Déclaration de M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre, sur le programme de l'UMP pour les élections européennes, Paris le 10 juin 2004.

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Circonstance : Réunion publique pour la campagne des élections régionales, à Paris le 10 juin 2004

Texte intégral

Merci, gardez vos forces, vous en aurez besoin et nous en avons besoin.
Merci, sincèrement, vous me manquez beaucoup.
De conseils en comités, de visites en audiences, le militantisme apparaît quelquefois lointain et j'en ai besoin. Il fait partie de ce qui m'anime et anime mes convictions. J'ai toujours été enraciné dans ma famille politique au plus proche des actions de terrain.
C'est donc avec bonheur que je retrouve et l'ambiance de ma famille et la campagne électorale pour nos amis rassemblés autour de Patrick Gaubert.
Je vous ai entendu parler de persévérance, mais la persévérance, c'est Wilfried Martens ! Il y a eu Martens IX, nous n'en sommes qu'à Raffarin III C'est lui qu'il faut applaudir pour sa persévérance mais aussi pour sa présence avec nous.
Merci à notre président, Alain Juppé, à ce qu'il fait, à ce qu'il est et au niveau auquel il porte toujours nos débats. Pour un grand nombre d'entre nous, c'est un ami, mais, au-delà, c'est un chef que nous respectons. Il a notre estime parce qu'il nous représente avec qualité et dignité.
Salut à la jeune génération, à la quasi-totalité du gouvernement ici présent, vous êtes les meilleurs ministres naturellement, je salue tous les nombreux parlementaires, merci de leur soutien et de leur travail quotidien.
Un petit mot particulier pour Jacques, pour souhaiter bon courage à Laurent, qui sur le terrain doit se battre lui aussi pour gagner une élection importante pour nous tous.
Je salue enfin Patrick, Nicole, Jacques, Marie-Thérèse et tous les autres qui constituent cette équipe d'Ile de France pour l'Europe, que nous soutenons et sur laquelle nous comptons.
J'ai vécu une journée difficile. Aujourd'hui j'ai traversé 60 ans. J'ai commencé ma journée à Oradour. J'ai commencé cette journée dans la douleur, bouleversé par ce qu'il s'y est passé le 10 juin 1944. Cette barbarie immense organisée, cette violence totale et inacceptable, cette humanité sortie de l'humanité. Inoubliable, 60 ans après. Une cicatrice ouverte parce que le mal a montré, là, son extrémité.
60 ans, 10 juin 1944.
Ce matin, j'ai vu des gens qui avaient reconquis leur propre espérance. Cette espérance a été faite d'abord et avant tout d'Europe. Ce soir, je suis avec vous. Du 10 juin 1944 au 10 juin 2004, 60 ans, entre lesquels nous avons bâti l'Europe.
Le travail n'est pas achevé car, nous le savons, la guerre est finie, elle est peu probable pour l'avenir, mais le mal est toujours là. Il dort dans les sociétés et quelquefois dans la nature humaine. Notre combat contre le racisme, contre l'antisémitisme, pour la dignité de l'Homme, le respect de la personne, sont des combats éternels.
Nous avons toujours besoin de cette Europe pour nous rassembler, pour apprendre à nous écouter les uns les autres et assumer notre communauté de destin. L'Europe est nécessaire pour faire la paix, elle est également nécessaire pour lutter conter ce mal, qui restera toujours menaçant et qui, dans le monde, aujourd'hui, tue encore des hommes, des femmes et des enfants.
Notre choix, n'est pas tactique, de court terme, mais stratégique pour l'avenir du projet français.
Nous sommes rassemblés dans ce projet français, ce pacte républicain, avec ses valeurs universelles qui nous viennent de l'histoire, avec une Nation qui nous a construite. Une Nation faite autant par nos morts que par nos vivants. Cette Nation, qui rassemble aujourd'hui, a besoin de l'Europe pour vivre son XXIème siècle, pour se faire entendre dans le monde et faire rayonner les valeurs qu'il l'ont constituée.
Le projet français est nécessairement aujourd'hui européen. Nous avons besoin de l'Europe comme un multiplicateur d'influence, pour faire exister ces valeurs qui sont la fierté et la dignité de la France.
Nous avons besoin pour la France de l'Europe, mais nous avons aussi besoin de l'Europe pour le monde.
Nous voyons bien le terrorisme, la guerre, l'absurdité et le mal qui partout menacent. Une gouvernance mondiale est nécessaire. Il faut, comme l'a souhaité le président de la République, réformer l'ONU, pour qu'il y ait un lieu où se construise la paix, un lieu qui soit la source du droit. Nous avons besoin de l'ONU.
Nous avons besoin, sur un plan commercial, d'aider les pays les plus fragiles, nous avons besoin d'une réforme de l'OMC pour un commerce international plus juste.
Nous avons besoin d'une organisation mondiale de l'environnement pour développer la conscience de notre planète car aujourd'hui notre humanité est capable de détruire son espace vital.
Conscience de la planète, justice du développement, volonté de paix, il nous faut organiser le monde et bâtir une gouvernance mondiale qui porte les valeurs auxquelles la France est attachée.
Pour cela, l'Europe doit vite s'organiser sinon leur monde s'organisera sans l'Europe et sans les idées de la France.
Aujourd'hui, nous sommes devant une exigence, un devoir d'Europe pour porter le projet français, celui de l'humanisme français. Nous sommes engagés aujourd'hui dans une campagne européenne pour rassembler ces idées au Parlement européen. Vous avez à élire des députés européens, je l'ai été, c'est un mandat formidable et qui prend de plus en plus d'importance.
La grande question dimanche ne sera pas de savoir si l'extrême droite française a été plus forte que l'extrême gauche française, mais qui aura la majorité dans l'assemblée du Parlement de Strasbourg.
Il faut donc gagner la majorité à Strasbourg, là est l'enjeu. C'est pour cette raison que nous avons besoin d'être rassemblés au sein du PPE, notre groupe historique, que nous devons bâtir toujours plus fort, pour qu'il assure la majorité du Parlement européen et participe au pilotage de l'Europe. Là est notre ambition.
Quand j'étais élu au Parlement européen, je suis allé dans un petit groupe, car, comme un certain nombre de jeunes débutants, je voulais faire entendre ma voix, déposer des motions, prendre des initiatives, et quelquefois parler à la télévision. Dans un petit groupe, ma fois, on a plus d'espace et moins de gens à convaincre, mais on ne parle qu'à soi-même et on a aucune influence. Je me suis vite rendu compte que le travail que je faisais n'était pas utile à mon pays, ni à la dimension de la responsabilité qui m'avait été confiée.
J'ai rejoins, avec un grand nombre d'amis, le PPE, nous nous sommes rassemblés et le jour où une délibération a été votée par ce groupe, le jour où nous avons pris ensemble une décision, nous étions capables de l'imposer au Parlement, parce que nous étions capables d'avoir le seuil de crédibilité, nous permettant de construire les alliances nécessaires.
En Europe, l'isolement est une faute, l'isolement est coupable. Il faut construire des alliances. Il n'y a pas de projet s'il n'y a pas d'alliance.
Nous avons besoin de cette organisation politique, sinon, nos idées s'évaporeront dans les airs de Bruxelles ou de Strasbourg à défaut d'être rassemblées avec force dans un parti, un groupe qui compte au Parlement.
C'est l'enjeu majeur de ces élections.
C'est pour cela que je demande aux Françaises et aux Français d'éviter la dispersion et le gaspillage de leur voix. Il résulterait de ce comportement électoral la dispersion de leurs idées et le gaspillage de leur influence.
Alors, rassemblons-nous autour de convictions majeures, de ceux qui ont confiance en une Europe du centre-droit, de ceux qui ont confiance en une Europe équilibrée, de l'humanisme français à l'humanisme européen, de cette Europe dont nos pères fondateurs ont été, tour à tour, des animateurs.
Voilà cet enjeu fondamental qui est aujourd'hui le nôtre et qui est nécessaire au projet français.
Aujourd'hui, nous sommes engagés dans une action gouvernementale, articulée autour de trois idées principales.
Protéger le citoyen de tout ce qui ne dépend pas de lui.
C'est pour cette raison qu nous avons mis en priorité l'action pour la sécurité. Sécurité intérieure évidemment, mais aussi extérieure et la Défense nationale. Protéger le citoyen au sein d'accords internationaux mais aussi naturellement au sein de notre pacte social.
C'est pour cela que nous avons réformé les retraites et que nous irons jusqu'au bout de la réforme de l'assurance maladie, elle est nécessaire, pour la défense de notre pacte social, de notre histoire républicaine, de notre cohésion économique et sociale.
C'est la mission de protection du citoyen de l'Etat. Cette responsabilité, nous l'assumerons et la prolongerons avec le projet de Jean-Louis Borloo sur la cohésion sociale. Nous irons protéger, renforcer ce pacte social pour protéger le citoyen de ce qui ne dépend pas de lui.
Responsabiliser l'individu pour tout ce qui dépend de lui.
Ce qui dépend de lui doit être équilibré avec des droits et des devoirs. Le citoyen doit se retrouver face à des responsabilités.
Nous ne pouvons pas accepter une société de l'irresponsabilité.
Nous ne pouvons pas accepter qu'un Officier d'état civil puisse accomplir à des procédures contre le Code civil. Ce n'est qu'une question de dignité républicaine. Le débat de fond a sa place au Parlement. Pour la République, en ce qui concerne le droit, il n'est pas question que ne soient pas mises en équilibre les responsabilités des droits et des devoirs.
Responsabiliser les individus, c'est avancer dans la décentralisation pour rapprocher la décision du citoyen. C'est aussi aider à la création d'entreprises. C'est également faire en sorte que lorsque l'on reçoit une aide naturelle de la société, face à elle, il y ait des responsabilités.
Notamment, concernant les revenus de l'assistance, qu'ils puissent être en toutes circonstances inférieurs aux revenus du travail. C'est la première responsabilité que l'on peut assumer lorsque l'on a réussi à surmonter les difficultés du chômage.
Nous devons aider les Français à intégrer le monde du travail, il est aussi de notre mission de faire en sorte que le citoyen puisse assumer ses responsabilités.
Préparer l'avenir et l'anticiper
Redonner le goût du futur par la recherche, l'innovation et la promotion de grands projets. Egalement, par ce que vient de faire le Parlement avec le vote sur la Charte de l'environnement, afin d'inscrire dans notre loi fondamentale la conscience de la défense de notre planète et être l'un de ces premiers pays disant au monde : " attention à notre planète, nous sommes en train de la détruire ". Cette conscience nous oblige ainsi que les générations futures. Il en est de notre devoir.
Cela pose de multiples problèmes, mais lorsque la France a parlé pour la première fois des Droits de l'Homme, quand nous avons parlé pour la première fois des droits économiques et sociaux, cela posait également des problèmes à l'époque.
Parler aujourd'hui du principe de précaution et de la protection de la planète cela pose des difficultés, mais c'est un devoir face à notre histoire.
Protéger, responsabiliser, anticiper, nous avons, pour ce projet français, besoin de l'Europe.
Nous avons besoin de l'Europe pour protéger, l'Euro nous protège. Par exemple, depuis 2000, le bilan des socialistes s'est lu dès l'année 2001 et 2002 par une rupture de croissance terrible : 4% en 2000, 2% en 2001, 1 % en 2002. Un taux de croissance divisé par quatre.
Cette rupture aurait entraîné sans l'Euro, partout en Europe, des dévaluations compétitives, termes techniques pour dire concurrences déloyales. L'euro les a évitées.
De même, quand vous voyez le dollar déprécié, les difficultés sur le cours du pétrole, aujourd'hui l'euro protège le citoyen. Plus la zone euro sera large, plus notre commerce à l'intérieur de cette zone sera important et plus nous serons protégés. Une part majoritaire de notre commerce est faite dans la zone euro.
L'Euro nous protège d'un certain nombre de variations extérieures à l'Europe. L'Euro fait partie de cette uvre de protection comme l'Union européenne, y compris avec l'élargissement vers ces dix nouveaux pays. Leur arrivée ne doit pas inquiéter, nous devons au contraire les accueillir avec bonheur.
Ils veulent aujourd'hui retrouver le camp de la liberté dont ils ont pu enfin rejoindre les rangs et quitter cette histoire, pour bien d'entre eux, si douloureuse. Nous devons les accueillir afin de leur montrer que la liberté est toujours accueillante, il ne faut pas avoir peur de ces pays. Tout comme avec l'Espagne et le Portugal, nous avons tous gagné à leur intégration européenne.
Croyez-vous que les ouvriers polonais ou slovaques ont pour rêve d'être le prolétariat de l'Europe ? Non, comme les autres, ils veulent développer leur niveau de vie et rejoindre la qualité de vie de l'Union européenne. Ils aspirent au développement, très vite ils l'atteindront et ouvriront des marchés supplémentaires à nos entreprises. Ils permettront un véritable développement au sein de l'Union européenne, en créant cet espace de commerce intérieur, qui sera pour nous un espace de protection.
L'Europe participe à la protection et à la régulation mondiale. Nous sommes soumis à de nombreuses pressions dans le monde, l'Europe est un lieu de régulation de la mondialisation. C'est pour cela qu'elle participe à cette uvre de protection.
L'Europe participe également à l'uvre de responsabilisation. Nous avons besoin que l'Europe responsabilise le citoyen mais aussi notre gouvernance européenne. Ainsi, comme toi Alain, je suis favorable à la nouvelle Constitution. Il y avait un grand débat dans le passé, certains voulaient l'Europe des peuples avec un seul grand peuple européen et une disparition des identités nationales, d'autres voulaient une Europe de la souveraineté et des Etats.
Nous avons inventé l'Europe, l'Union, de la double légitimité. La légitimité des Etats et des peuples.
Pour prendre une décision il faudra 50% des Etats et 60% des peuples. Nous pourrons ainsi représenter dans une décision et les Etats et les citoyens. Nous avons crée cette Union d'Etats Nations à laquelle nous aspirions depuis longtemps. Elle est portée dans la Constitution cette Europe de la double légitimité, qui respecte les Etats, qui les fait lieux de la décision pour un grand nombre de sujets, mais qui fait des peuples un acteur important de la décision européenne.
Nous avons une constitution qui nous permettra de stabiliser l'Union européenne et d'éviter de changer de présidence tous les six mois. Une rotation des responsabilités, un peu sophistiquée, qui ne permet pas de construire un travail dans la durée.
Il est vrai également qu'elle est bien écrite cette constitution, elle l'a été par un Académicien c'est un atout !
Cette Europe inspire cet idéal qui fait que nous serons 25 mais nous pourrons avoir un système de pilotage efficace. Dans ce pilotage, ne sous-estimez pas la relation franco-allemande.
Je viens d'une région de l'Atlantique, proche de l'Espagne, du Royaume Uni. Je connais toute la sympathie, le charme de l'Ouest atlantique européen. Mais depuis deux ans, je vois comment se prennent les décisions européennes et comment a été financé l'élargissement.
Systématiquement, quand nous avons besoin d'une décision lourde en Europe, c'est d'abord un accord franco-allemand qui permet cette décision. A défaut, les autres Premiers ministres me demandent : " mettez-vous d'accord avec les Allemands, tant que vous ne serez pas d'accord, nous ne pourrons pas avancer ".
Il faut que le dialogue franco-allemand soit renforcé et que toujours la France et l'Allemagne dialoguent et délibèrent la porte ouverte, ouverte sur la Grande-Bretagne, sur les pays fondateurs, sur les nouveaux venus. Que l'Europe puisse toujours bénéficier d'un moteur franco-allemand, mais qui s'ouvre toujours aux autres et qui est capable d'accueillir en permanence, selon les sujets, les partenaires motivés.
Nous avons besoin d'Europe pour construire nos grands projets de recherche et d'innovation. Nous sommes lancés dans un grand plan contre le cancer, viendra le jour où il faudra que ce plan ait une puissance européenne, car nous devrons mettre tous nos moyens en commun, afin de lutter contre ce fléau qui ronge notre société.
Nous devrons sur les grands sujets de recherche mobiliser l'ensemble des équipes d'excellence présentes en Europe, pour les aider autour de nos universités, de nos pôles scientifiques.
Nous avons besoin de l'Union européenne pour exister dans le monde, faire en sorte d'anticiper l'avenir, dans l'énergie, la santé, les transports, l'environnement, l'aéronautique ou le spatial. Des sujets importants pour lesquels nous avons besoin de l'Europe et de sa volonté réformatrice.
L'Europe est réformatrice. Les dix pays qui nous rejoignent ont fait des efforts considérables pour ce faire. Ils ont adapté leur société à l'organisation européenne, à ce que l'on appelle l'acquis européen. Ils ont fait des efforts considérables. Ils aiment la réforme et ont compris ce qu'était la réforme.
Les quinze pays de l'Union ont, eux, les mêmes problèmes à affronter. Partout, le problème des retraites, de moins en moins de cotisants, avec plus de retraités. Partout des problèmes de santé, avec l'allongement de la vie, dont il faut faire un bonheur. La mort recule, c'est l'occasion pour la société de créer un mieux-être. Pour cela, il faut investir dans la santé, dans l'accompagnement de la vie. Cela veut dire aussi travailler sur l'emploi des seniors. Il faut modifier beaucoup de nos comportements économiques, sociaux et culturels.
C'est tout cela la volonté réformatrice de l'Europe.
Naturellement, l'Europe a, de temps en temps, ses exigences, ses ratios. C'est quelquefois difficile à tenir, mais le cap est le bon et c'est de la bonne gestion. La France veut respecter le code de co-propriété de l'Union européenne même si nous souhaitons que dans le pacte de stabilité et de croissance, l'on tienne autant compte de la croissance que de la stabilité.
Il faut que l'Europe accepte elle-même de se réformer. En révisant notamment son code et un certain nombre de procédures en ce qui concerne notamment la gouvernance économique.
Je voudrais, chers amis, demander aux députés européens qui seront bientôt élus de notre liste, de se mobiliser pour ces valeurs auxquelles nous sommes attachés. Elles qui portent notre histoire et nos convictions.
Je voudrais qu'en même temps vous soyez attentifs à la place de la France en Europe. Nous avons besoin de l'Europe et l'Europe a besoin de la France et nous être attentifs à ce que la France soit bien placée sur les podiums européens.
Je vous fixe cinq priorités, cinq sujets sur lesquels je vous demande de veiller, en permanence, par vos décisions et vos propositions au gouvernement français, dans cinq domaines, très concrets, qui intéressent la vie quotidienne des Françaises et des Français, que la France soit sur le podium européen.
D'abord la sécurité des familles.
C'est un sujet majeur, c'est la lutte contre la délinquance, la sécurité civile, les accidents de la route.
C'est toute la maîtrise des mafias qui peuvent partout entrer en Europe et contre lesquelles nous devons mener une action européenne renforcée et mieux coordonnée.
C'est aussi toutes les luttes à engager notamment contre les accidents domestiques, 20 000 accidents par an, 20 000 personnes meurent en France suite à un accident domestique, parce que nous n'avons pas les règles nécessaires pour protéger les enfants.
C'est un sujet sur lequel la France doit être en tête en Europe.
Le niveau de croissance.
Pour le moment, nous sommes parmi les meilleurs dans la zone Euro concernant le retour de la croissance depuis le second semestre 2003. Il faut poursuivre la lutte contre tous les gaspillages, notamment ceux de l'Etat mais aussi l'ensemble de ceux de la maison France. Il faut se battre pour la création d'entreprise, se battre pour l'intégration dans le travail, contre le chômage, pour l'attractivité de la France en Europe.
Qualification des jeunes.
Un sujet sur lequel il nous faut travailler. Nous avons, dans ce domaine, un certain nombre de retards, par rapport à nos amis allemands notamment. Il nous faut renforcer l'action contre l'échec scolaire, la deuxième chance en matière de formation. Mettons en place des dispositifs notamment en ce qui concerne l'alternance, pour avoir une formation dans un pays et l'expérience en entreprise dans un autre pays. Avoir un apprentissage d'abord franco-allemand puis ensuite européen. Formation ici, expérience là, et diplôme valable dans toute l'Union européenne.
L'accueil des créateurs européens
Je pense à la fiscalité des apatrides si nous voulons rester un territoire attractif, c'est vrai de la France mais aussi de l'Europe.
Je pense à la capacité d'avoir des bourses culturelles, des contrats de recherche, des visas pour les étudiants. La démographie de nos universités est très fragile.
Nos 91 universités pourront-elles rester des pôles d'excellence dans dix ou quinze ans si nous ne sommes pas capables d'y accueillir des étudiants du monde entier, venus se former en France et qui participeront ensuite comme amis de la France au développement de nos entreprises et de notre pays ? C'est un sujet sur lequel nous devons travailler ensemble.
Je pense également à la création artistique à la télévision, nous avons des quotas de production française pour nos chaînes de télévision françaises, que l'on mette des quotas de production européenne sur les chaînes européennes !
Il faut que l'Europe soit attractive pour les créateurs et dans cette Europe attractive, les Français doivent être sur le podium.
Qualité de vie des seniors
Nous devons y travailler. La qualité de vie des seniors est le grand sujet des vingt années qui viennent. Il faut améliorer nos services pour les personnes dépendantes, le niveau des retraites, l'accès et la qualité des soins, et surtout, au niveau européen, l'emploi des plus de 50 ans. Nous ne pouvons pas exclure de l'emploi européen à 50 ans alors que l'espérance de vie s'allonge.
La France doit, sur tous ces sujets, se placer en tête du podium européen. Il y a dans ces domaines place pour des actions européennes et pour des actions nationales. Ensemble, nous devons travailler mais notre ambition commune est de placer l'Europe a un niveau élevé et dans l'Europe placer la France en tête.
Voilà pourquoi ce combat européen doit tous nous mobiliser. Nous qui sommes français, qui devons parler de l'Europe avec conviction, sans arrogance, nous n'avons pas de leçon à donner.
La France est à la fois pays mère et fille d'Europe.
Mère, elle a participé à sa fondation, a inspiré un certain nombre de ses valeurs, plusieurs de ses hommes ont participé à des décisions historiques pour la construction européenne.
Fille, pour faire en sorte que l'Union inspire les réformes, la modernisation et nous place aujourd'hui, dans le monde, à un niveau de compétitivité et de justice qui soit mieux partagé dans l'ensemble de l'Union européenne et à l'intérieur même de la société française.
La France a un rôle particulier à jouer dans cette construction.
Nous avons un projet, un projet de croissance. Les socialistes ont eu la croissance, ils l'ont gardé pour l'appareil d'Etat, nous, nous allons retrouver la croissance et nous voulons la rendre aux Français. C'est notre projet de société.
Au-delà, le projet de la France est d'inspirer une Union européenne pour qu'au-delà des directives, procédures et injonctions, nous puissions retrouver dans l'âme de l'Europe ce qui fait vibrer, en Normandie et ailleurs, les Français.
Quand je regarde tous ces Français dans les rues de Caen, qui écoutaient le Chancelier allemand et le Président Chirac leur parler d'Europe, leur parler de cet amour qui rassemble les peuples quand ils veulent ensemble regarder leur destin, leur avenir.
C'est le message européen. C'est le devoir des Français, c'est la mission de la France. Soyons des inspirateurs d'Europe, mais non pas pour simplement des logiques d'intérêts mais de valeurs.
Je vous parlais d'Oradour. Le mal est toujours là, mais le contraire du mal ce n'est pas le bien, c'est le sens. Le mal est un non-sens et le bien aujourd'hui il faut le développer, mais surtout donner à notre société du sens, c'est le véritable adversaire du mal.
Ce sens, la France doit aujourd'hui le proposer à l'Europe. C'est le sens de l'Humanisme européen.


(Source http://www.u-m-p.org, le 15 juin 2004)