Interview de M. Bernard Accoyer, président du groupe parlementaire UMP à l'Assemblée nationale, dans "Le Parisien" du 28 septembre 2004, sur la candidature de Nicolas Sarkozy à la présidence de l'UMP et le projet de budget 2005.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Le Parisien

Texte intégral

Q- Redoutez-vous le retour de Nicolas Sarkozy à l'Assemblée dès qu'il aura été élu président de l'UMP ?
R - Pas du tout. Nous ne sommes pas dans une situation d'affrontement et de division. C'est une excellente chose que l'UMP dispose d'une telle personnalité à sa tête. J'attends de notre parti qu'il renforce sa dimension d'étude, d'analyse et de proposition afin d'inspirer les travaux des députés.
Q - Que veulent changer les députés UMP au projet de budget 2005 présenté par Sarkozy ?
R - Nous aurons d'abord des débats internes pour que nos positions reflètent bien la volonté de l'immense majorité du groupe. Un exemple : les députés souhaitent que le prêt à taux zéro soit préservé, et même amélioré. C'est une mesure qui a bien marché : il faut la conserver. Le dispositif proposé par Nicolas Sarkozy (NDLR : un crédit d'impôt pour l'accession à la propriété) ne doit atténuer en rien les avantages pour les primo-accédents du prêt à taux zéro tel qu'il existe.
Q - Des députés veulent ouvrir le débat sur l'impôt sur la grande fortune (ISF)...
R - Il faut en effet en débattre. Il n'y a aucun sujet tabou. Pourquoi le barème de cet impôt ne serait-il pas réactualisé ? Comme pour les autres impôts, afin de tenir compte de l'inflation. On peut aussi s'interroger sur son impact sur la désindustrialisation ou les délocalisations.
Q - Le gouvernement est-il trop lent à mettre en place le service minimum ?
R - La détermination des députés pour mettre en place un service garanti dans les services publics est totale. Le gouvernement est très attendu sur cette question. Nous sommes prêts à légiférer s'il le faut. Depuis deux ans, le dossier des 35 heures est sur la table.
Q - Quand allez-vous trancher ?
R - Le débat sur les 35 heures doit être conclu avant la fin de l'année, afin de les aménager dans un sens favorable à l'emploi.
Q - Etes-vous favorable à une loi qui obligerait la grande distribution à baisser les prix ?
R - Je suis réservé sur une réforme de la loi Galland (NDLR : elle interdit la vente à perte) qui pénaliserait le commerce de proximité et les producteurs. Le grand débat sur la baisse des prix ne doit pas aboutir seulement à faire de la publicité pour la grande distribution.
Q - Beaucoup de députés UMP réclamaient au printemps l'interdiction des triangulaires aux législatives...
R - Une telle mesure ne peut procéder que d'une réflexion approfondie. Si on supprime les triangulaires, comment ne pas instiller une dose de proportionnelle pour représenter les minorités ? N'oublions pas que les réformes des modes de scrutin se sont toujours retournées contre leurs auteurs.
Q - Faut-il un référendum sur l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne ?
R - La question ne se pose pas aujourd'hui. Nous n'en sommes pas à la ratification du traité, mais à l'ouverture éventuelle de négociations en vue d'un élargissement à la Turquie. Si référendum il y a, il n'interviendrait qu'à la fin des négociations. Quant au recours au référendum, c'est une prérogative présidentielle. On pourrait aussi réfléchir à ne prévoir dans la Constitution que la voie référendaire pour la ratification des traités d'élargissement à l'Union européenne.

(source http://www.u-m-p.org, le 28 septembre 2004)