Texte intégral
Nos journées d'été ont été placées sous le thème de l'urgence écologique, sociale et démocratique. J'insisterai dans ce rapport sur la politique sociale et économique du gouvernement ; les urgences environnementales restent entières comme l'a montré le débat de ce matin sur la campagne OGM et les débats de nos journées d'été sur la crise énergétique.
Mais tout d'abord un rapide survol de la situation internationale :
* la situation en Irak est toujours instable ; l'intervention armée des États-Unis et de leurs alliés anglais, espagnol, polonais notamment est responsable d'une situation d'enlisement dont souffrent les peuples d'Irak. Maintenant ce sont les journalistes et membres d'associations humanitaires qui servent de cible.
Nous réclamons la libération de tous les otages, notamment de Christian Chesnot et Georges Malbrunot, qui en sont à 21 jours de détention.
* La situation dans les pays du Caucase est préoccupante ; la responsabilité de Poutine qui étrangle et massacre le peuple tchétchène est lourde.
Si nous pouvons saluer la politique du gouvernement français sur l'Irak, le soutien apporté par le Président Chirac à Poutine est honteux. Pour autant nous ne pouvons que condamner les méthodes utilisées par les preneurs d'otage d'enfants en Ossétie.
* Nous ne pouvons également que réitérer notre condamnation de la politique de l'Etat d'Israël, qui continue dans les territoires occupés à expulser des palestiniens et à renforcer les colonies israéliennes.
Avant de nous attarder sur la situation française, les Verts tiennent à rendre hommage aux deux inspecteurs du travail assassinés : Daniel Buffière qui avait 45 ans et Sylvie Trémouille, qui avait 41 ans.
Cette affaire a été trop traitée comme un simple fait divers. Elle vient dans un contexte marqué par le mépris du gouvernement et la hargne du patronat contre ce corps de métiers, qui tente de soutenir les travailleurs face à leur patron.
Je vous propose d'observer une minute de silence à leur mémoire.
Malgré deux défaites électorales, la droite conservant tous les pouvoirs autre que les Conseils régionaux en abuse.
Après :
* La réforme des retraites en 2003,
* La réforme de l'assurance maladie, loi menée au pas de charge à l'été 2004,
* La loi sur la décentralisation selon la procédure du 49.3, fin juillet, alors que l'UMP est majoritaire à l'AN,
* Le changement de statut d'EDF/GDF,
....c'est la poursuite de l'attaque contre les services publics
* La Poste dans l'il de la privatisation, tandis que d'ores et déjà des bureaux sont fermés
* La privatisation rampante de France-Télécom
* Dans la Fonction publique, les embauches prévues ne remplacent pas les départs en retraite
* Une rentrée scolaire difficile (manque d'enseignants, manque de place en crèche etc.)
... c'est encore l'attaque sur les droits des travailleurs
* Arrêt des négociations (syndicats salariés/patrons) sur les restructurations d'entreprises, du fait du Medef, qui refuse ainsi un accord sur la prévention des licenciements
* Chantage aux délocalisations
* Le droit de grève remis en cause avec le projet De Robien sur le service minimum dans les transports
* La remise en cause des 35 h : l'augmentation du contingent d'heures supplémentaires annuelles est déjà possible (180 au lieu de 130) ce qui revient à 39 heures/semaine. Rappelons que tout refus d'effectuer des heures supplémentaires est un motif de licenciement. Le droit de choisir de travailler plus ou pas est une pure mystification.
Le MEDEF demande la suppression de la majoration salariale des heures supplémentaires et des cotisations sociales afférentes.
La CG-PME demande, elle, le passage aux 41 heures !
... c'est encore l'attaque sur les salaires
De nombreuses mesures qui entament les rémunérations sont déjà en place
* généralisation du paiement au forfait des cadres
* suppression de la rémunération des astreintes
* suppression d'un jour férié, chômé et rémunéré au nom de la solidarité avec les personnes dépendantes, personnes âgées et personnes handicapées,
* tentative d'attaque sur la rémunération des heures supplémentaires
... c'est aussi l'attaque sur le SMIC
La création du RMA, même si Borloo en améliore la couverture sociale, revient à offrir au patronat 2 salariés pour le prix d'1. Il s'agit en fait d'une remise en cause du SMIC, vieille revendication patronale.
Rappelons que le MEDEF veut la baisse généralisée des salaires et la fin du contrat de travail prévu par le Code du travail et des conventions collectives, pour un contrat individuel. Le MEDEF a remporté un premier succès avec la loi " de dialogue social " : des accords d'entreprises, voire d'établissements, moins favorables que les accords de branche sont possibles.
C'est l'attaque sur les populations les plus modestes pour favoriser les plus riches
* La suppression du prêt à taux 0 pour l'achat immobilier qui permet éventuellement aux familles modestes l'accès à la propriété, au profit d'un crédit d'impôt qui ne touchent que ceux qui paient des impôts, alors que la moitié des foyers fiscaux n'en paient pas.
* L'annonce de l'augmentation de la somme sans impôts qu'un parent peut verser à ses enfants au titre de l'héritage 15% de la population en bénéficiera
* La tentative de baisser l'Impôt sur les grandes fortunes
En ce qui concerne le droit des chômeurs : c'est de pire en pire
Sous des aspects novateurs, le plan Borloo dit " plan de cohésion sociale ", est bien souvent un empilement de mesures connues depuis longtemps (gisement d'emplois par ex.).
Mais plus grave, il marque une régression forte : il ne sort pas de la culpabilisation des chômeurs qu'il faut remettre au travail (alors que le chômage sévit partout), il renforce le contrôle des chômeurs. Chaque mesure prises en faveur des salariés, chômeurs, jeunes, s'accompagne de " cadeaux " aux patrons (exonérations de charges etc.). Quant aux mesures d'accompagnement en faveur des chômeurs, elles ne sont pas financées.
C'est l'externalisation du travail de l'ANPE, au profit de cabinets extérieurs (qui ne s'occuperont pas des chômeurs les plus en difficulté).
C'est aussi la diminution voir la suppression des subventions à de nombreuses associations de chômeurs (AC ! MNCP etc), d'associations locales, (politique de la ville), et d'insertion.
La rentrée parlementaire se fera donc sur le plan Borloo (emploi, logement, égalité des chances), le financement de la sécurité sociale (PLFSS)..
...et pendant ce temps Chirac place ses fidèles
Des grands corps de l'Etat aux entreprises publiques en passant par les institutions culturelles, un réseau serré de relations et d'amitiés dans tous les lieux de pouvoir,
La liste est longue, je m'en tiendrais à un petit florilège :
Philippe Séguin, premier président de la Cour des comptes
Catherine Colonna, porte-parole de l'Elysée, va prendre la direction du Centre national de la cinématographie,
Pierre Mazeaud, président du Conseil constitutionnel, (en février 2004),
Yves Guéna, à l'Institut du monde arabe (IMA). A cette rentrée :
Luc Ferry entre au Conseil économique et sociale tout en présidant le nouveau Conseil d'analyse de la société rattaché à Matignon,
Jean-Jacques Aillagon entre au CES et doit aussi jeter les bases de la Fondation pour l'art contemporain de François Pinault, l'homme d'affaires proche de M. Chirac.
Au CES encore : Lucette Michaux-Chevry (Guadeloupe) et Elisabeth Morin (Poitou-Charentes), une proche de Jean-Pierre Raffarin.
Déjà en 2002 et 2003
Christine Albanel, qui fut longtemps une des " plumes " du président, avait été nommée, en juillet 2003, à la tête de l'établissement public du château de Versailles.
Dès l'été 2002, aux grands postes régaliens : des préfets, des hauts magistrats, le directeur général de la police nationale et les patrons des deux principaux services de renseignement (DST, DGSE) avaient été remplacés.
Le secteur économique avait suivi, avec plusieurs directeurs de Bercy et celui de la Caisse des dépôts et consignations. Alex Türk, pour la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), en février 2004.
Où en est le mouvement social et syndical
La lutte sur les retraites en 2003 et ses effets sur la combativité et la politisation, puis la mobilisation des intermittents, des chercheurs, des recalculés qui, en n'hésitant pas à aller à des épreuves de forces partielles (annulation de festivals, démissions de directeurs de recherche, actions collectives en justice...) et en captant la compréhension voire la sympathie de l'opinion publique, ont fait partiellement reculer le gouvernement.
Mais la minceur des mobilisations des enseignants (fer de lance de 2003) ces derniers mois et la faiblesse des mobilisations sur la sécurité sociale montrent aussi les limites des mouvements sociaux.
La relative défaite de la lutte sur les retraites de 2003 est durement ressentie par les salariés et pèse sur les capacités de mobilisations interprofessionnelles (exemple de la sécu) : sentiment d'impuissance à enrayer l'offensive de la droite et sentiment de révolte engendré par cette politique brutale ou inégalitaire ? Dans les mois à venir, on verra tour à tour le maintien des résistances au sein des entreprises et des difficultés de mobilisations, particulièrement sur le débat sur les stratégies syndicales pour répondre aux nouveaux défis du capitalisme global. Les défaites peuvent alimenter le sentiment que, face à ce gouvernement, les luttes sont impuissantes.
La mise en cause des idéologies libérales est toujours là, mais le libéralisme gouverne !
Le cycle ouvert par Seattle et Porto Alegre à l'échelle mondiale et 1995 en France, lui, n'est pas clos. Il se poursuit avec l'aggravation de la crise des institutions internationales (OMC, FMI...) et le caractère patent de l'échec du modèle libéral, avec l'enlisement de l'impérialisme américain, etc. Le libéralisme (et ses variantes) est toujours rejeté dans une situation défensive face aux attaques du libéralisme, mais au sein de laquelle a émergé et perdure l'idée qu'un autre monde est possible, sans débouché politique.
Quelques éléments sur l'activité des Verts dans la période écoulée
Nous avons depuis le dernier CNIR traité les questions suivantes :
la campagne OGM, dont nous avons traité ce matin.
* les sénatoriales, où Jean Dessessard présentera un rapport
* la préparation des journées d'été,
* le soutien aux réfugiés italiens. Nous avons en collaboration avec un député Vert italien pris des initiatives communes des parlementaires PS, PC et Verts pour réaffirmer notre volonté de voir respecter la parole de la France, pour mettre en place un parrainage des réfugiés menacés et pour mettre en place un dialogue avec les parlementaires italiens sur la question de l'extradition et de l'amnistie.
* la préparation d'une grande initiative anti-raciste.
Je vous l'avais annoncé au CNIR précédent ; il s'agissait de préparer une manifestation contre le racisme et l'antisémitisme le 10 octobre. Je veux ici dénoncer publiquement le comportement sectaire des dirigeants de SOS Racisme qui ont tout fait pour empêcher cette initiative. La volonté de laisser la porte ouverte à SOS Racisme et la LICRA a fait prendre du retard à cette initiative.
L'appel va enfin être rendu public : il sera signé par toutes les grandes organisations syndicales : CFDT, CGT, Groupe des 10 - Solidaires, UNSA, FSU, Confédération paysanne, par les partis suivants : Les Verts, PS, PC, Les Alternatifs, LCR, par nombre d'associations diverses, que je ne citerais pas toutes : Ligue de l'Enseignement, Grand Orient...
Nous nous félicitons de cette initiative menée conjointement par la Ligue des Droits de l'Homme et le MRAP qui doit se concrétiser par une grande manifestation nationale à Paris le 7 novembre.
Notre activité dans les prochains mois
Nous sommes entrés dans la phase active de préparation de notre congrès. Avant de finir par un mot sur la préparation de notre assemblée générale ordinaire de Reims, je souhaite réaffirmer que notre parti sera tourné avant tout vers l'extérieur.
Le Collège exécutif vous propose de commencer le travail de préparation des grandes options d'un contrat de mandature. Il ne s'agit pas de le construire à huis clos mais à partir de notre programme et du travail de nos commissions de définir une base de discussion pour en débattre avec l'ensemble des associations et syndicats et pour le confronter à nos partenaires politiques potentiels publiquement.
La stratégie que nous suivrons sera définie dans les débats de notre assemblée générale ordinaire, mais il nous semble impossible pour commencer ce travail d'attendre janvier 2005.
Sur les débats de notre assemblée générale ordinaire
L'assemblée générale ordinaire de décembre 2002 a marqué la rupture avec la politique suivie de 2000 à 2002 sur deux points majeurs :
- refus d'un trop grand suivisme par rapport au Parti socialiste
- relance de la vie démocratique du parti en renouant avec les mouvements syndicaux et associatifs
L'assemblée générale de Reims sera celle du rassemblement des Verts dans la continuité de la politique suivie. Nous ne devons pas avoir peur du débat démocratique, qui permet à l'ensemble des adhérents de choisir la politique qu'ils souhaitent voir mise en uvre.
Les débats à venir concernent notre stratégie et notre conception du parti.
L'autonomie contractuelle était définie dans la motion ponctuelle votée très largement à notre assemblée de Nantes. Elle définissait avant tout l'attitude à tenir lors des élections.
Le débat aujourd'hui concerne la façon d'articuler notre présence dans des exécutifs régionaux ou municipaux et l'affirmation de notre projet : autonomie et solidarité de gestion voilà une dynamique à bien maîtriser, nos amis de Basse Normandie se sont pris les pieds dans le tapis, ils nous donnent l'exemple négatif, désobéissance civile et action dans les institutions avec nos élus dans la campagne OGM, en voici l'illustration positive.
Les deux années à venir seront également des années de préparation des échéances électorales de 2007 : il nous faudra donc lors de notre congrès définir l'application de l'autonomie contractuelle pour les trois échéances majeures à venir : présidentielle, où la quasi-totalité des Verts souhaite malgré les difficultés que nous rencontrerons un candidat vert, législatives où nous sommes je le crois également d'accord sur la démarche globale à mettre en oeuvre et enfin municipales où les débats seront là importants : attitude à tenir au premier tour, accord national ou non avec le Parti socialiste...
En ce qui concerne le fonctionnement du parti, les propositions faites en utilisant parfois mon bilan comme argument montrent que le débat entre nous est nécessaire : on ne peut refuser la présidentialisation de la 5ème république et l'introduire dans notre mouvement.
Mes chers amis, les chantiers qui nous attendent sont nombreux ; je ne doute pas de votre enthousiasme, de notre enthousiasme à les mener avec succès.
(Source http://www.les-verts.org, le 22 septembre 2004)
Mais tout d'abord un rapide survol de la situation internationale :
* la situation en Irak est toujours instable ; l'intervention armée des États-Unis et de leurs alliés anglais, espagnol, polonais notamment est responsable d'une situation d'enlisement dont souffrent les peuples d'Irak. Maintenant ce sont les journalistes et membres d'associations humanitaires qui servent de cible.
Nous réclamons la libération de tous les otages, notamment de Christian Chesnot et Georges Malbrunot, qui en sont à 21 jours de détention.
* La situation dans les pays du Caucase est préoccupante ; la responsabilité de Poutine qui étrangle et massacre le peuple tchétchène est lourde.
Si nous pouvons saluer la politique du gouvernement français sur l'Irak, le soutien apporté par le Président Chirac à Poutine est honteux. Pour autant nous ne pouvons que condamner les méthodes utilisées par les preneurs d'otage d'enfants en Ossétie.
* Nous ne pouvons également que réitérer notre condamnation de la politique de l'Etat d'Israël, qui continue dans les territoires occupés à expulser des palestiniens et à renforcer les colonies israéliennes.
Avant de nous attarder sur la situation française, les Verts tiennent à rendre hommage aux deux inspecteurs du travail assassinés : Daniel Buffière qui avait 45 ans et Sylvie Trémouille, qui avait 41 ans.
Cette affaire a été trop traitée comme un simple fait divers. Elle vient dans un contexte marqué par le mépris du gouvernement et la hargne du patronat contre ce corps de métiers, qui tente de soutenir les travailleurs face à leur patron.
Je vous propose d'observer une minute de silence à leur mémoire.
Malgré deux défaites électorales, la droite conservant tous les pouvoirs autre que les Conseils régionaux en abuse.
Après :
* La réforme des retraites en 2003,
* La réforme de l'assurance maladie, loi menée au pas de charge à l'été 2004,
* La loi sur la décentralisation selon la procédure du 49.3, fin juillet, alors que l'UMP est majoritaire à l'AN,
* Le changement de statut d'EDF/GDF,
....c'est la poursuite de l'attaque contre les services publics
* La Poste dans l'il de la privatisation, tandis que d'ores et déjà des bureaux sont fermés
* La privatisation rampante de France-Télécom
* Dans la Fonction publique, les embauches prévues ne remplacent pas les départs en retraite
* Une rentrée scolaire difficile (manque d'enseignants, manque de place en crèche etc.)
... c'est encore l'attaque sur les droits des travailleurs
* Arrêt des négociations (syndicats salariés/patrons) sur les restructurations d'entreprises, du fait du Medef, qui refuse ainsi un accord sur la prévention des licenciements
* Chantage aux délocalisations
* Le droit de grève remis en cause avec le projet De Robien sur le service minimum dans les transports
* La remise en cause des 35 h : l'augmentation du contingent d'heures supplémentaires annuelles est déjà possible (180 au lieu de 130) ce qui revient à 39 heures/semaine. Rappelons que tout refus d'effectuer des heures supplémentaires est un motif de licenciement. Le droit de choisir de travailler plus ou pas est une pure mystification.
Le MEDEF demande la suppression de la majoration salariale des heures supplémentaires et des cotisations sociales afférentes.
La CG-PME demande, elle, le passage aux 41 heures !
... c'est encore l'attaque sur les salaires
De nombreuses mesures qui entament les rémunérations sont déjà en place
* généralisation du paiement au forfait des cadres
* suppression de la rémunération des astreintes
* suppression d'un jour férié, chômé et rémunéré au nom de la solidarité avec les personnes dépendantes, personnes âgées et personnes handicapées,
* tentative d'attaque sur la rémunération des heures supplémentaires
... c'est aussi l'attaque sur le SMIC
La création du RMA, même si Borloo en améliore la couverture sociale, revient à offrir au patronat 2 salariés pour le prix d'1. Il s'agit en fait d'une remise en cause du SMIC, vieille revendication patronale.
Rappelons que le MEDEF veut la baisse généralisée des salaires et la fin du contrat de travail prévu par le Code du travail et des conventions collectives, pour un contrat individuel. Le MEDEF a remporté un premier succès avec la loi " de dialogue social " : des accords d'entreprises, voire d'établissements, moins favorables que les accords de branche sont possibles.
C'est l'attaque sur les populations les plus modestes pour favoriser les plus riches
* La suppression du prêt à taux 0 pour l'achat immobilier qui permet éventuellement aux familles modestes l'accès à la propriété, au profit d'un crédit d'impôt qui ne touchent que ceux qui paient des impôts, alors que la moitié des foyers fiscaux n'en paient pas.
* L'annonce de l'augmentation de la somme sans impôts qu'un parent peut verser à ses enfants au titre de l'héritage 15% de la population en bénéficiera
* La tentative de baisser l'Impôt sur les grandes fortunes
En ce qui concerne le droit des chômeurs : c'est de pire en pire
Sous des aspects novateurs, le plan Borloo dit " plan de cohésion sociale ", est bien souvent un empilement de mesures connues depuis longtemps (gisement d'emplois par ex.).
Mais plus grave, il marque une régression forte : il ne sort pas de la culpabilisation des chômeurs qu'il faut remettre au travail (alors que le chômage sévit partout), il renforce le contrôle des chômeurs. Chaque mesure prises en faveur des salariés, chômeurs, jeunes, s'accompagne de " cadeaux " aux patrons (exonérations de charges etc.). Quant aux mesures d'accompagnement en faveur des chômeurs, elles ne sont pas financées.
C'est l'externalisation du travail de l'ANPE, au profit de cabinets extérieurs (qui ne s'occuperont pas des chômeurs les plus en difficulté).
C'est aussi la diminution voir la suppression des subventions à de nombreuses associations de chômeurs (AC ! MNCP etc), d'associations locales, (politique de la ville), et d'insertion.
La rentrée parlementaire se fera donc sur le plan Borloo (emploi, logement, égalité des chances), le financement de la sécurité sociale (PLFSS)..
...et pendant ce temps Chirac place ses fidèles
Des grands corps de l'Etat aux entreprises publiques en passant par les institutions culturelles, un réseau serré de relations et d'amitiés dans tous les lieux de pouvoir,
La liste est longue, je m'en tiendrais à un petit florilège :
Philippe Séguin, premier président de la Cour des comptes
Catherine Colonna, porte-parole de l'Elysée, va prendre la direction du Centre national de la cinématographie,
Pierre Mazeaud, président du Conseil constitutionnel, (en février 2004),
Yves Guéna, à l'Institut du monde arabe (IMA). A cette rentrée :
Luc Ferry entre au Conseil économique et sociale tout en présidant le nouveau Conseil d'analyse de la société rattaché à Matignon,
Jean-Jacques Aillagon entre au CES et doit aussi jeter les bases de la Fondation pour l'art contemporain de François Pinault, l'homme d'affaires proche de M. Chirac.
Au CES encore : Lucette Michaux-Chevry (Guadeloupe) et Elisabeth Morin (Poitou-Charentes), une proche de Jean-Pierre Raffarin.
Déjà en 2002 et 2003
Christine Albanel, qui fut longtemps une des " plumes " du président, avait été nommée, en juillet 2003, à la tête de l'établissement public du château de Versailles.
Dès l'été 2002, aux grands postes régaliens : des préfets, des hauts magistrats, le directeur général de la police nationale et les patrons des deux principaux services de renseignement (DST, DGSE) avaient été remplacés.
Le secteur économique avait suivi, avec plusieurs directeurs de Bercy et celui de la Caisse des dépôts et consignations. Alex Türk, pour la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), en février 2004.
Où en est le mouvement social et syndical
La lutte sur les retraites en 2003 et ses effets sur la combativité et la politisation, puis la mobilisation des intermittents, des chercheurs, des recalculés qui, en n'hésitant pas à aller à des épreuves de forces partielles (annulation de festivals, démissions de directeurs de recherche, actions collectives en justice...) et en captant la compréhension voire la sympathie de l'opinion publique, ont fait partiellement reculer le gouvernement.
Mais la minceur des mobilisations des enseignants (fer de lance de 2003) ces derniers mois et la faiblesse des mobilisations sur la sécurité sociale montrent aussi les limites des mouvements sociaux.
La relative défaite de la lutte sur les retraites de 2003 est durement ressentie par les salariés et pèse sur les capacités de mobilisations interprofessionnelles (exemple de la sécu) : sentiment d'impuissance à enrayer l'offensive de la droite et sentiment de révolte engendré par cette politique brutale ou inégalitaire ? Dans les mois à venir, on verra tour à tour le maintien des résistances au sein des entreprises et des difficultés de mobilisations, particulièrement sur le débat sur les stratégies syndicales pour répondre aux nouveaux défis du capitalisme global. Les défaites peuvent alimenter le sentiment que, face à ce gouvernement, les luttes sont impuissantes.
La mise en cause des idéologies libérales est toujours là, mais le libéralisme gouverne !
Le cycle ouvert par Seattle et Porto Alegre à l'échelle mondiale et 1995 en France, lui, n'est pas clos. Il se poursuit avec l'aggravation de la crise des institutions internationales (OMC, FMI...) et le caractère patent de l'échec du modèle libéral, avec l'enlisement de l'impérialisme américain, etc. Le libéralisme (et ses variantes) est toujours rejeté dans une situation défensive face aux attaques du libéralisme, mais au sein de laquelle a émergé et perdure l'idée qu'un autre monde est possible, sans débouché politique.
Quelques éléments sur l'activité des Verts dans la période écoulée
Nous avons depuis le dernier CNIR traité les questions suivantes :
la campagne OGM, dont nous avons traité ce matin.
* les sénatoriales, où Jean Dessessard présentera un rapport
* la préparation des journées d'été,
* le soutien aux réfugiés italiens. Nous avons en collaboration avec un député Vert italien pris des initiatives communes des parlementaires PS, PC et Verts pour réaffirmer notre volonté de voir respecter la parole de la France, pour mettre en place un parrainage des réfugiés menacés et pour mettre en place un dialogue avec les parlementaires italiens sur la question de l'extradition et de l'amnistie.
* la préparation d'une grande initiative anti-raciste.
Je vous l'avais annoncé au CNIR précédent ; il s'agissait de préparer une manifestation contre le racisme et l'antisémitisme le 10 octobre. Je veux ici dénoncer publiquement le comportement sectaire des dirigeants de SOS Racisme qui ont tout fait pour empêcher cette initiative. La volonté de laisser la porte ouverte à SOS Racisme et la LICRA a fait prendre du retard à cette initiative.
L'appel va enfin être rendu public : il sera signé par toutes les grandes organisations syndicales : CFDT, CGT, Groupe des 10 - Solidaires, UNSA, FSU, Confédération paysanne, par les partis suivants : Les Verts, PS, PC, Les Alternatifs, LCR, par nombre d'associations diverses, que je ne citerais pas toutes : Ligue de l'Enseignement, Grand Orient...
Nous nous félicitons de cette initiative menée conjointement par la Ligue des Droits de l'Homme et le MRAP qui doit se concrétiser par une grande manifestation nationale à Paris le 7 novembre.
Notre activité dans les prochains mois
Nous sommes entrés dans la phase active de préparation de notre congrès. Avant de finir par un mot sur la préparation de notre assemblée générale ordinaire de Reims, je souhaite réaffirmer que notre parti sera tourné avant tout vers l'extérieur.
Le Collège exécutif vous propose de commencer le travail de préparation des grandes options d'un contrat de mandature. Il ne s'agit pas de le construire à huis clos mais à partir de notre programme et du travail de nos commissions de définir une base de discussion pour en débattre avec l'ensemble des associations et syndicats et pour le confronter à nos partenaires politiques potentiels publiquement.
La stratégie que nous suivrons sera définie dans les débats de notre assemblée générale ordinaire, mais il nous semble impossible pour commencer ce travail d'attendre janvier 2005.
Sur les débats de notre assemblée générale ordinaire
L'assemblée générale ordinaire de décembre 2002 a marqué la rupture avec la politique suivie de 2000 à 2002 sur deux points majeurs :
- refus d'un trop grand suivisme par rapport au Parti socialiste
- relance de la vie démocratique du parti en renouant avec les mouvements syndicaux et associatifs
L'assemblée générale de Reims sera celle du rassemblement des Verts dans la continuité de la politique suivie. Nous ne devons pas avoir peur du débat démocratique, qui permet à l'ensemble des adhérents de choisir la politique qu'ils souhaitent voir mise en uvre.
Les débats à venir concernent notre stratégie et notre conception du parti.
L'autonomie contractuelle était définie dans la motion ponctuelle votée très largement à notre assemblée de Nantes. Elle définissait avant tout l'attitude à tenir lors des élections.
Le débat aujourd'hui concerne la façon d'articuler notre présence dans des exécutifs régionaux ou municipaux et l'affirmation de notre projet : autonomie et solidarité de gestion voilà une dynamique à bien maîtriser, nos amis de Basse Normandie se sont pris les pieds dans le tapis, ils nous donnent l'exemple négatif, désobéissance civile et action dans les institutions avec nos élus dans la campagne OGM, en voici l'illustration positive.
Les deux années à venir seront également des années de préparation des échéances électorales de 2007 : il nous faudra donc lors de notre congrès définir l'application de l'autonomie contractuelle pour les trois échéances majeures à venir : présidentielle, où la quasi-totalité des Verts souhaite malgré les difficultés que nous rencontrerons un candidat vert, législatives où nous sommes je le crois également d'accord sur la démarche globale à mettre en oeuvre et enfin municipales où les débats seront là importants : attitude à tenir au premier tour, accord national ou non avec le Parti socialiste...
En ce qui concerne le fonctionnement du parti, les propositions faites en utilisant parfois mon bilan comme argument montrent que le débat entre nous est nécessaire : on ne peut refuser la présidentialisation de la 5ème république et l'introduire dans notre mouvement.
Mes chers amis, les chantiers qui nous attendent sont nombreux ; je ne doute pas de votre enthousiasme, de notre enthousiasme à les mener avec succès.
(Source http://www.les-verts.org, le 22 septembre 2004)