportive pendant que leurs enfants s'entraînent.
Ces aménagements physiques doivent donner l'occasion aux parents de s'investir progressivement dans la vie du club et de marquer ainsi concrètement l'intérêt qu'ils attachent à ce que font leurs enfants.
Il faut que les parents trouvent leur place et aient une position au sein des clubs.
Des aménagements de lieux d'accueil des parents au sein des clubs pourront être éligibles en termes de financement dès 2004, nous en débattrons avec le mouvement sportif.
d) Cette volonté de redonner un sens à l'engagement associatif des jeunes sportifs et de donner toute leur place aux parents au sein des clubs, ne doit pas nous faire ignorer les phénomènes de zapping sportifs que les dirigeants et les parents connaissent bien.
Il est de plus en plus fréquent, qu'avant d'effectuer le choix d'une discipline, un adolescent s'essaye à plusieurs activités.
Ce qui me semble important dans ce cas, c'est qu'il y ait un fil conducteur pour que les valeurs sportives soient en fin de compte tout de même acquises.
Pour ce faire, nous réfléchissons à la formalisation de ce lien qui pourrait être le livret du jeune sportif.
e) Naturellement, cela suppose un suivi national
Je suis donc favorable à la création d'un pôle ressource dans un C.R.E.P.S. dédié à la thématique " sport, adolescence et famille ". Un appel à projets sera rapidement lancé en ce sens.
f) Enfin, l'impulsion d'un week-end du sport en famille me paraît d'autant plus intéressante que le ministère a lancé cette année, une opération dénommée " temps de sport ".
Cette opération qui se déroulera les 28, 29 et 30 novembre 2003, poursuit un triple but :
* Valoriser dans les régions les meilleurs projets d'éducation par le sport ;
* Organiser des débats autour de la manière de redonner un sens à l'engagement associatif des jeunes sportifs ;
* Proposer des initiations sportives auxquelles les enfants et leurs parents pourront s'exercer.
Vous êtes bien sûr cordialement invités à ces journées qui ont vocation à être reconduites chaque année.
Je vous en remercie.


(source http://www.jeunesse-sports.gouv.fr, le 13 novembre 2003)