Interview de M. Jean-François Lamour, ministre de la jeunesse, des sports et de la vie associative, à BFM le 30 août 2004, sur les résultats des Jeux Olympiques d'Athènes et la préparation des Jeux de 2012.

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Média : BFM

Texte intégral

La France repart donc avec 33 médailles et termine 7ème et alors que la porte d'Athènes se referme, celle de Pékin va s'ouvrir avant celle peut-être de Paris en 2012, en tout cas on le souhaite. J.-F. Lamour bonjour.
- "Bonjour. "
Q- Vous êtes le ministre français des Sports, vous êtes toujours à Athènes ce matin. On va faire un court bilan sportif des Jeux avant de parler un peu business avec vous. Bilan sportif, 7ème c'est bien, mais c'est un petit peu moins bien qu'il y a quatre ans et il y a huit ans aussi ?
R - "Oui, c'est-à-dire on est un peu en-deça du nombre de médailles mais à cela deux raisons peut-être principales : la première c'est qu'un certain nombre de petites nations ont consolidé leurs résultats au niveau du palmarès mondial et puis en terme de rang mondial, vous avez les Japonais comme les Chinois et les Coréens d'ailleurs, qui commencent dès maintenant à préparer ce qui est pour eux le grand rendez-vous, c'est-à-dire les Jeux de Pékin en 2008. Pour autant, l'équipe de France a démontré avec ce que j'appelle cette nouvelle vague bleue, qu'elle était capable bien évidemment de tenir son rang et que ce soit Laure Manaudou, Absalon en VTT, ou Guyart en escrime"
Q- D. Le Pennec
R - "Voilà. "
Q- Autant de nouveaux talents donc.
R - "Comment vous dire ? On a, je crois, découvert lors de ces Jeux d'Athènes, les leaders de Pékin en 2008. Il est important d'avoir toujours des meneurs, ceux qui tirent vers le haut une équipe de France. Donc effectivement un peu en-deça des résultats estimés, mais j'avais prévu entre 30 et 35 médailles. Nous sommes pile au rendez-vous de nos prévisions. "
Q- Bien. On a donc planté les jalons donc pour Pékin, vous le disiez avec ces nouveaux talents, J.-F. Lamour. Est-ce qu'on a planté également les jalons côtés business, est-ce que les entreprises françaises, les officiels français se sont activés dans les coulisses ?
R - "Bien évidemment. Pour Pékin, j'étais déjà en Chine au mois de novembre dernier, j'y retourne très certainement au mois d'octobre prochain, avec un certain nombre d'entreprises qui ont depuis longtemps acquis cette expérience des Jeux et qui vont proposer bien évidemment leur savoir-faire et leur service aux Chinois. Ils ont déjà commencé eux-mêmes à prospecter bien évidemment, mais c'est un chantier, un défi que nous relevons tout autant que la préparation de nos athlètes pour ces futurs Jeux. "
Q- Alors après l'étape chinoise, on se projette à celle de 2012, on espère que ce sera l'étape parisienne, J.-F. Lamour.
R - "Bien évidemment. Je peux vous assurer qu'ici nous avons tout fait avec les membres du CIO, J.-C. Killy et G. Drut pour continuer à convaincre les membres du CIO de la qualité de notre dossier. "
Q- Oui, vous conduisiez la délégation française avec notamment Le Club Entreprises Paris 2012, emmené par A. Lagardère. Comment avez-vous travaillé justement pour ces Jeux de Paris ? Quel type de lobbying ? Quelles ont été un peu vos méthodes pour faire forcing, parce que tout est encadré par le CIO évidemment ?
R - "Voilà, voilà, en respectant bien évidemment les règles drastiques éditées par le CIO. Nous avons fait un lobbying très - alors excusez-moi du terme anglais - " low profile ". Nous avons souhaité vraiment attendre la venue des membres du CIO qui venaient chercher des informations, nous l'avons fait de manière très conviviale. Nous connaissons, je vous parlais tout à l'heure de G. Drut et de J.-C. Killy, nous sommes issus de cette famille de l'olympisme et nous sommes, nous avons attendu ces membres du CIO, nous leur avons fourni un certain nombre d'explications et je pense que cette méthode, cette technique a été fortement appréciée plutôt que des méthodes d'attaques, frontales un petit peu organisées par les villes concurrentes, qui eux faisaient peut-être un peu trop de lobbying auprès des membres. Je pense que ça a été bien apprécié, il nous reste maintenant une étape importante, cruciale, pour nous, c'est la visite de la commission d'évaluation du CIO qui viendra en France et à Paris au mois de janvier, février 2005. Là"
Q- L'autre étape, J.-F. Lamour, c'est peut-être de convaincre 100 % des Français de l'intérêt de ces Jeux en 2012 chez nous ?
R - "Oui, mais ça c'est une étape, cette montée en puissance du consensus autour de la candidature. Nous allons bien évidemment nous y atteler au retour des Jeux. Mais écoutez, avec les images que nous avons vues à Athènes, avec cette volonté aussi répétée d'accueillir les Jeux, je pense que sans dire que ce pari est gagné, en tout cas, je crois que le terreau est favorable et que bien sûr, nous allons nous employer à convaincre et à faire en sorte que tous les Français, et pas simplement les Parisiens et les Franciliens, accompagnent cette candidature. "
Q- J.-F. Lamour, dernière question : L'Europe n'est pas très unie, quand on voit qu'en France on donne 40 000 euros pour une médaille d'or, les Italiens ils en donnent 180 000, l'Espagne en propose 75 000, on ne peut pas faire un prix unique pour tout le monde ?
R- "Oui, ça serait, c'est une très bonne idée. Regardez plutôt l'effort que fait l'Etat français pour l'accompagnement et la préparation de ces sportifs avec les pôles France et pôles Espoir, les aides personnalisées que nous versons tous les ans aux athlètes. Alors à ce moment-là, faisons les comptes et vous verrez que nos athlètes sont bien accompagnés, quelquefois peut-être même un tout petit peu trop accompagnés par rapport aux autres nations, même les nations européennes. D'ailleurs ce modèle-là, nous est souvent envié par les autres pays. "
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 30 août 2004)