Texte intégral
J.-P. Elkabbach-. Dommage, les journaux ne paraissent pas aujourd'hui et ne rendront pas compte du voyage, à mon avis significatif, que vous venez de faire aux Antilles pour la banane et le rhum, à Chicago et à New-York pour le vin et les produits français. Y avez-vous découvert comment éviter, pour les jeunes et pour tous les autres, l'obésité envahissante là-bas et menaçante ici ?
- "C'est vrai que quand on regarde la rue aux Etats-Unis et le nombre d'obèses, on n'a pas envie qu'il se passe la même chose en France. Ce qu'il faut faire, c'est d'abord avoir des produits de qualité, dans lesquels on fasse attention au dosage de produits qui font grossir. Mais il faut surtout, dans les familles et à l'école, qu'on ait une éducation des comportements alimentaires. On sait que l'on est dans la société du grignotage devant l'ordinateur et devant la télévision. Moi-même, vis-à-vis de mes enfants, je sais que j'ai du mal à empêcher ça. Mais je crois que c'est vraiment un enjeu majeur de santé publique. Et le ministre de l'Alimentation en est très préoccupé."
Vous voulez dire que cela vous concerne aussi et ne concerne pas
P. Douste-Blazy ?
- "Si, cela nous concerne tous les deux..."
Avec le travail, les cantines, le stress, les goûters à toute heure, les comportements alimentaires se dégradent - UFC-Que choisir l'a rappelé récemment. Y aura-t-il par exemple des sanctions contre les entreprises géantes du sucre et du sel, aux publicités attrayantes et mensongères, qui provoquent des dégâts justement ?
- "La sanction juridique à l'égard d'entreprise n'est pas la bonne solution. C'est une voie américaine de judiciarisation de la société qui ne me convient pas. Je crois que le travail est à faire en amont, au niveau des consommateurs, au niveau des familles, au niveau des menus dans les cantines. Par exemple, notre Agence de sécurité sanitaire nous a recommandé à ce qu'il n'y ait plus, dans les établissements scolaires, de distributeurs de barres chocolatées, au moment de la récréation de 10h00 ou 10h30, sur lesquelles les adolescents se ruent et qui ne sont pas bonnes pour l'équilibre nutritionnel."
Est-ce que les produits français sont moins boycottés aux Etats-Unis, en ce moment, pour des raisons politiques ?
- "Oui, finalement, le boycott n'a pas eu le retentissement que l'on a dit. On a vu, à l'époque, des images spectaculaires - d'ailleurs, on a vu toujours la même - d'un député républicain qui versait du vin de Bordeaux dans le caniveau. On a par exemple de plutôt bonnes statistiques du premier trimestre 2004, pour nos exportations de vin aux Etats-Unis. Mais le vrai sujet pour la nourriture française aux Etats-Unis, c'est d'exporter notre manière française de consommer. J'ai fait un déjeuner à New-York, il y a deux jours, avec une cinquantaine de Français et d'Américains qui travaillent dans l'alimentaire et dans la cuisine aux Etats-Unis. Ils sont plutôt optimistes."
Avant New-York et Chicago, vous êtes passé chez nos amis de Martinique et de Guadeloupe. Devant eux, à propos de la banane antillaise et contre la " banane dollar ", vous avez demandé aux consommateurs français d'acheter en accord avec leurs convictions. Est-ce que ce jour-là, vous avez bu peut-être un peu de rhum ? Est-ce que cela veut dire qu'il faut manger comme on pense ?
- "Tout à fait. Alors, le rhum est une vraie réussite et il était très bon, mais je n'en ai pas abusé ! Votre formule me plaît : je dirais vraiment qu'il faut " manger comme on pense ", c'est ce que l'on appelle aussi le commerce équitable, pour les produits qui viennent des pays en voie de développement. S'agissant de notre banane antillaise, il faut dire haut et fort que c'est la "banane des droits de l'homme" : c'est une banane qui est produite avec des femmes et des hommes qui sont payés pour le travail qu'ils font, dans des conditions environnementales tout à fait remarquables. Et en face de cela, on a ce que l'on appelle la " banane dollar " des grandes compagnies américaines implantées en Amérique centrale, où les gens sont payés à coup de lance-pierres, où il n'y a aucune considération écologique. Donc je crois vraiment qu'il faut manger la banane antillaise !"
La banane antillaise oui, la "banane dollar" non !
- "C'est très bien résumé !"
Mais est-ce que l'on peut dire la même chose des produits des pays pauvres et de l'Afrique ?
- "Le commerce équitable - Max Havelard et les autres - a pris beaucoup d'ampleur. J'ai moi-même participé à la semaine du commerce équitable. Et je crois qu'il est très important de développer ce commerce équitable. Il y a une autre chose aussi : c'est par rapport à la qualité des produits, notamment sur le plan environnementale, parce que l'on ne peut pas à la fois demander aux paysans européens de prendre des normes de plus en plus sévères pour le bien-être familial, pour la sécurité sanitaire d'alimentation, et laisser importer et consommer des produits qui n'obéissent pas aux mêmes cahiers des charges."
C'est-à-dire que plus vous allez sur le terrain et que vous constatez les effets de la mondialisation, moins vous vous laissez prendre à " l'américanofolie ".
- " Oui et il ne faut pas se laisser avoir par tous les slogans mondialistes. Par exemple, quand on nous explique que la politique agricole européenne est contre le développement des pays du Tiers-Monde, c'est complètement faux, puisque que l'Europe achète 60 % des exportations agricoles de l'Afrique. "
Mais j'entends dire que vous allez peut-être tous renoncer ou sacrifier l'agriculture européenne, pour relancer l'OMC, la conférence de Doha ? Et on se demande si la PAC va durer jusqu'en 2013, comme le Président Chirac, Schröder et vous l'avez prévu, puisque les Américains viennent d'écrire à l'OMC et à P. Lamy : ils veulent ouvrir plus vite les marchés agricoles - si j'ai bien compris, c'est de baisser les barrières douanières, demandent-ils à l'OMC, et augmenter les quotas d'importation ?
- "D'abord, nous avons effectivement, grâce au président de la République, sauvé le budget de la politique agricole européenne jusqu'en 2013, ce qui est une première depuis la création de la PAC au milieu des années 60. Donc, du point de vue budgétaire, il n'y a pas de souci à se faire. En revanche, il faut être extrêmement vigilant dans les négociations en cours à l'OMC. Nous, nous pensons qu'un bon accord doit être un accord équilibré et qu'il n'y pas de raison que l'Europe fasse toutes les concessions. Il peut y avoir des déclarations américaines, comme celle que vous venez de citer, ce qui compte, c'est le résultat et les faits."
Le résultat et les faits, c'est quand ? Parce qu'il y a des délais qui ont été fixés, on dit juillet...
- "Oui, il y a un emballement disant "il faut conclure en juillet". Il n'y a rien qui impose de conclure fin juillet. Nous considérons que la bonne date sera celle d'un accord équilibré, mais on a effectivement une échéance fin juillet."
Est-ce que c'est ce que vous allez dire aux jeunes agriculteurs ce soir ?
- "Oui, je vais à Béziers, au congrès annuel des jeunes agriculteurs."
Vous n'allez pas vous faire chahuter ?
- "Si, sûrement, parce que les jeunes agriculteurs sont remuants et c'est d'ailleurs comme ça qu'on les aime. Il fait des gens remuants pour vous stimuler. Donc, ce ne sera une partie simple et facile pour moi. Mais j'y vais avec beaucoup de plaisir, parce que je crois que de la stimulation naît le progrès."
Les agriculteurs - j'entendais l'autre jour J.-M. Le Métayer - se plaignent de l'Europe. Ils ne votent pas forcément pour elle. La PAC leur apporte annuellement 10 milliards d'euros jusqu'en 2013...
- "Cela ne veut pas dire qu'il n'y a plus rien après."
Qu'est-ce qu'il y a après ?
- "On aura une négociation en 2013 pour la suite de la Politique agricole commune."
Mais ce ne sera plus la même chose, pas aussi important.
- "Dix avant, je ne suis pas madame Soleil. On se battra. Ceux qui seront aux manettes à ce moment-là se battront comme nous nous sommes battus l'année dernière."
Les agriculteurs sont-ils prévoyants ou sont-ils ingrats ?
- "Il y a dans le domaine agricole beaucoup de crise dans les filières. On a eu une très grosse sécheresse l'année dernière, on a le vertige devant la mondialisation et tout ce que l'on entend, et c'est vrai qu'ils sont inquiets. Mon rôle, auprès d'eux, c'est d'écouter ce qu'ils disent, tenir compte de ce qu'ils me disent et de tracer des perspectives pour l'agriculture française et très honnêtement, heureusement que l'agriculture française a eu l'Europe. Je vous rappelle qu'en 1960, la France importait la moitié de sa nourriture, ce dont les Français ne se souviennent plus. Maintenant, non seulement nous nous nourrissons, mais nous exportons. Et notre tout petit pays est une des premières puissances agricoles du monde."
Donc, ils sont un peu ingrats ?
- "Je ne dis pas "ingrat", mais je dis qu'il est forcément difficile en 2004 de se dire mais qu'est-ce que serait notre agriculture sans l'Europe. Il est facile de critiquer l'Europe. Moi, en tout cas, dans le domaine agricole, je la défends."
Vous êtes dans votre rôle... A peine de retour, vous entendez le brouhaha autour de la future direction de l'UMP, ce parti qu'avec R. Dutreil et D. Bussereau vous aviez créé. Est-ce que ce matin, vous appelez à une sorte de trêve entre ceux qui veulent se placer peut-être dans la confrontation avec le président de la République, etc, une trêve, une accalmie dans vos rangs ?
- "Les Français veulent que l'on travaille pour la France et ne souhaitent pas qu'en 2004, on anticipe une élection présidentielle qui aurait lieu en 2007. Donc, je souhaite que toutes les femmes et les hommes de bonne volonté - ça peut faire un peu vieux jeu d'employer cette expression, mais je l'emploie à dessein - travaillent ensemble pour réussir ce quinquennat."
Vous ne me répondez pas...
- "Si, je vous réponds !"
Si la droite continue de se disputer comme ça, où court-elle ?
- "Ce qui s'est passé aux dernières élections, ce n'est déjà pas si brillant. Donc, on peut continuer à courir et jouer à colin-maillard au bord du gouffre."
F. Baroin dit ce matin, dans Paris-Match, que si N. Sarkozy décide d'être candidat dans les règles fixées par J. Chirac, en accord avec Raffarin, il fera campagne pour lui ; vous aussi ?
- "L'avenir le dira."
Honnêtement ?
- "Nous avons une élection à la présidence de l'UMP qui est à la fin du mois de novembre. Nous sommes à la fin du mois de juin. Je souhaite que tout le monde travaille ensemble pour la France au sein de l'UMP. Cessons les querelles qui n'apportent rien."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 25 juin 2004)
- "C'est vrai que quand on regarde la rue aux Etats-Unis et le nombre d'obèses, on n'a pas envie qu'il se passe la même chose en France. Ce qu'il faut faire, c'est d'abord avoir des produits de qualité, dans lesquels on fasse attention au dosage de produits qui font grossir. Mais il faut surtout, dans les familles et à l'école, qu'on ait une éducation des comportements alimentaires. On sait que l'on est dans la société du grignotage devant l'ordinateur et devant la télévision. Moi-même, vis-à-vis de mes enfants, je sais que j'ai du mal à empêcher ça. Mais je crois que c'est vraiment un enjeu majeur de santé publique. Et le ministre de l'Alimentation en est très préoccupé."
Vous voulez dire que cela vous concerne aussi et ne concerne pas
P. Douste-Blazy ?
- "Si, cela nous concerne tous les deux..."
Avec le travail, les cantines, le stress, les goûters à toute heure, les comportements alimentaires se dégradent - UFC-Que choisir l'a rappelé récemment. Y aura-t-il par exemple des sanctions contre les entreprises géantes du sucre et du sel, aux publicités attrayantes et mensongères, qui provoquent des dégâts justement ?
- "La sanction juridique à l'égard d'entreprise n'est pas la bonne solution. C'est une voie américaine de judiciarisation de la société qui ne me convient pas. Je crois que le travail est à faire en amont, au niveau des consommateurs, au niveau des familles, au niveau des menus dans les cantines. Par exemple, notre Agence de sécurité sanitaire nous a recommandé à ce qu'il n'y ait plus, dans les établissements scolaires, de distributeurs de barres chocolatées, au moment de la récréation de 10h00 ou 10h30, sur lesquelles les adolescents se ruent et qui ne sont pas bonnes pour l'équilibre nutritionnel."
Est-ce que les produits français sont moins boycottés aux Etats-Unis, en ce moment, pour des raisons politiques ?
- "Oui, finalement, le boycott n'a pas eu le retentissement que l'on a dit. On a vu, à l'époque, des images spectaculaires - d'ailleurs, on a vu toujours la même - d'un député républicain qui versait du vin de Bordeaux dans le caniveau. On a par exemple de plutôt bonnes statistiques du premier trimestre 2004, pour nos exportations de vin aux Etats-Unis. Mais le vrai sujet pour la nourriture française aux Etats-Unis, c'est d'exporter notre manière française de consommer. J'ai fait un déjeuner à New-York, il y a deux jours, avec une cinquantaine de Français et d'Américains qui travaillent dans l'alimentaire et dans la cuisine aux Etats-Unis. Ils sont plutôt optimistes."
Avant New-York et Chicago, vous êtes passé chez nos amis de Martinique et de Guadeloupe. Devant eux, à propos de la banane antillaise et contre la " banane dollar ", vous avez demandé aux consommateurs français d'acheter en accord avec leurs convictions. Est-ce que ce jour-là, vous avez bu peut-être un peu de rhum ? Est-ce que cela veut dire qu'il faut manger comme on pense ?
- "Tout à fait. Alors, le rhum est une vraie réussite et il était très bon, mais je n'en ai pas abusé ! Votre formule me plaît : je dirais vraiment qu'il faut " manger comme on pense ", c'est ce que l'on appelle aussi le commerce équitable, pour les produits qui viennent des pays en voie de développement. S'agissant de notre banane antillaise, il faut dire haut et fort que c'est la "banane des droits de l'homme" : c'est une banane qui est produite avec des femmes et des hommes qui sont payés pour le travail qu'ils font, dans des conditions environnementales tout à fait remarquables. Et en face de cela, on a ce que l'on appelle la " banane dollar " des grandes compagnies américaines implantées en Amérique centrale, où les gens sont payés à coup de lance-pierres, où il n'y a aucune considération écologique. Donc je crois vraiment qu'il faut manger la banane antillaise !"
La banane antillaise oui, la "banane dollar" non !
- "C'est très bien résumé !"
Mais est-ce que l'on peut dire la même chose des produits des pays pauvres et de l'Afrique ?
- "Le commerce équitable - Max Havelard et les autres - a pris beaucoup d'ampleur. J'ai moi-même participé à la semaine du commerce équitable. Et je crois qu'il est très important de développer ce commerce équitable. Il y a une autre chose aussi : c'est par rapport à la qualité des produits, notamment sur le plan environnementale, parce que l'on ne peut pas à la fois demander aux paysans européens de prendre des normes de plus en plus sévères pour le bien-être familial, pour la sécurité sanitaire d'alimentation, et laisser importer et consommer des produits qui n'obéissent pas aux mêmes cahiers des charges."
C'est-à-dire que plus vous allez sur le terrain et que vous constatez les effets de la mondialisation, moins vous vous laissez prendre à " l'américanofolie ".
- " Oui et il ne faut pas se laisser avoir par tous les slogans mondialistes. Par exemple, quand on nous explique que la politique agricole européenne est contre le développement des pays du Tiers-Monde, c'est complètement faux, puisque que l'Europe achète 60 % des exportations agricoles de l'Afrique. "
Mais j'entends dire que vous allez peut-être tous renoncer ou sacrifier l'agriculture européenne, pour relancer l'OMC, la conférence de Doha ? Et on se demande si la PAC va durer jusqu'en 2013, comme le Président Chirac, Schröder et vous l'avez prévu, puisque les Américains viennent d'écrire à l'OMC et à P. Lamy : ils veulent ouvrir plus vite les marchés agricoles - si j'ai bien compris, c'est de baisser les barrières douanières, demandent-ils à l'OMC, et augmenter les quotas d'importation ?
- "D'abord, nous avons effectivement, grâce au président de la République, sauvé le budget de la politique agricole européenne jusqu'en 2013, ce qui est une première depuis la création de la PAC au milieu des années 60. Donc, du point de vue budgétaire, il n'y a pas de souci à se faire. En revanche, il faut être extrêmement vigilant dans les négociations en cours à l'OMC. Nous, nous pensons qu'un bon accord doit être un accord équilibré et qu'il n'y pas de raison que l'Europe fasse toutes les concessions. Il peut y avoir des déclarations américaines, comme celle que vous venez de citer, ce qui compte, c'est le résultat et les faits."
Le résultat et les faits, c'est quand ? Parce qu'il y a des délais qui ont été fixés, on dit juillet...
- "Oui, il y a un emballement disant "il faut conclure en juillet". Il n'y a rien qui impose de conclure fin juillet. Nous considérons que la bonne date sera celle d'un accord équilibré, mais on a effectivement une échéance fin juillet."
Est-ce que c'est ce que vous allez dire aux jeunes agriculteurs ce soir ?
- "Oui, je vais à Béziers, au congrès annuel des jeunes agriculteurs."
Vous n'allez pas vous faire chahuter ?
- "Si, sûrement, parce que les jeunes agriculteurs sont remuants et c'est d'ailleurs comme ça qu'on les aime. Il fait des gens remuants pour vous stimuler. Donc, ce ne sera une partie simple et facile pour moi. Mais j'y vais avec beaucoup de plaisir, parce que je crois que de la stimulation naît le progrès."
Les agriculteurs - j'entendais l'autre jour J.-M. Le Métayer - se plaignent de l'Europe. Ils ne votent pas forcément pour elle. La PAC leur apporte annuellement 10 milliards d'euros jusqu'en 2013...
- "Cela ne veut pas dire qu'il n'y a plus rien après."
Qu'est-ce qu'il y a après ?
- "On aura une négociation en 2013 pour la suite de la Politique agricole commune."
Mais ce ne sera plus la même chose, pas aussi important.
- "Dix avant, je ne suis pas madame Soleil. On se battra. Ceux qui seront aux manettes à ce moment-là se battront comme nous nous sommes battus l'année dernière."
Les agriculteurs sont-ils prévoyants ou sont-ils ingrats ?
- "Il y a dans le domaine agricole beaucoup de crise dans les filières. On a eu une très grosse sécheresse l'année dernière, on a le vertige devant la mondialisation et tout ce que l'on entend, et c'est vrai qu'ils sont inquiets. Mon rôle, auprès d'eux, c'est d'écouter ce qu'ils disent, tenir compte de ce qu'ils me disent et de tracer des perspectives pour l'agriculture française et très honnêtement, heureusement que l'agriculture française a eu l'Europe. Je vous rappelle qu'en 1960, la France importait la moitié de sa nourriture, ce dont les Français ne se souviennent plus. Maintenant, non seulement nous nous nourrissons, mais nous exportons. Et notre tout petit pays est une des premières puissances agricoles du monde."
Donc, ils sont un peu ingrats ?
- "Je ne dis pas "ingrat", mais je dis qu'il est forcément difficile en 2004 de se dire mais qu'est-ce que serait notre agriculture sans l'Europe. Il est facile de critiquer l'Europe. Moi, en tout cas, dans le domaine agricole, je la défends."
Vous êtes dans votre rôle... A peine de retour, vous entendez le brouhaha autour de la future direction de l'UMP, ce parti qu'avec R. Dutreil et D. Bussereau vous aviez créé. Est-ce que ce matin, vous appelez à une sorte de trêve entre ceux qui veulent se placer peut-être dans la confrontation avec le président de la République, etc, une trêve, une accalmie dans vos rangs ?
- "Les Français veulent que l'on travaille pour la France et ne souhaitent pas qu'en 2004, on anticipe une élection présidentielle qui aurait lieu en 2007. Donc, je souhaite que toutes les femmes et les hommes de bonne volonté - ça peut faire un peu vieux jeu d'employer cette expression, mais je l'emploie à dessein - travaillent ensemble pour réussir ce quinquennat."
Vous ne me répondez pas...
- "Si, je vous réponds !"
Si la droite continue de se disputer comme ça, où court-elle ?
- "Ce qui s'est passé aux dernières élections, ce n'est déjà pas si brillant. Donc, on peut continuer à courir et jouer à colin-maillard au bord du gouffre."
F. Baroin dit ce matin, dans Paris-Match, que si N. Sarkozy décide d'être candidat dans les règles fixées par J. Chirac, en accord avec Raffarin, il fera campagne pour lui ; vous aussi ?
- "L'avenir le dira."
Honnêtement ?
- "Nous avons une élection à la présidence de l'UMP qui est à la fin du mois de novembre. Nous sommes à la fin du mois de juin. Je souhaite que tout le monde travaille ensemble pour la France au sein de l'UMP. Cessons les querelles qui n'apportent rien."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 25 juin 2004)