Interview de M. André Rossinot, président du Parti radical, dans "Le Figaro" le 28 août 2004, sur la direction de l'UMP et le débat politique au sein de la majorité.

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LE FIGARO - Etes-vous satisfait de la place qu'occupe aujourd'hui le Parti radical au sein de la majorité ?
André ROSSINOT - Le Parti radical représente deux ministres, François Loos et Laurent Hénart, une vingtaine de parlementaires et un nombre convenable de villes et de départements. La maison est non seulement maintenue, mais elle a une vraie légitimité dans sons existence matérielle.
Aujourd'hui, l'obligation est forte pour la majorité de jouer sur toutes ses sensibilités. L'idée d'un espace radical, républicain et social, qui représente l'aile gauche de la majorité, est une nécessité. Le Parti radical entend être un élément moteur de ce pôle. Nous demandons très fortement à nos partenaires de tout faire pour que nous puissions remplir notre rôle dans cet espace politique.
LE FIGARO - Comment le gouvernement et la majorité doivent-ils s'organiser ?
André ROSSINOT - Nous allons vers une nouvelle forme de gouvernance. C'est ce que j'appelle la règle des trois fois cinq. Premièrement, nous sommes en Ve République. Il n'est pas besoin de passer en VIe République, la souplesse des institutions permet de s'adapter. Deuxième point : nous sommes en quinquennat. Nous devons tenir compte de cette durée. Enfin, il y a cinq partenaires qui doivent travailler ensemble : le président de la République, le premier ministre, dont le rôle évolue au fil du temps, le gouvernement et les personnalités qui le composent, les groupes parlementaires et les partis de la majorité, notamment l'UMP.
La fonction de chef d'un parti politique doit devenir de plus en plus distincte. Ce que le président de la République a décidé, éviter le cumul, va devenir une règle, même si cette décision a aussi été prise par rapport à un problème de personne.
LE FIGARO - La probable candidature de Nicolas Sarkozy à la présidence de l'UMP et sa probable élection ne risquent-elles pas de poser un problème au sein de la majorité ?
André ROSSINOT - Ceux qui ne trouveraient pas les modalités d'une bonne gouvernance majoritaire seraient sanctionnés par l'opinion. Une présidence de parti n'est pas une fin en soi. Un parti est une propriété collective. Nicolas Sarkozy a envie d'être président de l'UMP et je pense qu'il va accepter la règle fixée par le président de la République. Avec Nicolas Sarkozy à la présidence de l'UMP, MM.Hollande et Bayrou peuvent se faire du souci. Mais ce n'est pas parce qu'on est président de l'UMP aujourd'hui qu'on est président de la République demain.
LE FIGARO - Quels changements faut-il envisager pour que l'UMP devienne le lieu de débat que vous souhaitez ?
André ROSSINOT - Il faut retrouver la culture du débat, de la confrontation, de l'expression, de la compétition. C'est l'addition des cultures et des histoires politiques au sein de l'UMP qui donne une garantie majoritaire. Un parti politique est un espace de confrontation, pas seulement une courroie de transmission.
Il faut davantage d'expression politique sur le terrain et surtout une organisation régionale de l'UMP. Le succès de l'UMP se mesurera à la qualité du projet qui sera proposé à l'automne 2006 pour la présidentielle de 2007.
(Source http://www.partiradical.net, le 21 septembre 2004)