Déclaration de M. Patrick Devedjian, ministre délégué à l'industrie, sur le développement de la télévision mobile sur ses deux vecteurs de diffusion : l'Internet haut débit mobile et le numérique terrestre, Paris le 32 novembre 2004.

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Circonstance : Forum de la télévision mobile au Centre Pierre Mendès France à Bercy le 23novembre 2004

Texte intégral

Mesdames et messieurs,
Permettez-moi tout d'abord de vous souhaiter la bienvenue au Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, pour ce premier forum de la télévision mobile.
Je voudrais remercier les parlementaires, les deux régulateurs - ART et CSA - ainsi que les nombreux présidents et directeurs généraux qui nous font l'honneur de leur présence. C'est toute l'industrie française de l'audiovisuel et des télécommunications qui est réunie aujourd'hui.
La télévision mobile doit précisément être le lieu de rencontre de l'audiovisuel et des télécommunications.
Ce forum a pour objectif de promouvoir la télévision mobile sur ses deux vecteurs de diffusion : l'Internet haut débit mobile d'une part, le numérique terrestre d'autre part.
Différentes démonstrations vous seront présentées dans la prochaine demi-heure, combinant ces deux vecteurs.
Nous nous réunirons ensuite autour d'une table ronde.
A l'issue de cette table-ronde, à 10h30, je vous proposerai la signature d'un engagement commun en faveur de la télévision mobile.
Je vous invite pour l'instant à découvrir avec moi les différentes démonstrations.
Introduction de la table ronde sur la télévision mobile
9h30
Mesdames, Messieurs,
Les services de télévision arrivent à un tournant de leur histoire :
Ils achèvent un premier cycle de croissance : 97% des foyers disposent aujourd'hui d'un poste de télévision, 43% en possèdent au moins deux.
Ils entreront en 2005 dans une nouveau cycle qui se caractérise par :
L'arrivée de nouveaux éditeurs de programmes, en particulier avec le lancement de la TNT gratuite le 1er mars prochain ;
L'arrivée simultanée de nouveaux services, permettant :
D'une part, l'amélioration de la qualité de l'image : c'est la télévision haute définition. Le format de compression permettant le développement de la TVHD, MPEG4, dans lequel l'Etat et l'industrie française ont beaucoup investi, arrivera à maturité industrielle à l'été 2005. Parallèlement, le déploiement des écrans susceptibles de recevoir la TVHD s'accélère, avec plus de 600.000 pièces écoulées en 2004 contre 200.000 en 2003, et le prix de ces écrans accélère sa diminution sous l'effet de l'explosion des marchés internationaux.
D'autre part, la diversification des usages : c'est la télévision mobile. 2005 sera marqué à la fois par l'arrivée des nouvelles générations de services mobiles, en particulier de l'Internet haut débit mobile, et par le lancement concomitant de la télévision numérique terrestre (TNT), qui pourrait offrir un espace au développement de services mobiles, en conjuguant les formats MPEG4 et DVB-H.
Je ne suis pas de ceux qui opposent nouveaux programmes et nouveaux services. Cette opposition me paraît artificielle. En effet, la multiplication des chaînes et des programmes rend l'amélioration de l'image et la diversification des usages inéluctables. J'en suis convaincu, diversité culturelle et innovation technologique sont complémentaires.
Le développement de la télévision mobile répond tout d'abord à une attente forte des consommateurs et à un savoir-faire reconnu de l'industrie française. Il permettra d'accroître et de diversifier la consommation de télévision, et de soutenir l'industrie des programmes.
Les services de télévision mobile ont déjà été lancés en Asie, notamment en Corée et au Japon, et sont expérimentés dans plusieurs pays d'Europe, comme l'Allemagne ou la Finlande.
Les solutions techniques de la télévision mobile sont aujourd'hui disponibles, tant pour la production, l'encodage, la diffusion et l'interactivité que pour la réception. Du côté de l'Internet haut débit mobile, les nouvelles générations de téléphonie mobile sont déjà en cours de lancement commercial. Du côté de la télévision numérique terrestre, les normes qui permettent la mobilité, MPEG4 et DVB-H, sont d'ores et déjà validées au niveau communautaire.
La télévision mobile s'annonce enfin comme un marché particulièrement prometteur. Avec d'une part un écran pratiquement toujours disponible dans la poche d'un nombre croissant d'utilisateurs et d'autre part une habitude prise de payer pour accéder à un contenu ciblé, l'arrivée de services vidéo mobiles s'annonce comme un marché particulièrement prometteur.
Pour les opérateurs de télécommunications, le développement de services vidéo mobiles peut constituer un produit d'appel permettant de se différencier de la concurrence, mais aussi un moyen d'augmenter le revenu moyen par abonné, à une période où la pression à la baisse sur le prix des communications est importante.
Pour les fournisseurs de contenus, le terminal mobile, qu'il s'agisse d'un téléphone ou d'un ordinateur, constitue un nouveau support de diffusion et représente donc de nouveaux débouchés potentiels, donc de nouvelles recettes.
Mais les promesses de ce nouveau marché ne pourront être tenues sans une étroite coopération entre industries des télécommunications et de l'audiovisuel.En effet, si l'intérêt pour des services de télévision mobiles semble indéniable, les angles d'approche des différentes catégories d'acteurs ne sont pas nécessairement les mêmes.
Si la complémentarité des réseaux et des services est naturelle du point de vue de l'utilisateur, elle l'est peut-être moins du point de vue des opérateurs. L'analyse des fusions entre les groupes médias et de télécommunications ces dernières années montre bien que la capacité de ces entreprises à mener une stratégie commune est loin d'être évidente. Issus d'univers différents, les groupes médias et télécoms ont des pratiques singulières et poursuivent des objectifs propres, même si leurs préoccupations sont de plus en plus communes.
Les voies de la collaboration se révèlent étroites, opérateurs télécoms comme fournisseurs de contenus risquant, dans cette collaboration, de laisser à l'autre toute la valeur ajoutée du service.
Quel serait, en effet, l'intérêt pour un opérateur télécom de financer l'achat de téléphones mobiles permettant de recevoir la télévision numérique terrestre (format DVB-H), si ces terminaux ne sont destinés qu'à recevoir des signaux non transportés sur des réseaux cellulaires et donc non susceptibles de générer du trafic de communications ?
A l'inverse, le risque est grand, du côté du contenu, de devenir un produit de plus en plus banalisé sans valeur commerciale. Les chaînes de télévision ne doivent pas devenir une offre " bonus ", sans valeur commerciale apparente.
Quelles seront les stratégies mises en uvre par l'ensemble des acteurs pour tenter d'optimiser la valeur ajoutée liée aux services de télévision ? Quelle complémentarité ou concurrence entre téléchargement et radiodiffusion ?
Ce forum a un rôle à jouer dans cette convergence de l'audiovisuel et des télécommunications, porteuse de nouveaux services, de croissance et d'emplois.
Dans les négociations internationales, au sein de l'OMC, les services de diffusion audiovisuelle se rapprochent de plus en plus des services de télécommunications. Au sein de la nouvelle Commission européenne, le portefeuille de l'audiovisuel vient aussi d'être rattaché à celui de la société de l'information.
Au niveau national, la loi sur les communications électroniques et les services de communication audiovisuelle, publiée le 9 juillet 2004, dite " paquet télécom ", crée un cadre juridique simplifié et harmonisé pour l'ensemble des réseaux de communications électroniques. Ce nouveau cadre vise précisément à favoriser la convergence entre l'ensemble des communications électroniques. Je me suis engagé à en publier les décrets d'application avant la fin de l'année.
Ce forum a vocation à se structurer en association et à devenir l'interlocuteur du Ministère délégué à l'Industrie pour ce qui concerne le développement de la télévision mobile.
Je salue par ailleurs la participation de Daniel Boudet de Montplaisir, coordinateur national de la TNT, à qui le Premier Ministre a confié une mission sur l'introduction des services mobiles dans le numérique terrestre, et qui sera associé aux travaux du forum.
Je remercie enfin Enguérand Renault, journaliste aux Echos, qui a accepté d'animer cette table-ronde, et lui passe la parole.
(Source http://www.industrie.gouv.fr, le 24 novembre 2004)