Déclaration de M. Hamlaoui Mekachera, ministre délégué aux anciens combattants, sur la politique de mémoire concernant la Deuxième Guerre mondiale et les mesures gouvernementales en faveur des anciens combattants, à Grenoble le 5 novembre 2004.

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Circonstance : Congrès national de l'Association nationale des anciens combattants de la Résistance, à Grenoble (Isère) du 5 au 7 novembre 2004

Texte intégral

Monsieur le Préfet,
Monsieur le Député-Maire,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires et les élus,
Cher Monsieur le Président CHAMBEIRON,
Mesdames et Messieurs les membres de l'Association nationale des anciens combattants de la Résistance,
Mesdames et Messieurs,
Je suis vraiment heureux de vous retrouver, aujourd'hui, à l'occasion de votre congrès national. Nous avions fait connaissance lors de votre congrès de Nevers. Je conserve le souvenir de la hauteur de vos débats et de votre attachement remarquable aux valeurs qui nous rassemblent. Vous avez choisi, en cette année du soixantième anniversaire de la Libération, de vous réunir à Grenoble, capitale des maquis et emblème de la Résistance. C'est un beau symbole.
Vous qui êtes réunis ici, vous vous êtes engagés, aux heures les plus sombres de notre Histoire, pour notre Patrie et nos idéaux. Soixante ans plus tard, animés du même élan, vous continuez à exprimer, par vos multiples activités et vos témoignages, votre foi en l'avenir de notre pays et de ses principes.
La mémoire et sa transmission se trouvent au premier rang des priorités qui vous mobilisent.
A ce propos, je tiens à saluer votre action pour développer l'association des " Amis de la Résistance ". Elle exprime votre volonté de passer le relais de ce que vous nommez " la bataille de la mémoire ". Vous êtes, au sens plein du terme, des " passeurs de mémoire ".
Permettez-moi de vous redire mon profond respect pour cette fidélité à votre engagement, d'hier comme d'aujourd'hui. C'est la marque de caractères d'exception.
Vous le savez, le Gouvernement est également résolu à agir dans ce domaine avec autant d'efficacité que possible. A une époque où se multiplient les manifestations d'intolérance et les atteintes aux principes fondateurs de notre démocratie, la politique de mémoire est une impérieuse nécessité. Nous vous le devons. Nous le devons aux jeunes générations en quête de modèles et de références.
Je crois au succès de cette action pour maintenir vivante la mémoire des temps que vous avez vécus et du sens de vos combats. En effet, notre époque est incontestablement sensible aux valeurs que véhicule votre histoire.
Ainsi, comment ne pas évoquer les temps forts de cette année 2004 dédiée au soixantième anniversaire des Débarquements et de la libération de la France.
En Normandie, à Arromanches, en Provence, à Paris, aux Glières, dans le Vercors et dans tant d'autres lieux, nous avons rendu un hommage exceptionnel à tous nos libérateurs.
Aux Alliés, aux combattants français de toutes origines, aux Français Libres et aux Résistants de l'intérieur, les Français ont manifesté leur gratitude pour leur rôle historique.
Nos compatriotes savent ce qu'ils vous doivent. Ils savent ce qu'ils doivent à celles et à ceux qui ont relevé leur honneur, qui ont contribué à vaincre l'occupant, qui ont préparé le redressement de la République.
Ces commémorations ont suscité chez nos concitoyens, et en particulier auprès des jeunes, une ferveur émouvante. Les médias s'en sont fait les relais aussi efficaces que passionnés.
Cette rencontre exceptionnelle d'un pays et de sa mémoire combattante a été pour vous, je le sais, le couronnement de longues années d'un inlassable travail dans les écoles et les collèges, au service de la transmission de l'histoire de la Résistance et de ses valeurs.
L'année prochaine, en 2005, nous marquerons, avec gravité, le soixantième anniversaire de la libération des camps de concentration.
Nous nous souviendrons de tous les vôtres qui ont subi la pire des épreuves. Nous rendrons hommage à toutes celles et à tous ceux qui n'en sont pas revenus, victimes de la barbarie nazie.
Nous célébrerons aussi, avec une grande force, le 8 mai 1945 et la capitulation du IIIème Reich.
Dans le cadre du Haut Conseil de la mémoire combattante, présidé par le Président de la République, nous en fixerons prochainement les principaux évènements. Vous en serez naturellement les premiers informés.
Je pense, par exemple, à l'inauguration du Centre européen du Déporté-résistant, au Struthof, qui sera un des temps les plus forts de l'année prochaine.
Mesdames et Messieurs, la politique de mémoire s'inscrit dans un ensemble d'actions en direction du monde combattant.
Je ne vous présenterai pas maintenant l'ensemble des dispositions du budget des Anciens combattants. Je souhaite simplement souligner que ce budget qui, pour la première fois depuis 10 ans, est en hausse, permet de répondre à plusieurs des attentes prioritaires exprimées par les associations.
Outre le financement en année pleine de l'augmentation de 15 points des pensions des veuves de guerre, des veuves d'invalides et de grands invalides, ce budget va permettre d'aider davantage les anciens combattants et les veuves en grandes difficultés financières. En effet, les crédits sociaux de l'ONAC vont augmenter de près de 4 %.
A ces actions de justice et de solidarité s'ajoute une mesure d'équité, qui, je le sais, répond plus particulièrement à votre attente. Il s'agit de l'indemnisation des orphelins des victimes d'actes de barbarie pendant la deuxième guerre mondiale.
Le décret du 27 juillet 2004 est venu mettre un terme aux débats suscités par le décret du 13 juillet 2000. Les orphelins des déportés, des fusillés et des massacrés bénéficient désormais d'une indemnisation identique à celle accordée aux orphelins des déportés de la Shoah par le décret du 13 juillet 2000.
Je peux vous indiquer que d'ores et déjà 1 000 dossiers ont été traités et transmis pour décision au Premier ministre, selon la même procédure que pour les orphelins relevant du décret du 13 juillet 2000.
Cette décision, qui rétablit l'équité, est aussi emblématique de notre volonté de rassembler le monde combattant.
Nos énergies ne doivent pas être dépensées en vaines querelles mais, au contraire, doivent être mobilisées pour transmettre nos valeurs.
Vous pouvez compter sur ma détermination et ma disponibilité.
Je me réjouis de constater, une nouvelle fois, que je peux compter sur votre enthousiasme et votre générosité.
Je vous remercie.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 9 novembre 2004)